Gilbert Durand
Le retour du mythe - 2

 

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Gilbert Durand, Le retour du mythe (2)

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Un ange dans le ciel, au-dessus d'un arbre

Giotto, La fuite en Egypte, détail, circa 1303
in Marcelin Pleynet, Giotto, Hazan, 1985

Rompant avec l'ascétisme cistercien, le mouvement franciscain se tourne vers la nature et laisse augurer le possible du bonheur terrestre. Spirituels (partisans de la pauvreté absolue) et Conventuels (partisans d'une évolution) s'opposent encore au sein de l'ordre. Bonaventure de Bagnorea, le successeur de Saint François, condamne les Spirituels en 1257, plus particulièrement les joachimistes. Il s'attache ensuite à promouvoir la légende du Poverello. La lecture des Fioretti montre que le règne de l'Esprit se déploie ici maintenant sous le couvert de l'exemple, image réfléchie ou vestige, que fournissent les beautés et douceurs de la Création. On parle, à ce titre, de l'exemplarisme franciscain.

Nef romane, blanche, vide

Architecture cistercienne, abbaye de Silvacane

Nef gothique, vitraux richement colorés

Notre Dame de Paris

Vitrail, Adam, Eve et le serpent

Notre Dame de Paris, rosace

La spiritualité franciscaine exerce alors son influence sur l'Europe entière. Elle inspire le mouvement d'émancipation esthétique qui fait pénétrer dans l'art religieux, si contraint par les interdits cisterciens, la beauté profane, la lumière, les couleurs et les formes naturelles qui éclatent dans rosaces, vitraux, chapiteaux et rinceaux débordants de sève. L'art gothique succède ainsi à l'art roman.

Saint François, arbres, oiseaux

Giotto, Le sermon aux oiseaux, circa 1300

Il y a, observe Gilbert Durand, une foncière iconophilie franciscaine. Celle-ci favorise la naissance de la peinture européenne moderne. Elle induit en effet l'apparition du décor naturel, puis celle du paysage, sur les fresques, les livres d'heures, les Livres saints, avant de toucher à l'aboutissement que l'on sait dans les oeuvres de Van Eyck, Memling, Patinir, Metsys, et Breughel l'Ancien.

Forêt peinte sur les murs

Matteo Giovanetti, Chambre de la garde-robe de Clément VI, palais des Papes, Avignon, 1343

Personnages nobles dans un paysage de collines et de jardins

Très riches Heures des frères Limbourg, Avril, 1411-1416

Collines, arbres, fond de montagnes

Van Eyck, La Vierge au chancelier Rolin, détail, 1430-1434

Montagne, plaine, eau

Memling, Vierge à l'Enfant dans un jardin clos, détail, 1470-1480

Grotte, paysage verdoyant à perte de vue

Patinir, Paysage avec Saint Jérôme, 1515-1524

Villages sur les collines, ciel, nuages

Quentin Metsys, Vierge à l'Enfant, détail, 1529

Fleuve, bordé de collines et de monts

Breughel l'Ancien, La fuite en Egypte, 1563

L'influence franciscaine s'épuise au cours du Quatrocento. La figure du Poverello s'éclipse, en même temps que l'Europe découvre le Nouveau Monde et que les Turcs s'emparent de Constantinople.

A l'anticonceptualisme traditionnel des Franciscains succède le nominalisme de Guillaume d'Occam, inspirateur du schisme de 1328-1333. La Chrétienté connaît alors une crise grave, annonciatrice de la Réforme, engagée dès la fin du siècle par Wycliffe, Jean Hus et Jérôme de Prague.

Façade géométrique de Saint Pierre de Rome

Rome, basilique Saint Pierre, 1506-1614

Pendant ce temps, la vie change. Le naturalisme franciscain n'est plus de mise dans un monde en voie d'urbanisation, à la fois dominé par les valeurs mercantiles et mu par un projet humanisme de type néo-païen. Représentants de ce néo-paganisme humaniste, les papes Nicolas V, Pie II, Alexandre VI Borgia, Jules II nourrissent, dans le cadre du nouvel urbanisme, le goût de la monumentalité architecturale inspirée de l'antique, rompant ainsi avec l'iconophilie triomphante du siècle précédent. Un peu plus tard, l'iconoclasme de la Réforme contribuera pour longtemps à l'oblitération du paraclétisme naturaliste qui animait naguère encore l'esthétique franciscaine.

Saint François, son âne, le Pauvre, petites collines, petits villages

Giotto, Saint François donne son manteau à un pauvre, 1297-1299

Tout nos désirs et tous nos rêves, tout ce qui est divin en nous..., nous vient de notre rencontre avec la forme... des sites gracieux et rudes au milieu desquels nous avons vécu.

Parole de Giotto, citée par Gilbert Durand

Femme nue, paysage par la fenêtre

Giovanni Bellini, Femme nue au miroir, 1515

Personnages mythologiques, paysage, vu sous l'arche d'un rocher

Mantegna, Mars et Vénus, ou Le Parnasse, entre 1495 et 1497

Paysage, vu entre les colonnes d'un édifice antique

Nicolas Poussin, Thésée retrouve l'épée de son père, circa 1638

Le naturalisme gothique s'éclipse à la fin du XIVe siècle, pour lontemps ; il ne disparaît pas pour autant. Il subsiste sous forme de congère, remarque Gilbert Durand, et se maintient en quelque façon, du XVe au XVIIIe siècles, dans le genre du paysage composé. Mais alors le paysage est sacrifié à la boulimie de constructivisme perspectif chez Giovanni Bellini, chez Mantegna, plus tard chez Poussin.

Herbes et pissenlits au bord de l'eau

Dürer, La grande touffe d'herbe, 1503

Paysage forestier, petite île, cerfs qui tentent de s'échapper à la nage

Cranach, La chasse au cerf, 1529

Saint Georges, dans une forêt très sombre, très épaisse

Altdorfer, Paysage forestier avec Saint Georges, 1510

Effet de ce que l'on nomme le retard flamand, le naturalisme gothique se maintient encore dans la peinture de Van Eyck, Patinir, Breughel l'Ancien (cf. supra). Il se maintient aussi, nonobstant l'intellectualisme de la Contre-Réforme et l'iconoclasme luthérien, chez Dürer, Cranach, Altdorfer.

 

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Avril 2007