Apokaradokia
L'attente tendue de la créature

 

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Dans Heidegger et le christianisme - L'explication silencieuse, Didier Franck note que Heidegger n'invoque jamais l'autorité de l'Ecriture et que lorsqu'il lui arrive parfois, rarement, d'en rappeler telle ou telle parole, c'est toujours pour marquer une infranchissable distance.

Didier Franck signale toutefois une exception remarquable. Dans le cours de 1920-1921 intitulé Phänomenologie des Religiösen Lebens (GA, Bd. 60, p. 68), Heidegger fait sienne une formule de Saint Paul dans l'Epitre aux Romains.

Nuées

Dans le cadre du phénomène de la vie, Heidegger constate que, à la fois semblables et différents, l'animal et l'homme, ou animal rationale, éprouvent de deux façons complémentaires une seule et même souffrance et/ou privation, indissociable du fait d'être vivants.

L'animal reste, par défaut de raison, pauvre en monde, ou pauvre en horizon, - horizon de significativité dont il ne peut se réclamer et en direction duquel il ne saurait non plus faire signe.

Créateur de monde, i. e. adossé à un horizon de significativité relativement auquel son existence a destination ou sens, l'homme reste, par déni d'animalité, pauvre en terre, ou infidèle au sol dont il est issu et auquel, quoi qu'il en dise, il demeure enté. Conscient de ce que la vie le traverse sans qu'il puisse l'incarner autrement qu'au prix d'un arrachement radical, il exprime sa souffrance sur le mode de l'apokaradokia tês ktiseôs, l'attente tendue de la créature, terme emprunté à Saint Paul dans l'Epitre aux Romains.

Texte grec, apokaradokia
              tês
              ktiseôs

Saint Paul dit en VIII, 19, dans l'Epitre aux Romains :

J'estime que les souffrances du temps présent sont sans poids face à la gloire qui se révélera en nous. Car l'attente tendue de la créature aspire à la révélation des enfants de Dieu. Car la création a été soumise à la vanité, non de son gré, mais par égard pour celui qui l'y a soumise, et dans l'espérance, parce que la création sera libérée de la servitude de la corruption pour la liberté de la gloire des enfants de Dieu. Car nous savons que la création, à l'unisson, gémit et souffre les douleurs de l'enfantement jusqu'à maintenant ; et non seulement elle, mais nous qui avons les prémices de l'Esprit, nous aussi nous gémissons en nous-mêmes, en attente de l'adoption, de la rédemption de notre corps.

New Testament, Romans, ed. Brooke Foss Westcott, Fenton John Anthony Hort. (Greek)
Voir le texte grec sur Perseus.
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L'attente dont parle Saint Paul est celle de la rédemption, partant celle de la confusion des règnes, par où finalement créature et création s'abîmeront en Dieu.

Heidegger à Marburg, en 1924

Heidegger invoque sous l'autorité de Saint Paul une tout autre attente.

Seuls parmi les vivants les humains se vivent en tant que mortels. Seuls parmi les vivants ils se déterminent relativement au néant, terminus ab quo et/ou terminus ad quem ils déploient transitairement l'étrange pouvoir-être qui leur est propre, i. e. le pouvoir d'être, là présentement, ce par quoi il y a quelque chose plutôt que rien. C'est le déploiement d'un tel pouvoir-être que Heidegger nomme apokaradokia tês ktiseôs, attente tendue de la ou des créatures, au sens à la fois subjectif et objectif du génitif, - apokaradokia comme veille, ou guet, par où s'entretient la possibilité du il y a, partant - ô merveille ! - le possible d'un monde.

Neige
Cliché personnel

 

Bibliographie :

Didier Franck, Heidegger et le christianisme - L'explication silencieuse
PUF, collection Epiméthée, 2004

Décembre 2004