Herbes folles... Pourquoi folles ?
Koi Fish Lantern Vintage. Pop japanese.
Koi Fish Lantern Vintage. Pop japanese.
Et selon la croisée à l’Ouest vacante
En l'obscurcissement de la glace, décor
De l'absence, sinon que sur la glace encor
De scintillations le septuor se fixe.
La nuit parfois,
dans ma chambre
dont la fenêtre n’a pas de volets
comme les rosiers et les vêtements de la femme mennonite
n’ont pas de boutons,
je vois depuis mon lit
s’ouvrir là, au plafond,
effet de la réflexion de la fenêtre
dans le miroir de l’armoire,
le gouffre de la nuit
parmi les arbres du jardin,
mais sans scintillations,
tout noir,
ou plutôt tout nuit,
nuit de ce bleu d’abysse
qu’on ne saurait dire autrement
avec les mots d’ici.
Rien de plus.
Le dehors est dedans,
le dedans est dehors.
Quatre murs suffisent
au monde
pour faire monde.
L’espace,
non plus que le sommeil,
ni les rêves,
n’a point de mesure.
Il est doux de se tenir en silence,
vers le soir,
grand-mère et petite-fille,
au salon noir,
et de scruter par la fenêtre
un reste de clarté
qui s’attarde dans les branches.
Le Jour commence à regagner du Temps
sur la Nuit.
Il y aura donc encore un Printemps !
La petite morte, en robe surannée,
me revenait en rêve
mais jeune, vive,
hardie, comme elle était jadis.
Elle s’avançait vers moi,
elle ne m’avait pas oubliée
Mais l’espace était comme une vitre
qui me séparait d’elle.
J’aurais voulu la prendre dans mes bras,
mais je demeurais là,
les bras vides,
et elle me regardait,
la petite,
sans savoir qu’elle était morte,
et moi qui le savais,
le cœur battant,
je n’ai rien pu lui dire.
3 janvier 20025
Janus. Dessus-de-porte aux figures mythologiques, XVIIe siècle. In Recueil factice de gravures de l'école de Fontainebleau composé par Hippolyte Destailleur, et donné au Cabinet des Estampes par Félix Herbet. BnF, département Estampes et photographie, RESERVE ED-8 (B, 2)-FOL.
Regardez bien le couple mythologique : Avant / Après... C'était déjà dans l'air au XVIIe siècle ... 😈
Un jour, elle est entrée
par la fenêtre
et elle est restée.
Elle était famélique
nous l'avons nourrie.
C'était une petite chatte
noire
elle n'a jamais grandi
Nous l'avons aimée
c'était une personne
Elle a eu le soleil
le jardin
les fauteuils
et nous autres à aimer
Dix-huit ans ont passé
un jour elle n'a plus mangé
la mort est venue
lentement
La petite attendait
pour mourir
les vacances
et le retour
de celle
qu'elle avait connue
parmi nous
bébé
Mais son cœur a lâché
quelques heures avant
le retour
l'arrivée
Elle est morte
dans mon lit
à côté de moi
Je pense à la petite morte
et je pleure
Crèche de Noël de Cracovie.
Joyeux Noël et bonnes fêtes à tous !
Amitiés de Christine Belcikowski
J. J. Granville (1803-1847), Le coche et la mouche, in Fables de La Fontaine, tome 1, Paris, H. Fournier, 1838-1840.
Vassily Kandinsky, Carré gris, 1923, collection privée.
S’il y a quelque chose plutôt
que rien
alors
il y a un seuil
entre rien et quelque chose
un en deçà ? et un en delà ?
un avant ? et un après ?
où ? quand ? comment ? pourquoi ?
qu’importe !
tu es le seuil,
tu es un seuil
tu es ton seuil
tu es seuil
mobile, provisoire,
d'une révélation,
tout aussi mobile, provisoire
tu es seuil
du jour bleu,
de la nuit étoilée,
de la neige,
de la pluie et du vent,
des saisons,
du visage d'autrui,
et des générations des feuilles
comme des générations des hommes,
seuil
de tout et de rien
— tiens, le revoilà !
il court, il court
le rien,
ni tout à fait le même
ni tout à fait un autre
— garde-toi du manichéisme du Même —
et cela même n'est pas rien
que rien ne se perde
et que rien ne se crée...
de telle sorte qu'il y a toujours quelque chose
plutôt que rien,
puisque il y a seuil
et puisque que tu es seuil,
à preuve le barré du rien,
qui s'écrit ainsi en html,
que tu écris ainsi en html
<strike>...</strike>
et quand tu barres ainsi le mot rien,
c'est comme si tu produisais une étincelle
en frottant un silex,
ou l'indifférente matérialité de n'importe quoi d'autre,
autant dire à partir de rien.
Dans le four à micro-ondes, un visage romain...
D’abord
les pas des dinosaures sont devenus rouges
c’est plus gai quand ils dansent,
ensuite
ils ont pourri,
fini le bal du vent,
aujourd'hui
ils vont au compost.
Il pleut,
Dieu a cessé de retenir l’eau
dans son grand manteau,
il pleut, il pleut,
mais sans les bergères ni les blancs moutons.
Il pleut sur les sapins électriques,
entends la rumeur des aiguilles,
le soir, quand ils ripolinent les façades de la place !
Le dimanche, on ne voit pas des nains,
mais des motards en goguette
et des Pères Noël partout.
Fantasia, ô Mickey, ô Daisy i
abraxas du solstice
d'hiver...
Ô saisons, ô fortunes des âmes !
À la terrasse de l’hiver
le goût du café s’aiguise,
le matin,
au point qu’on croirait voir passer
express le lapin blanc,
chargé de réveiller en chemin
les assis,
qui font sous le couvert figure
d’oiseaux endormis.
Ah ! que s'entrechoquent
en silence
les mots du vif
et ceux du ralenti !
Lionel Morateur, Adam et Ève chassés du paradis, 2018, Galerie Artsper.
Exercice de langage : 1. Que voit-on dans l'armoire ? 2. Combien voyez-vous de rayons ? 3. Combien l'armoire a-t-elle de portes ? 4. Par quoi est-elle fermée ? In Mathieu Fournier (1868-1963), Le Vocabulaire des Petits, « 12e Tableau : L'armoire », détail, Paris, Gédalge, 1912.
Rues, rivières, rêves,
figures riveraines du précipité
de la pensée,
il est temps,
il est lieu,
je suis là,
la vie va,
et rien n’a changé dans l’image
sauvage de la rive
balayée par le vent
qui vient d’Urartu
où le bateau s’échoua.
Urartian fresco, peinture murale de la forteresse d'Erebouni, Erevan, Arménie. Photographie : Evgeny Genkin.
« Le calme et les ombres président au charme secret du sentiment de la vie. »
Maurice de Guérin, Le Centaure, 1840.
Rives sauvages
ou prairies vertes,
au bord des eaux vives,
lieux où s'entretient
loin des yeux,
loin des mots
de la vie violente,
la mélancolie du centaure
et la sérénité des heures lentes.
Là s'opère,
par quelle magie de l'espace
et du temps qui passe
et ne passe pas ?
le précipité de la pensée
sans pensée,
le retour de l'âme au silence
sans fond.
Paix des rides,
au bord du monde ...
Paix des os.
Sans paroles.
Ou plutôt si : j'aime la photographie atmosphérique.
Ombre portée, sur le sol d'une salle de l'abbaye de Lagrasse.
C’est en octobre, encore ouverte
sur un jardin clos,
une porte par où tombe
un dernier rayon.
Et dans ce rayon
le chat se faufile,
ami du soir
et des prémices de la nuit d'automne,
quand d’autres bêtes bougent
que l’on ne voit pas.
Lui voit l'invisible
et hante ses lisières.
Et quand il en revient,
il rapporte dans la maison
quelque senteur d'invu,
qui ajoute une ombre aveugle
à la clarté des lampes.
Et c'est ainsi que la maison se peuple,
à l'heure où elle se referme,
si proche, d'une aile d'ailleurs.
Se rendre au bord de la rivière
afin de contempler l'eau fine et grise,
et goûter là, sans plus penser, la paix des rives.
Prendre le café dans les feuilles mortes,
de celles qui tombent des robiniers comme des pièces d’or,
ou de celles des prunus qui font sur le sol des taches de sang noir.
Contempler en passant le port d’un pin parasol
dont la cime découpe dans le bleu du ciel une aile d’avion.
Pousser un marron d'un pied léger,
et le reconduire ainsi jusqu'à la maison,
ou le ramasser d'une main amie,
le mettre illico dans sa poche,
et en faire le talisman qu'on caresse
invisiblement jusqu'à la saison prochaine.
Gestes de l'automne, prières de la vie.
Mickey Mouse, in Plane crazy, 1928. Source : Ub Iwerks (1901–1971.
L'automne vient avec un bruit de râpe
et de nuit qui se fend,
et de la fente fuse un flot de bêtes invisibles
qui affluent dans les maisons éteintes
et dont le chat peine à veiller,
seul dans le noir, les pas fantômes.
L'automne vient, et la maison nourrit
désormais des pensées de clôture,
de portes et de volets,
de serrures et de clés,
qui veulent que n'entrent pas ici,
crois-tu ?
l'essaim des mauvais rêves,
ni le vent, ni l'hiver, ni la mort
et ses bêtes fabuleuses.
Ailleurs aussi les moaï de l'été
sont tombés,
et jamais plus ils n'ont rouvert
les mêmes yeux
de corail et de mer.
Le Christ de la cathédrale Sainte Sophie à Constantinople, XIIe siècle.
Les emblèmes du seigneur Jehan Sambucus, Anvers, de l'imprimerie de Christophle Plantin, 1567, emblème XIIII [sic]. Emblèmes traduits de Latin en François.Théodore de Bèze, in Vrais Pourtraits des hommes illustres en piété et doctrine, Genève, Jean de Laon, 1581, emblème XIIII [sic], p. 254.
Sectantes velut umbra fugit, fugientibus instat,
Addita corporibus scilicet umbra comes.
Légende de l'emblème XIIII, composée en latin par Jehan Sambucus. Texte original.
« Devant le poursuivant l’ombre se met en fuite,
Et court (du corps compagne) apres cil qui la fuit. »
Traduction par Théodore de Bèze.
Ceux qui la suivent, l’ombre les fuit, ceux qui la fuient, elle les poursuit,
Adjointe aux corps, elle est leur compagne.
Traduction contemporaine.