Christine Belcikowski

Publications 4

Matthew Hilton. Un autre jardin

Rédigé par Belcikowski Christine Aucun commentaire

hilton0.jpg

hilton1.jpg

31 janvier 18h30. Matthiew Hilton tient, à sa façon, le petit discours qu'on attend de l'artiste avant son vernissage. Il s'agit d'un discours à deux voix. L'artiste remercie pour son accueil l'Association d'Art Contemporain qui gère l'Espace des Carmes et il détaille, non sans malice, tout le bien qu'il pense de la ville de Pamiers. À côté de lui, un comédien,comme au piquet, se retourne de temps en temps vers le public pour dire divers extraits de De La Franqui à Ramonville, texte autobiographique signé Matthiew Hilton..

Ci-dessous, quelques-unes des œuvres exposées...

hilton2.jpg

Estampes extraites de Comment j'ai débusqué les bêtes. Rencontres érotiques, livre d'artiste de Matthiew Hilton et de Philippe Parage, lithographe, publié en 2010. Cf. Matthiew Hilton. My way of loving beasts ; traduction française. Cf. Christine Belcikowski. Matt Hilton. Comment j'ai débusqué les bêtes ; Matt Hilton expose à la librairie Ombres Blanches. Comment j’ai débusqué les bêtes

hilton4.jpg

Extrait de Comment j'ai débusqué les bêtes. Rencontres érotiques.

hilton3.jpg

Matthiew Hilton.

hilton5.jpg

Matthiew Hilton.

hilton6.jpg

Matthiew Hilton.

hilton7.jpg

Matthiew Hilton. Banderolle, comme toutes les pièces photographiées ci-dessous.

hilton8.jpg

hilton9.jpg

hilton10.jpg

hilton11.jpg

Compliments aussi au comédien, qui, dans le jeu avec l'artiste, a fait montre de belles qualités de pongiste.

À lire aussi :
Estampes, et autres, de Matt Hilton à la Grange de Mercus
D’un coin l’autre – Matt Hilton expose à la galerie Inspiré
À la Galerie de la Porte d’Amont. Matt Hilton. Stick charts et autres objets
Une visite à l'atelier de Matt Hilton
L’atelier du lithographe
À propos de Matt Hilton printmaker

Classé dans : Art Mots clés : aucun

Choses vues de Pierre Sidoine sculpteur à la Maison des Essarts, à Bram

Rédigé par Belcikowski Christine Aucun commentaire

sidoine_double.jpg

De gauche à droite, Pierre Sidoine et son Pollio.

pollio_flou.jpg

La Balançoire de Pollio. Détail.

sidoine_pied.jpg

La Balançoire de Pollio. Détail.

violoncelle_net.jpg

La vaine puissance des sentiments.

violoncelle_detail.jpg

La vaine puissance des sentiments. Détail.

sidoine_proue.jpg

Passage de l'Aquator. Détail.

sidoine_cachesexe.jpg

Passage de l'Aquator. Détail : sous la proue de l'Aquator, cache-sexe métalliques Kirdi (Cameroun).

sidoine_chateau.jpg

Passage de l'Aquator. Détail.

sidoine_signature.jpg

Passage de l'Aquator. Détail. Cherchez la signature de Pierre Sidoine.

sidoine_crapot.jpg

Jules Ier de Crapot Peujaud. Détail : dans la tête de Jules...

sidoine_caprice.jpg

Janet’s whim, ou le caprice de Jeannette. Détail.

sidoine_cheval.jpg

Le Cheval 2.3. Détail.

sidoine_signature2.jpg

Le Cheval 2.3. Détail. Cherchez la signature de Pierre Sidoine.

sidoine_cocotte_bram.jpg

Don Miguel de la Cocotología. Détail.

sidoine_mishima_bram.jpg

Mishima 133K . Détail.

sidoine_mishima_bram3.jpg

Mishima 133K. Détail.

sidoine_mishima_bram2.jpg

Mishima 133K. Détail.

Sans paroles.

Classé dans : Art Mots clés : aucun

Pierre Sidoine. La Balançoire de Pollio

Rédigé par Belcikowski Christine Aucun commentaire

Mensurarum rationes, quae in omnibus operibus videntur necessariae esse, ex corporis membris collegerunt, uti digitum, palmum, pedem, cubitum.
« Le système des mesures dont la nécessité se manifeste en toute œuvre, on l’a emprunté au corps humain comme le doigt, la main, le pied, la coudée. »
Marcus Vitruvius Pollio, dit Vitruve (ca 90 av. J.-C. – ca 15 av. J.-C.) De architectura. Livre III. Chap. 1, 5.

sidoine_pollio1.jpg

Ci-dessus : vue de La Balançoire de Pollio en cours de création.

Avec La Balançoire de Pollio, Pierre Sidoine sculpteur développe une sorte de méditation en acte sur « le système des mesures dont la nécessité se manifeste en toute œuvre ». Revisitant ainsi la leçon de Vitruve, et plus originairement encore celle des grands Anciens, pour qui l’homme, selon Protagoras (1), ou Dieu, selon Platon (2), serait effectivement « la mesure de toutes choses », partant, jusque dans ses dimensions corporelles, le modèle du système des mesures qui confèrent à l’œuvre de l’art firmitas, utilitas, venustas, pérennité, utilité, beauté. Circa 1490, Léonard de Vinci, a réalisé à la plume, encre et lavis sur papier, son célèbre dessin représentant L’homme de Vitruve.

vinci_vitruve.jpg

Léonard de Vinci. L'homme de Vitruve. Gallerie dell'Accademia de Venise.

Concernant les dimensions du corps humain, Vitruve observe qu’elles s’inscrivent, à partir du nombril dans un cercle, et à partir du pubis dans un carré, lesquels cercle et carré se trouvent ainsi reconduits à leur statut de formes a priori ou formes divines, tandis que la proportionnalité dimensionnelle du corps humain se trouve élevée, elle, au rang d’exemplum (3) de l’ordre cosmique ou ordre divin.

sidoine_pollio3.jpg

Ci-dessus : cercle et carré. Vue de La Balançoire de Pollio en cours de création.

Pierre Sidoine, dans La Balançoire de Pollio, applique à un santon articulé du XIXe siècle, haut de 63 cm, acheté chez un antiquaire, ce même statut d’exemplum. Ce santon naïvement sculpté se trouve inscrit à partir du nombril dans une structure tridimensionnelle composée d'un cercle de métal de 78 cm de diamètre, et à partir du pubis d'un carré d'un peu plus de 78 cm de côté, fait de métal aussi. L’ensemble se veut ici, à sa façon un peu libre, témoin du système des mesures qui confèrent à l’œuvre de l’art, Vitruve dixit, firmitas, utilitas, venustas, pérennité, utilité, beauté.

sidoine_pollio2.jpg

Ci-dessus : un santon articulé du XIXe siècle. Vue de La Balançoire de Pollio en cours de création.

Or, jouant ainsi avec l’idéal vitruvien de firmitas et d’utilitas, Pierre Sidoine s’est plu à l’agrémenter de la fantaisie suivante : « J’ai conçu l’idée, saugrenue il est vrai, que ce brave homme de Vitruve, qui a été ainsi écartelé pendant plus de 600 ans, en a eu marre de sa condition… Il a donc décidé, un jour, de se relaxer et de faire un peu de balançoire... Pour rester également dans l’esprit de Léonard de Vinci, passionné qu’il était de machineries diverses, le résultat final devait, à mon sens, comporter quelques petits mécanismes — roues, arbres de transmission, manivelle, etc. —, qui m’ont pris un certain temps à concevoir, esthétiquement et techniquement ».

sidoine_pollio4.jpg

Ci-dessus : manivelle et autres petits mécanismes. Vue de La Balançoire de Pollio en cours de création.

Il y a dans la mobilité de cette balançoire quelque chose qui se joue de la firmitas requise par Vitruve dans l'œuvre de l'art, par là une sorte de pied-de-nez adressé aux barbes des grands Anciens. L'utilitas se réserve, elle, de se manifester toute entière dans le pouvoir de répondre au seul besoin, humain, trop humain, qui est celui de la liberté. Quand à la venustas, qui ne la voit paraître ici, dans le complexe appareil d'une fantaisie issue du sommeil de la raison ?

sidoine_pollio5.jpg

Ci-dessus : vue de La Balan de Pollio en cours de création.

Pierre Sidoine sculpteur, dans cette œuvre empreinte comme toujours d'ironie, est décidément un baroque moderne.

Rendez-vous à la Maison des Essarts (11150 Bram), où La Balançoire de Pollio sera exposée pour la première fois. Vernissage le jeudi 30 janvier à 18h. L'exposition durera jusqu'au 1er mars.

-----

1. Formule de Protagoras citée par Platon dans le Théétète, 152a : Φησὶ γάρ που πάντων χρημάτων μέτρον ἄνθρωπον εἶναι.

2. Platon. Lois. IV, 716c. « Dieu est la vraie mesure de toute choses ; il l’est beaucoup plus qu’un homme, quel qu’il soit ». Ὁ δὴ θεὸς ἡμῖν πάντων χρημάτων μέτρον ἂν εἴη μάλιστα, καὶ πολὺ μᾶλλον ἤ πού τις, ὥς φασιν, ἄνθρωπος·

3. Ériger quelque chose ou quelqu'un en exemplum, c'est, dumtaxat rerum magnarum parua potest res exemplare dare, « pour autant qu’une petite chose peut fournir l’exemple des grandes choses », faire varier l’échelle, par là faire venir l’invariance. Lucrèce. De natura rerum, II, v. 123-124.

Classé dans : Art Mots clés : aucun

Pierre Sidoine. La vaine puissance des sentiments

Rédigé par Belcikowski Christine Aucun commentaire

Louis Ferdinand Céline, en 1957, vivait à Meudon « dans une maison pleine de pinces à linge en bois avec un ressort en fil de fer qui tenaient les feuilles de ses manuscrits » (1)

sidoine_sentiments1.jpg

Ci-dessus : encore en chantier dans l'atelier de Pierre Sidoine, le violoncelle et la pince à linge.

Là où en 1957, dans la maison de Louis-Ferdinand Céline, les pinces à linge servaient à tenir ensemble les feuilles des manuscrits, en 2020, chez Pierre Sidoine, une pince à linge fait couple avec un violoncelle. Il s’agit là d’une pièce ferronnée que l’artiste intitule La vaine puissance des sentiments.

Le violoncelle a censément une voix ; la pince tout aussi censément, le pouvoir d’assourdir cette voix.

Quelle voix parle dans cette œuvre étrange ? S’agit-il de celle de l’orateur dont Eugène Melchior de Vogüé dit dans Les Morts qui parlent que « dès les premiers mots, elle consomma la prise de possession physique qui lui livrait l’assemblée ; voix au timbre grave, mordante et chaude comme la vibration d'une corde.de violoncelle ; stridente d'ironie, quand sa colère fouaillait un adversaire, elle redevenait, l'instant d'après, une musique de plainte profonde. » (2)

Quel pouvoir la pince exerce-t-elle à l’endroit du violoncelle ? On use de la pince à linge sur le violoncelle pour restreindre la transmission des vibrations des cordes au chevalet et donc à la caisse de résonance via l'âme. Outre qu’il réduit par effet de sourdine l'intensité sonore du violoncelle, l’ajout de la pince à linge modifie le timbre de l'instrument.

sidoine_sentiments2.jpg

Ci-dessus : l'œuvre en progrès. La volupté des courbes ne va pas ici sans friselures cruelles sur les contours du violoncelle. Le sculpteur dit que « cet aspect friselé des bord du violoncelle est un résultat de la soudure. Comme la tôle est relativement mince, et pour ne pas la faire fondre et la traverser au moment de la soudure, j’ai été obligé de souder point pas point et relativement vite, ce qui donne cet aspect ». Il n'empêche. Le violoncelle se réserve ainsi de conserver sa « stridente ironie », éventuellement sa « colère », en tout cas son mordant.

sidoine_sentiments5.jpg

Ci-dessus : du mordant...

Il y a du style, donc de l’homme, dans la découpe stridente du couple que forment par moitiés le violoncelle, tout en courbes, et la pince à linge, toute en verticalité sévère ; dans l’ironie du titre sous l’auspice duquel le couple se trouve placé ; et dans la plainte, qui sait ? dont l’artiste se réserve le droit de renvoyer le possible au secret de son origine : la vie, l’amour, et l’art, comme ils vont chaque fois, par effet de pince, à leur fin initiale.

Pierre Sidoine invoque souvent deux textes dont il dit qu’il les a trouvés magnifiques et qu’ils ont toujours habité son esprit, L’Étranger de Charles Baudelaire et Ma liberté de Serge Reggiani. La pince, telle que l’entend Pierre Sidoine, serait donc dans La vaine puissance des sentiments ce qui fait pièce au libre jeu des courbes, partant, aux aventures de la liberté.

sidoine_sentiments3.jpg

Ci-dessus : dans la galerie de Pierre Sidoine, l'œuvre achevée.

On rôde là, quoi qu’il en soit, aux lisières du territoire de Magritte, ou encore aux parages d’une esthétique qui est, selon le mot de Pierre Reverdy, celle des « universaux concrets » (3). Dans le visage que les choses tournent vers nous, c'est le nôtre ici que nous voyons paraître.

sidoine_sentiments41.jpg

Ci-dessus : dans la galerie de Pierre Sidoine, sous une lumière rutilante, La vaine puissance des sentiments.

La sculpture se veut ainsi moment du visage partagé.

sidoine_sentiments_expo.jpg

-----

1. Observation de Pierre Descargues, rapportée par Patrick Roegiers dans Le mal du pays. Éditions du Seuil. 2003.

2. Eugène Melchior de Vogüé. Les Morts qui parlent, p. 8. Plon-Nourrit et Cie. Paris. 1923.

3. Pierre Reverdy. Œuvres complètes. Tome 3. Nord-sud. Self defence, et autres écrits sur l'art et la poésie, p. 106. 1917-1926. Éditions Flammarion. 1993.

Classé dans : Art Mots clés : aucun

Quelques toiles de Michel Barthélémy Ollivier

Rédigé par Belcikowski Christine Aucun commentaire

Né le 24 août 1712 à Marseille, mort le 15 juin 1784 à Paris, Michel Barthélémy Ollivier (1) a été le peintre ordinaire de Louis François de Bourbon (13 août 1717-2 août 1776), comte de la Marche, duc de Mercœur, puis prince de Conti (1727), maréchal de camp en 1734, lieutenant-général en 1735, grand prieur de l'ordre de Saint Jean de Jérusalem du 16 avril 1749 au 2 août 1776.

conti_prince.jpg

Portrait de Louis François de Bourbon, gravé par Antoine Louis Romanet, d'après une peinture de Jean Baptiste Le Tellier.

À partir de 1770, après une brillante carrière militaire, puis une charge de ministre sans portefeuille, « Conti entre en opposition ouverte avec la politique du roi. Conseillé par sa maîtresse, la Comtesse de Boufflers, il protège les philosophes et tient dans son palais du Temple un salon souvent critique à l’égard de la Cour de Versailles. Il protège Jean Jacques Rousseau qu'il loge dans son château de Trie. Il verse une pension viagère de 2000 livres à Beaumarchais. Il est lui-même bon écrivain, bon orateur et habile musicien.

Dans le cadre de sa vie de prince opposant, il donne de grandes réceptions au Temple où est reçu le jeune Mozart, emploie un des orchestres les plus réputés de Paris, prend à son service le claveciniste Johann Schobert. Tous les lundis, il donne des soupers fameux, représentés par le peintre Michel Barthélemy Ollivier. Il donne également de magnifiques fêtes dans son château de L'Isle-Adam. » (2)

ollivier_souper_1766.jpg

Michel Barthélémy Ollivier. Souper du prince de Conti au Temple. 1766.

ollivier_the_1766.jpg

Michel Barthélémy Ollivier. Le Thé à l’anglaise dans le salon des quatre glaces au Temple, avec toute la cour du prince de Conti, écoutant le jeune Mozart. 1766. À gauche sur l'image, le petit Mozart ; au fond à gauche, la maréchale de Mirepoix, qui verse du thé à madame de Vierville ; à droite du joueur de guitare, le prince de Conti, vu de dos.

ollivier_isle_adam.jpg

Michel Barthélémy Ollivier. Fête donnée par le prince de Conti au prince héréditaire Charles Guillaume Ferdinand de Brunswick-Lunebourg, sous la tente, en forêt de Cassan, à l'Isle-Adam en 1766.

ollivier_chasse.jpg

Michel Barthélémy Ollivier. Le cerf pris dans l’eau devant le château de L'Isle-Adam. 1766.

ollivier_dames.jpg

Michel Barthélémy Ollivier. Le jeu de dames ; sans date.

ollivier_reunion_galante.jpg

Michel Barthélémy Ollivier. Réunion galante ; sans date.

Grand organisateur de fêtes galantes, grand collectionneur de tableaux, passionné de chasse à courre, Louis François de Bourbon, qui faisait profession d'athéisme, refusera de recevoir avant de mourir les sacrements de la religion.

temple_turgot.jpg

Ci-dessus : vue générale de l'Enclos du Temple, comprenant l'hôtel du grand prieur du Temple. Extrait du plan dit « de Turgot », réalisé entre 1734 et 1739 à la demande du prévôt des marchands, Michel Étienne Turgot, par Louis Bretez, membre de l'Académie de peinture et de sculpture et professeur de perspective.

Construit en 1665-1666 par Pierre Delisle-Mansart, l'hôtel du grand prieur du Temple, celui dans lequel Louis François de Bourbon donnait ses fameux soupers tous les lundis, a été démoli au XIXe siècle (3). Le château de l'Isle-Adam, quant à lui, l'a été en 1813.

isle_adam.jpg

Louis Gabriel Moreau l'Aîné (1740-1806). Le château des princes de Conti à L'Isle-Adam entre 1777 et 1798.

-----

1. Cf. Georges Reynaud. Les Ollivier peintres et sculpteurs marseillais XVIIe-XVIIIe siècle.

2. Wikipedia. Michel Barthélemy Ollivier.

3. Pour d'autres renseignements concernant l'histoire de l'hôtel du Temple, cf. Le forum de Marie Antoinette. L’Hôtel du Grand Prieur au Temple, chez le comte d'Artois.

Fil RSS des articles de cette catégorie