Christine Belcikowski

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À propos de trois tableaux conservés à l'église d'Arvigna

Rédigé par Belcikowski Christine 2 commentaires

Je connais ces tableaux depuis mon enfance. Mais, enfant, je ne les regardais pas, et donc, pendant longtemps, je ne les ai pas vus. Ils faisaient pour moi partie du décor, sans plus. Samedi dernier, 12 janvier 2019, jour de la bénédiction de la nouvelle cloche de l'église d'Arvigna, j'ai voulu en revanche regarder de près ces trois tableaux. Mais l'apparat de la cérémonie les masquait en partie, et la base du grand tableau d'autel se trouve rendue difficile à voir par l'étroitesse de l'espace de circulation ménagé derrière cet autel. J'ai pris quelques photos vaille que vaille, et je reviendrai à l'occasion pour tenter de mieux voir.

1. Crucifixion avec Saint Pierre et Saint Martial

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Ci-dessus : Christ en croix avec Saint Pierre et Saint Martial. Auteur inconnu. Seconde moitié du 17e siècle (?).

Ce tableau figure à l'Inventaire général du patrimoine culturel. Voici la fiche correspondante :

Technique : peinture ; menuiserie.
Désignation : tableau d'autel et son cadre ; Calvaire avec Saint Pierre et Saint Martial.
Localisation : Midi-Pyrénées ; Ariège ; Arvigna.
Aire d'étude : Communauté de communes du Pays de Pamiers.
Lieu-dit : Encagné.
Édifice : église paroissiale Saint Vincent et Saint-Martial. Dénomination : tableau d'autel ; cadre.
Matériaux : toile (support, en 2 lés), peinture à l'huile ; bois (en plusieurs éléments), taillé, mouluré, peint, faux bois, peint faux or.
Structure : plan (rectangulaire vertical).
Description : Ce tableau est une peinture à l'huile sur toile, constituée de deux lés verticaux assemblés par couture. La toile est de format rectangulaire vertical. Elle est fixée à un châssis à cadre et à clés. Le cadre est en bois taillé et mouluré. Assemblé à onglet, il comporte un décor en relief dans la masse. Il est peint de couleur faux bois avec certains éléments peints également faux or.
Dimensions : H = 315 ; L = 211 ; dimensions de la toile à l'ouverture du cadre. Dimensions de l'oeuvre avec le cadre : H = 342, L = 244, P = 4,5.
Iconographie : scène biblique (Calvaire, Saint Pierre : clé, en pied ; de profil, saint Martial : évêque, en pied, de face ; fond de paysage, ville : Jérusalem, ciel : orage) ; ornement à forme végétale (tore : laurier, ruban).
Commentaire iconographique : Le Christ en croix, au corps émacié et torturé, lève les yeux au ciel. De part et d'autre de la croix dont le pied est orné d'un crâne se tiennent deux groupes de figures qui lèvent les yeux vers le Supplicié. Sur la gauche, la Vierge, soutenue par saint Jean, semble s'abandonner au désespoir. Sur la droite se tiennent Saint Pierre, représenté sous les traits d'un homme âgé au crâne dégarni et tenant ses clés, ainsi qu'un saint évêque portant sa main dextre sur sa poitrine. Il s'agit très vraisemblablement de Saint Martial de Limoges. La scène se déroule sous un ciel menaçant, et l'épisode représenté semble être celui de l'agonie du Christ. Le fond de paysage sur la droite comporte également une représentation de Jérusalem. Le cadre est orné de tores de laurier enrubannés.
État : mauvais. La toile est couverte de chancis et de fientes de pigeon et comporte également de nombreux réseaux de craquelures. Important trou au niveau de la crosse de saint Martial. Le vernis est très assombri. La partie inférieure de la toile est abîmée et présente des traces de brûlures de cierge. La toile a fait l'objet de restaurations ou de repeints sommaires, visibles en particulier au niveau du visage de la Vierge.
Auteur(s) : inconnu.
École ou atelier : France.
Siècle : seconde moitié du 17e siècle (?).
Historique : ce tableau d'autel pourrait dater de la 2e moitié du 17e siècle. Il est très vraisemblablement l'oeuvre d'un peintre actif localement. Il est particulièrement remarquable par ses couleurs assombries et sa coloration rougeâtre. Son iconographie est également originale avec la présence d'un saint évêque, sans doute Saint Martial, patron de la paroisse et de Saint Pierre. La présence de Saint Martial auprès du Calvaire, est également liée aux plusieurs légendes apocryphes qui en font un disciple du Christ, selon le Pseudo-Aurélien, ou encore un cousin de Saint Pierre selon Vincent de Beauvais. Le cadre pourrait également être celui d'origine.
Protection MH : 1994/12/04 : inscrit au titre objet.
Intitulé de l'arrêté de protection : toile peinte, Crucifixion, fin du 18e siècle, début du 19e siècle. Propriété : propriété de la commune.
Type d'étude : inventaire topographique.
Nom rédacteur(s) : Guiochon Xavier-Philippe.
Copyright : © Inventaire général ; © Communauté de communes du Pays de Pamiers.
Enquête : 2002.
Date versement : 2004/11/15.
Référence : IM09000755.

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N.d.R. : Dans l'état actuel de la toile, la représentation de Jérusalem dont parle la fiche d'inventaire ci-dessus, ne se voit pas du tout.

2. Saint Martial et Saint Vincent

Ces tableaux figurent également à l'Inventaire général du patrimoine culturel, et ils font l'objet d'une fiche commune :

Technique : peinture ; menuiserie.
Désignation : paire de tableaux et de leurs cadres formant pendant : Saint Martial, Saint Vincent.
Localisation : Midi-Pyrénées ; Ariège ; Arvigna.
Aire d'étude : Communauté de communes du Pays de Pamiers.
Lieu-dit : Encagné.
Édifice : église paroissiale Saint Vincent et Saint-Martial.
Dénomination : tableaux (2) ; cadres (2).
Matériaux : toile (support, en 2 lés) : peinture à l'huile ; bois (en plusieurs éléments) : taillé, mouluré, peint, doré (sur apprêt), peint faux or ; stuc : moulé, doré.
Structure : plan (rectangulaire vertical).
Description : ces deux tableaux sont identiques en forme, structure et matériaux. Chaque oeuvre est une peinture à l'huile sur toile, constituée d'un seul lé vertical. La toile est de format rectangulaire vertical. Chaque toile comporte une inscription peinte en lettres noires et rouges donnant l'identité des donateurs. Elle est fixée à un châssis à cadre et à clés. Le cadre est en bois taillé et mouluré. Assemblé à onglet, il comporte un décor de stuc en relief rapporté. L'ensemble du cadre est doré, mais a été partiellement rebronziné.
Dimensions : H = 187 ; L = 178 ; Dimensions de la toile à l'ouverture du cadre. Dimensions de l'oeuvre avec le cadre : H = 216, L = 210, P = 3. Les deux tableaux sont de dimensions identiques.
Iconographie : figure (Saint Martial : évêque, en pied, de face, bénédiction, fond de paysage, ville, fortification) ; figure (Saint Vincent de Saragosse, diacre, en pied, dalmatique, palme : martyre, attribut : grappe, vigne, fond de paysage, colline) ; ornement à forme végétale (acanthe : rinceau, ove).
Commentaire iconographique : cf. ci-dessous. Chaque cadre est orné de rinceaux d'acanthe aux écoinçons et d'une frise d'oves.
État : mauvais ; oeuvre menacée.
Précision état : la toile est couverte de chancis et parfois de fientes de pigeon et comporte également de nombreux réseaux de craquelures. La partie inférieure droite de la toile du Saint Martial semble avoir été sommairement repeinte. Le cadre se disloque partiellement sur la gauche et a été rebronziné, la peinture faux or a quelque peu tâché la toile. La partie inférieure gauche de la toile du Saint Vincent a été déchirée et a disparu, entraînant un effet de gondolement. La toile est également trouée en haut à gauche. Le cadre a perdu son décor de stuc et sa dorure au niveau de son écoinçon inférieur dextre.
Inscription : inscription concernant le donateur (peinte, sur l'oeuvre).
Précision inscription : chaque toile comporte la même inscription, en bas à droite sur le tableau de Saint Martial, en bas à gauche sur le tableau de Saint Vincent : « Don fait par Gme Bazile Laplace et Marguerite Cancel, son épouse ». L'inscription de la toile du Saint Vincent a partiellement disparu, du fait de l'arrachement de la toile. Auteur(s) : inconnu.
École ou atelier : France.
Personnalité(s) : Bazile Laplace Guilhaume, et Cancel Marguerite (donateurs). Siècle : seconde moitié du 19e siècle (?).
Historique : cette paire de tableaux en pendant date très vraisemblablement de la 2e moitié du 19e siècle. Elle est sans doute l'œuvre d'un peintre actif localement. Si aucun des tableaux n'est daté ni signé, chacun présente une inscription donnant l'identité des donateurs, Monsieur Guilhaume Bazile Laplace et son épouse Marguerite Cancel. Celle-ci a également offert à l'église un drap mortuaire (IM09000762). Son iconographie est également originale avec Saint Martial, patron de la paroisse, et Saint Vincent patron des vignerons, témoignage d'une pratique vinicole à cette période sur le territoire de la commune. Les cadres comportant un décor néo-classique en stuc sont ceux d'origine.
Propriété : propriété de la commune.
Type d'étude : inventaire topographique.
Nom rédacteur(s) : Guiochon Xavier-Philippe.
Copyright : © Inventaire général ; © Communauté de communes du Pays de Pamiers.
Enquête : 2002.
Date versement : 2004/11/15.
Référence : IM09000756.

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Ci-dessus : « Saint Martial de Limoges est représenté en pied sous les traits d'un évêque vêtu à la mode médiévale, semblant bénir ou prêcher. Le tableau pourrait représenter l'épisode de sa vie où, venu de Rome, il évangélise le Limousin au milieu du IIIe siècle à la suite d'une mission reçue de son cousin légendaire Saint Pierre. La ville fortifiée représentée derrière lui pourrait être en effet Limoges. »

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Ci-dessus : « La ville fortifiée représentée derrière Saint Martial pourrait être Limoges. »

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« Don fait par Gme Bazile Laplace et Marguerite Cancel, son épouse ».

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Ci-dessus : Ci-dessus : « Saint Vincent de Saragosse est représenté sous les traits d'un jeune diacre auréolé. Sa dalmatique est ornée du Sacré Coeur. Il tient dans sa main dextre la palme de son martyre et dans son autre main une grappe de raisin, évocation de son patronage des vignerons. Il se tient à côté d'une vigne sur la gauche. Le fond de paysage est constitué de collines. »

3. Guilhaume Bazile Laplace et Marguerite Cancel

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Ci-dessus : 3 janvier 1811. Naissance de Guilhaume Bazile Laplace. Archives dép. de l'Ariège. Arvigna. Naissances (An XI-1864). Document 1NUM/4E107. Vue 78.

La lecture des registres d'état-civil d'Arvigna indique que Guilhaume Bazile Laplace, fils de Patrice Laplace (ca 1777-1841), cordonnier, puis propriétaire, et de Marguerite Audouy, est né à Arvigna le 3 janvier 1811.

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Ci-dessus : 11 juillet 1837. Mariage de Guilaume Bazile Laplace et de Marguerite Cancel. Archives dép. de l'Ariège. Verniolle. L'acte ne figure pas dans le registre des mariages, mais ce mariage se trouve mentionné dans la table décennale 1833-1842. Document 1NUM15/2E122. Vue 10.

Le 11 juillet 1837, Guilhaume Bazile Laplace épouse Marguerite Cancel à Verniolle.

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Ci-dessus : 19 septembre 1861. Décès de Guilhaume Bazile Laplace. Archives dép. de l'Ariège. Arvigna. Décès (An XI-1864). Document 1NUM/4E110. Vue 307.

Le même Guilhaume Bazile Laplace, propriétaire, meurt le 19 septembre 1861 à Arvigna.

On peut raisonnablement déduire de la chronologie ci-dessus que les tableaux représentant respectivement Saint Martial et Saint Vincent ont été offerts par Guilhaume Bazile Laplace et Marguerite Cancel à la paroisse d'Arvigna entre 1837 et 1861, soit au mitan du XIXe siècle.

Ce présent répondait-il à une intention votive, relativement peut-être à une maladie de Guilhaume Bazile Laplace ? Guilhaume Bazile Laplace est mort à l'âge de « 51 ans », dit le registre des décès ; à l'âge de 50 ans 8 mois plus exactement.

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Ci-dessus : 26 août 1868. Décès de Marguerite Cancel. Archives dép. de l'Ariège. Varilhes. Naissances, décès (1865-1873). Document 1NUM/4E4114. Vue 210.

Marguerite Cancel, propriétaire, originaire de Verniolle, demeurant alors au hameau de Laborie (commune de Verniolle), ayant eu son domicile précédent à Arvigna, est morte quant à elle à Varilhes, le 26 août 1868, à l'âge de 55 ans.

2 commentaires

#1  - Jacques Gironce a dit :

Ces beaux tableaux, que je connais par cœur, sans jamais m'y être intéressé, méritent d'être restaurés. Les arvignanais doivent s'adresser à Catherine Saint-Martin CAOA ; mais il faudra être patient...

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#2  - Martine Rouche a dit :

À la suite du comment de Jacques Gironce : la démarche complète pour restaurer les tableaux de l'église de Besset a pris deux ans et quelques mois, ce qui est rapide. Le dossier était très documenté, comme vous le savez, la municipalité et l'association qui portait le projet ont demandé et obtenu les subventions, les dons privés ont complété, de sorte que la Fondation du Patrimoine n'a pas eu à chercher de mécénat, et a même donné une somme en récompense de ce dossier bien géré, somme qui a permis la restauration des vitraux XIXe à l'identique. Quand il y a une volonté, il y a un chemin, dit-on en anglais ...

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