Ci-dessus, de gauche à droite : Jean Pierre Jacques Auguste Labouïsse de Rochefort ; Éléonore Musard de Saint Michel, son épouse.
À partir de 1803, Auguste Labouïsse-Rochefort 1Jean Pierre Jacques Auguste Labouïsse de Rochefort, né le 7 juillet 1778 à Saverdun, fils de Jean Labouïsse de Rochefort, chevalier de Saint Louis, capitaine de grenadiers au régiment de Saintonge, co-seigneur direct et gouverneur de Saverdun, et d’Anne de Bonnafos de Villeflour ; orphelin de père à quatre ans, élevé d’abord à Montréal par le baron Jean Pierre de Bonaffos de La Tour, son grand-père, puis au collège de Sorrèze ; marié en 1802 à Éléonore Musard de Saint Michel (Cf. A.-J. Carbonell, de Perpignan. Notice sur Madame Éléonore de Labouïsse-Rochefort. In Auguste de Labouïsse-Rochefort. Mélanges politiques et littéraires: faisant suite au Voyage à Rennes-les-Bains. Postface XXVII. Chez Dentu. Paris 1834.), originaire de Saint-Domingue ; écrivain, libraire-imprimeur à Toulouse ; mort le 22 février 1852 à Castelnaudary. se rend plusieurs fois de Toulouse à Rennes-les-Bains, « avec son ami M. Victor de Soulages 2Joseph Gabriel Victor de Soulages, chevalier de Saint Louis ; né le 8 octobre 1766 à Villasavary (Aude), fils d’Alexandre de Soulages et de Catherine Damien de Beaufort ; marié le 27 mars 1805 à Anne Marie Adelaïde de Guibert. Il réside au château de la Nougarède, près de Villasavary, où il a constitué un cabinet de curiosités qui fait l’émerveillement de son ami Jean Pierre Jacques Auguste Labouïsse de Rochefort., amateur distingué, qui depuis plus de 20 ans, visite et parcourt régulièrement, à la dernière saison des eaux, ces montagnes des Corbières, qu’il connaît parfaitement. Je me suis plu, dit Auguste Labouïsse Rochefort, à profiter de ses observations ». Une quinzaine d’années plus tard, le même Auguste Labouïsse Rochefort tire de ses pérégrinations des années 1800 la matière de son Voyage à Rennes-les-Bains, ouvrage publié en 1828. Très souvent, au fil du texte, il s’adresse directement à Éléonore, son épouse adorée. Il évoque ci-dessous ses quelques jours de halte à Mirepoix. Nous sommes en septembre 1803…
Ci-dessus : près de Belvèze-du-Razès, le domaine de Dreuille, propriété de Laurent Maleville, lieu de naissance de Jean François Maleville. Sur la carte d’état-major de 1812, Dreuille, du nom de son propriétaire, se trouve désormais dénommé Maleville.
« J’arrivai à Mirepoix, chez M. Malleville 3Jean François Maleville, propriétaire, baptisé le 18 février 1748 à Belvèze-du-Razès. Parrain, Jean François de Nègre de Montroux. Marraine, Catherine de Marion de Brezillac (Cf. Archives dép. de l’Aude. Belvèze-du-Razès (1737-1769). Document 100NUM/5E34/1. Vue 56.), fils de Laurent Maleville, bourgeois résidant en son domaine de Dreuille près de Belvèze, et de Marguerite de Cazemajou (Marguerite de Cazemajou, fille du Sieur de Cazemajou, capitaine d’infanterie, seigneur de Niort, et de Marguerite de Nègre. Cf. 22 mai 1738. Mariage de Laurent Maleville et de Marguerite de Cazemajou. Archives dép. de l’Aude. Belvèze-du-Razès (1737-1769). Document 100NUM/5E34/1. Vue 11.), paroissiens tous deux de Belvèze-du-Razès ; marié le 10 juin 1777 à Rivel (Aude) à Anne Boyer, fille de Joseph Boyer, marchand de Limoux, et de Catherine Roudel (10 juin 1777. Mariage de Jean François Maleville et d’Anne Boyer. Cf. Archives dép. de l’Aude. Rivel (1775-1792). Document 100NUM/5E316/4. Vue 35). D’après le rôle de la population de Mirepoix en 1800, Jean François Maleville habite à cette date ledit Mirepoix, section A nº 8 (maison de Jean Bauzil, bourgeois, en 1766, rue de la Porte d’Aval (aujourd’hui rue Monseigneur de Cambon), avec son épouse et François Rolland, neveu de cette dernière. D’après le rôle de la population de Mirepoix en 1804, Francois Rolland a cessé alors de vivre au domicile du couple Maleville-Boyer. Fils du Sieur Pierre Noël Rolland, marchand fondeur, mort à Rivel le 29 octobre 1789 à l’âge de 36 ans, et de Dame Jeanne Marie Catherine Boyer, François Rolland, devenu négociant, épousera le 1er octobre 1808 à Mirepoix Catherine Louise Bauzil, fille du Sieur François Bauzil, perruquier, et de Dame Constance Benazet. Cf. 1er octobre 1808. Mariage de François Rolland et de Catherine Louise Bauzil. Archives dép. de l’Ariège. Mirepoix. Mariages (An XI-1818). Document 1NUM/4E2355. Vue 224., qui pour seconde proposition, m’offrit de me faire connaître de suite la société. Elle ne se rassemble qu’au café, c’est t’annoncer qu’elle n’est composée que d’hommes, qui viennent dans ce lieu dépenser leur temps et leur fortune. Comme ce n’est pas mon usage de chercher à perdre ni l’un, ni l’autre, je le remerciai de sa courtoisie. Je me serais trouvé bien étranger et bien étrange dans une pareille assemblée, moi qui pense comme le galant François Ier, « qu’une cour sans femmes, est une année sans printemps, et un printemps sans roses« . — Mais la société se ressent ici de la révolution ; ceux qui pouvaient en faire l’ornement, sont divisés ou ont pris l’habitude de la retraite. Les persécutions particulières et les calamités publiques, ont fait naître, parmi les Français, nation jadis si gaie, une foule d’imitateurs du farouche Timon. Acres frondeurs de l’existence, ils ne sont plus attachés à cette terre maudite, que par l’attente d’un séjour céleste, où leur misanthropie espère aller se réfugier. […].
Cette ville, presque déserte aujourd’hui, offrait naguère encore un tableau plus animé.
Et récente est la catastrophe
De ce gouvernement public,
Qu’un législateur philosophe,
Créa, sous le nom de Distric. 4Il s’agit du District, bien sûr, entité administrative créée par le décret du 22 décembre 1789 : 1. Il sera fait une nouvelle division du royaume en départements, tant pour la représentation que pour l’administration. Ces départements seront au nombre de soixante-quinze à quatre vingt-cinq. 2. Chaque département sera divisé en districts, dont le nombre, qui ne pourra être ni au-dessous de trois, ni au-dessus de neuf, sera réglé par l’Assemblée nationale, suivant le besoin et la convenance du département, après avoir entendu les députés des provinces. 3. Chaque district sera partagé en divisions appelées cantons, d’environ quatre lieues carrées (lieues communes de France.) 4. La nomination des représentants à l’Assemblée nationale sera faite par départements. 5. II sera établi, au chef-lieu de chaque département, une assemblée administrative supérieure, sous le titre d’Administration de département. 6. Il sera également établi, au chef-lieu de chaque district, une assemblée administrative inférieure, sous le titre d’Administration de district. 7. Il y aura une municipalité en chaque ville, bourg, paroisse ou communauté de campagne. 8. Les représentants nommés à l’Assemblée nationale par les départements ne pourront être regardés comme les représentants d’un département particulier, mais comme les représentants de la totalité des départements, c’est-à-dire, de la nation entière. 9. Les membres nommés à l’administration du département ne pourront être regardés que comme les représentants du département entier, et non d’aucun district en particulier. 10. Les membres nommés à l’administration de district ne pourront être regardés que comme les représentants de la totalité du district, et non d’aucun canton en particulier. 12. Les assemblées primaires des électeurs des administrations de département, des administrations de district et des municipalités, seront juges de la validité des titres de ceux qui prétendront y être admis.
J’ai connu jadis cet aspic,
Et sais de quel bois il se chauffe !
[…].
Cependant il faut être juste, ce n’est pas lui [non le « Distric » en tant que tel, mais le Citoyen Clauzel, procureur-syndic du district de Mirepoix-Pamiers] tout à fait, qui donna l’ordre de m’arrêter 5Ailleurs dans son Voyage à Rennes-les-Bains, Auguste Labouïsse-Rochefort se remémore « ce couvent des Carmélites et ce collége, [à Pamiers], qui me servirent tous deux de prison, à l’âge de quinze ans », et l’épître qu’il adressait alors (en 1793) à son ami le chevalier de Juge :
Par les sbires du despotisme
Ton Ami vient d’être arrêté… Cf. Auguste Labouïsse-Rochefort. Voyage à Rennes-les-Bains, p. 198.. […]
Il [le « Distric »] n’existe plus ! un Sous-Préfet l’a remplacé, mais ce Sous-Préfet est établi â Pamiers, de sorte qu’à présent cette ville épiscopale est tout à fait abandonnée à elle-même. Mirepoix se vante de son antiquité. Cependant l’ancienne Cité n’existe plus. On en construisit une plus moderne, qui elle-même a disparu, puisque vers l’an 1000, elle fut transférée sur la rive opposée de cette rivière de Lers, qui fit écrire à Du Bartas, cette espèce d’énigme que je n’ai pas su deviner :
« Fuyant le vert tapis de ton fertil rivage,
Ô Lers, de qui le flot, second honneur de Foix,
Meurt et naît chaque jour deux douzaines de foi.
Dans toi on lit les mœurs de ton peuple volage. »
Quoi qu’il en soit, un château placé sur le coteau voisin, dont l’aspect était formidable, ayant donné lieu aux passants de dire : Mira pic ou Mira pech, ce qui signifie laconiquement : regarde, admire la cime de cette colline, ou de cette petite montagne : telle est l’origine du nom de Mirepech, depuis Mirepoix, en latin, Mirapicum. Ce château était très fort, lorsque les Croisés l’attaquèrent le 22 septembre 1209. Il n’était occupé que par un petit nombre de soldats, qui ne le défendirent que le temps nécessaire pour favoriser l’évasion de Roger, seigneur de Mirepoix. Il se réfugia avec ses gens, au château de Monségur. Leur intrépide résistance, qui sans ce noble motif, n’aurait vraisemblablement pas eu lieu, fut cause que sans miséricorde, on les passa au fil de l’épée. Indigne vengeance des vainqueurs, et trop barbare récompense de l’héroïque dévouement des vaincus ! Mais le fanatisme est toujours si cruel !… mais on abuse si souvent de la victoire !… Gui de Lévis, maréchal de la foi, obtint cette seigneurie pour son apanage, qui, depuis cette époque, resta toujours dans sa famille. Il mourut vers 1230. Le culte religieux qui n’était plus exercé à Mirepoix, depuis environ quatre ans, fut solennellement rétabli, et l’église paroissiale, qui, jusque là, avait été sous la protection de la Vierge, fut mise sous celle de Saint Maurice, et de ses compagnons, en mémoire de ce que ce fut le jour de la fête de ces saints martyrs, que les hérétiques furent chassés de la ville. Aussi depuis cette époque a-t-on établi une foire ad hoc,
Où l’on accourt de toutes parts,
Et sur le terrain qui nous cache,
Les débris des anciens remparts,
On achète jument ou vache ;
Là, précédés du fifre et des tambours,
Filles, garçons, sur la place publique,
Viennent danser au bruit de la musique,
Pour Saint Maurice et les Amours.
Cette foire variable, qui doit se tenir prochainement, puisqu’elle a lieu le lendemain et quelquefois le surlendemain de la Saint Maurice, est la mieux assortie et la plus belle du département de l’Ariège ; ce qui lui procure un nombreux concours d’étrangers. Ainsi qu’à celle de Saint Sulpice de Lézat, on y trouve de très jolis chevaux, qu’élèvent chez eux les propriétaires du voisinage.
Le comte de Foix Raymond, qui n’était pas satisfait qu’on lui eût pris cette place importante et diminué ainsi son petit royaume, vint en 1218, y mettre le siége et obtint qu’il lui en serait prêté hommage et juré fidélité. Cette fidélité ne fut pas longue ; car son fils Roger s’étant montré un prince un peu faible, le Seigneur de Mirepoix lui envoya un cartel pour le braver et lui signifier, qu’il ne relevait que du Roi de France et de son épée.
cette division cessa plus tard par un mariage […].
Constance, fille de Roger Bernard et de Marguerite de Moncade, épousa Jean de Lévis, seigneur de Mirepoix, et cette alliance éteignit toute haine et toute discorde. Sa sœur aînée Brunicen, avait épousé un Comte de Périgord, et sa sœur cadette Jeanne, avait été mariée à un fils du Roi d’Aragon, ce qui prouve que cette maison de Lévis, devait être déjà à cette époque aussi puissante que considérée.
Le 16 juin 1289, une inondation extraordinaire, à laquelle se réunit la rupture d’un étang situé près de Puivert, ayant presque entièrement ruiné la ville, il en fut construit une nouvelle sur le bord opposé de la rivière, à l’entrée d’une forêt, appelée Planesage [Plainefage] qu’on négligea d’entourer de défenses militaires. Mais les malheurs dont fut suivie la descente des Anglais en France, tels que la prise et la captivité du Roi Jean, le 19 septembre 1356, de ce prince qui disait, pour prouver qu’on doit être toujours fidèle aux traités : Si la foi et la vérité étaient bannies du reste du monde, elles devraient se retrouver dans la bouche des Rois ; les sommes énormes et les provinces entières qu’il fallut produire pour son rachat 6« Ces provinces étaient le Poitou, la Saintonge, l’Agenois, le Périgord, le Limousin, le Quercy, l’Angoumois et le Rouergue, avec trois millions d’écus d’or. Le Roi de retour dans son royaume, compta 600 mille écus d’or pour le premier paiement; mais n’ayant pu solder le reste de sa rançon, pour ne pas surcharger d’impôts son peuple, il retourna se mettre en otage à Londres, où il mourut, le 8 avril 1364, âgé de 54 ans. Il en avait régné 14. » produisirent un tel épuisement, qu’il ne fut plus possible d’acquitter la solde des gens de guerre, qui avaient été mis sur pied. Ces troupes n’étant pas payées, se débandèrent, et se mirent à courir et à piller diverses provinces, sous différens chefs qu’elles se choisirent. Un détachement de ces bandes, commandé par Jean Petit 7Cf. Christine Belcikowski. À propos de Jean Petit, chef de la bande de routiers qui saccagea Mirepoix en 1362-1363 ; À propos de Jean Petit, chef de la bande de routiers qui saccagea Mirepoix en 1362-1363 – Suite ; Jean Avezorgues, Alaman, dit Petit Mesqui, est-il le Jean Petit du saccage de Mirepoix en 1362-1363 ? ; L’histoire de Jean Petit revue par Elliott O’Donnell in Strange Disappearances en 1927., séjourna dans les terres de Mirepoix, depuis 1359 jusqu’en 1363, époque à laquelle Gaston Phœbus, comte de Foix, fit un traité avec Petit, pour qu’il sortit du royaume ; ce qu’il exécuta. Mais à l’heure du départ, la ville fut pillée et incendiée par les brigands qu’il commandait. Dès qu’ils furent éloignés, soit que l’on craignit qu’ils revînsent plus tard sur leurs pas, ou qu’il en vînt d’autres, on s’empressa d’entourer de fortes murailles, la partie de la ville qui avait le moins souffert. Il fut fait à ce mur quatre portes, une à chaque face, et quatre tours aux quatre angles, avec de larges fossés tout autour, pour en rendre l’approche plus difficile. Il existe encore des traces de ces belliqueuses précautions.
Lorsque le 5 décembre 1362, le comte Gaston Phœbus défit à Cazères le comte Jean d’Armagnac, qui fut fait prisonnier, le Seigneur de Mirepoix se trouvait dans le parti ennemi.
Cette ville était un des anciens évêchés que le concordat de 1801, n’a pas rétablis. Il avait été créé par le Pape Jean XXII, le 24 septembre 1317, et Raymond Athon de Verdale, son neveu, en fut premier évêque en 1318. Le second fut Jacques Fournier que quelques écrivains ont appelé Du Four, dont j’ai déjà parlé et dont je suis bien aise de retrouver ici le souvenir. Après s’être fait moine au monastère de Boulbonne, et avoir été abbé de Fonfroide, il fut nommé évêque de Pamiers, d’où il passa à Mirepoix, le 26 janvier 1326. L’année suivante il fut cardinal, et ayant été élu souverain pontife, le 20 décembre 1334, il fut couronné le 7 janvier 1335. Les historiens du temps assurent qu’il s’est opéré des guérisons miraculeuses à son tombeau, et d’autres lui ont donné le titre de Bienheureux, uniquement fondés sur l’éclat de ses vertus, puisqu’il n’y a eu à cet égard aucun jugement de l’Eglise.
En 1388, Roger Bernard de Lévis, eut de grands démélés avec son fils Jean, qui osa l’arrêter prisonnier dans Mirepoix. Pour s’en venger, son père le déshérita par un testament du 5 octobre de la même année 8Cf. Christine Belcikowski. Félix Pasquier. Dissensions entre Roger Bernard de Lévis I, seigneur de Mirepoix, et Jean de Lévis III, son fils, à partir de 1375 ; Siméon Olive. Sous la seigneurie de Roger Bernard de Lévis I, suite de désastres à Mirepoix à partir de 1360.. Mais plus tard, ce testament fut annulé, et cette seigneurie resta dans la branche directe, qui en était en possession.
Je ne dois point passer sous silence, qu’en 1589, après que Toulouse, par les intrigues inouïes de quelques ambitieux perturbateurs, qui s’étaient faits nommer les zélés, (c’est-à-dire les prétendus défenseurs du culte catholique), eut vu assassiner le premier président Jean Etienne Duranti et l’avocat général Jacques Daffîs qui n’avaient pas voulu qu’on abandonnât la cause du Roi ; après que le parlement de cette ville eut sanctionné par peur les actes de l’union, et qu’on eut fait pendant trois jours des réjouissances publiques, pour solenniser la consécration de cette révolte ; ce que l’historien Pierre Mathieu appelle, avoir célébré les funérailles de l’obéissance et de la fidélité ; au milieu de toutes ces rebellions, il n’y eut de fidèles au Roi, dans tout le Languedoc, parmi les chefs des troupes, que Jean de Lévis, marquis de Mirepoix, le marquis d’Ambres, le comte d’Aubijoux et le baron de Cornusson, qui se rendirent avec leurs compagnies de gendarmes, au lieu que Henri III leur avait indiqué. Tous les autres eurent le malheur de participer momentanément à cette trahison, qui divisait le peuple, les provinces, les villes, les cités, les bourgs et même les familles !….
Une chose qui peut servir à prouver l’antiquité de Mirepoix, c’est qu’il y a dans la banlieue de cette commune une forêt de chênes qui porte le nom de Bélène ; ce qui semble être un témoignage du culte que rendaient les Gaulois (ou les Celtes) au Dieu Belenus. 9Cf. Christine Belcikowski. Bélène, Bélène…
Il est certain que sous la domination des Romains, il exista une peuplade à laquelle Pline donne le nom de Tarasco Dunitari, et que les plus savants géographes, tels que Sanson, Baudran, Danville, le P. Gibrat, etc., ont pensé que la principale ville de cette population qui habita ces contrées, était Mirepoix ou Castelnaudary. Des débris nombreux d’urnes sépulchrales qu’on trouve à cinq cents pas à l’occident de l’ancienne ville ; des médailles du haut et du bas empire jusqu’à Constantin le grand, qu’on y rencontre aussi, ne permettent pas de douter qu’il a existé près de cet endroit, une cité ancienne dont le nom est ignoré, mais qui a donné origine à celle de Mirepoix.
Les irruptions des Goths, des Vandales, des Sarrasins, durent opérer dans ces lieux, des révolutions, dont l’histoire n’a pas pris soin de conserver le souvenir. – Antiques monumens, s’écriait autrefois un poète :
« Antiques monuments, prodigieux ouvrages
Dont les restes muets semblent s’enorgueillir,
Cessez de nous contraindre à d’éternels hommages,
Les ombres de l’oubli vont vous ensevelir…..
Où sont, Thèbes, Memphis, vos merveilles divines ?
Quels cadavres épars ! quels tombeaux ! quels déserts !…
L’orgueil ne peut marcher sans heurter ses ruines :
La terre chaque jour offre un autre uni
Destructeurs dont le Temps a dévoré la cendre,
Quel fruit de vos exploits, Sésostris, Alexandre ?
Un sceptre qui se brise en tombant de vos mains.
L’impétueux torrent se déborde et s’écoule,
Tel on a vu passer la foule
Des Perses, des Grecs, des Romains. » 10Ode présentée en 1746 par M. Carriol, avocat, à l’académie des Jeux Floraux.
Quoi qu’il en soit il est surprenant que tant d’évêques puissants par leurs noms, leurs titres et leurs charges, dont l’un a été pape et plusieurs cardinaux, ne soient point parvenus à rendre à Mirepoix, une partie de l’importance, dont cette ville avait joui à différentes époques de son orageuse existence. Philippe de Lévis, seul, a laissé de grands souvenirs de sa pieuse munificence, et Mirepoix lui doit son beau clocher, justement cité comme un chef d’œuvre de l’art. Ce monument en belle pierre de taille, d’une architecture gothique moderne, mérite une mention particulière.
Cet édifice s’élève jusque vers le tiers de sa hauteur totale, (d’environ 200 pieds) en tour carrée, que couronne une galerie en balcon, formée sur une partie de l’épaisseur du mur et la saillie d’une corniche en console. Il est flanqué aux trois angles, d’une arète ou contrefort, qui s’élève au-dessus de la galerie, se termine en légère pyramide élégamment détachée du clocher, par l’effet de la retraite du second corps, qui prend la forme octogone, jusque à un peu moins d’un nouveau tiers de la hauteur totale de ce monument aérien. C’est du sein de la galerie en balcon, qui couronne aussi le deuxième corps de l’édifice, que s’élance hardiment dans les airs, hérissée aux angles de corbeaux, vulgairement appelés loups, la flèche octo-pyramidale, qui, avant d’arriver, fait signaler le clocher à une très grande distance, sur la route. La tour qui flanque le quatrième de ses angles, ajoute beaucoup à son mérite et présente une singularité remarquable. Cette tour légère et de forme octogone, se lie à l’église et au clocher, jusqu’à la première galerie qui domine l’église, et à partir de la galerie, et par l’effet de la retraite du second corps du clocher, s’élève isolément jusque au-dessus de la seconde galerie. Cette tour n’est point un vain caprice de l’art. Elle renferme l’escalier par lequel on monte aux galeries, et de là, dans l’intérieur du clocher. Les marches suspendues en arc, par lesquelles on parvient de la tour à la seconde galerie, et de là, sur la terrasse en plate-forme, qui termine et couvre la tour, la rattachent par le haut au clocher, qui reçoit de cette espèce d’hors-d’œuvre, une physionomie toute particulière, toute pittoresque, et j’ai presque dit toute originale.Ainsi l’on peut avancer sans crainte d’être démenti par les connaisseurs, que ce beau clocher réunit dans son ensemble comme dans ses détails, le grandiose, la solidité, la hardiesse antiques, à la légèreté, à l’élégance et au fini des ouvrages modernes. L’église serait belle si elle était voûtée et si son agrandissement, dans les travaux commencés en 1370, repris et terminés en 1406, par le même Philippe de Lévis, fondateur du clocher et du palais épiscopal, eût été effectué d’une manière uniforme à tout ce qui fut conservé de l’église primitive. La nef est restée retrécie d’une manière irrégulière, relativement au chœur, qui est la seule partie terminée. Les arceaux en pierre de taille et en briques, qui supportent la toiture, sont d’une légèreté remarquable et contrastent singulièrement avec le nu du couvert, qui semble solliciter de la charité contemporaine, au moins l’aumône d’un plafond.
Le troisième objet qui mérite d’être vu en détail, est un pont sur Lers. Il a sept arches de belle pierre de taille, d’une exécution soignée et élégante. Il fut commencé en 1777, sur le plan de M. de Garipuy, membre de l’Académie des Sciences de Toulouse et ingénieur de la province du Languedoc ; on ne put s’en servir que vers le mois d’août 1791 ; on acheva plus tard ses parapets, et je me rappelle de l’avoir traversé plusieurs fois avant qu’il fût totalement fini 11Le voyageur anglais Arthur Young laisse du pont sur l’Hers encore inachevé une description qui date de 1787. Cf. La dormeuse blogue. Arthur Young à Mirepoix.. On ne négligea rien pour le fonder solidement au sein de terres et de sables mouvants, au gré des caprices d’une rivière sujette à de fréquents et désastreux débordemens. On en voit encore les traces. À peine ce bel ouvrage, qui ne laisse à désirer qu’un peu plus de largeur, était terminé, que ces eaux furieuses eurent l’air de vouloir faire une très mauvaise plaisanterie. Elles semblèrent projeter d’envahir et de traverser ces récentes cultures si fertiles, qui bordent son rivage, pour aller directement couper la grande route et passer tout justement à côté de ce beau pont. […].
Messieurs les constructeurs trouvèrent, comme de raison, cette facétie très déplacée, et par des éperons, des cavaliers, des traînées et des plantations, ils parvinrent à contenir malgré elle, cette fantasque rivière, dans son très large lit. Toutefois, on n’a pu l’empêcher de faire un grand crochet et d’aller presque inaperçue, passer à la dernière arche. Il est vrai, qu’excepté les jours d’orage, où elle grossit prodigieusement, ce modeste ruisselet, est un peu comme M. de *, dont le gendre disait : Mon beau-père est toujours mesquin. Il voulait dire simplement qu’il était maigre.
La chaussée, qui par un plan parfaitement horizontal, unit, vers le midi, le pont à la ville, et vers le nord, les embranchements des routes de Carcassonne et de Mazères, est aussi digne de remarque. Elle a en tout, plus de 2.000 toises de longueur ; sa hauteur est de 20 pieds, et sa largeur, en augmentant toujours vers sa base, est de 40 pieds.
À peu de distance du pont, en montant la colline qui y touche presque, on rencontre un ancien couvent de Cordeliers, à mi-côte, et sur la hauteur, les débris de l’ancien château de Mirepoix, appelé plus tard, château de Terride.
Peut-être sous ces tours antiques,
Jadis d’intrépides barons,
Par des prouesses héroïques,
Vinrent gagner leurs éperons.
Jeunes, aimables et gentilles :
D’un empressement matinal,
À travers ces épaisses grilles,
On vit un essaim virginal,
Présider à ces exercices ;
Et prodiguant des souris et des pleurs,
Attirer dans ces nobles lices,
Cent Chevaliers parés de leurs couleurs.
J’en suis très-persuadé, et même j’aurais été flatté et enchanté de me trouver là, parmi ces joutes, à cette époque brillante, sur mon fringuant dextrier,
Si, n’en déplaise à cette souvenance,
Et de hauts-faits, et de gloire et d’honneur,
Je n’aimais mieux, (on le croira d’avance),
Vivre à présent dans la douce chevance,
De savourer près de toi le bonheur.
Ce château existait avant 1062, puisqu’à cette date il en est question dans un acte ; il paraît, par les parties qui en subsistent encore, qu’il était très fort ; il fut néanmoins pris en 1209, par l’armée des croisés, et donné à Guy de Lévis, qui faisait les fonctions de Maréchal. Il fut repris en 1223, par Raymond Roger, comte de Foix, qui le rendit à ses anciens seigneurs. C’est à ce siége que le comte de Foix contracta une maladie dont il mourut peu après. Guy de Lévis, en redevint possesseur, et il fut depuis, le lieu de la résidence de ses descendants en ligne directe, jusqu’au XVIème siècle. Il y a plus de deux cents ans que ce château porte le nom de Terride ; voici à quelle occasion.
Jean de Lévis, 13ème seigneur de Mirepoix, épousa le 8 février 1563, Catherine Ursule de Lomagne, fille d’Antoine de Lomagne, vicomte de Gimois, baron de Terride (château situé dans la Lomagne, entre Beaumont et Belle-Perche). Elle porta en dot à son époux, la baronnie de Terride, à condition que leur postérité joindrait ce nom et celui de Lomagne, au nom de Lévis. Ils eurent huit enfants ; l’un d’eux, Jean de Lévis, reçut le nom de comte de Terride 12Cf. Frédéris Soulié. « Le Sire de Terrides », in Le Port de Créteil, volume 2, pp. 155-156, éditions V. Magen, 1843 pp. 155-156 ; Christine Belcikowski, La triste histoire de Jean de Lévis Lomagne ; La trace du serpent au château de Mirepoix. L’Harmattan. 2014.. C’est celui qui se rendit célèbre dans la contrée, par sa valeur, et des plaisanteries mêlées d’esprit et de bouffonneries ; il fut le duc de Roquelaure 13Antoine Gaston de Roquelaure, marquis puis dernier duc de Roquelaure, marquis de Lavardens et de Biran, comte d’Astarac, de Montfort, de Pontgibaud et de Gaure, baron de Capendu, de Montesquiou, de Saint-Barthélemy de Cancon, de Casseneuil, de Champchevrier, du Monteil-Gelat, de Pradmer et de Buzaudon, seigneur de Puyguilhem, un aristocrate et militaire né en 1656 et mort le 6 mai 1738. Il était, d’après Saint-Simon, « plaisant de profession, extrêmement du monde ; il disait quelquefois de bon mots et jusque sur soi-même ». de ce temps-là. Aussi je désirais vivement recueillir ici les piquantes anecdotes que conserve la tradition populaire. Mais en vérité il me serait difficile de rendre avec élégance, ces espiègleries de collége, ces tours de page, et ces inhumaines malices, propres à embellir tout au plus les almanachs de deux sous, qu’on ne manque jamais d’enrichir de contes pour rire. Un seul fait mérite d’être excepté, parce qu’il est à la fois une peinture des mœurs du temps, l’expression du caractère jovial et méchant du comte de Terride, et en même temps une haute leçon de justice distributive, quoiqu’un peu trop cruelle. C’est presque un apologue en action.
Le matin d’une foire de Mirepoix, ses gens surprirent un individu mangeant des raisins dans l’une des vignes du comte, située près de la route. Le comte le fit attacher sur le lieu et garder par des hommes d’armes, qui avaient ordre d’obliger les passants d’arracher chacun au maraudeur, un poil de sa barbe, au moyen d’une petite pince qui leur était offerte pour cette opération. Quand il ne resta pas un poil au patient, le comte parut au milieu de la foule qu’avait attirée ce spectacle et il dit gravement au voleur de raisins : — Si chaque passant avait fait à ma vigne, ce qu’il a fait à ta barbe, elle serait à présent vendangée. Après cette leçon, il le fit mettre en liberté, et le pauvre diable alla coucher où il voulut.
Ce terrible Seigneur, que tous ses voisins aimaient et redoutaient, parce qu’il était un mélange de bonté et de dureté, né en 1578, mourut en 1644, dans ce château de Mirepoix, qu’on a depuis appelé le château de Terride.
Ce nouveau nom ne lui porta pas bonheur, puisque ce fut vers cette époque que les seigneurs de Mirepoix transférèrent leur résidence au château de Lagarde, situé au sud-est et à une lieue de la ville. Je ne le connais pas ; ces anciens maîtres me l’habitant pas depuis longtemps 14Information inexacte. Les seigneurs de Mirepoix ont commencé de résider au château de Lagarde dès le XVIe siècle.. Mais comme mon père y allait souvent en visite, j’en ai beaucoup entendu parler. Il fut construit en 1300, par François de Levis VIII, le plus jeune des enfants de Gui de Lévis III ; François eut pour apanage la baronnie de Lagarde et la vicomté de Monségur. Son successeur porta comme lui le nom de François ; il n’eut qu’une fille nommée Elips, qui épousa en 1343, son cousin Roger Bernard de Lévis, seigneur de Mirepoix. Par là s’opéra de nouveau la réunion de la baronnie de Lagarde avec celle de Mirepoix, dont elle avait été distraite. Le château de Lagarde, remarquable par sa structure, pourrait encore, (dit-on) servir à l’histoire des arts, malgré le délabrement presque total où l’a réduit une révolution qui n’a su que détruire, quoiqu’elle eût promis de tout recréer !
J’allai visiter les dames de Lafage 15Marie Antoinette Louise Gabrielle Aglaé, épouse d’Henry de Gouzens, ancien seigneur de Lafage (Aude), et Anne Marie Charlotte Joséphine de Gouzens, sœur d’Henry de Gouzens, épouse de Guillaume Vidalat. Dans Trente ans de ma vie (de 1795 à 1826), ou Mémoires politiques et littéraires, Auguste Labouisse-Rochefort se souvient d’avoir rencontré en juillet 1797, à Paris, Élisabeth de Faudoas Barbazan, veuve du comte de Paulo, et Marie Antoinette Louise Gabrielle Aglaé, sa fille, alors âgée de 19 ans, qui vivaient alors à Paris sous un nom d’emprunt. Cf. Christine Belcikowski. Un souvenir de Marie Antoinette Thérèse Aglaé de Paulo en 1797., Madame de Caudeval 16Rose de Champflour, épouse de Jean Clément Rouvairollis de Rigaud, seigneur baron de Caudeval., nièce de M. de Champflour, l’avant-dernier évêque de cette ville, et ses quatre aimables demoiselles 17Rose de Champflour a été mère de dix enfants, dont 5 filles : Marie Françoise Zénobie de Rouvairollis, mariée le 30 pluviôse an VIII (19 Février 1800) à Jean Louis Marguerite Pierre Hippolyte Dufour ; Marianne Josèphe Julie de Rouvairollis, mariée le 1er juillet 1792 à François Andrieu, morte le 9 pluviôse an III (28 janvier 1795) à l’âge de 23 ans ; Magdeleine Soulange de Rouvairollis ; Marie Françoise Charlotte Julie de Rouvairollis, dite Marie Françoise Caroline, qui épousera Le 8 nivôse an XIV (29 décembre 1805) Jacques Louis Auguste de Castéras ; Françoise Julie Mélanie Blanche de Caudeval. Cf. Christine Belcikowski. À Mirepoix. Essai de généalogie de la famille Rouvairollis. 2. Jean Clément Rouvairollis et les siens. dont je me suis trouvé compagnon d’infortune sous l’horrible règne de la convention et de la terreur 18Ailleurs dans son Voyage à Rennes-les Bains, Auguste Labouïsse-Rochefort se souvient encore une fois des prisons de Pamiers : « A peine je naissais à la vie, qu’on écrouait ma liberté ; qu’on préparait le tombereau rouge, qui devait conduire à Nantes, une victime de plus, et que pour grâce spéciale, en faveur de ma jeunesse, le représentant du peuple Paganel, signait ma délivrance et mon exil, dans un rayon de vingt lieues. On craignait que dans mes foyers, je ne conspirasse contre la République !… Je fus d’abord placé aux Carmélites, dans une cellule , où l’on ne me donna pas seulement de la paille pour me coucher : c’est là où je pris mes douleurs rhumatismales […]. Une autre maladie qui vint m’atteindre me fit transporter auprès de ma mère, qui était enfermée au Collége, où l’on avait mis les femmes. Nous nous y trouvâmes avec MMmes et MMlles d’Allens, d’Artiguières, de Bellissens, de Brezillac, de Castelnau Durban, de Gélis, de Luppé, de Montaud, de Narbonne, etc. Nous y fûmes aussi connaissance avec Mlle Rose Lemercier, tante des descendants de La Fontaine. Cf. Christine Belcikowski. Charles Louis de Lafontaine à Pamiers ; À propos du décès de Charles Louis de La Fontaine à Pamiers. C’était une charmante Société que je savais bien apprécier. Elle était un doux dédommagement de ma rigoureuse position, puisqu’on m’avait annoncé que je n’en sortirais que pour aller à la mort… ». Cf. Voyage à Rennes-les-Bains, p. 200.. Je fus enfermé avec elles à Pamiers, dans la même prison, ce qui exigerait de ma galanterie, remerciments et gratitude, si nous n’avions pas tous été parqués dans ces tristes murs, comme des victimes promises au bourreau. J’aurais dû faire mention plus haut de ces aimables dames ; mais je savais que leurs noms trouveraient ici plus naturellement leur place. C’est pour ces quatre très jeunes et très jolies personnes, que je fis cet impromptu au gage touché :
Sur le quatrain que je vous dois,
Pourquoi presser ma Muse peu féconde ?
Voyez les belles que je vois,
C’est le plus beau quatrain du monde.
J’y joignis ce madrigal :
La Fable trompe, et ses erreurs je crois,
Que sans scrupule on peut bien les combattre :
Elle prétend que les Grâces sont trois,
Elle radote !… j’en vois quatre. 19M. J.-C. Grancher, traduisit en 1798, cette pièce, par ce distique latin :
Tres esse antiqui charites discere poetae,
Falsum est : et etenim quatuor aspicio !
[Il était trois Grâces antiques, ont dit les poètes. C’est faux : en effet, j’en vois quatre !]
Si M. Vidal 20Jacques Vidal, dit à Mirepoix « l’Astronome Vidal ». Cf. La dormeuse blogue. Jacques Vidal astronome et coetera… De Mirepoix aux Pyrénées – 2ème journée de printemps de l’histoire locale à Mirepoix. n’eut pas été absent, je lui aurais consacré le reste de ma soirée. Ce célèbre astronome était parti la veille, pour une campagne voisine, sans quoi je serais allé revoir avec plaisir son observatoire 21Cet observatoire se situait sur le toit de l’ancienne maison Vidal, qui existe toujours sous le Petit Couvert., dont il m’a déjà fait quelquefois très courtoisement les honneurs. Il est impossible d’avoir plus de civilité, plus de complaisance que cet habile observateur des rotations planétaires.
Et braquant vers les cieux son savant télescope,
Dans l’espace, guettant la course de Vénus,
J’aurais lu dans ses traits, que la grâce enveloppe,
(Dans ses traits, qui par toi 22Il s’agit d’Éléonore Musard de Saint Michel, épouse adorée de Jean Pierre Jacques Auguste Labouïsse de Rochefort, qui la perdra en 1833. me furent bien connus),
De notre enfant le riant horoscope.
Il aurait peut-être pu me donner des renseignemens sur Madame de Calages 23Marie de Calages (1623-1661, née de Pech. Auteur de Judith ou la délivrance de Béthulie. Cf. La dormeuse blogue. Sous le signe de Marie de Calages. 11ème journée d’hiver de l’histoire locale de Mirepoix ; À propos de Marie de Calages. Une lettre curieuse ; À propos de Marie de Calages. Tricoter le reste de sa vie, au lieu d’écrire. poète aimable, auteur d’un poëme épique en neuf chants, dont presque tous nos biographes ont oublié de faire mention. Elle habitait Mirepoix en 1656. Sur les brillants parvis du temple de mémoire,
Trop jeune, elle expira dans les bras d’un époux,
Qui savourait près d’elle, en des moments bien doux,
Ses charmes, sa beauté, ses talents et sa gloire. 24Auguste Labouïsse-Rochefort mêle ici et l’amour qu’Henri de Calages vouait à Marie de Calages, son épouse, et l’amour qu’il voue lui-même à à Éléonore Musard de Saint Michel, son épouse adorée.
Pour ne pas ressortir après le dîner, (car on dîne à présent à l’heure où nos aïeux soupaient), et éviter d’aller au café, je prétextai un peu de fatigue et beaucoup de sommeil, et je me retirai dans ma chambre. Mais comme il n’était pas tard, je me mis à lire, suivant ma coutume. J’allais prendre un des livres que j’ai enfermé dans ma valise, pour mon voyage, lorsque j’aperçus sur la cheminée des brochures qui tentèrent ma curiosité… » 25Auguste Labouïsse-Rochefort. Voyage à Rennes-les-Bains, p. 205 sqq. Seconde édition. Chez Achille Désauges. Paris. 1832.
References
↑1 | Jean Pierre Jacques Auguste Labouïsse de Rochefort, né le 7 juillet 1778 à Saverdun, fils de Jean Labouïsse de Rochefort, chevalier de Saint Louis, capitaine de grenadiers au régiment de Saintonge, co-seigneur direct et gouverneur de Saverdun, et d’Anne de Bonnafos de Villeflour ; orphelin de père à quatre ans, élevé d’abord à Montréal par le baron Jean Pierre de Bonaffos de La Tour, son grand-père, puis au collège de Sorrèze ; marié en 1802 à Éléonore Musard de Saint Michel (Cf. A.-J. Carbonell, de Perpignan. Notice sur Madame Éléonore de Labouïsse-Rochefort. In Auguste de Labouïsse-Rochefort. Mélanges politiques et littéraires: faisant suite au Voyage à Rennes-les-Bains. Postface XXVII. Chez Dentu. Paris 1834.), originaire de Saint-Domingue ; écrivain, libraire-imprimeur à Toulouse ; mort le 22 février 1852 à Castelnaudary. |
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↑2 | Joseph Gabriel Victor de Soulages, chevalier de Saint Louis ; né le 8 octobre 1766 à Villasavary (Aude), fils d’Alexandre de Soulages et de Catherine Damien de Beaufort ; marié le 27 mars 1805 à Anne Marie Adelaïde de Guibert. Il réside au château de la Nougarède, près de Villasavary, où il a constitué un cabinet de curiosités qui fait l’émerveillement de son ami Jean Pierre Jacques Auguste Labouïsse de Rochefort. |
↑3 | Jean François Maleville, propriétaire, baptisé le 18 février 1748 à Belvèze-du-Razès. Parrain, Jean François de Nègre de Montroux. Marraine, Catherine de Marion de Brezillac (Cf. Archives dép. de l’Aude. Belvèze-du-Razès (1737-1769). Document 100NUM/5E34/1. Vue 56.), fils de Laurent Maleville, bourgeois résidant en son domaine de Dreuille près de Belvèze, et de Marguerite de Cazemajou (Marguerite de Cazemajou, fille du Sieur de Cazemajou, capitaine d’infanterie, seigneur de Niort, et de Marguerite de Nègre. Cf. 22 mai 1738. Mariage de Laurent Maleville et de Marguerite de Cazemajou. Archives dép. de l’Aude. Belvèze-du-Razès (1737-1769). Document 100NUM/5E34/1. Vue 11.), paroissiens tous deux de Belvèze-du-Razès ; marié le 10 juin 1777 à Rivel (Aude) à Anne Boyer, fille de Joseph Boyer, marchand de Limoux, et de Catherine Roudel (10 juin 1777. Mariage de Jean François Maleville et d’Anne Boyer. Cf. Archives dép. de l’Aude. Rivel (1775-1792). Document 100NUM/5E316/4. Vue 35). D’après le rôle de la population de Mirepoix en 1800, Jean François Maleville habite à cette date ledit Mirepoix, section A nº 8 (maison de Jean Bauzil, bourgeois, en 1766, rue de la Porte d’Aval (aujourd’hui rue Monseigneur de Cambon), avec son épouse et François Rolland, neveu de cette dernière. D’après le rôle de la population de Mirepoix en 1804, Francois Rolland a cessé alors de vivre au domicile du couple Maleville-Boyer. Fils du Sieur Pierre Noël Rolland, marchand fondeur, mort à Rivel le 29 octobre 1789 à l’âge de 36 ans, et de Dame Jeanne Marie Catherine Boyer, François Rolland, devenu négociant, épousera le 1er octobre 1808 à Mirepoix Catherine Louise Bauzil, fille du Sieur François Bauzil, perruquier, et de Dame Constance Benazet. Cf. 1er octobre 1808. Mariage de François Rolland et de Catherine Louise Bauzil. Archives dép. de l’Ariège. Mirepoix. Mariages (An XI-1818). Document 1NUM/4E2355. Vue 224. |
↑4 | Il s’agit du District, bien sûr, entité administrative créée par le décret du 22 décembre 1789 : 1. Il sera fait une nouvelle division du royaume en départements, tant pour la représentation que pour l’administration. Ces départements seront au nombre de soixante-quinze à quatre vingt-cinq. 2. Chaque département sera divisé en districts, dont le nombre, qui ne pourra être ni au-dessous de trois, ni au-dessus de neuf, sera réglé par l’Assemblée nationale, suivant le besoin et la convenance du département, après avoir entendu les députés des provinces. 3. Chaque district sera partagé en divisions appelées cantons, d’environ quatre lieues carrées (lieues communes de France.) 4. La nomination des représentants à l’Assemblée nationale sera faite par départements. 5. II sera établi, au chef-lieu de chaque département, une assemblée administrative supérieure, sous le titre d’Administration de département. 6. Il sera également établi, au chef-lieu de chaque district, une assemblée administrative inférieure, sous le titre d’Administration de district. 7. Il y aura une municipalité en chaque ville, bourg, paroisse ou communauté de campagne. 8. Les représentants nommés à l’Assemblée nationale par les départements ne pourront être regardés comme les représentants d’un département particulier, mais comme les représentants de la totalité des départements, c’est-à-dire, de la nation entière. 9. Les membres nommés à l’administration du département ne pourront être regardés que comme les représentants du département entier, et non d’aucun district en particulier. 10. Les membres nommés à l’administration de district ne pourront être regardés que comme les représentants de la totalité du district, et non d’aucun canton en particulier. 12. Les assemblées primaires des électeurs des administrations de département, des administrations de district et des municipalités, seront juges de la validité des titres de ceux qui prétendront y être admis. |
↑5 | Ailleurs dans son Voyage à Rennes-les-Bains, Auguste Labouïsse-Rochefort se remémore « ce couvent des Carmélites et ce collége, [à Pamiers], qui me servirent tous deux de prison, à l’âge de quinze ans », et l’épître qu’il adressait alors (en 1793) à son ami le chevalier de Juge : Par les sbires du despotisme Ton Ami vient d’être arrêté… Cf. Auguste Labouïsse-Rochefort. Voyage à Rennes-les-Bains, p. 198. |
↑6 | « Ces provinces étaient le Poitou, la Saintonge, l’Agenois, le Périgord, le Limousin, le Quercy, l’Angoumois et le Rouergue, avec trois millions d’écus d’or. Le Roi de retour dans son royaume, compta 600 mille écus d’or pour le premier paiement; mais n’ayant pu solder le reste de sa rançon, pour ne pas surcharger d’impôts son peuple, il retourna se mettre en otage à Londres, où il mourut, le 8 avril 1364, âgé de 54 ans. Il en avait régné 14. » |
↑7 | Cf. Christine Belcikowski. À propos de Jean Petit, chef de la bande de routiers qui saccagea Mirepoix en 1362-1363 ; À propos de Jean Petit, chef de la bande de routiers qui saccagea Mirepoix en 1362-1363 – Suite ; Jean Avezorgues, Alaman, dit Petit Mesqui, est-il le Jean Petit du saccage de Mirepoix en 1362-1363 ? ; L’histoire de Jean Petit revue par Elliott O’Donnell in Strange Disappearances en 1927. |
↑8 | Cf. Christine Belcikowski. Félix Pasquier. Dissensions entre Roger Bernard de Lévis I, seigneur de Mirepoix, et Jean de Lévis III, son fils, à partir de 1375 ; Siméon Olive. Sous la seigneurie de Roger Bernard de Lévis I, suite de désastres à Mirepoix à partir de 1360. |
↑9 | Cf. Christine Belcikowski. Bélène, Bélène… |
↑10 | Ode présentée en 1746 par M. Carriol, avocat, à l’académie des Jeux Floraux. |
↑11 | Le voyageur anglais Arthur Young laisse du pont sur l’Hers encore inachevé une description qui date de 1787. Cf. La dormeuse blogue. Arthur Young à Mirepoix. |
↑12 | Cf. Frédéris Soulié. « Le Sire de Terrides », in Le Port de Créteil, volume 2, pp. 155-156, éditions V. Magen, 1843 pp. 155-156 ; Christine Belcikowski, La triste histoire de Jean de Lévis Lomagne ; La trace du serpent au château de Mirepoix. L’Harmattan. 2014. |
↑13 | Antoine Gaston de Roquelaure, marquis puis dernier duc de Roquelaure, marquis de Lavardens et de Biran, comte d’Astarac, de Montfort, de Pontgibaud et de Gaure, baron de Capendu, de Montesquiou, de Saint-Barthélemy de Cancon, de Casseneuil, de Champchevrier, du Monteil-Gelat, de Pradmer et de Buzaudon, seigneur de Puyguilhem, un aristocrate et militaire né en 1656 et mort le 6 mai 1738. Il était, d’après Saint-Simon, « plaisant de profession, extrêmement du monde ; il disait quelquefois de bon mots et jusque sur soi-même ». |
↑14 | Information inexacte. Les seigneurs de Mirepoix ont commencé de résider au château de Lagarde dès le XVIe siècle. |
↑15 | Marie Antoinette Louise Gabrielle Aglaé, épouse d’Henry de Gouzens, ancien seigneur de Lafage (Aude), et Anne Marie Charlotte Joséphine de Gouzens, sœur d’Henry de Gouzens, épouse de Guillaume Vidalat. Dans Trente ans de ma vie (de 1795 à 1826), ou Mémoires politiques et littéraires, Auguste Labouisse-Rochefort se souvient d’avoir rencontré en juillet 1797, à Paris, Élisabeth de Faudoas Barbazan, veuve du comte de Paulo, et Marie Antoinette Louise Gabrielle Aglaé, sa fille, alors âgée de 19 ans, qui vivaient alors à Paris sous un nom d’emprunt. Cf. Christine Belcikowski. Un souvenir de Marie Antoinette Thérèse Aglaé de Paulo en 1797. |
↑16 | Rose de Champflour, épouse de Jean Clément Rouvairollis de Rigaud, seigneur baron de Caudeval. |
↑17 | Rose de Champflour a été mère de dix enfants, dont 5 filles : Marie Françoise Zénobie de Rouvairollis, mariée le 30 pluviôse an VIII (19 Février 1800) à Jean Louis Marguerite Pierre Hippolyte Dufour ; Marianne Josèphe Julie de Rouvairollis, mariée le 1er juillet 1792 à François Andrieu, morte le 9 pluviôse an III (28 janvier 1795) à l’âge de 23 ans ; Magdeleine Soulange de Rouvairollis ; Marie Françoise Charlotte Julie de Rouvairollis, dite Marie Françoise Caroline, qui épousera Le 8 nivôse an XIV (29 décembre 1805) Jacques Louis Auguste de Castéras ; Françoise Julie Mélanie Blanche de Caudeval. Cf. Christine Belcikowski. À Mirepoix. Essai de généalogie de la famille Rouvairollis. 2. Jean Clément Rouvairollis et les siens. |
↑18 | Ailleurs dans son Voyage à Rennes-les Bains, Auguste Labouïsse-Rochefort se souvient encore une fois des prisons de Pamiers : « A peine je naissais à la vie, qu’on écrouait ma liberté ; qu’on préparait le tombereau rouge, qui devait conduire à Nantes, une victime de plus, et que pour grâce spéciale, en faveur de ma jeunesse, le représentant du peuple Paganel, signait ma délivrance et mon exil, dans un rayon de vingt lieues. On craignait que dans mes foyers, je ne conspirasse contre la République !… Je fus d’abord placé aux Carmélites, dans une cellule , où l’on ne me donna pas seulement de la paille pour me coucher : c’est là où je pris mes douleurs rhumatismales […]. Une autre maladie qui vint m’atteindre me fit transporter auprès de ma mère, qui était enfermée au Collége, où l’on avait mis les femmes. Nous nous y trouvâmes avec MMmes et MMlles d’Allens, d’Artiguières, de Bellissens, de Brezillac, de Castelnau Durban, de Gélis, de Luppé, de Montaud, de Narbonne, etc. Nous y fûmes aussi connaissance avec Mlle Rose Lemercier, tante des descendants de La Fontaine. Cf. Christine Belcikowski. Charles Louis de Lafontaine à Pamiers ; À propos du décès de Charles Louis de La Fontaine à Pamiers. C’était une charmante Société que je savais bien apprécier. Elle était un doux dédommagement de ma rigoureuse position, puisqu’on m’avait annoncé que je n’en sortirais que pour aller à la mort… ». Cf. Voyage à Rennes-les-Bains, p. 200. |
↑19 | M. J.-C. Grancher, traduisit en 1798, cette pièce, par ce distique latin : Tres esse antiqui charites discere poetae, Falsum est : et etenim quatuor aspicio ! [Il était trois Grâces antiques, ont dit les poètes. C’est faux : en effet, j’en vois quatre !] |
↑20 | Jacques Vidal, dit à Mirepoix « l’Astronome Vidal ». Cf. La dormeuse blogue. Jacques Vidal astronome et coetera… De Mirepoix aux Pyrénées – 2ème journée de printemps de l’histoire locale à Mirepoix. |
↑21 | Cet observatoire se situait sur le toit de l’ancienne maison Vidal, qui existe toujours sous le Petit Couvert. |
↑22 | Il s’agit d’Éléonore Musard de Saint Michel, épouse adorée de Jean Pierre Jacques Auguste Labouïsse de Rochefort, qui la perdra en 1833. |
↑23 | Marie de Calages (1623-1661, née de Pech. Auteur de Judith ou la délivrance de Béthulie. Cf. La dormeuse blogue. Sous le signe de Marie de Calages. 11ème journée d’hiver de l’histoire locale de Mirepoix ; À propos de Marie de Calages. Une lettre curieuse ; À propos de Marie de Calages. Tricoter le reste de sa vie, au lieu d’écrire. |
↑24 | Auguste Labouïsse-Rochefort mêle ici et l’amour qu’Henri de Calages vouait à Marie de Calages, son épouse, et l’amour qu’il voue lui-même à à Éléonore Musard de Saint Michel, son épouse adorée. |
↑25 | Auguste Labouïsse-Rochefort. Voyage à Rennes-les-Bains, p. 205 sqq. Seconde édition. Chez Achille Désauges. Paris. 1832. |