Ci-dessus : l'église d'Arvigna, vue depuis le château, en mode « Mesochrome 160 ».
J'ai publié, au fil du temps, une petite suite d'articles dédiés au village d'Arvigna, dans la vallée du Douctouyre. Pour plus de commodité dans la consultation, voici la liste des liens correspondants :
Ci-dessus : Le Publiciste de la République française, n° 208, du 5 juin 1793. Par Marat, l'Ami du Peuple, député à la Convention. De l'Imprimerie de Marat. Paris.
Le slogan du Publiciste est emprunté à Horace (65 av. J.-C - 8 av. J.-C.), in De l'art poétique, ou Épître aux Pisons, II, v. 201. Ut redeat miseris, abeat Fortuna superbis. « Qu'elle soit rendue aux misérables, la Fortune, et enlevée aux superbes. »
Menaces aux frontières, effondrement de l'assignat, inflation, vie chère, récession et travail rare... Le 31 mai 1793, les pétitionnaires des sections et de la Commune se présentent à la barre de l'Assemblée. La foule occupe les abords du bâtiment.
Ci-dessus : Fulchran Jean Harriet, dessinateur (élève de David), Jean Joseph François Tassaert, graveur. Le 31 mai 1793.
Le même jour, Marat tient à l'Assemblée le discours ci-dessous, discours reproduit par ses soins dans le Publiciste du 5 juin :
« Lorsqu’un peuple libre a confié l’exercice de ses pouvoirs, le maintien de ses droits et de ses intérêts à des mandataires choisis par lui, tandis qu’ils sont fidèles à leurs devoirs, il doit sans contredit s’en rapporter à eux, respecter leurs décrets, et les maintenir dans le paisible exercice de leurs fonctions. Mais lorsque ces mandataires abusent continuellement de sa confiance, lorsqu’ils trafiquent de ses droits, trahissent ses intérêts, qu’ils le dépouillent, le vexent, l’oppriment et qu’ils machinent sa perte : alors le peuple doit leur retirer ses pouvoirs, déployer sa force pour les faire rentrer dans le devoir, punir les traîtres et se sauver lui-même.
Citoyens, vous n’avez plus de ressource que dans votre énergie, présentez à la Convention une adresse pour demander la punition des députés infidèles de la nation, restez levés et ne posez les armes qu’après l’avoir obtenue. » (1)
Quand Marat tient un discours aussi radical, la Convention tremble !
Le président de l'Assemblée questionne : « Un peuple trahi et soulevé contre les traîtres ne doit-il pas s’en rapporter uniquement à ses magistrats et n’employer que des moyens légaux pour se rendre justice ? »
Marat n'aura pas le temps de faire montre de sa capacité de mettre en œuvre la réponse à une telle question. À partir du 3 juin, trop malade, il ne paraît plus à la Convention. Le 13 juillet, il est assassiné par Charlotte Corday.
Je connais ces tableaux depuis mon enfance. Mais, enfant, je ne les regardais pas, et donc, pendant longtemps, je ne les ai pas vus. Ils faisaient pour moi partie du décor, sans plus. Samedi dernier, 12 janvier 2019, jour de la bénédiction de la nouvelle cloche de l'église d'Arvigna, j'ai voulu en revanche regarder de près ces trois tableaux. Mais l'apparat de la cérémonie les masquait en partie, et la base du grand tableau d'autel se trouve rendue difficile à voir par l'étroitesse de l'espace de circulation ménagé derrière cet autel. J'ai pris quelques photos vaille que vaille, et je reviendrai à l'occasion pour tenter de mieux voir.
Après avoir assisté à Paris aux événements de l'été 1789, Saint-Just, âgé alors de vingt-deux ans, retourne à Blérancourt (Aisne), dans sa famille, au cours de l'automne de la même année.
Ci-dessus : vue actuelle de la maison familiale de Saint-Just à Blérancourt.
Enthousiasmé par l'exemple parisien, Saint-Just brûle de participer aux premiers actes de la Révolution à Blérancourt. Mais comme, né le 25 août 1767, il n'est pas encore éligible, — le mandat électif se trouvant réservé aux citoyens âgés d'au moins 25 ans —, Saint-Just fomente en sous-main diverses actions disruptives, dont, les 30 et 31 janvier 1790, le rassemblement de quatre vingts électeurs, suivi de l'élection d'un nouveau maire et de celle d'un nouveau conseil municipal, puis de la mise en place d'une milice bourgeoise encadrée par des sympathisants. L'illégalité d'une telle action se trouve dénoncée par Antoine Gellé, notaire, marchand de bois, régisseur de la seigneurie, procureur fiscal de cette dernière, père par ailleurs d'une jeune fille que Saint-Just a courtisée, dont on lui a refusé la main, et qu'on a mariée en toute hâte à un autre.
L'éclat de l'action fomentée les 30 et 31 janvier 1790 vaut à Saint-Just de participer, du 17 au 20 mai 1790 à Chauny, toujours sans mandat, au choix du chef-lieu du département de l'Aisne. Suite à quoi, le 6 juin 1790, le jeune homme devient colonel de la garde nationale de Blérancourt.
Saint-Just sera élu député à la Convention le 5 septembre 1792, et il exercera ce mandat jusqu'à son exécution, le 28 juillet 1794. Il assurera en outre la Présidence de l'Assemblée nationale, du 16 février 1794 au 6 mars 1794.
Publié en 1787, Organt est la première œuvre que nous connaissions de l'écrivain Louis Antoine Léon de Saint-Just. Il s'agit d'un poème composé de 22 chants, écrit dans le style du Roland furieux de l'Arioste, i.e. de la parodie du roman chevaleresque.
L'histoire commence quand « lui [le bon Roi de France], l'armée et tout le peuple franc / devinrent fous... ». Le bon Roi de France, c'est dans le récit Charlemagne, ou le Magne, ou Charlot. Mais Charlemagne sert en l'occurrence de prétexte à un portrait-charge de Louis XVI, souverain dont nous savons, à la différence du Saint-Just de 1787, qu'il a tout justement fini sur « la bascule à Charlot » (1).
Ci-dessus : 21 janvier 1793. Exécution de Louis XVI.
En 1787, l'ouvrage ne fait guère de bruit. En 1789, l'éditeur procède à une seconde publication. Comme le poème comporte divers passages pornographiques, afin d'aider au succès de cette édition, le même éditeur ajoute au titre de l'ouvrage la mention « Poème lubrique ».
« J'ai vingt ans ; j'ai mal fait ; je pourrai faire mieux », dit l'auteur quant à lui, en guise de préface à chacune des deux éditions.