A propos de Jean Coudol, chanoine du chapitre de Pamiers, prieur d’Arvigna, au temps de Monseigneur de Caulet

 

Philippe Le Bas (1794-1860), L’Univers. France : dictionnaire encyclopédique, t. 4, CAI-CHA, pp. 307-308, Firmin Didot frères, Paris, 1840-1845.

« Caulet défendit, sous peine d’excommunication, à tous ses chapitres, de recevoir et d’installer les pourvus en régale, qu’il qualifiait du nom d’intrus. L’archevêque de Toulouse, son métropolitain, eut beau casser les ordonnances, il résista toujours, et en appela au Saint-Siège. L’isolement dans lequel le laissa la mort de l’évêque d’Aleth [sic], les lettres de cachet qui furent lancées contre ses adhérents, la saisie de son temporel et de celui de ses chapitres, rien ne put l’ébranler. Cette querelle aurait pu lui devenir encore plus funeste, lorsqu’il mourut, en 1680, à l’âge de soixante et dix ans… »

Dans le cadre de cette « funeste querelle » de la Régale, parmi les « adhérents » restés fidèles à Monseigneur de Caulet après la mort de ce dernier en 1680, je me suis particulièrement intéressée au Père Coudol, prieur d’Arvigna. J’ai peiné à trouver des renseignements. Je rassemble ici quelques maigres indices, glanés dans des publications anciennes.

Originaire du diocèse de Cahors 1Jean Marie Vidal, Histoire des évêques de Pamiers, Volume 5, p. 98, E. Privat, 1926., Jean Coudol devient chanoine du chapitre de Pamiers et prieur d’Arvigna 2Ibidem, p. 217. Bernard Rech est à la même date prieur de Saurat ; Jean Cerle, prieur de Dalou ; J. P. Durieu, prieur de Génat ; François de Gabaret, prieur de Rieucros. en 1676.

Le prieur, nommé par l’évêque, perçoit la dîme et les autres revenus du prieuré, ou bénéfice relatif à la circonscription ecclésiastique correspondante, et il veille à la santé chrétienne de ses ouailles, seul ou en association avec un curé.

Monseigneur de Caulet s’inquiète alors des danses auxquelles s’adonne la population ariégeoise le dimanche. Comme les évêques de Comminges, de Carcassonne, de Mirepoix, il note que la danse donne lieu à des scènes « fort licencieuses et lascives, à des postures indécentes, à des attouchements contraires à la bienséance chrétienne. Les danses de la région sont scandaleuses et déshonnêtes ; les baisers lascifs y sont très fréquents et les gestes insolents, les garçons y élèvent les filles par-dessus leurs têtes, et par un certain tour font étendre leurs jupes qui leur laissent voir par ce moyen, et aux passants, ce que la pudeur oblige le plus à cacher ». Le marquis de Mirepoix, alors sénéchal de Limoux, a d’ailleurs, par ordonnance du 21 février 1661, condamné « les travaux serviles des dimanches, les danses lubriques et scandaleuses, prostitution publique de la pudicité de la jeunesse, les cabarets et jeux de hasard ».

Jean Coudol se trouve ainsi délégué par Monseigneur de Caulet à Arvigna pour s’enquérir des « excès commis par les habitants le jour de leur fête », i. e. à l’occasion de la Saint Martial. « Ils louèrent des violons pour les faire jouer après vêpres et porter à la danse les paroissiens. Il se fit une danse publique tout auprès de l’église au son des violons, laquelle danse causa une grande querelle entre les habitants et étrangers qui, armés de bâtons, des injures vinrent aux menaces et battements, au grand scandale de tout le lieu, toute la nuit » 3Georges Doublet, Un diocèse pyrénéen sous Louis XIV, in Revue des Pyrénées, t.7, 1895..

Après la mort de Monseigneur de Caulet, les chanoines restés fidèles à leur évêque, Bertrand Bartholomé, Jean Coudol, Bernard Rech et François de Gabaret, se voient punis par des mesures d’éloignement.

« Ils s’éteignirent l’un après l’autre, emportant dans la tombe le regret de n’avoir pu regagner leurs stalles indument occupées par les chanoines régalistes que les autorités du schisme y avaient introduits » 4J. M. Vidal : Notices sur les chanoines Bertrand Bartholomé, Jean Coudol, Bernard Rech et François de Gabaret, Dans l’entourage de Caulet. V. Les chanoines réformés de la cathédrale de Pamiers, p. 229-254, 273-302, 44-62, in Bulletin historique du diocese de Pamiers, Couserans et Mirepoix, nouvelle série, n° 39 à 42, Castillon-en-Couserans, 1938-1939..

 

« L’année précédente [1694] était mort le Père Coudol. Accusé d’avoir dit que tout ce qu’avait fait l’Archevêque de Toulouse était nul, l’Intendant le fit conduire par des gardes à la place publique, où il fut gardé pendant quatre heures. Le peuple que l’on prétendait intimider par ce spectacle, fondait en larmes de voir traiter un si saint Religieux avec une telle indignité. L’Intendant le renvoya après plusieurs menaces ; mais le lendemain, on vint lui signifier une lettre de cachet qui l’exilait à Semur en Bourgogne. Il y mourut au mois d’Octobre 1694 dans une telle réputation de sainteté, que la ville de Semur crut possèder en lui un riche trésor. Il y avait vécu dans une entière retraite, & dans une application continuelle à la prière » 5Bonaventure Racine, Abrégé de l’histoire ecclésiastique, contenant les événements considérables de chaque siècle, avec des réflexions, tome X, article VII, p. 443, Cologne, MDCCLIV..

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