Christine Belcikowski

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Sceau et ex-libris de François Tristan de Cambon, évêque de Mirepoix

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ci-dessus, de gauche à droite : sceau de François Tristan de Cambon ; ex-libris de François Tristan de Cambon.

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Source : Bibliothèque numérique patrimoniale MEMONUM de Montpellier.

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Ci-dessus : « Il faudra prendre de la viande de boucherie, faire tuer des poulets ; si au marché du lundi il y a un jeune levraut et qui puisse aller au mercredi, vous l'achèterez. Si je n'ai pas de la volaille, il faut en acheter. Comme il est rare qu'il y ait des dindonneaux à acheter à Mirepoix, vous pourrez donner la commission à Pamiers. Vous ferez prendre des ris de veau et des cervelles. Je suis, Monsieur, très parfaitement votre très humble et très obéissant serviteur. FT évêque de Mirepoix ». Signature courante de François Tristan de Cambon. Lettre adressée le 18 juillet 1789 à Pierre Paul Alard, avocat, receveur des décimes de Mirepoix.

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Ci-dessus : Jean Rigail. Portrait de Monseigneur de Cambon, peint en 1844 d'après un original plus ancien.

Né le 27 août 1716 à Toulouse, fils de Louis Emmanuel de Cambon, président au parlement de Toulouse, et de Marie de Ferrand, fille elle-même d'un président au parlement de Toulouse, François Tristan de Cambon a été évêque de Mirepoix de 1768 à 1790. Très impliqué dans l'administration de son diocèse, il a été à l'initiative de la construction du nouvel hôpital de Mirepoix et de celle du grand pont de pierre sur l'Hers. Retourné en 1790 dans sa famille à Toulouse, il y meurt le 20 novembre 1791.

À lire aussi :
Mazerettes à la fin du temps des évêques
En 1782, dans la famille Rouvairollis… Le Sieur Caudeval (de…), cadet gentilhomme au bataillon auxiliaire des troupes des colonies
Souvenirs de Mazerettes

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Arnaud Daniel. En cest sonet coind'e leri...

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Chansonnier provençal. 2e moitié du XIIIe siècle. BnF. ms._12473_fol._50.

Né à Ribérac (Dordogne) circa 1150, Arnaud Daniel a composé son œuvre entre les années 1180 et les années 1210. Dante et Pétrarque disent qu'il a été « le meilleur forgeron du parler maternel » et le maître de l'art de la sextine.

On nomme sextine un poème composé de 6 sizains, ou coblas, suivis d'un envoi, ou tornada. Le poème reproduit ci-dessous n'est pas une sextine, mais un septain. Il fournit toutefois un bel exemple de la façon dont le poète, dans le septain comme dans la sextine, use à l'intérieur des coblas, ou couplets, de deux rimes seulement, — «leri / doli », « lima / daura », etc. — rimes reprises glissando de cobla en cobla jusqu'à la tornada, ou envoi, où revient, en une sorte de dernier écho, le jeu de deux autres rimes — « cert / apert », « mou / plou », etc. — qui se répondent, elles, d'une cobla à l'autre.

Concernant la traduction du texte d'Arnaud Daniel, dont l'occitan périgourdin et le style tendu, souvent allusif, rendent parfois la compréhension difficile pour le lecteur moderne, je me suis aidée des Poésies d'Arnaud Daniel, savant ouvrage de René Lavaud, publié à Toulouse en 1910, chez Privat. Pour ma part, comme chaque fois, j'ai cherché à traduire au plus près.

Dans En cest sonet coind'e leri... », Arnaud Daniel parle de l'amour qu'il voue à une belle Dame aragonaise.

En cest sonet coind'e leri
Fauc motz e capuig e doli,
E serant verai e cert
Quan n'aurai passat la lima ;
Qu'Amors marves plan'e daura
Mon chantar, que de liei mou
Qui pretz manten e governa.

Tot jorn meillur et esmeri
Car la gensor serv e coli
Del mon, so·us dic en apert.
Sieus sui del po tro qu'en cima,
E si tot venta·ill freid'aura,
L'amors qu'inz el cor mi plou
Mi ten chaut on plus iverna.

Mil messas n'aug e'n proferi
E'n art lum de cera e d'oli
Que Dieus m'en don bon issert
De lieis on no·m val escrima (1) ;
E quan remir sa crin saura
E'l cors gai, grailet e nou
Mais l'am que qui·m des Luserna (2).

Tant l'am de cor e la queri
C'ab trop voler cug la·m toli
S'om ren per ben amar pert.
Qu'el sieus cors sobretracima
Lo mieu tot e non s'eisaura ;
Tant a de ver fait renou
C'obrador n'a e taverna (3).

No vuoill de Roma l'emperi
Ni c'om m'en fassa apostoli (4)
Qu'en lieis non aia revert
Per cui m'art lo cors e·m rima (5) ;
E si·l maltraich no·m restaura
Ab un baisar anz d'annou,
Mi auci e si enferna.

Ges pel maltraich qu'ieu soferi
De ben amar no·m destoli ;
Si tot mi ten en desert.
C'aissi'n fatz los motz en rima.
Pieitz trac aman, c'om que laura,
C'anc plus non amet un ou
Cel de Moncli n'Audierna (6).

Ieu sui Arnautz qu'amas l'aura,
E chatz la lebre ab lo bou
E nadi contra suberna.

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Sur cet air gai et joyeux
Je fais des mots et charpente et rabote,
Et seront vrais et certains
Quand seulement j'aurai passé la lime ;
Qu'Amour polisse et dore
Mon chant, qui d'elle se meut,
[Elle] qui le Mérite protège et guide.

Tous les jours je m'améliore et m'affine
Car la plus Gente aime et honore,
[la plus gente] du monde, comme je vous le dis tout clair.
Je suis sien des pieds à la tête,
Et sitôt que vente la froidure,
L'amour qui dans le cœur me pleut
Me tient chaud au plus fort de l'hiver.

Mille messes j'entends et offre
Et je brûle flamme de cire et d'huile
Pour que Dieu me donne bon succès
Après d'elle, contre qui ne vaut nulle escrime (1) ;
Et quand j'admire sa chevelure d'or,
Son corps joyeux, svelte et neuf,
Je l'aime mieux que qui me donnerait Lucerne (2).

Tant l'aime de cœur et la chéris,
Tant la désire et la cherche,
Qu'à trop la vouloir en pensée, je la perds,
Si, par amour on peut perdre.
Car le sien corps déborde le mien
au point que le mien tout entier ne s'en essore pas ;
Tant au vrai [elle) en a tant fait usure
Qu'elle tient à la fois l'ouvrier et la taverne (3).

Je ne veux de Rome l'empire
Ni qu'on m'en fasse pape (4),
Si vers elle n'ai retour,
[Vers elle] pour qui brûlent mon corps et ma rime (5).
Et si de mon tourment elle ne me guérit pas
D'un baiser avant le nouvel an,
Elle me tue et elle se damne.

À cause du tourment que je souffre,
De bien aimer je ne me détourne pas
Même si tout entier me tiens en désert,
Car ainsi je fais les mots pour la rime.
Pis je souffre, en aimant, qu'un homme qui laboure,
Et pis que jadis — on n'aimerait pas un œuf (6) —,
Celui-là de Moncli et Audierne (7).

Je suis Arnaud, qui amasse le vent
Et chasse le lièvre à l'aide du bœuf
Et nage contre la marée montante.

1. Escrima : escrime ou ruse.

2. Luserna. D'après René Lavaud, in op. cité, p. 61, il ne s'agit ni de Lucerne en Suisse, ni de Luserna-San-Giovanni en Piémont près de Turin [ville dont le troubadour Peire Guilhein serait originaire et dont Arnaud Daniel mentionne le nom dans un autre poème], mais d'une ville espagnole, mentionnée elle aussi dans un autre poème d'Arnaud Daniel. Le nom actuel de Luserna est Lucena. Cette ville se situe au nord-ouest de Castellón-de-la-Plana, dans la province de Valence, qui joute au nord la province d'Aragon. En invoquant au vers 44 « la lebre » (la lièvre, en occitan moderne encore), par effet de paronymie avec le fleuve Ebre, qui traverse la province d'Aragon, Arnaud Daniel se rapproche en pensée de la région où vit sa belle Aragonaise.

3. Taverna : taverne, boutique.

4. René Lavaud, in op. cité, p. 63, signale une vacance simultanée du trône impérial et du trône papal en 1191, et aussi en 1216. Celle-ci permet peut-être de dater le poème d'Arnaud Daniel.

5. Rima, au singulier : activité du rimeur, art de rimer.

6. « Non amet un ou » : on n'aimerait pas pour un œuf, on n'aimerait pas pour rien. « Un ou : pour rien, peu, très fréquent en provençal », note René Lavaud in op. cité, p. 64.

7. Note de René Lavaud, in op. cité, p. 64 : « Cel de Moncli : personnage inconnu. Ce vers fait probablement allusion à un couple d'amoureux, célèbre dans les romans épiques ou dans la légende populaire. »

Anne Antoinette de Belcastel. Un parcours de vie qui se dérobe. Seconde partie

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Comme indiqué dans la première partie de cet article, Anne Antoinette de Belcastel, qui est entrée à la Maison Royale de Saint Louis à l'âge de 9 ans le 14 octobre 1741, quitte cette maison à l'âge de 15 ans le 17 octobre 1747. Signalée infirme, elle bénéficie à ce titre d'une pension alimentaire de 100 livres qui lui sera servie jusqu'à ses vingt ans.

Où se rend-elle alors ?

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Anne Antoinette de Belcastel. Un parcours de vie qui se dérobe. Première partie

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En 1768, après un échec relatif de sa carrière à Paris, Gabriel Mailhol, écrivain né en 1725 à Carcassonne, retourne dans son Languedoc natal. Le 12 août 1768, il épouse à Saint-Papoul Jeanne Faure. Le 29 juin 1769 à Saint-Papoul, Jeanne Faure met au monde Marianne Pétronille Mailhol, puis, le 21 octobre 1772, un fils qui meurt à peine ondoyé. Elle meurt à son tour le 3 décembre 1772.

Vingt ans plus tard, le 8 avril 1792 à Mirepoix, il appert de l'acte de baptême de Michel Etienne Pascal Antoine Jean Jacques Gaston, enfant issu du mariage de Marianne Pétronille Mailhol et de Raymond Gaston, que Gabriel Mailhol, en un lieu et à une date que l'on ne sait pas, a épousé en secondes noces Anne Antoinette de Belcastel. Celle-ci est la marraine du nouveau-né.

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« [Marraine], Dame Anne Antoinette Belcastel, épouse du Sieur Gabriel Mailhol, citoyen de Saint-Papoul et procureur de la commune, père de la Dame Gaston et aïeul maternel de l’enfant, laquelle en son absence a été représentée par Demoiselle Jeanne Hélène Mailhol, domiciliée à Mirepoix, grand-tante de l’enfant ». Archives dép. de l’Ariège. Mirepoix. Baptêmes, Mariages (1787-1792). Document 1NUM6/5MI665. Vue 196.

Un an plus tard encore, le 4 juin 1793, Gabriel Mailhol, « époux de Belcastel », meurt à Saint-Papoul.

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4 juin 1793. Acte de décès de Gabriel Mailhol. Archives dép. de l’Aude. Saint-Papoul (1792-1797). Document 100NUM/5E361/7. Vue 144.

Les deux actes reproduits ci-dessus constituent à ce jour les seuls témoins dont on dispose concernant le mariage de Gabriel Mailhol avec Anne Antoinette de Belcastel. J'ai cherché à savoir qui était Anne Antoinette de Belcastel.

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Arnaud de Mareuil. Dona, genser qu'ieu no sai dir... (extrait)

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Ci-dessus : Arnaud de Mareuil. BnF. MS 12473, folio 32r.

Arnaud de Mareuil, auteur de Dona, genser qu'ieu no sai dir... (Dame, plus gente que je ne sais dire...), est un poète de la fin du XIIe siècle. Né au château de Riberac, près de l'ancien village de Mareuil-sur-Belle, en Dordogne, issu d’une famille noble mais pauvre, Arnaud de Mareuil renonce rapidement à la cléricature pour se faire troubadour à la cour de Raimond V de Toulouse. Il dédie alors ses cansos à la comtesse Azalaïs de Toulouse, « Dona, genser qu'ieu no sai dir... », fille de Raymond V, épouse de Roger II Trencavel. Quand Alphonse II d'Aragon, également amoureux de la Dona, le supplante dans l'amitié de cette dernière, Arnaud de Mareuil quitte la cour de Raymond V pour se rendre à celle de Guilhem VIII de Montpellier. Vingt-cinq de ses cansos nous sont parvenus. Dante, Pétraque, Ezra Pound, spécialement dans l'art de la sixtine, ont admiré sa virtuosité. Admirons ici, dans le dernier huitain, l'art de la litote, ou l'art du « breu » : « E pueys farem breu viatge / Sovendet, e breu cami... »

Le texte reproduit ci-dessous, puis traduit délibérément au plus près, constitue la troisième partie de « Dona, genser qu'ieu no sai dir... », [Dame, plus gente que je ne sais dire...].

Belh m'es quand lo vens m'alena
En abril ans qu'intre mays,
E tota la nuegz serena
Chanta 'l rossinhols e'l jays ;
Quecx auzel en son lenguatge,
Per la frescor del mati,
Van menan joy d'agradatge ;
Com quecx ab sa par s'aizi !

E pus tota res terrena
S'alegra, quan fuelha nays,
No m puesc mudar no m sovena
D'un' amor don ieu sui jays ;
Per natur' e per uzatge
M' aven qu'ieu vas joy m' acli
Lai, quant fai lo dous auratge
Que m reven lo cor aissi.

Pus blanca es que Elena,
Belhazors que flors que nays,
E de cortezia plena,
Blanca dens ab motz verays,
Ab cor franc ses vilanatge,
Color fresca ab sauras cri :
Dieu qu 'l det le senhoratge
La sal, qu' anc gensor no vi.

Merce fara, si no m mena
D' aissi enan per loncs plays,
E don m' en un bais d'estrena,
E, segon servizi, 'l mays ;
E pueys farem breu viatge
Sovendet, e breu cami,
Qu' el sieu belh cors d'alegratge
M' a mes en aquest trahi. (1)

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Beau m'est quand le vent m'haleine
En avril, avant qu'entre mai,
Et que toute la nuit sereine
Chantent le rossignol et le jais,
Que chaque oiseau en son langage
Par la fraîcheur du matin
Va menant joie d'agrément ;
comme chacun auprès de sa pareille s'éjouit.

Et puisque toute chose terrestre
S'emplit d'allégresse, quand les feuilles naissent,
Ne puis empêcher qu'il me souvienne
D'un[e] amour par quoi je suis joyeux ;
Par nature et par usage,
Il m'advient que je vais à la joie enclin
Là, quand fait le doux orage
Qui me ravive le cœur ainsi.

Plus blanche est qu'Hélène,
Plus belle que la fleur qui naît,
Et de courtoisie pleine ;
Blanches dents et mots vrais,
Cœur franc sans vilénie,
Couleur fraîche et cheveu blond.
Dieu, qui lui donna la seigneurie,
[Qu'il] la sauve, car plus gente jamais n'en vis.

Merci fera, si elle ne me mène
D'ici là toutefois par de longs procès,
et me donnera un baiser d'étrenne
et selon mes services davantage ;
Et puis ferons bref voyage
Souvent et par bref chemin,
Car le sien beau corps d'allégresse
M'a mis en semblable train.

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1. Source : Pierre Bec. Les saluts d'amour du troubadour Arnaud de Mareuil. Coll. Bibliothèque méridionale. Série littéraire. Tome 31. Privat. Toulouse. 1961.

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