En 1782, dans la famille Rouvairollis… Le Sieur Caudeval (de…), cadet gentilhomme au bataillon auxiliaire des troupes des colonies

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Daté de 1782, un dossier 1Archives nationales d’outre-mer. Secrétariat d’État à la Marine. Personnel colonial ancien. conservé aux Archives nationales d’outre-mer et marqué « Personnel » intéresse le cas du « Sieur Caudeval (de… ) ». Le prénom n’est pas spécifié. Ce dossier indique que le « Sieur Caudeval (de) » a été nommé cadet gentilhomme au Bataillon auxiliaire des troupes des colonies le 28 juillet. Ce même dossier indque encore qu’une lettre a été envoyée à Monseigneur de Cambon, évêque de Mirepoix, pour l’aviser d’une telle nomination. Le « Sieur Caudeval (de) » a donc probablement bénéficié d’une recommandation de son évêque.

Le dossier en question comprend également une lettre dans laquelle, le 12 août 1782, Monseigneur de Cambon sollicite pour le « Sieur Caudeval (de) », en lieu et place de son emploi de gentilhomme cadet au Bataillon auxiliaire des troupes des colonies, une affectation dans la Marine Et, afin de rendre possible une telle affectation, Monseigneur de Cambon sollicite en outre en favuer de son protégé une dispense du 4e degré de noblesse requis dans ce corps.

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« À Mirepoix, ce 12 août 1782
[Lettre visée par M. ALouin le 20 août]

Quelque désir, Monsieur, qu’ait M. de Caudeval de voir son fils attaché au service, il n’a pu se résoudre à le faire entrer dans un corps qui l’obligerait à s’expatrier. Il est destiné à avoir un jour une fortune honnête et qui exigera de lui qu’il ne quitte pas la patrie. J’aurais bien désiré que vous eussiez voulu le dispenser de la preuve du 4e degré de noblesse pour entrer dans le corps de la marine. J’ai l’honneur d’être avec un respectueux attachement, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.
F[rançois] [Tristan] évêque de Mirepoix. »

Suite à la réception de la lettre de Monseigneur de Cambon, le ministère de la Marine se penche sur le dossier Caudeval…

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« Voyez dans le carton timbré : nominations des cadets, depuis 1782 jusqu’à 1784, un dossier de 1782, dans lequel se trouve une circulaire du 28 juillet de la même année, sur laquelle est compris le Sieur de Caudeval pour cet emploi ; ensemble une lettre d’avis de sa nomination à M. l’évêque de Mirepoix. »

Le dossier ne comprend aucun autre renseignement relatif au cas du « Sieur Caudeval (de) », non plus qu’au résultat de la requête formulée par Monseigneur de Cambon.

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8 décembre 1766. Baptême de Noble Jean Baptiste de Rouvairollis de Rigaud.

Qui est donc le « Sieur Caudeval (de) », assigné en 1782 à l’emploi de « cadet gentilhomme » ? Compte tenu de l’intervention de Monseigneur de Cambon, il ne peut s’agir que de « Noble Jean Baptiste de Rouvairollis », né 8 décembre 1766, âgé de de 16 ans en 1782, premier des onze fils de Jean Clément Rouvairollis de Rigaud (1731-1817), seigneur baron de Caudeval depuis les années 1750, et de Rose de Champflour 2AD 09. Mirepoix (1754-1767). Document 1NUM/3E125/2. Vues 249 et 250. Cf. Christine Belcikowski. A Mirepoix. Essai de généalogie de la famille Rouvairollis. 2. Jean Clément Rouvairollis et les siens..

On reconnaît à la requête en dispense du 4e degré de noblesse requis pour entrer dans le corps de la Marine, le comportement d’une famille qui prétend alors jouir des privilèges de la noblesse à toute preuve, alors même qu’elle descend d’un modeste baile, établi en 1750 à Argelliers (Hérault) ; alors même que Jean II Rouvairollis, père de Jean Clément de Rouvairollis, n’accède au statut d’écuyer (qualification noble, en principe impossible à transmettre et qui ne vaut pas titre de noblesse) qu’à partir des années 1730 ; et alors même que Noble Jean Clément de Rouvairollis, fils du précédent, n’accède à la noblesse qu’en devenant capitoul en 1750, puis en achetant la baronnie de Caudeval (Aude) dans les années qui suivent. Cette noblesse de fraîche date serait demeurée insuffisante pour assurer aux fils Rouvairollis la possibilité d’embrasser des carrières militaires, si l’Ancien Régime finissant ne s’était pas accommodé de certains manquements à ses principes plus anciens.

Il n’est donc pas impossible qu’en vertu de la protection de François Tristan de Cambon, le jeune Jean Baptiste Rouvairollis de Rigaud, alias le « Sieur Caudeval (de) », soit entré dans la Marine. « Messire François Hilaire de Rouvairollis de Rigaud », son oncle, y était au demeurant entré avant lui, puisqu’on sait par son acte de mariage avec Catherine Clémence de Cayrol de Madaillan qu’il était en 1790 « capitaine au régiment du Royal Marine et chevalier de l’ordre de Saint Louis » 3Cf. Christine Belcikowski. À Mirepoix. Essai de généalogie de la famille Rouvairollis. 1. De François et Jean Rouvairollis à Jean Clément de Rouvairollis ; À Caudeval et à Limoux. Essai de généalogie de la famille Rouvairollis. Après 1789, que sont-ils devenus ? ; 1801-1802. Quand les familles Cairol Caramaing, Calvet et Cairol de Madaillan interviennent dans la succession de Jean François Vidalat. Portrait de groupe. On ignore toutefois ce qu’il est advenu du « Sieur Caudeval (de) » après 1782. Les archives demeurent muettes sur le sujet.