Christine Belcikowski

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Vu par Louis Sébastien Mercier, Jacques Cazotte et Denis Diderot, le neveu de Rameau

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Jean François Rameau, fils d'un organiste de Dijon, né le 30 janvier 1716, mort le 7 février 1777 à Armentières, est le neveu du célèbre compositeur Jean Philippe Rameau. Personnage excentrique qui hantait le quartier du Palais-Royal et le café de la Régence, il a suscité l'intérêt, parfois la compassion, de Louis Sébastien Mercier, Jacques Cazotte et Denis Diderot. Il était né « plein de chant », dit Jacques Cazotte.

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Supplément à l'histoire du peintre miniaturiste Jean Jacques Guillaume Bauzil

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D'après Robert Mesuret dans De Bouton à Goya, cinq miniaturistes à la Cour de Madrid, ouvrage publié en 1960, et d'après ensuite tous les historiens de l'art qui ont repris Robert Mesuret, le peintre miniaturiste Jean Bauzil, dit Juan Bauzil à la Cour d'Espagne, « serait fils de Jean Bauzil, natif de Toulouse, et de Maria Koc (ou Cior), et il serait né dans l'archevêché de Cologne en 1766. Il portait les prénoms de Jean Jacques Guillaume, retrouvés par M. Sanchez Canton dans les archives du Palacio de Oriente » (1)

Il se trouve que le même Jean Jacques Guillaume Bauzil né à Köln (Rhénanie-du-Nord–Westphalie) a peint en 1785 à Mirepoix (Ariège) un portrait de l'abbé Jean Pierre Mailhol, grand vicaire de François Tristan de Cambon, dernier évêque de Mirepoix. Conservé dans une collection privée, ce portrait porte au dos la signature suivante : « Bauzil de Mirepoix, ancien clerc de l'abbé Mailhol » (2).

D'où vient donc que dans les années 1780 Jean Jacques Guillaume Bauzil né à Köln ait pu signer « Bauzil de Mirepoix » ? J'espérais que la lecture de son acte de baptême m'en fournirait quelque raison. J'ai écrit par suite à l'archevêché de Köln pour demander une reproduction de l'acte en question. Les registre paroissiaux de la Rhénanie-du-Nord–Westphalie, Land dont relève Köln, n'ayant hélas jamais été numérisés, l'archevêché de Köln s'est déclarée incapable de répondre à ma demande. Concernant la raison pour laquelle Jean Jacques Guillaume Bauzil signait « Bauzil de Mirepoix » dans les années 1780, j'ai choisi alors de centrer plutôt ma recherche sur le père du peintre, i.e. sur Jean Bauzil, « natif de Toulouse » dixit Robert Mesuret.

J'ai découvert ainsi que Jean Bauzil s'est marié trois fois : avant 1766 avec Marie Anne Coy (ou Coq), qui meurt à Toulouse le 20 février 1788 ; puis le 22 mars 1792 à Toulouse avec Jeanne Baylac ; puis, à une date qu'on ne sait pas, avec Bernarde Mirepoix, dont il a deux fils jumeaux le 24 novembre 1794.

Marie Anne Coy (ou Coq), et non Maria Koc (ou Cior) comme voulait Robert Mesuret, française et non allemande, est la mère de Jean Jacques Guillaume Bauzil. Je n'ai trouvé ni son acte de baptême ni son acte de mariage, mais seulement son acte de décès, libellé au nom de « Marie Anne Coy Bauzil ».

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« Marie Anne Coy, épouse de Jean Bauzil, chaussatier, âgée de cinquante-cinq ans, est décédée le 20 février de l'année mille sept cent quatre-vingt-huit à Toulouse... ». Archives municipales de Toulouse. Paroisse Saint Sernin. Sépultures 10 septembre 1782 — 30 décembre 1789. Cote : GG689. Vue 37. Marie Anne Coy était âgée d'environ 22 ans en 1766 lors de la naissance de Jean Jacques Guillaume Bauzil, son fils. Elle serait née en 1733.

Le 22 mars 1792 à Toulouse, dans l'église Notre Dame du Taur, Jean Bauzil, « veuf de Marie Anne Coq », « soldat de la troupe soldée de Toulouse », « natif de la paroisse Saint Étienne », « fils majeur de feus Antoine Bauzil et Françoise Mirc, mariés, décédés à Mirepoix », épouse en deuxièmes noces Jeanne Baylac, « veuve de Blaise Guimbaud, soldat du guet de Toulouse, habitant dans la paroisse du Taur, fille majeure de défunt Pierre Baylac et d'Antoinette Debax, mariés ». Le mariage a nécessité une dispense pour être célébré en temps de Carême. Requis de signer, les époux « ont dit ne savoir ».

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Archives municipales de Toulouse. Paroisse du Taur. Baptêmes, mariages 8 janvier 1778 — 31 décembre 1792. Cote : GG717. Vue 208.

Pour la petite histoire, suite à la vente aux enchères publiques, le 5 floréal an V (24 avril 1797), et à l'achat par le citoyen Hilaire Bosc, marchand, d'un lopin de terre situé à Blagnac, lopin sur lequel se trouvent alors les ruines de la ci-devant chapelle Saint Exupère, une souscription est ouverte afin de restauration de la chapelle et rétablissement du culte. Antoinette Debax, veuve de Pierre Baylac, fait partie des souscripteurs pour la somme de 6 fr. (3). François Baylac, son fils, sera, le 26 vendémiaire an X, engagé volontaire dans la 2e demi-brigade de ligne, puis fusilier dans le 2e bataillon, 7e compagnie (4).

Jean Bauzil épouse ensuite en troisièmes noces Bernarde Mirepoix, dont on ne sait rien sinon que, le 5 frimaire an III (25 novembre 1794), elle donne le jour à André Bauzil et à Étienne Bauzil, enfants jumeaux. Jean Bauzil, qui demeure rue de la Philosophie dans l'arrondissement du Taur, est alors lieutenant de la troupe soldée de Toulouse. Il a pour témoins, lors de la déclaration de naissance de ses deux fils jumeaux, deux soldats de sa troupe, Jean Pierre Darbas et Jean Marsal. Jean Bauzil, cette fois, signe l'acte. Mais on remarque que, comme ses témoins, il n'est pas encore bien habile dans cet exercice.

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7 frimaire an III (27 novembre 1794). Naissance d'André et d'Étienne Bauzil, frères jumeaux. Archives municipales de Toulouse. Arrondissement du Taur. Naissances 1 vendémiaire an III — 1er jour complémentaire an III. Cote : 1E47. Vue 7.

Jean Bauzil meurt un peu plus de six ans plus tard, le 24 ventôse an IX (15 mars 1801) à Toulouse. Signé par Pierre Blanc, cordonnier, âgé de 23 ans, et Joseph Durand, tourneur, âgé de 47 ans, voisins du défunt, l'acte de décès indique que Jean Bauzil était à cette date « officier dans la troupe soldée de Toulouse, âgé de 68 ans, né à Toulouse, demeurant rue du Taur, 8e section, nº 101, époux de Bernarde Moulet [sic], fils à feus Étienne [sic] Bauzil, culotier, et Françoise Mirc. Les déclarants ne connaissaient manifestement pas très bien le défunt.

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24 ventôse an IX (15 mars 1801). Décès de Jean Bauzil. Archives municipales de Toulouse. État-civil. Décès. 2 vendémiaire an IX — 5e jour complémentaire an IX. Cote : 1E221. Vue 120.

Indépendamment des erreurs qu'il comporte, l'acte de décès reproduit ci-dessus fournit l'âge qui était approximativement celui de Jean Bauzil à l'heure de sa mort : 68 ans. Il m'a donc permis de rechercher circa 1733 l'acte de baptême de Jean Bauzil, qu'on sait par son acte de mariage avec Jeanne Baylac « natif de la paroisse Saint Étienne ». Jean Bauzil est né le 5 juin 1733 d'Antoine Bauzil, marchand chaussatier, et de Françoise Mirc. L'enfant a eu pour parrain Jean Bauzil, marchand chaussatier, et pour marraine Rose de Seré, épouse dudit parrain.

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5 juin 1733. Naissance de Jean Bauzil. Archives municipales de Toulouse. Paroisse Saint Étienne. Baptêmes, mariages, sépultures 1733. Cote : GG310. Vue 31.

Concernant cet autre Jean Bauzil, marchand chaussatier lui aussi, qui est le 5 juin 1733 parrain du petit Jean Bauzil, j'ai trouvé à Toulouse son acte de mariage avec Rose de Seré, et l'acte de décès de ladite Rose de Seré (5), mais rien de plus. Jean Bauzil, parrain de Jean Bauzil nouveau-né, entretient probablement un lien de parenté avec Antoine Bauzil, père de Jean Bauzil nouveau-né. Mais de quel lien de parenté s'agit-t-il ? La question demeure pour le moment sans réponse. On notera ici que, le 30 septembre 1738, Jeanne Bauzil, fille de Jean Bauzil et de Rose de Seré, épouse à Toulouse Germain Vigarosy, fils de Jean Louis Vigarosy, avocat en parlement, et de Marguerite Sabatier, habitants tous deux de Mirepoix (6).

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19 septembre 1713. Mariage de Jean Bauzil et de Rose de Seré. Archives municipales de Toulouse. Paroisse Saint Étienne. Baptêmes, mariages, sépultures 1713. Cote : GG290. Vue 108.

Concernant Jean Bauzil, né en 1733 à Toulouse, devenu à l'âge de 33 ans, en 1766 à Köln, père du futur peintre miniaturiste Juan Bauzil, on sait en tout cas, au vu des actes reproduits ci-dessus, qu'il était d'ascendance ariégeoise par Antoine Bauzil, son propre père.

Père de Jean Bauzil, initialement chaussatier, puis officier de la troupe soldée de Toulouse ; grand-père de Jean Jacques Guillaume Bauzil, né à Kôln, devenu plus tard le peintre miniaturiste Juan Bauzil ; Antoine Bauzil, marchand chaussatier, est né le 17 septembre 1702 à Mirepoix, d'Arnaud Bauzil, maître tailleur, et de Marie Cabanes. Après avoir épousé Françoise Mirc le 5 novembre 1727 à Alaigne (Aude), quoique voyageant souvent pour son commerce (7), il exerce l'essentiel de son activité à Mirepoix, et il y meurt le 19 décembre 1759.

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17 septembre 1702. Naissance d'Antoine Bauzil. AD11. Mirepoix. Paroisse Saint Maurice 1699-1722. Document 1NUM6/5MI663. Vue 83.

Arnaud Bauzil, maître tailleur, époux de Marie Cabanes, père d'Antoine Bauzil, est né à Mirepoix le 4 novembre 1656.

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4 novembre 1656. Naissance d'Arnaud Bauzil. AD11. Mirepoix. Paroisse Saint Maurice 1597-1658. Document 1NUM6/5MI662. Vue 206.

Gabriel Bauzil, tailleur d'habits, époux de Jeanne Depleit, père d'Arnaud Bauzil, est né à Mirepoix le 2 septembre 1612, et il y est mort le 19 juillet 1675. Il tenait à Mirepoix, d'après le compoix de 1666, folio 81, « maison à deux planchers au couvert de midy la place, marchant sur icelluy » (lot n° 808) ; plus un patu aux Oustalets avec un jardin joignant (lot n° 809) ; plus une terre en vigne à Ramoundé (lot n° 810).

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2 septembre 1612. Naissance de Gabriel Bauzil. AD11. Mirepoix. Paroisse Saint Maurice 1601-1618. Document 1NUM1/5MI662. Vue 139.

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Extrait du compoix de Mirepoix en 1666, folio 81.

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Ci-dessus : d'après le plan établi par Alain Marmion (8), emplacement du n° 808 du compoix de 1766. La maison à deux planchers de Gabriel Bauzil est aujourd'hui disparue. Les bâtiments compris dans l'îlot auquel elle appartenait, ont été détruits et remplacés en 1875 par la halle.

On ne sait rien de Jean Bauzil, époux de Marie Alizet, père de Gabriel Bauzil, et premier ascendant connu de la famille Bauzil à Mirepoix.

Concernant la raison pour laquelle Jean Jacques Guillaume Bauzil signait « Bauzil de Mirepoix » dans les années 1780, on sait maintenant que, jusqu'à l'âge de 14 ans, il a eu à Mirepoix Françoise Mirc, sa grand-mère, morte le 10 juin 1780, et qu'il a probablement bénéficié à Mirepoix de la solidarité de la grande famille Bauzil, capable de le recommander comme clerc à l'abbé Jean Pierre Mailhol, puis de l'aider à entrer à l'École Royale des Beaux-Arts de Toulouse, là où Jean Bauzil, son père, qui semble avoir été un homme instable et peu capable de réussite en affaires, ne l'a sans doute pas fait. Dans la signature « Bauzil de Mirepoix », et non point Bauzil de Köln, on peut voir un témoignage d'attachement à la contrée où lui, Jean Jacques Guillaume Bauzil, né en terre étrangère, avait des parents et aïeux, vivants ou morts, autrement dit un lien d'appartenance, sorte de compensation à la solitude d'un enfant resté unique, dans le cadre d'un couple qui n'a peut-être pas été très heureux.

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Ci-dessus : généalogie simplifiée de Jean Jacques Guillaume Bauzil, dit Jean Bauzil ou Juan Bauzil.

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1. Robert Mesuret et Juliette Martin-Bouton. De Bouton à Goya, cinq miniaturistes à la Cour de Madrid, p. 53. Musée Paul Dupuy. 1960.

2. Cf. Christine Belcikowski. À propos de Jean Jacques Guillaume Bauzil, peintre en miniature, d'origine ariégeoise.

3. Cf. Exupère Bacalerie. « Histoire de Saint Exupère, évêque de Toulouse. In Revue de Comminges, p. 86. Saint-Gaudens, Haute-Garonne. 1911.

4. Ministère des Armées. Mémoire des hommes. 2e demi-brigade de ligne, 29 fructidor an XI-12 prairial an XIII [16 septembre 1803-1er juin 1805].

5. 6 septembre 1753. Décès de Rose de Seré, épouse de Jean Bauzil, maître chaussatier. Archives municipales de Toulouse. Paroisse Saint Étienne. Baptêmes, mariages, sépultures 1753. Cote : GG330. Vue 128.

6. 30 Sep 1738. Mariage de Germain Vigarosy et de Jeanne Bauzil. Archives municipales de Toulouse. Paroisse Saint Étienne. Baptêmes, mariages, sépultures 1738. Cote : GG315. Vue 96.

7. Des neuf enfants d'Antoine Bauzil et de Françoise Mirc, sept sont nés à Mirepoix, et deux autres ailleurs. Après Jean Bauzil, né le 5 juin 1733 à Toulouse, Catherine Bauzil est née le 8 septembre 1740 à Moissac (Tarn-et-Garonne).

8. Site marmion.info. Voir Relevés/Mirepoix 09500/Compoix du XVIIe siècle/Plan terrier du centre ville.

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À la fin du XVe siècle, en Ariège, une verrerie à la Peire Traoucado

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Trouvé récemment chez un bouquiniste de Montolieu (Aude), un ouvrage rare, intitulé Gentilshommes verriers. Une commanderie. Un village, signé E. de Robert-des-Garils et Dora de Robert-des-Garils, publié en 1973, nous apprend que Nicolas de Robert a fondé à la fin du XVe siècle « dans le diocèse de Mirepoix la verrerie de Peyre Traoucado [en occitan, la Pierre Trouée], la plus ancienne de la région, qui aura bientôt sa filiale des Garils » (1). Peyretraucade se situe en lisière de la forêt de Bélène, sur le territoire de la commune de Lapenne (Ariège), près de Manses et de Ribouisse.

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Quelques vues prises à l'ancienne abbaye de Villelongue (Aude)

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De l'ancienne abbaye cistercienne Sainte Marie de Villelongue, édifiée à la fin du XIIe siècle sur le territoire qui est aujourd'hui celui de la commune de Saint-Martin-le-Vieil, dans l'Aude, il reste aujourd'hui des ruines superbes. Ce sont celles des murs d'enceinte, de la salle capitulaire, du cloître, et de église abbatiale. Au dépouillement de l'architecture initiale, voulu par la règle de Saint Benoît, se sont ajoutés au XIIIe et au XIVe siècle, témoins d'une intention plus décorative, croisées d'ogive, rosace, grandes fenêtres gothiques, chapiteaux aux culots ornés de figures végétales, animales ou humaines.

Vendue pendant la Révolution au titre des biens nationaux, l'ancienne abbaye de Villelongue est aujourd'hui un bien privé. Une partie du site se visite, ainsi que le très beau jardin. Un havre de paix.

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Après une visite à la Mondonne, site de l'ancien moulin à eau de Manses-Portes

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Comme indiqué dans le compoix de Manses daté de 1683, Madame la comtesse de Bieulles tient alors à la Mondonne un moulin à blé, un petit champ, un champ labourable et un jardin. Ci-dessous, retranscrit dans sa graphie originelle, un extrait dudit compoix.

Pour Madame la comtesse de Bieulles

1. Un moulin bladié [à blé] appelle Dela Mondonne dans
La Juridiction De manses ou Il’y a deux Mulles [meules]
volantes Et Mezon En sollier [maison à étage] & pattus [patu : cour] y Jouignant
confronte tout Uny Dauta le ruisseau deliege midy
le Bezal [béal : canal] Et elle mesme cers & aquillon Me Jean Dupred & Elle mesme pour ce qua acquis Dantoine
Jallabert contenant la Mezon onge cannes les pattus
Une quarterée Une pugnière Un quart & demy estimés
au Moyen degré Delivre labourable la mezon Un denier
pour canne & le moulin trois livres fait en tout trois
Livres trois sols cy …………………………………………… 3# 3s.

2. Plus un petit champ audit lieu Jouignant les pattus
Dudit Moulin acquis De Me anthoine Jalabert confronte
dauta leruisseau Deliege midy lesdits pattus cers lentien
chemin De manses audit Moulin aquillon le Chemin
deteilhet a mirepoix contenant Une quarterée trois
pugnieres Estimé Second degré port decompoix Un sol
neuf deniers cy ………………………………………………… 1s 9d.

3. Plus tient Un champ Labourable & Jardin Jouignant
Ledit Moulin Entre deux Aigues [eaux] confronte dauta leruisseau
Deliege Midy les Vinasses et grabié [gravier] Vaquant cers aussy
aquilon leBezal dudit moulin contenant trois cesterees
deux quarterees Estimé au premier degred port de compoix
Une livre huit sols cy ……………………………………… 1# 8s.

Du moulin de la Mondonne, dont l'activité a cessé en février 1917 à la suite d'une crue exceptionnelle de l'Hers qui a emporté le béal, il ne reste plus aujourd'hui que des ruines.

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Ci-dessus : vestiges du moulin de la Mondonne aujourd'hui.

Le béal initialement mentionné dans le compoix de 1683 a fait l'objet de nombreux aménagements au cours du XIXe siècle, sous le marquisat de la famlle de Portes. On voit sur la carte de l'état-major datée de 1820-1866 que la prise d'eau se situe alors à Besset, sous Bigot, et le débouché de cette dernière sous Teilhet. Le béal alimente au passage le moulin de la Mondonne, puis la forge de Manses.

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Carte de l'état-major (1820-1866). Source : Geoportail. Manses.

« En raison de la faible déclivité de la rivière de l’Hers dans cette partie de son cours, 1 mètre au kilomètre, il a fallu remonter le cours de cette rivière sur 4 kilomètres pour établir sur la commune de Besset, à hauteur de Bigot, le captage permettant d’obtenir une chute d’eau de 3 mètres, minimum nécessaire pour faire tourner le moulin. »

« Des vannes permettaient à l’eau retenue par la chaussée de s’écouler dans le canal de dérivation qui traversait les terres d’Embarou, longeait la route de Lapenne à Mirepoix, et à nouveau traversait la plaine de Berbiac, franchissait le ruisseau de Manses à travers un tunnel, cheminait encore de près de 300 mètres pour rencontrer un dénivelé assez conséquent permettant d’établir une chute de plus de 3 mètres de hauteur, différence de niveau entre le canal d’amenée et le canal de fuite. Un pont voûté donnait accès au moulin et à la maison d’Antoine Jalabert. » (1)

Comme indiqué plus haut, il ne subsiste plus du moulin de la Mondonne aujourd'hui que des ruines. Mais le béal correspondant a fourni aussi au XIX siècle, sur le site de la Mondonne, l'énergie nécessaire à l'activité d'une scierie, destinée à la découpe du bois issu de la forêt de Bélène, dont la famille de Portes était largement propriétaire.

Un magnifique bâtiment industriel subsiste, lui, sur le site de la Mondonne. Sachant que le dernier descendant des marquis de Portes a vendu le domaine familial, la Mondonne comprise, en 1938, on peut penser que ce bâtiment, plusieurs fois réaménagé, a abrité avant cette date, à un moment ou un autre, la scierie des marquis de Portes (2). On peut aussi constater de visu qu'il a servi encore à la stabulation de bovins, car il se trouve équipé, le long des murs intérieurs, de belles auges en pierre, d'une volée étonnante.

Henri François Maurice de Portes, comte de Portes, dit encore Émile Kapfer, « a passé une partie de son existence à construire, rénover, moderniser les fermes de son domaine, afin que ses fermiers puissent jouir d’habitations confortables, indépendantes des animaux, lesquels devaient disposer, eux aussi, de locaux vastes, bien aérés ; sans oublier la basse-cour, pour laquelle il fait construire des poulaillers assez singuliers, mais parfaitement fonctionnels. Ses fermes disposaient ainsi de vastes bâtiments, hangars et greniers, qui les classaient parmi les mieux équipées de la région. Pour réaliser tous ses travaux, il disposait avec les maçons de Teilhet d’une équipe quasi permanente » (3).

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Ci-dessus : vues prises à l'intérieur du bâtiment industriel de la Mondonne. La lumière qui tombe des baies en demi-lune ou en triange produit dans le clair-obscur de la bâtisse un effet saisissant.

À côté du bâtiment industriel photographié ci-dessus, subsiste encore un petit édifice à moitié ruiné qu'on appelle le « Pigeonnier ». Ne s'agit-il pas plutôt de l'un de ces poulaillers qu'avait fait contruire Henri François Maurice de Portes, comte de Portes, et dont Émile Kapfer dit qu'ils étaient « assez singuliers, mais parfaitement fonctionnels » ?

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Ci-dessus : deux vues de l'ancien « Pigeonnier », ou bien de l'un des poulaillers conçus par Henri François Maurice de Portes.

Grand merci à Madame Carnoy, qui a permis et organisé cette visite exceptionnelle de sa propriété de la Mondonne.

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1. Émile Kapfer. « A Manses/Portes. Petit historique du moulin de la Mondonne ». In Christine Belcikowski. Publications 2.

2. « En 1836, dit Émile Kapfer dans « Histoire de la forge de Manses/Portes », une scierie mécanique sera installée à proximité du moulin, sur le canal de fuite ». In Christine Belcikowski. Publications 2.

3. Émile Kapfer. « Histoire des marquis de Portes en Ariège ». In Christine Belcikowski. Publications 2.

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