Christine Belcikowski

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Après une visite à la Mondonne, site de l'ancien moulin à eau de Manses-Portes

Rédigé par Belcikowski Christine Aucun commentaire

Comme indiqué dans le compoix de Manses daté de 1683, Madame la comtesse de Bieulles tient alors à la Mondonne un moulin à blé, un petit champ, un champ labourable et un jardin. Ci-dessous, retranscrit dans sa graphie originelle, un extrait dudit compoix.

Pour Madame la comtesse de Bieulles

1. Un moulin bladié [à blé] appelle Dela Mondonne dans
La Juridiction De manses ou Il’y a deux Mulles [meules]
volantes Et Mezon En sollier [maison à étage] & pattus [patu : cour] y Jouignant
confronte tout Uny Dauta le ruisseau deliege midy
le Bezal [béal : canal] Et elle mesme cers & aquillon Me Jean Dupred & Elle mesme pour ce qua acquis Dantoine
Jallabert contenant la Mezon onge cannes les pattus
Une quarterée Une pugnière Un quart & demy estimés
au Moyen degré Delivre labourable la mezon Un denier
pour canne & le moulin trois livres fait en tout trois
Livres trois sols cy …………………………………………… 3# 3s.

2. Plus un petit champ audit lieu Jouignant les pattus
Dudit Moulin acquis De Me anthoine Jalabert confronte
dauta leruisseau Deliege midy lesdits pattus cers lentien
chemin De manses audit Moulin aquillon le Chemin
deteilhet a mirepoix contenant Une quarterée trois
pugnieres Estimé Second degré port decompoix Un sol
neuf deniers cy ………………………………………………… 1s 9d.

3. Plus tient Un champ Labourable & Jardin Jouignant
Ledit Moulin Entre deux Aigues [eaux] confronte dauta leruisseau
Deliege Midy les Vinasses et grabié [gravier] Vaquant cers aussy
aquilon leBezal dudit moulin contenant trois cesterees
deux quarterees Estimé au premier degred port de compoix
Une livre huit sols cy ……………………………………… 1# 8s.

Du moulin de la Mondonne, dont l'activité a cessé en février 1917 à la suite d'une crue exceptionnelle de l'Hers qui a emporté le béal, il ne reste plus aujourd'hui que des ruines.

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Ci-dessus : vestiges du moulin de la Mondonne aujourd'hui.

Le béal initialement mentionné dans le compoix de 1683 a fait l'objet de nombreux aménagements au cours du XIXe siècle, sous le marquisat de la famlle de Portes. On voit sur la carte de l'état-major datée de 1820-1866 que la prise d'eau se situe alors à Besset, sous Bigot, et le débouché de cette dernière sous Teilhet. Le béal alimente au passage le moulin de la Mondonne, puis la forge de Manses.

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Carte de l'état-major (1820-1866). Source : Geoportail. Manses.

« En raison de la faible déclivité de la rivière de l’Hers dans cette partie de son cours, 1 mètre au kilomètre, il a fallu remonter le cours de cette rivière sur 4 kilomètres pour établir sur la commune de Besset, à hauteur de Bigot, le captage permettant d’obtenir une chute d’eau de 3 mètres, minimum nécessaire pour faire tourner le moulin. »

« Des vannes permettaient à l’eau retenue par la chaussée de s’écouler dans le canal de dérivation qui traversait les terres d’Embarou, longeait la route de Lapenne à Mirepoix, et à nouveau traversait la plaine de Berbiac, franchissait le ruisseau de Manses à travers un tunnel, cheminait encore de près de 300 mètres pour rencontrer un dénivelé assez conséquent permettant d’établir une chute de plus de 3 mètres de hauteur, différence de niveau entre le canal d’amenée et le canal de fuite. Un pont voûté donnait accès au moulin et à la maison d’Antoine Jalabert. » (1)

Comme indiqué plus haut, il ne subsiste plus du moulin de la Mondonne aujourd'hui que des ruines. Mais le béal correspondant a fourni aussi au XIX siècle, sur le site de la Mondonne, l'énergie nécessaire à l'activité d'une scierie, destinée à la découpe du bois issu de la forêt de Bélène, dont la famille de Portes était largement propriétaire.

Un magnifique bâtiment industriel subsiste, lui, sur le site de la Mondonne. Sachant que le dernier descendant des marquis de Portes a vendu le domaine familial, la Mondonne comprise, en 1938, on peut penser que ce bâtiment, plusieurs fois réaménagé, a abrité avant cette date, à un moment ou un autre, la scierie des marquis de Portes (2). On peut aussi constater de visu qu'il a servi encore à la stabulation de bovins, car il se trouve équipé, le long des murs intérieurs, de belles auges en pierre, d'une volée étonnante.

Henri François Maurice de Portes, comte de Portes, dit encore Émile Kapfer, « a passé une partie de son existence à construire, rénover, moderniser les fermes de son domaine, afin que ses fermiers puissent jouir d’habitations confortables, indépendantes des animaux, lesquels devaient disposer, eux aussi, de locaux vastes, bien aérés ; sans oublier la basse-cour, pour laquelle il fait construire des poulaillers assez singuliers, mais parfaitement fonctionnels. Ses fermes disposaient ainsi de vastes bâtiments, hangars et greniers, qui les classaient parmi les mieux équipées de la région. Pour réaliser tous ses travaux, il disposait avec les maçons de Teilhet d’une équipe quasi permanente » (3).

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Ci-dessus : vues prises à l'intérieur du bâtiment industriel de la Mondonne. La lumière qui tombe des baies en demi-lune ou en triange produit dans le clair-obscur de la bâtisse un effet saisissant.

À côté du bâtiment industriel photographié ci-dessus, subsiste encore un petit édifice à moitié ruiné qu'on appelle le « Pigeonnier ». Ne s'agit-il pas plutôt de l'un de ces poulaillers qu'avait fait contruire Henri François Maurice de Portes, comte de Portes, et dont Émile Kapfer dit qu'ils étaient « assez singuliers, mais parfaitement fonctionnels » ?

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Ci-dessus : deux vues de l'ancien « Pigeonnier », ou bien de l'un des poulaillers conçus par Henri François Maurice de Portes.

Grand merci à Madame Carnoy, qui a permis et organisé cette visite exceptionnelle de sa propriété de la Mondonne.

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1. Émile Kapfer. « A Manses/Portes. Petit historique du moulin de la Mondonne ». In Christine Belcikowski. Publications 2.

2. « En 1836, dit Émile Kapfer dans « Histoire de la forge de Manses/Portes », une scierie mécanique sera installée à proximité du moulin, sur le canal de fuite ». In Christine Belcikowski. Publications 2.

3. Émile Kapfer. « Histoire des marquis de Portes en Ariège ». In Christine Belcikowski. Publications 2.

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