Christine Belcikowski

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À propos de l'ancienne église de Labastide d'En Richard ou de Cazaux (Aude)

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Vue de Labastide d'En Richard ou de Cazaux sur la carte de Cassini.

Le site de Labastide d'En Richard ou de Cazaux se situe dans le Val d'Ambronne, au dessus de l'ancien village de Gueittes. Il se trouve compris dans le territoire de l'actelle commune de Gueytes-et-Labastide.

Le site de Labastide d'En Richard ou de Cazaux abrite encore un château, une ancienne église, située à proximité immédiate du château, aujourd'hui utilisée comme hangar ou grange, et une métairie. L'ensemble a appartenu à la famille Isard, bourgeois de Limoux, de 1425 à 1462 ; à Jean de Saint-Gassian à partir de 1462 ; à la famille de Richard (1) à une date qu'on ne sait pas ; à la famille de Castéras à une date qu'on ne sait pas ; à la famille de Béon Cazaux après 1558, puisque, le 25 janvier 1558, Françoise de Castéras, dite « Dame de Cazaux », fille unique et héritière de Guillaume Arnaud de Castéras, seigneur de Cazaux (en Armagnac), et d’Iphigénie Elix de la Cassaque, fait entrer la dite seigneurie dans la maison de Béon par son mariage avec Jean de Béon de Massès ; aux familles de Hautpoul et de Mauléon Narbonne immédiatement après la Révolution ; à Jean Louis Gaston de Saint-George peut-être dans les années 1820 (2) ; à partir de 1850 à Jean Baptiste Albin Douays, fils d'un négociant de Chalabre (3).

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Vue du clocher de l'ancienne église de Labastide de Cazaux.

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Autre vue du même clocher.

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Autre vue du même clocher.

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Porte d'entrée de l'ancienne église de Labastide de Cazaux.

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Autre vue de la même porte.

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À l'intérieur de l'église...

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Vue de la façade avant du château de Labastide de Cazaux.

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Depuis la la D626, vue de la façade arrière du château et du clocher de l'église, à gauche dudit château.

Le village de Gueytes-d'en-Haut possède lui aussi son église, dont l'implantation est, selon Dominique Baudreu et Jean-Paul Cazes, typique des anciens villages ecclésiaux de l'Aude médiévale.

« Le cas de Saint-Just [de Bellengard] doit être rapproché d'un autre chef-lieu communal dans un terroir limitrophe à l'habitat dispersé, Gueytes-et-Labastide. Bien que faisant partie de l'ancien diocèse de Toulouse et du bassin de l'Hers, Gueytes-d'en-Haut peut être cité pour son exemplarité. Au sommet d'une éminence, l'église de Gueytes avait conservé à sa périphérie jusqu'au XIXe siècle une limite parcellaire de forme circulaire, complète et très régulière (fig. 10). Le cimetière apparaît en dehors du cercle mais correspond sans doute à un transfert.

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Dominique Baudreu et Jean-Paul Cazes, « Les villages ecclésiaux dans le bassin de l'Aude », in Actes des congrès de la Société d’Archéologie Médiévale, année 1994/3, pp. 80-97.

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Le Midi Libre, 28 novembre 1960. Article cité sur le site de la Société d'études scientifiques de l'Aude, à la rubrique Gueytes-et-Labastide.

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« Ce qu'on croyait une grande porte romane n'est qu'une voûte murée... »

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L'église de Gueytes-d'en-Haut aujourd'hui a été restaurée.

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1. Cf. P. Louis Lainé. Archives généalogiques et historiques de la noblesse de France. Tome 2. Paris. Chez l'auteur. 1879.

2.Cf. Christine Belcikowski. Jean Louis Gaston de Saint-George, du château de Sibra au château de Cazaux.

3. Cf. Christine Belcikowski. Après la Révolution, à Gueytes-et-Labastide et au château de Cazaux…

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À propos d'Antoine Joseph Cior, un inconnu de l'histoire

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Cior, Antoine Joseph ; 55 ans ; employé ; demeurant quai de la Mégisserie (Ier arrondissement) ; précédemment rue Béthisy (IVe arrondissement), disparus lors de la création des rues de Rivoli et du Pont-Neuf ; date d'arrivée à Paris : depuis 1738 ; ville de naissance : Bonne sur le rien [sic !] ; Section du Muséum, 2e compagnie. Archives nat. Police générale. Cote : F/7/4801.

Les vues reproduites ci-dessus datent de l'an II (6 octobre 1793-21 septembre 1794) de la République. Elles sont extraites de deux pages de la liste des passeports, ou cartes de sûreté, établis à Paris sous la Terreur, entre 1792 et 1795, dans la section du Muséum (1), précédemment appelée section du Louvre (IVe arrondissement). Sur le document original, ces vues se lisent horizontalement, de façon continue, de la page gauche à la page droite. C'est par souci de lisibilité dans le cadre d'un champ éditable étroit qu'on a choisi de donner à lire lesdites vues l'une en dessous de l'autre ici.

Les cartes de sûreté instaurées sous la Terreur constituent à peu près l'équivalent de nos actuelles cartes d'identité. ont été établies à Paris entre 1792 et 1795. Elles autorisent ceux qui en sont porteurs — hommes de plus quinze ans seulement — à circuler librement. Le demandeur d'une carte de sûreté doit se présenter, accompagné de deux témoins, à son Comité de surveillance, ou d'arrondissement après 1795, et satisfaire aux réquisits de l'enquête menée par les membres du Comité. La carte de sûreté indique l'âge, la profession, l'adresse actuelle, l'adresse précédente, et le lieu d'origine du porteur.

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Vue du quai de la Mégisserie sur le plan de Paris de Brion de la Tour (1787). Encadrés, en haut à droite sur l'image, la rue Béthisy ; plus bas, le quai de la Mégisserie.

L'inconnu qui nous intéresse ici, Antoine Joseph Cior, employé, demeure à Paris, quai de la Mégisserie, après avoir demeuré rue de Béthisy, dans la section du Muséum chaque fois. « Cette section, dit Wikipedia, était une des plus riches et des plus populeuses de Paris. Elle comprenait 22690 habitants, dont 1095 ouvriers et 522 économiquement faibles ». Âgé de 55 ans, Antoine Joseph Cior dit être arivé à Paris en 1738. Il était donc tout bébé lors de cette arrivée. Sa carte de sûreté indique qu'il est originaire de « Bonne sur le rien ». Voilà le genre d'information qui retient l'attention du lecteur d'archives et qui, sur le moment, le fait sourire. Le greffier du Comité de sûreté a noté, sans comprendre, parce qu'il a peu de géographie, ce qu'il a entendu.

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Vue générale de Bonn. In Guide to Bonn and its Environs, Bonn, B. Pleimes, 1845, p. 1.

À l'écoute de ce « Bonne sur le rien », on devine aujourd'hui qu'il s'agit de Bonn sur le Rhin (Insee : 99109), ville allemande relevant de l'archevêché de Köln, située autrefois en Westphalie, aujourd'ui dans le sud du Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, à 25 km au sud de Köln et 54 km au nord de Koblenz ; lieu de naissance de Beethoven.

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Vue de l'archevêché de Cologne sur la carte de la Westphalie, suivant les dernières observations de Homann et de Hubener / par Georges Louis Le Rouge, Paris, 1742.

On ignore tout de la raison pour laquelle Antoine Joseph Cior arrive en 1738 à Paris. On sait en revanche qu'il épouse en premières noces (2) le 8 février 1767, Anne Charlotte Delesclause ou Desclaux, dite Boucaute ; puis, en secondes noces, le 10 pluviôse an XII (4 juin 1810) dans la paroisse Saint Antoine, Marguerite Macorel. On sait également par l'homologation d'une créance contractée auprès du négociant F. A. Rubit que le même Antoine Joseph Cior est en 1781 maître tailleur.

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Homologation du crédit contracté par Antoine Joseph Cior et Charlotte Delesclause ou Desclaux auprès du négociant F. A. Rubit (3). Archives nat. Registre des tutelles. 16/04/1781-30/04/1781 | AN Y5080B.

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4 juin 1810. Mariage d'Antoine Joseph Cior et de Marguerite Macorel. AD76. Collection Mayet (registres parisiens de catholicité). Mariages. T051. Chouquet-Clemencet.

De son mariage avec Anne Charlotte Deslesclause ou Desclaux, Antoine Joseph Cior a au moins deux fils connus : Pierre Joseph Cior, né circa 1779, qui épousera à l'âge de 29 ans, Françoise Louise Gilberte Reynier, le 18 juillet 1808 dans la paroisse Saint Merry ; et Jean François Cior, qui épousera en premières noces Adélaïde Tabouin le 16 septembre 1805 dans la paroisse Saint Merry, puis en secondes noces Élizabeth Rosalie Cury, le 1er juin 1817 dans la paroisse Saint Germain l'Auxerrois.

Le même Antoine Joseph Cior pourrait avoir eu un frère dans Paris en la personne de Pierre Cior, tailleur lui aussi, installé rue des Prouvaires, dans le Ier arrondissement, marié à Catherine Lamy. Le 17 mai 1763, Pierre Cior et Catherine Lamy baptisent dans la paroisse Saint Eustache un fils nommé Guillaume Cior. L'enfant a pour parrain Guillaume Schmitz, tailleur, et pour marraine Marie Jacquemin, épouse de Joseph Schmitz, maître ébéniste (4). Il semble que la famille Schmitz soit originaire de Trier (Trèves), Rheinprovinz, Preußen (Prusse). Datée du 18 août 1793, la carte de sûreté de Guillaume Schmitz, anciennement maître ébéniste, alors « menuisier », indique qu'il est né circa 1743 à Köln, Allemagne [Archives nat. Police générale. Cote : F7/4792).

Antoine Joseph Cior pourrait avoir eu encore un frère, demi-frère ou cousin, en la personne d'Antoine Germain Cior, né le 22 août 1746 à Lille de la relation d'Antoine Cior avec Françoise Grugeon.

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22 août 1746. Baptême d'Antoine Germain Cior. AD59. Lille. Paroisse Sainte Catherine. Baptêmes. 1737-1756. Document 5 Mi 044 R 031. Vue 381. On ignore ce devient par la suite cet Antoine Germain Cior.

Antoine Joseph Cior meurt à l'âge d'environ 78 ans, le 10 décembre 1816 dans le VIIIe arrondissement de Paris.

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10 décembre 1816. Décès d'Antoine Joseph Cior. État-civil reconstitué de Paris. Décès. Ciocot (1844)-Cirbeau (1848). V3E/D 301. Vue 16.

Pour compléter cette petite enquête sur Antoine Joseph Cior, natif de « Bonne sur le rien », une recherche dans la Rheinprovinz du temps et dans le reste de l'Allemagne, donne quant au patronyme Cior les maigres résultats suivants :

Petrus ou Petri (Pierre) Maria Cior épouse Annae Margarethae Welter le 10 septembre 1782 à Koblenz (Coblence).
Xaverius (Xavier) Cior, fils des précédents, épouse Maria Elisabeth Hildesheim le 7 septembre 1783 à Trier (Trèves), Rheinprovinz, Preußen (Prusse).
Stork Cior et Francisca baptisent Francus Jacobus (François Jacob) Cior le 1er mai 1772 à Neuthard (commune du Bade-Wurtemberg), située dans l'arrondissement de Karlsruhe, Bruchsal, Baden.
● Karl August Wenzel, né circa 1829, fils de Johann Wenzel et de Charlotte Louise Cior, épouse en 1857 Amalie Hanna Karoline Aleidt à Schwerin an der Warthe, Posen (aujourd'hui Poznań, en Pologne), Preußen (Prusse).

Ces données proviennent de Familysearch, car l'état-civil allemand n'a été créé qu'en 1871. Conservés dans les évêchés ou archevêchés, les registres paroissiaux restent à ce jour peu numérisés, d'où rarement mis en ligne. Leur accession demeure le plus souvent tributaire du bon vouloir des associations de généalogie.

Parmi les données généalogiques rapportés ci-dessus, la plus pertinente, au moins géographiquement, est celle qui intéresse Petrus ou Petri (Pierre) Maria Cior, marié à Koblenz. Bonn sur le Rhin, lieu de naissance d'Antoine Joseph Cior, qui est lui-même père de Pierre Joseph Cior, né circa 1779, se situe en effet à 54 km au nord de Koblenz. Impossible toutefois de tirer de ce rapprochement la moindre conclusion utile. L'identité du père et de la mère d'Antoine Joseph Cior demeure à ce jour inconnue.

Pourquoi s'attache-t-on ici à retracer autant que possible l'itinéraire d'Antoine Joseph Cior ? Il se trouve qu'un certain Pierre Charles Cior, « né en 1669 à Paris, installé un temps au nº 27 de la rue Coquillère (Ier arrondissement), « élève de Bauzil », dit-on (5), a été, comme Jean Jacques Guillaume Bauzil, son maître, dit Juan Bauzil (6), et Luis de la Cruz y Ríos, peintre miniaturiste attitré de la Cour d'Espagne. Or Jean Jacques Guillaume Bauzil est fils de Jean Bauzil, natif de Toulouse, et de Maria Koc, ou Coy, ou Cior (7), et il est né en 1766 à Köln (Cologne), dit-on (8). L'acte de naissance, à ce jour, n'a pas été retrouvé.

Une recherche dans la Rheinprovinz sur le nom de Maria Coy, ou Koc, ou Cior, donne sur Familysearch les résultats suivants :

● Anna Maria Coy, née le 26 avril 1702, baptisée le 28 à Zell (Mosel (9), Zell, Rheinprovinz, Preußen, fille de Henrico (Henri) Coy et de Mariae Margarethae (Marie Marguerite).
● Maria Dorothea Coy, née le 3 février 1725, baptisée le 4, à Zell (Mosel), Zell, Rheinprovinz, fille de Joanni (Jean) Coy et de Annae Margarethae (Anne Marguerite).
● Anna Maria Coy, née 28 décembre 1725, baptisée le 30, à Zell (Mosel), Zell, Rheinprovinz, Preußen, fille de Henrico (Henri) Coy et de Mariae Margarethae (Marie Marguerite).
Anna Coy, née le 20 septembre 1737, baptisée le 22, à Zell (Mosel), Zell, Rheinprovinz, Preußen, fille de Joanni Henrico Coy (Jean Henri) et de Luciae Lauxen (Lucie Lauxen).

De toutes les Anna Coy rapportées dans la liste ci-dessus, seule Anna Coy, née le 20 septembre 1737 à Zell, pourrait être la mère de Jean Jacques Guillaume Bauzil, qu'on dit né en 1766 à Köln (Cologne). Né le 5 juin 1733 à Toulouse, Jean Bauzil, père de l'enfant, était en 1766 âgé de 33 ans (8).

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Implantation des Coy et des Cior dans la Rheinprovinz.

L'hypothèse qui sous-tend cet article, c'est qu'il y a pu avoir entre Jean Jacques Guillaume Bauzil, devenu miniaturiste attitré de la Cour d'Espagne, et Pierre Charles Cior, devenu miniaturiste attitré de la Cour d'Espagne lui aussi, une relation autre encore que celle de maître à élève, soucieux tous deux de la belle ouvrage. Outre que, dans les années 1790, les deux vivent à proximité l'un de l'autre dans Paris, l'un descend d'une mère issue du Rheinland, l'autre très probablement d'un père issu du Rheinland aussi, et ils ont sans doute partagé le sentiment d'être « pays » par leurs origines. Une sorte de fraternité contingente en somme.

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De gauche à droite et de haut en bas sur l'image, signalés par un point rouge : rue Croix des Petits Champs ; rue Coquillière ; rue des Prouvaires ; rue de la Monnaie ; rue Béthisy ; quai de la Mégisserie. plan de Paris de Brion de la Tour (1787)

On sait peu de choses de la vie de Pierre Charles Cior. Manquent tout à la fois l'acte de baptême et l'acte de décès. On le dit, sans preuve, né en 1769 à Paris. Il est peut-être fils de Pierre Cior, tailleur, et de Catherine Lamy, installés rue des Prouvaires (Ier arrondissement) ; d'où frère de Guillaume Cior, baptisé le 17 mai 1763 dans la paroisse Saint Eustache. Mais il est peut-être aussi fils d'Antoine Joseph Cior et de Anne Charlotte Deslesclause ou Desclaux, car, à l'orée de la Révolution, il demeure au nº 8 de la rue Béthisy (IVe arrondissement), l'une des adresses d'Antoine Joseph Cior (cf. supra carte de sûreté d'Antoine Joseph Cior). Il demeure ensuite au nº 27 de la rue Coquillère (Ier arrondissement), puis au nº 27 de la rue de la Monnaie (Ier arrondissement).

Jean Jacques Guillaume Bauzil, qui a vécu à Mirepoix (Ariège) et à Toulouse, où il a été l'élève de Gaubert Labeyrie à l'Académie royale de peinture, sculpture et architecture, gagne ensuite Paris, peut-être en 1789, avant du moins le 25 janvier 1792, date du décès de Gaubert Labeyrie, son maître toulousain, et avant le 8 août 1793, date du décret de dissolution de l'Académie royale de peinture, sculpture et architecture, signé par la Convention. À Paris, il a pour adresse Hôtel de la Marine, nº 6, rue Croix des Petits-Champs, près la Place des Victoires, dans le Ier arrondissement (cf. plan ci-dessus), et c'est là sans doute qu'il a Pierre Charles Cior pour élève. Au salon de 1793, il expose sous le nº 596 un cadre contenant plusieurs miniatures  ; au salon de 1799, sous le nº 15, un cadre contenant cinq portraits en miniature  (10).

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Pierre Charles Cior. Portrait de femme, à coiffe de dentelle blanche et robe noire. Ivoire. H. en m 0,063 ; L. en m 0,050. Signature. 1797. Musée du Louvre.

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Signature de Pierre Charles Cior.

Pierre Charles Cior, quant à lui, expose au Salon de 1796, sous le nº 107, un cadre renfermant plusieurs portraits en miniature ; puis, au Salon de 1799, sous le nº 27, divers portraits, dont ceux de Louis Antoine Saintomer l'aîné, professeur d'écriture, et de la citoyenne Blot, son épouse.

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Jules Marie Joseph Guiffrey (1840-1918), Collection des livrets des anciennes expositions depuis 1673 jusqu'en 1800, volume V, Salon de 1796, Paris, Liepmannssohn Éditeur, 1871, p. 26.

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Jules Marie Joseph Guiffrey (1840-1918), Collection des livrets des anciennes expositions depuis 1673 jusqu'en 1800, volume V, Salon de 1799, Paris, Liepmannssohn Éditeur, 1871, p. 21.

De son mariage avec Jeanne Suzanne Morel le 9 juillet 1792 à Paris, dans la paroisse Saint-Germain-l'Auxerrois, Pierre Charles Cior aura deux filles et deux garçons au moins :

● Marie Pierrette Caroline Cior, baptisée le 29 juin 1795 dans la paroisse Saint Germain l'Auxerrois.
● Jean Félix Cior, baptisé le 12 mars 1798 dans la paroisse Saint Germain l'Auxerrois. Le 16 mars 1833, il épousera en premières noces Marie Angélique Pesme, à Paris (IIIe arrondissement) ; et le 3 septembre 1861, Marie Cécile Julie Louis, dans le (IIIe arrondissement aussi.
● Charlotte Victoire Desirée Cior, baptisée le 1er novembre 1799 dans la paroisse Saint Germain l'Auxerrois.
● Jean Louis Cior, baptisé le 15 juillet 1810 dans la paroisse Saint Eustache.

Après les Salons de 1793 et de 1799, la carrière de Pierre Charles Cior se déploie entre la Cour d'Espagne et la Russie.

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Charles Gabet (1793-1860), Dictionnaire des artistes de l'école française, au XIXe siècle : peinture, sculpture, architecture, gravure, dessin, lithographie et composition musicale, Paris, Chez Madame Vergne, 1831, p. 147.

C'est circa 1830 que Pierre Charles se fixe de nouveau au nº 27 de la rue Coquillière ; et en 1831 qu'il participe derechef au Salon, avec une miniature représentant le maréchal J. M*** (nº 332) et un portrait de Mme la comtesse B*** (nº 333) (11). Au Salon de 1838, il obtient une récompense pour une miniature représentant Mme la comtesse Novalinska (nº 300) (12)

Jean Jacques Guillaume Bauzil meurt à Madrid le 19 mai 1820. Pierre Charles Cior meurt probablement en 1840, on ne sait où. Dispersée entre la France, l'Espagne et la Russie, son œuvre demeure mal connue et peu reproduite. Ses toiles et ses miniatures se vendent toutefois très bien sur les sites spécialisés. Les peintures créées pour l'église de La Rue-Saint-Pierre, près de Beauvais, dans l'Oise, et conservées dit-on au couvent de la Visitation, ne font l'objet d'aucune documentation nulle part. Existent-elles encore ?

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Vue de l'église Saint Lucien, à La rue-Saint-Pierre, Oise.

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1. Cf. Section du Louvre. In Procès-verbal de l'Assemblée nationale, sept!ème livraison, tome 22, chez Baudoin, Imprimeur de l'Assemblée nationale, s. d., pp. 52-53.

2. Minutes de Me Claude François Raincé. Archives nat. RE/CXII/15/B.

3. Archives nat. Registre des tutelles. 16/04/1781 - 30/04/1781 | AN Y5080B.

4. 17 mai 1763. Baptême de Guillaume Cior. AD75. Paroisse Saint Eustache. Baptêmes, mariages, décès. Volume 34. Chevard-Claquenelle. Vue 178.

5. Charles Gabet (1793-1860), Dictionnaire des artistes de l'école française, au XIXe siècle : peinture, sculpture, architecture, gravure, dessin, lithographie et composition musicale, Paris, Chez Madame Vergne, 1831, p. 159.

6. Cf. Christine Belcikowski. À propos de Jean Jacques Guillaume Bauzil, peintre en miniature, d'origine ariégeoise.

7. D'après Robert Mesuret et Juliette Martin-Bouton. In De Bouton à Goya, cinq miniaturistes à la Cour de Madrid, p. 53. Musée Paul Dupuy. 1960.

8. Cf. Christine Belcikowski. Supplément à l'histoire du peintre miniaturiste Jean Jacques Guillaume Bauzil.

9. Zell est une ville de l'arrondissement de Cochem-Zell du Land de Rhénanie-Palatinat.

10. Jean-François Heim, Claire Béraud, Philippe Heim, Jean Tulard. Les salons de peinture de la Révolution française : 1789-1799, C.A.C. 1989, p. 135.

11. Salons 1675-1914. Musée d'Orsay. Notice 1. Notice 2.

12. Ibidem. Notice 1.

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Robespierre chez Madame Dangé, place Vendôme

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La scène se passe à la fin de l'Ancien Régime, dans un hôtel particulier de la place Vendôme, où Madame Dangé, épouse de François Balthazar Dangé (1693-1777), fermier général, tient salon.

« Un soir que, comme de coutume, elle recevait un monde fou, un de ses amis se crut permis de lui présenter un petit avocat de province arrivé de la veille à Paris pour terminer une affaire avec le cardinal de Rohan.
Cet homme était pincé, poudré, propret et avait l'air aussi aigre que s'il venait de manger du verjus.
Madame Dangé le reçut assez lestement, puis, se retournant vivement vers son ami, pendant que l'avocat provincial saluait profondément 
— Quelle est donc cette espèce que vous me présentez-là ? lui murmura-t-elle à l'oreille.
- M. de Robespierre, répondit à haute voix l'introducteur de celui-ci en appuyant fortement sur la particule ; puis, quand le petit avocat se fut un peu éloigné, il ajouta :
– La bête du bon Dieu, pas plus de fiel qu'un agneau.
— Pourquoi prend-il alors la figure d'un loup ? interrompit en riant la financière.
— Eh, mon Dieu ! simple erreur de la nature, ajouta l'ami ; car, je vous le répète, c'est un excellent homme, un peu vaniteux seulement, et adorant l'aristocratie à laquelle il cherche à s'attacher de toutes ses forces, n'importe par quel moyen : ainsi, près du cardinal, il s'est fait un vrai caniche ; si Son Éminence le rudoie, il le lèche ; elle lui donnerait du bâton qu'il dirait merci.
— C'est égal ; je ne me fierais pas à votre chien, j'aurais peur de la rage ! fit madame Dangé en levant légèrement les épaules ; puis elle s'éloigna et bientôt le nouveau venu fut bien loin de sa pensée.

Vous voyez que le salon de madame de Villeplaine (1) fut quasi historique, puisque c'est là que Robespierre fit sa première entrée dans le monde parisien où il devait jouer un si terrible rôle ! » (2)

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M.M.J. Roberspierre [sic], Chef du Committé [sic] du Salut public, « guillotinier », par Jean Urbain Guérin (1760-1836), dessinateur, et Johann Joseph Neidl (1776-1832), graveur. À Augsbourg, 1794.

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Madame Boscari de Villeplaine a repris et continué le salon de Madame Dangé place Vendôme.

2. Mme la Comtesse de Bassanville, Les Salons d'autrefois. Souvenirs intimes, Paris, P. Brunet Libraire-Éditeur, 1866, pp. 77-78.

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Ambrogio Lorenzetti. Allégorie et effets du Bon et du Mauvais Gouvernement

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Né à Sienne vers 1290, Ambrogio Lorenzetti y est mort de la peste noire le 9 juin 1348. Peintre, il a travaillé dans sa ville natale, à Florence et en Avignon. Il est l'auteur d'une fresque dite des Effets du Bon et du Mauvais gouvernement, peinte à partir de 1338 sur trois murs dans la Sala dei Nove [Salle des neuf gouverneurs et défenseurs de la commune et du peuple] du Palazzo Pubblico de Sienne. À l'époque où cette fresque lui est commandée, Sienne se trouve en proie à la famine et aux insurrections. Ambrogio Lorenzetti est aussi l'auteur du Serment de Saint Louis à Toulouse, fresque peinte en 1829 sur un mur de l'église Saint François de Sienne. Il laisse encore nombre de Madones et d'autres sujets religieux

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Ambrogio Lorenzetti. Le serment de Saint Louis à Toulouse. 1329.

Lire la suite de Ambrogio Lorenzetti. Allégorie et effets du Bon et du Mauvais Gouvernement

1834-1855. Jenny Colon, ou un amour de Gérard de Nerval

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Gravé par Maleuvre, costume de Jenny Colon (Madame d'Egmont) dans Madame d'Egmont ou Sont-elles deux ?, vaudeville en 3 actes de François Ancelot et Alexis Decomberousse joué pour la première fois à Paris le 25 avril 1833.

« Le théâtre représente le jardin du Palais-Royal, tel qu'ii était en 1764, avec ses grands arbres, ses charmilles , etc. Un bosquet à droite et un autre à gauche, avec table et chaises, etc.

SCÈNE I.

Une foule de promeneurs traverse le théâtre. Le jour est sur son déclin. Mme d'Egmont arrive à son tour : elle est vêtue en grisette de l'époque ; le capuchon d'une mante cache sa figure. Elle se retourne à plusieurs reprises, regarde derrière elle, comme une personne qui craint d'être suivie. Elle passe devant Tavannes, qui entre par l'autre côté, et s'arrête en la suivant des yeux. Elle disparaît dans la coulisse. »

TAVANNES, l'examinant de loin. C'est singulier !.. Plus j'examine cette tournure, et plus il me semble... Ces bruits de sorties mystérieuses... de déguisement... seraient donc réels ? Oh ! mais c'est tout à fait sa taille et sa démarche... Je suis trompé, ou ce simple costume de petite ouvrière cache une haute et puissante dame... » (1)

Lire la suite de 1834-1855. Jenny Colon, ou un amour de Gérard de Nerval

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