Ci-dessus : plan 8 du compoix mirapicien de 1766.
Ci-dessus : plan actuel du Mayrial et de Gailhadé.
Figuré sur le plan 8 du compoix mirapicien de 1766, le « moulon du Mayrial » se trouve délimité au nord par la rivière de l’Hers, au sud par le canal du moulin (aujourd’hui le Béal) et le chemin de Roumengoux (aujourd’hui avenue Jean Durroux), à l’ouest par le ruisseau du Countirou, et d’auta par la parcelle n°1 du « moulon de la métairie de Gailhadé dépendante de Saint Jean de l’Herm, et partie du Mayrial (plan 9). La dite parcelle comprend « champ, pré, breil 1Cf. La dormeuse blogue 2 : Le chemin des breils. et herm 2Erm ou herm, dérivé du latin eremus, « désert, solitude » : terre inculte ou aride ; friche, lande. al Mayrial » ; elle appartient aux frères Clauzel, Barthélémy Clauzel et Me Jacques Clauzel, prêtre.
Ci-dessus : plan 9 du compoix de 1766.
Figuré sur le plan 9 du compoix, le « moulon de la métairie de Gailhadé dépendante de Saint Jean de l’Herm, et partie du Mayrial » s’inscrit dans le prolongement du « moulon du Mayriel », dont il constitue à l’est la pointe extrême. Il se trouve délimité au nord par la rivière de l’Hers ; au sud par le chemin de Mirepoix à Roumengoux et à la métairie de Gailhadé (aujourd’hui route de Limoux) ; à l’ouest par la parcelle n°1 du plan 8, comprenant champ, pré, herm et salisse al Mayrial, appartenant à Etienne de Montfaucon ; à l’est par le canal du moulin.
Ci-dessus : « épandoir » du canal du moulin, auquel joignait en 1766 la parcelle n°18 du plan 8, propriété de Dominique Bailhade, lequel tenait là « champ et breil à Countirou et la Canal, au midi le ruisseau qui reçoit les eaux de l’épandoir du canal du moulin » (cf. infra).
Ci-dessus : autre vue de l’ancien « épandoir », dans son état présent.
Ci-dessus : vue du canal, plus loin dans le quartier du Mayrial, à la hauteur du stade.
Ci-dessus : rue du Mayrial, vue des jardins au centre desquels, au fond, sous les arbres, se trouvait en 1766, alors sur la parcelle n°11 du plan 8, propriété d’Alexandre et François Sutra frères, marchands tanneurs, la fontaine du Mayrial.
Riverains de la rivière de l’Hers, du ruisseau du Countirou et du canal du moulin, les deux moulons de 1766 abritent en outre un réseau serré de rigoles, issues du dit canal ou du ruisseau de Jacquet. Le moulon 8 comprend encore une fontaine, située sur la parcelle n°11, propriété d’Alexandre et François Sutra frères, marchands tanneurs.
A proximité des rives de l’Hers, qui demeurent occupées par des breils, des prés, des salisses, les deux moulons constituent au XVIIIe siècle une zone de maraîchage, richement irriguée, proche en cela des hortillonnages du pays franciman.
Dérivé du latin mare, maris, « mer », le toponyme Mayrial indique qu’il s’agit là, étymologie dixit, de l’ancien « lit d’une rivière ou d’un fleuve », ou du « fossé principal qui reçoit l’eau de ruissellement des collines environnantes » 3Cf. Gabriel Azaïs, Dictionnaire des idiomes romans du midi de la France : comprenant les dialectes du Haut et du Bas-Languedoc, de la Provence, de la Gascogne, du Béarn, du Querci, du Rouergue, du Limousin, du Bas-Limousin, du Dauphiné, etc., tome 2, p. 512. : article maire ou maire., bref du fond d’une sorte de mer disparue. Le dit toponyme se souvient de l’âge plus ancien où l’Hers, en vertu de l’amplitude de ses divagations d’antan, a eu son lit à cet endroit-ci, dénommé Mayrial, comme il a eu en d’autres temps son lit à cet endroit-là, dénommé la Marinade, au pied de Bellemayre 4Cf. La dormeuse blogue 3 : A Mirepoix – Moulon de partie de la porte d’Aval, la Mestrise, font de Rousset, Croix del Bastié, Carriou et partie de Bellemayre..
Ci-dessus : vue d’une rigole dans les jardins du Mayrial.
Ci-dessus : autre vue de l’aménagement hydrographique des jardins du Mayrial.
Ci-dessus : cabanes de jardin rue du Countirou.
La pratique du maraîchage s’est perpétuée au Mayrial. Le quartier abrite aujourd’hui encore un labyrinthe de jardins ouvriers, peuplés de cabanes pittoresques, même si les lotissements, qui poussent comme des champignons, gagnent du terrain sur les potagers et les basses-cours à l’ancienne.
Ci-dessus : vue générale du lac du Mayrial ; au fond, le clocher de la cathédrale Saint Maurice.
Ci-dessus : au bord du lac, d’étranges poublles, qui mordent le ciel.
Ci-dessus : couleur Caraïbes, à proximité du Rumat, la rive méridionale du lac du Mayrial.
Le quartier d’aujourd’hui abrite par ailleurs un petit lac, dont la formation résulte de l’exploitation des gravières de l’Hers. Aménagé sur ce qui fut la parcelle n°7 de l’ancien compoix, parcelle sur laquelle Guillaume Fontès tenait « champ, pré et breil », il s’agit d’un lac privé, loué à une société de pêche, ouvert aux promeneurs chaque semaine, du vendredi soir au dimanche soir.
Ci-dessus : au bord du Countirou, vue du jardin de l’ancienne maison de Jacques Rivel, marchand tanneur.
Le moulon du Mayrial (plan 8) se trouve adossé au quartier de l’Isle, ou Lilo 5partie du moulon 2, dit « de la rue Cambajou, porte du Rumat, rue Paraulettes, rue Caramaing, rue St Amans, le Bascou et partie du faubourg d’Amont », sis entre le ruisseau du Countirou et le canal du moulon, dédié en 1766 aux activités d’Alexandre et de François Sutra frères, marchands tanneurs, de Jacques Rivel, marchand tanneur également, de Jacques Rivel dit le Romain, teinturier, et de Jean Pierre Rivel, marchand. Le moulon du Mayrial constitue à l’arrière de cet îlot industriel malodorant, une sorte de poumon vert, et, au bord des prés et des chemins, une réserve de corroyère 6Corroyère : Rhus Tyrius (sumac tyrien), ou Coriaria myrtifolia, variété de myrte plus communément nommée herbe aux tanneurs, corroyère, ou redoul, naturellement présente et répandue en Ariège. La coriaria myrtifolia, feuilles et baies, est toxique, car elle contient une substance convulsifiante, la coriamyrtine, dont l’action est comparable à celle de la strychnine. à destination des boulmières 7Cf. La dormeuse blogue 3 : Boulmières !.
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Ci-dessus : au bord du canal, le sentier qui court dans la direction de Gailhadé.
Ci-dessus : derrière les arbres, recouverts par des voiles blancs, les vergers.
Ci-dessus : au bord des vergers.
Ci-dessus : les bâtiments de Gailhadé, vus du sentier.
Au delà du moulon du Mayrial (plan 8), le moulon de la métairie de Gailhadé (plan 9), qui demeure en 1766 presque entièrement tenu par l’antique famille des seigneurs de Montfaucon, témoigne elle aussi de la fertilité des terres qui ont servi de lit jadis à la rivière de l’Hers.
Ci-dessus : vu de la route de Limoux, l’ancien château d’eau de la propriété de Gailhadé.
Ci-dessus : entre les arbres, route de Limoux, la façade du château de Gailhadé.
Ci-dessus : route de Limous, entrée des Vergers de Gailhadé.
La métairie de Gailhadé a été au XIXe siècle transformée en château. Couverts d’ardoises, les toits de ce dernier rompent hélas avec le bon vieux style languedocien. Le château est depuis les années 1980 siège de l’exploitation dite des Vergers de Gailladé 8On écrit Gailhadé en 1766, et Gailladé dans la graphie moderne. Je m’en tiens pour ma part à la graphie ancienne.. Il s’agit d’une exploitation familiale qui produit et commercialise des pommes, des poires, des jus et des pétillants, des confitures et des eaux-de-vie.
La liste des propriétaires des parcelles comprises dans les deux moulons confirme ici plus qu’ailleurs encore le monopole de la notabilité urbaine sur la campagne circonvoisine. Parmi ces propriétaires, l’essentiel des grandes familles du vieux Mirepoix se trouve représenté. Le marquis de Mirepoix contrôle les bords de l’Hers. Il a Dominique Bailhade, son homme lige, fermier de Terride, dans la place. Etienne de Montfaucon, capitaine des dragons, descendant d’une très ancienne seigneurie autochtone, ainsi que Jean Saint-Félix, son homme lige, métayer à la métairie del Bastié, et Jean Clément de Rouvairollis de Rigaud, écuyer, ancien capitoul de Toulouse, seigneur de Caudeval, viennent ensuite. Puis les grands marchands, les Fontès, les Rivel, les Sutra, et les grands notaires ou leur parentèle, les Bauzil, les Letu. Puis les gens qui montent, Jacques Arexy, hôte, Louis Pons, bastier, François Simorre, tisserand, flanqué de Marie Barrau, son épouse, et de Pierre Barrau, son beau-frère. Ce sont les mêmes qui trustent toutes les terres de la couronne alentour de Mirepoix. Seuls les frères Clauzel, Barthélémy et Jacques, prêtre, sont de petits propriétaires. Mais on sait la fortune que connaîtra à Mirepoix, à partir de 1772, la famille Clauzel.
Plan 8 du compoix de 1766</p>
1. Etienne de Montfaucon, capitaine des grenadiers royaux : champ, pré, herm et salisse al Mayrial
2. Jean Pierre Rivel, marchand : champ, pré et breil al Mayrial, traversé par le chemin et fossé qui reçoit l’eau de l’épanchoir du canal du moulin
3. Monsieur le Marquis de Mirepoix : pré et breil al Mayrial
4. Alexandre et François Sutra frères, marchands tanneurs : breil al Mayrial en forme d’un triangle
5. Jean Saint-Félix, métayer à la métairie del Bastié appartenant au sieur Etienne de Montfaucon : champ al Mayrial
6. Guillaume Letu, notaire royal et tabellion de Monsieur le Marquis de Mirepoix : breil al Mayrial
7. Guillaume Fontes, marchand, champ, pré, breil al Mayrial
8. François Simorre et Marie Barrau : champ et breil al Mayrial
9. Louis Pons, bastier : champ al Mayrial
10. Noble Jean Clémens de Rouvairollis de Rigaud, écuyer : champ et pré al Mayrial
11. Alexandre et François Sutra frères, marchands tanneurs : pré à la fontaine del Mayrial
12. Jean Bauzil, bourgeois : champ et pré al Mayrial
13. Thomas Bauzil, avocat au parlement : pré et breil al Mayrial
14. Pierre Barrau, brassier : champ et breil al Mayrial
15. Jacques Arexy, hôte : champ et breil al Mayrial
16. Dominique Bailhade, fermier du château de Terride appartenant à Monsieur le Marquis de Mirepoix : champ et breil al Mayrial
17. Jacques Arexy, hôte : champ al Mayrial et La Canal
18. Dominique Bailhade : champ et breil à Countirou et la Canal, au midi le ruisseau qui reçoit les eaux de l’épandoir du canal du moulin
Plan 9 du compoix de 1766
1. Barthélémy Clauzel et Jacques Clauzel, prêtre : champ, pré, breil et herm al Mayrial
2. Alexandre et François Sutra, frères, marchands tanneurs : champ, pré, breil et herm al Mayrial
3. Alexandre et François Sutra, frères, marchands tanneurs : champ au dit lieu del Mayrial, la présente pièce formant un triangle
4. Etienne de Montfaucon, capitaine des dragons : champ pré breil ou salisses 9Salisse, mot dérivé du latin salix, saule : endroit où poussent des saules blancs, des osiers. à la pradelle 10Pradelle, mot dérivé de l’occitan prat, prada, pradal : prairie naturelle. de Gailhadé et le Mayrial, traversé par le ruisseau de Rouget du Rieutord et le chemin du dit Mayrial
5. Etienne de Montfaucon, capitaine des dragons : métairie, autres couverts, et jardin, verger, petit breil, pré avec des arbres fruitiers
6. Etienne de Montfaucon, capitaine des dragons : champ proche de la métairie de Gailhadé
7. Alexandre et François Sutra, frères, marchands tanneurs : champ à Saint Jean de l’Herm
8. Jean Clément de Rouvairollis de Rigaud : champ à Saint Jean de l’Herm
9. Alexandre et François Sutra, frères, marchands tanneurs : champ à Saint Jean de l’Herm et ruisseau de Jacquet
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Le canal du moulin – 1. Du Countirou au pont de Raillette
Le canal du moulin – 2. Du pont de Raillette au moulin
Le canal du moulin – 3. Vers l’embouchure
Notes