1. Noble Etienne de Montfaucon, capitaine des grenadiers : deux maisons et champ à la porte d’Aval
2. Monseigneur l’Evêque : champ à la porte d’Aval
3. Les Messieurs du Vénérable Chapitre de Mirepoix : champ à la porte d’Aval
4. Pierre Gautier, marchand : champ à la porte d’Aval
5. Pierre Gautier, marchand : champ à la porte d’Aval
6. Alexandre et François Sutra frères, marchands tanneurs : champ à la porte d’Aval
7. Jean Arcizet, dit Larajade, hôte : champ à la porte d’Aval
8. Noble Jean Clément de Rouvairollis de Rigaud, écuyer : champ et pré à la porte d’Aval
9. Messieurs les Trinitaires : champ et pré à la porte d’Aval
10. Jean Arcizet, hôte, dit Larajade : : pré, breil et gravier, proche le moulon des moulins
11. Messieurs les Trinitaires : pré, breil et gravier à la Condamine del Ministre
12. Messieurs les Trinitaires : champ et pré à la porte d’Aval ou à la Condamine del Ministre
13. Françoise Laffage, dit Barrotte : champ à la Condamine del Ministre
13. Pierre Laffage, dit Barrot, brassier : champ à la Condamine del Ministre
14. Me Guillaume Tornier, avocat au parlement : pré et breil à la Condamine del ministre.
Le moulon 31 du compoix de 1766, dit « moulon de partie de la porte d’Aval et Condamine del Ministre », s’étend à l’extérieur de l’ancien rempart d’Aval entre la promenade de la porte d’Aval, prolongée du chemin de l’Hers, à l’est ; le grand chemin de Pamiers au sud (aujourd’hui avenue Gabriel Fauré) ; le bord du champ de Jean Deloun, avocat, (aujourd’hui chemin de l’Arbre blanc, à l’ouest ; et le bord de la rivière de l’Hers au nord.
Il s’agit d’un moulon champêtre, associant terres cultivées et, entre le Béal, ou canal du moulin, et la rivière de l’Hers, prés, breils, graviers. Le nom de condamine 1Condamine : cf. Etymologie-Occitane.fr – Dictionnaire étymologique des langues d’Oc., « terre alluvionnaire », initialement libre de charges », s’applique aux zones comprises entre le Béal et l’Hers.
On notera au passage combien la toponymie mirapicienne est riche de références à l’eau, aux bords et débords d’une rivière connue jadis pour l’extrême variabilité de son étiage et pour l’erre importante de son lit. On s’étonne aujourd’hui des sept arches du pont construit en 1789 : l’Hers actuellement ne court plus que sous l’une d’entre elles. Le climat depuis la Révolution a changé ; l’étiage de la rivière se trouve moyenné par le barrage-réservoir de Montbel. La plaine de Mirepoix a vécu auparavant sous le signe des eaux ubiquistes, prometteuses de terres fertiles, toujours susceptibles de les dévaster. La toponymie s’en souvient à Bellemaire 2Cf. La dormeuse blogue 3 : A Mirepoix – Moulon de partie de la porte d’Aval, la Mestrise, font de Rousset, Croix del Bastié, Carriou et partie de Bellemayre., au Mayrial 3Ibidem., à la Marinade 4Ibid., à la Condamine, au Bragot 5La dormeuse blogue 3 : A Mirepoix – De la rue de la porte de Bragot à la rue Courlanel., etc.
Le moulon 31 demeure en 1766 quasiment vierge de toute construction. Il n’abrite en effet que deux bâtisses, situées respectivement à l’angle de la promenade de la porte d’Aval et du grand chemin de Pamiers, et à l’angle de la même promenade et de la rue de l’Olivette. Toutes deux appartiennent à Etienne de Monfaucon, qui habite, de l’autre côté de la promenade, la maison surmontée d’une tour, attenante à la porte d’Aval.
Ci-dessus : vu depuis la porte d’Aval, emplacement d’une ancienne maison d’Etienne de Montfaucon.
Ci-dessus : l’ancienne maison d’Etienne de Montfaucon a été remplacée par un petit immeuble de style 1900.
Ci-dessus : le faux bois des balustrades qui protègent les balcons de l’immeuble est typique du style 1900. Cet usage amusant du ciment s’observe également non loin de là, dans les curieux massifs de rocailles, qui demeurent, au bout du cours du Maréchal de Mirepoix, le seul vestige de l’ancien jardin public de la ville.
Ci-dessus : à l’angle du cours du Maréchal de Mirepoix et de la rue de l’Olivette, emplacement d’une autre ancienne maison d’Etienne de Montfaucon.
Ci-dessus : en descendant vers la Condamine del Ministre, vue du front est de l’ancien moulon 31 depuis le cours du Maréchal de Mirepoix (autrefois promenade de la porte d’Aval).
Ci-dessus : à proximité du Béal, ou canal du moulin, qui passe sous la chaussée, vue du front est de l’ancien moulon 31 depuis le cours du Maréchal de Mirepoix (autrefois promenade de la porte d’Aval).
Ci-dessus : au bout du cours du Maréchal de Mirepoix, face au « moulon où sont les moulins » 6Cf. La dormeuse blogue 3 : A Mirepoix – Moulon où sont les moulins., vue de l’ancien foulon au bord du Béal. A noter que ce foulon n’existait pas en 1766. Mirepoix abritait d’autres petits foulons en ville, dont le principal se trouvait rue du grand faubourg d’Amont.
Ci-dessus : vue de la Condamine sous la neige.
Ci-dessus : vue de la Condamine un peu plus loin.
Ci-dessus : détail du plan 31 du compoix de 1766 ; entre la rivière de l’Hers et le Béal, la Condamine, la zone alluvionnaire, propriété del Ministre, i. e. du supérieur des Trinitaires.
La liste des propriétaires des parcelles réunies dans le moulon 31 montre la mainmise du clergé et de la bourgeoisie urbaine sur les entours de Mirepoix. Les Trinitaires possèdent, dans l’axe est-ouest, i. e. dans le prolongement de leur couvent, la presque totalité de la condamine qui borde l’Hers. L’évêché et le chapitre possèdent, dans le même axe, les parcelles circumvoisines de la porte d’Aval, qui bordent le grand chemin de Pamiers (aujourd’hui avenue Gabriel Fauré). Noble Etienne de Montfaucon, dont la maison jouxte intra muros la porte d’Aval possède extra muros, en face de sa maison, une partie du bord de la promenade de la porte d’Aval (aujourd’hui cours du Maréchal de Mirepoix). Noble Jean Clément de Rouvairollis de Rigaud, qui demeure rue de la porte d’Aval (aujourd’hui rue Monseigneur de Cambon), possède également des champs autour de l’église Notre Dame et Saint Michel. Maître Guillaume Tornier, avocat, habite sous le Grand Couvert. Le reste du moulon se partage entre Pierre Gautier, marchand, qui tient sa maison à l’angle de la rue des Houstalets et de la rue Carmontelle ; Alexandre et François Sutra frères, marchands tanneurs, qui tiennent leur adoubairie au quartier de Lilo, et possèdent des champs extra muros dans tous les moulons de Mirepoix ; Jean Arcizet, hôte, qui demeure rue de la porte d’Aval, tient également maison, jardin et fourratjat de l’autre côté du grand chemin de Pamiers. Seuls représentants des catégories sociales plus modestes, Françoise Laffage, dit Barrotte, et Pierre Laffage, dit Barrot, brassier, qui demeurent, l’une rue des Houstalets, l’autre, rue del four, possèdent, à la pointe ouest du moulon considéré, deux parcelles éloignées des abords immédiats de la ville. Il en va de même dans les autres moulons périphériques. Clergé et notables tiennent autour de la ville le premier cercle. Les autres catégories sociales se contentent du deuxième cercle. Tous, quoi qu’il en soit, tirent du revenu de ces propriétés champêtres le moyen d’assurer les nécessités du quotidien, et plus généralement celles de leur économie domestique.
Ci-dessus : vue du cours du Maréchal de Mirepoix, entrée de la rue de l’Olivette qui traverse d’est en ouest le moulon 31.
Ci-dessus : de part et d’autre de la rue de l’Olivette, maisons et jardins composent un paysage plaisamment résidentiel.
Ci-dessus : sur fond de condamine, une éolienne, rue de l’Olivette.
Ci-dessus : derrière les maisons, rue de l’Olivette, vue de l’Hers.
Ci-dessus : autre vue de l’éolienne, rue de l’Olivette.
Ci-dessus : plus loin, rue de l’Olivette ; au fond, à droite, le clocher de la cathédrale.
Ci-dessus : derrière les maisons, rue de l’Olivette, autre vue de la condamine.
Ci-dessus : débouché de la rue de l’Olivette sur l’avenue Gabriel Fauré (autrefois grand chemin de Pamiers).
Ci-dessus : à l’emplacement des parcelles n° 12, 13, 14 de l’ancien moulon 31, zone industrielle et commerciale de l’Arbre Blanc.
Ci-dessus : zone industrielle et commerciale de l’Arbre Blanc.
Ci-dessus : zone industrielle et commerciale de l’Arbre Blanc.
Ci-dessus : au bord de la zone industrielle et commerciale de l’Arbre Blanc, le fossé marque la limite de l’ancien champ de Jean Deloun, avocat, comme indiqué sur le plan de 1766.
Ci-dessus : débouché de la rue de l’Arbre Blanc sur l’avenue Gabriel Fauré.
En remontant l’avenue Gabriel Fauré dans la direction de la ville, on goûte au plaisir de cheminer au bord d’un kaléidoscope de façades, de style chaque fois différent. Non loin des demeures historiques de la rue Monseigneur de Cambon (autrefois rue de la porte d’Aval) et de la rue Clauzel (autrefois rue Courlanel), une certaine bourgeoisie a choisi, à partir du XIXe siècle, de bâtir aux abords immédiats de l’antique porte de la cité, sur les terrains qui avaient appartenu au XVIIe siècle, jusqu’à la rue de l’Arbre Blanc, à l’évêché et au chapitre.
Ci-dessus : en remontant vers la ville, palmiers en bordure de l’avenue Gabriel Fauré.
Ci-dessus : en remontant vers la ville, une maison de style 1960.
Ci-dessus : en remontant vers la ville, une maison des années 30.
Ci-dessus : détail de la même maison.
Ci-dessus : en remontant vers la ville, ouverture sur la condamine, entre deux maisons.
Ci-dessus : portail d’une belle maison de style 1940.
Ci-dessus : vue générale de la même maison.
Ci-dessus : une maison de style fin de siècle.
Ci-dessus : une maison de style 1900-1910.
Ci-dessus : aspect de l’avenue Gabriel Fauré à proximité de la porte d’Aval ; au fond, à droite, la tour de Montfaucon.
Ci-dessus : croix au bord d’un jardin aménagé sur une parcelle qui appartenait en 1766 au chapitre.
Ci-dessus : inscription sur la même croix. Cf. : Litaniae de Sancta Cruce, ex Sanctis Patribus :
Ab omni malo,
R. libera nos sancta Crux.
Ci-dessus : bel immeuble de style art déco, vaguement orientalisant, édifié sur l’ancienne parcelle n°2 qui appartenait en 1766 à l’évêché, aujourd’hui très délabré, inoccupé, à vendre, signé de Sypra, maître d’oeuvre.
Ci-dessus : vue de la façade du même immeuble.
Avez-vous remarqué la voiture rouge qui circule mystérieusement dans cette suite d’images, prises le 26 février 2013 aux abords de la porte d’Aval, sur l’avenue Gabriel Fauré ? Le romanesque est quotidien.
.
Notes