Christine Belcikowski

Publications 4

En 1724, à propos de Maître Charles Clarac, curé de Roquefixade

Rédigé par Belcikowski Christine 1 commentaire

clarac_charles_1724.jpg

28 février 1724. Décès de Charles Clarac, curé de Roquefixade et de Nalzen. Archives dép. de l'Ariège. Roquefixade et Nalzen (1711-1747). Document 1NUM2/307EDT/GG3. Vue 68.

« L'an mille sept cent vingt et quatre et le vingt-huitième jour du mois de février mourut Maître Charles Clarac, prêtre, après avoir gouverné cette paroisse pendant quarante-neuf ans avec toute sagesse et science ; avoir fait bâtir l'église, la maison, à ses frais et dépens ; avoir fait un don de quatre mille livres pour le retable et ornements ; enfin, après avoir donné tout son bien aux pauvres de la susdite paroisse ; étant muni de tous les sacrements, fut enseveli dans la susdite église le lendemain... »

Un curé qui avait du cœur, outre « toute sagesse et science ». Mais cœur et sagesse, n'est-ce pas au fait pareil et même ?

Classé dans : Histoire Mots clés : aucun

Auzat. 1738. Manquement à la pratique religieuse et souci de la « bonne mort »

Rédigé par Belcikowski Christine 3 commentaires

galy_auzat_1738.jpg

16 juin 1738. Décès d'Antoine Galy. Archives dép. de l'Ariège. Auzat (1731-1745). Document 1NUM/284EDT/GG2. Vue 22.

« Le 16 juin 1738, Antoine Galy a été enseveli au cimetière de la paroisse, qui a été trouvé mort au bord de la rivière sans aucune cérémonie de l'Église pour n'avoir pas fait son devoir de Pâques depuis plus de quatorze ou quinze ans qu'il épousa, et n'avait jamais voulu se présenter. J'ai néanmoins été présent à la sépulture en surplis. En foi de ce,
Lanes, prêtre et curé d'Auzat »

Classé dans : Histoire Mots clés : aucun

À propos de François Cabagné, premier exécuteur criminel de l'Ariège

Rédigé par Belcikowski Christine 3 commentaires

executeur_criminel.jpg

Source : musée de la Révolution française à Vizille (Isère).

À partir de la Révolution française, en matière d'exécution des peines capitales, on ne fait plus appel à un « bourreau », mais à un « exécuteur criminel ». La loi révolutionnaire veut que chacun des départements nouvellement créés dispose d'un exécuteur criminel attitré. L'Ariège a eu ainsi, à Foix, une suite d'exécuteurs criminels dont on peut trouver la liste sur le forum Guillotine, dans la section « Bourreaux par départements. Ain à Aube ». Voici la reproduction de cette liste, telle que fournie sur ledit forum, sans indication de sources :

François CABANIÉ, natif de Mirepoix
Nicolas Charles Gabriel DUPUY, de 1802 à 1830 (dynastie d'exécuteurs de Château-Gontier)
Joseph BEAUFAYE, de 1830 à 1849, natif de Charleville
François Nicolas BEAUFAYE, de 1849 à 1853.

Aides :
François INGLARD, aide circa 1802 (d'origine inconnue)
Nicolas Charles Gabriel ZELLE, aide circa 1805 (dynastie d'exécuteurs parisiens)
François DUPUY, aide circa 1818
Joseph BEAUFAYE, aide de 1823 à 1830
Pierre MARC, aide en 1830 (dynastie d'exécuteurs d'Angers)
François Nicolas BEAUFAYE, aide en 1848-1849.

J'ai eu la curiosité de rechercher la trace de ce François Cabanié, listé en tant qu'exécuteur princeps des peines capitales ordonnées par le Tribunal criminel de l'Ariège. Longtemps, cette trace, je ne l'ai pas trouvée. Les sites de généalogie, sans preuves là non plus, disent l'homme né en 1756 à Mirepoix (09) et mort en 1802 à Foix (09), à l'âge de 46 ans. Il aurait été marié avec Marguerite Poujade, née, dit-on, en 1765.

J'ai consulté sur ces bases le registre paroissial de Mirepoix (Ariège) et le registre d'état-civil de Foix : en vain. Point de François Cabanié aux dates ou alentour des dates considérées. J'ai douté d'emblée que, pour exercer la fonction d'exécuteur criminel du département de l'Ariège, on ait trouvé à recruter un homme issu de ce même département !

« Sous l'Ancien Régime, il était difficile pour les autorités de recruter des personnes susceptibles d'exercer la fonction de bourreau. Il pouvait s’agir en conséquence d’anciens criminels ayant obtenu le pardon en échange de la prise en charge de cette fonction. De manière générale, ceux qui acceptaient d’effectuer cette tâche très impopulaire s'y trouvaient forcés, soit par les autorités, soit par une situation d’absolue nécessité. Il s'en est suivi que rapidement la charge de bourreau est devenue héréditaire... » (1). Cet ensemble d'observations vaut pour le Nouveau Régime tout autant que pour l'Ancien.

À force de chercher, j'ai trouvé aux Archives nationales sous la cote BB/18/136, dans la Correspondance générale de la division criminelle, les dossiers 2341(DD) et 962(D) dans lesquels figure, datée de nivôse-prairial an V, une « demande du Commissaire du pouvoir exécutif près le tribunal de l'Ariège pour qu'il soit nommé un exécuteur des jugements criminels. »

executeur1.jpg

Le 18 ventôse an V (8 mars 1797), le citoyen Bergasse Laziroule, commissaire exécutif près le Tribunal civil et criminel de l'Ariège, signale au citoyen ministre de la Justice « qu'il y a plus de deux mois que l'exécuteur des jugements criminels du département de l'Ariège est mort ». Le citoyen Bergasse Laziroule ne mentionne pas dans sa lettre le nom du défunt.

cabagne_1796_1.jpg

cabagne_1796_2.jpg

9 frimaire an V (29 novembre 1796). Décès de François Cabagné. Archives dép. de l'Ariège. Foix. Décès (1793-An X). Document 1NUM/300EDT/E3. Vues 164-165.

La lecture du registre des décès de Foix montre que François Cabagné [sic], « exécuteur des jugements criminels du Tribunal criminel de l'Ariège », est mort le 9 frimaire an V (29 novembre 1796). Âgé alors de 44 ans, dit le registre, il serait donc né circa 1752.

cabanie_1772.jpg

Un relevé collaboratif des registres matricules du bagne de Rochefort mentionne le cas d'un certain François Cabanié, fils de François Cabanié et d'Anne Bourelle, condamné pour vol, le 29 août 1772, à six ans de détention. Il s'agit là probablement du futur exécuteur criminel de l'Ariège.

D'après le registre du bagne de Rochefort, ce François Cabanié, âgé de 16 ans, dit-il, lors de son arrivée en détention, serait né en 1756, à Mirepoix dans le Gers. Difficile de vérifier cette date de naissance : les registres paroissiaux du Gers ne sont pas encore numérisés ! Il se peut que ce François Cabanié ait menti sur sa date de naissance, arguant d'un âge plus jeune dans l'espoir de s'attirer l'indulgence du tribunal. On verra plus tard le bandit Guillaume Sibra, dit Jean Dabail, arguer lui aussi d'un âge plus jeune devant le Tribunal criminel de Foix (2). C'est ensuite ce même François Cabanié, ou François Cabagné, qui a guillotiné ledit Guillaume Sibra le 22 brumaire an X (13 novembre 1801) dans la cour de la prison de Foix. (3)

executeur2.jpg

Sous le Nouveau Régime, il reste difficile pour les autorités de recruter des personnes susceptibles d'exercer la fonction de bourreau. Il peut s’agir en conséquence d’anciens criminels... Le citoyen Bergasse Laziroule, dans la correspondance qu'il entretient avec le citoyen ministre de la Justice, se plaint de ce qu'il se voit « dans l'impossibilité de faire exécuter les jugements rendus pendant les sessions de nivôse et de pluviôse » et de ce que « personne ne s'est présenté pour remplir la place vacante ». François Cabagné, probable ancien criminel, a fait l'affaire jusqu'à sa mort précoce, le 9 frimaire an V (29 novembre 1796). Il s'agit maintenant, le 18 ventôse an V (8 mars 1797), de lui trouver un remplaçant de toute urgence.

executeur3.jpg

« J'écrivis le 23 nivôse à l'administration centrale, observe le citoyen Bergasse Laziroule, pour l'inviter à pourvoir le plus tôt possible à son remplacement [François Cabagné]. Cette administration me répondit le 4 pluviôse qu'elle avait fait imprimer et distribuer dans tous les cantons du département un avis à l'effet de faire connaître que la place d'exécuteur était vacante... »

dupuy_1755_1.jpg

dupuy_1755_2.jpg

24 mars 1755. Baptême de Nicolas Charles Gabriel Dupuy. Archives dép. du Maine-et-Loire. Angers. Paroisse Saint-Jacques (1751-1761). Vue 58.

Il se trouve qu'un certain Bourthoumieu, de Toulouse, propose sa candidature à la fonction d'exécuteur criminel en Ariège. Mais le même citoyen Bergasse Laziroule propose finalement à l'administration centrale le nom d'un certain Dupuis, ou Dupuy, venu de Chalonges dans la Loire-Atlantique, né le 24 mars 1755 à Angers, marié le 8 novembre 1791 aux Bourreaux (écart de Rennes dans l'Ille-et-Vilaine), arrivé à Foix le 5 prairial an V, et qui se trouve « dans la plus grande détresse » pour avoir perdu son poste précédent. Il s'agit de Nicolas Charles Gabriel Dupuy mentionné dans la liste fournie sur le forum Guillotine et dont celle-ci indique qu'il descend d'une dynastie d'exécuteurs de Château-Gonthier. (4)

La guillotine peut fonctionner à nouveau dans le département de l'Ariège...

dupuy_1837.jpg

21 mai 1837. Décès de François Nicolas Dupuy, alias Nicolas Charles Gabriel Dupuy. Archives dép. de l'Ariège. Foix. Décès (1837). Document 1NUM/4E1395. Vue 24. N.B. Le scribe ou les témoins ont probablement mélangé le nom de Nicolas Charles Gabriel Dupuy, et celui de François Gabriel Dupuy, fils du précédent, né en 1797 à Rennes (paroisse Toussaint).

François Nicolas Dupuy, alias Nicolas Charles Gabriel Dupuy, mourra le 21 mai 1837 à Foix.

-----

1. Cf. Wikipedia. Article « Bourreau ».

2. Cf. Christine Belcikowski. Les chemins de Jean d'Abail ou la dissidence d'un fils du petit peuple de Mirepoix au temps de la Révolution française. Éditions L'Harmattan. 2014.

3. Cf. Christine Belcikowski. La fin de Jean Dabail.

4. Nicolas Charles Gabriel Dupuy est fils de Pierre Dupuis, bourreau, né le 21 octobre 1730 à Château-Gontier (paroisse Saint Jean) (53), mort en 1790 à Angers (paroisse Saint Jacques) (49). Pierre Dupuy est fils de Jacques Dupuy, bourreau, né en 1695 Château-Gontier (paroisse Saint Rémy) (53), mort le 21 octobre 1742 à Château-Gontier (paroisse Saint Rémy) (53). Etc.

Classé dans : Histoire Mots clés : aucun

De quelques demoiselles de Saint-Cyr, issues des diocèses de Pamiers, Carcassonne, Saint-Papoul, Alet, ou Narbonne

Rédigé par Belcikowski Christine 2 commentaires

saint_cyr_1690.jpg

Ci-dessus : vue de la maison royale de Saint Louis, à Saint Cyr, circa 1690, à l'occasion d'une visite officielle de Louis XIV et de Madame de Maintenon.

Fondée en 1686 par Louis XIV à l'instigation de Madame de Maintenon, édifiée par Jules Hardouin-Mansart en bordure de Versailles sur le domaine de Saint-Cyr, la Maison royale de Saint Louis est une institution éducative destinée « aux filles des gentilshommes tués ou ayant ruiné leur santé et leur fortune pour le service de l'État ». Cette maison peut accueillir 250 pensionnaires. La lecture du mortuaire de la maison montre que les pensionnaires mouraient assez nombreuses, victimes des infirmités dont elles se trouvaient nativement porteuses, ou atteintes de consomption, affection rendue particulièrement contagieuse par la clôture de ladite maison.

Le règlement stipule que « aucune demoiselle ne pourra être pourvue de l’une de ces places, si elle n’est âgée au moins de sept ans ; celles qui en auront plus de douze ne pourront y être admises. Il faut que la demoiselle qui sera présentée soit en état de justifier une possession de noblesse de cent quarante ans consécutifs. [...]. Après le brevet expédié la demoiselle entrera dans la dite maison, pour y être élevée jusqu’à l’âge de vingt ans accomplis. Les parents qui voudront les voir, pourront y venir seulement dans les huit jours des octaves des quatre fêtes annuelles ; savoir : Pâques, Pentecôte, Toussaint et Noël, à commencer le lendemain de chacune de ces fêtes. » (1)

Les demoiselles sont admises à la Maison royale de Saint Louis le lendemain même de la validation de leurs preuves de noblesse. Elles y bénéficient d'une prise en charge gratuite, comprenant pension complète, instruction religieuse et profane, ainsi qu'ouverture aux arts et plus spécialement au théâtre.

Lorsqu'elles quittent l'établissement à la fin de leur séjour, ces demoiselles reçoivent une dot de 3000 livres destinée à leur assurer un mariage convenable ou à leur permettre d'entrer au couvent.

Le 16 août 1792, l'Assemblée législative décrète la fermeture de la Maison royale de Saint Louis. Le personnel et les pensionnaires encore présentes quittent définitivement l'établissement en mars 1793. Celui-ci est alors transformé en hôpital militaire.

Lire la suite de De quelques demoiselles de Saint-Cyr, issues des diocèses de Pamiers, Carcassonne, Saint-Papoul, Alet, ou Narbonne

Classé dans : Histoire Mots clés : aucun
Fil RSS des articles de cette catégorie