Christine Belcikowski

Publications 4

De quelques demoiselles de Saint-Cyr, issues des diocèses de Pamiers, Carcassonne, Saint-Papoul, Alet, ou Narbonne

Rédigé par Belcikowski Christine 2 commentaires

saint_cyr_1690.jpg

Ci-dessus : vue de la maison royale de Saint Louis, à Saint Cyr, circa 1690, à l'occasion d'une visite officielle de Louis XIV et de Madame de Maintenon.

Fondée en 1686 par Louis XIV à l'instigation de Madame de Maintenon, édifiée par Jules Hardouin-Mansart en bordure de Versailles sur le domaine de Saint-Cyr, la Maison royale de Saint Louis est une institution éducative destinée « aux filles des gentilshommes tués ou ayant ruiné leur santé et leur fortune pour le service de l'État ». Cette maison peut accueillir 250 pensionnaires. La lecture du mortuaire de la maison montre que les pensionnaires mouraient assez nombreuses, victimes des infirmités dont elles se trouvaient nativement porteuses, ou atteintes de consomption, affection rendue particulièrement contagieuse par la clôture de ladite maison.

Le règlement stipule que « aucune demoiselle ne pourra être pourvue de l’une de ces places, si elle n’est âgée au moins de sept ans ; celles qui en auront plus de douze ne pourront y être admises. Il faut que la demoiselle qui sera présentée soit en état de justifier une possession de noblesse de cent quarante ans consécutifs. [...]. Après le brevet expédié la demoiselle entrera dans la dite maison, pour y être élevée jusqu’à l’âge de vingt ans accomplis. Les parents qui voudront les voir, pourront y venir seulement dans les huit jours des octaves des quatre fêtes annuelles ; savoir : Pâques, Pentecôte, Toussaint et Noël, à commencer le lendemain de chacune de ces fêtes. » (1)

Les demoiselles sont admises à la Maison royale de Saint Louis le lendemain même de la validation de leurs preuves de noblesse. Elles y bénéficient d'une prise en charge gratuite, comprenant pension complète, instruction religieuse et profane, ainsi qu'ouverture aux arts et plus spécialement au théâtre.

Lorsqu'elles quittent l'établissement à la fin de leur séjour, ces demoiselles reçoivent une dot de 3000 livres destinée à leur assurer un mariage convenable ou à leur permettre d'entrer au couvent.

Le 16 août 1792, l'Assemblée législative décrète la fermeture de la Maison royale de Saint Louis. Le personnel et les pensionnaires encore présentes quittent définitivement l'établissement en mars 1793. Celui-ci est alors transformé en hôpital militaire.

Lire la suite de De quelques demoiselles de Saint-Cyr, issues des diocèses de Pamiers, Carcassonne, Saint-Papoul, Alet, ou Narbonne

Classé dans : Histoire Mots clés : aucun

Albert Bausil. La Terrasse au soleil. Musiques dans le parc. Le tennis

Rédigé par Belcikowski Christine 1 commentaire

Musiques dans le parc... Cette danse, Qui n'a d'intérêt que par sa cadence. À mes petites Nièces de Vernet.

« Les adolescents et les jeunes filles
Sont vêtus de blanc sous les arbres verts.
Cinq heures de soir. Les jeux sont ouverts ;
L'ombre langoureuse est sous les charmilles.
Rasant le filet, la balle qui brille
Trace des sillons d'argent dans les airs.
Les adolescents et les jeunes filles
Courent en riant sous les arbres verts.

Les adolescents et les jeunes filles,
Souples sous la laine et sous le linon,
Évoquent parfois avec leurs quadrilles
Des frises de vase ou de Parthénon.
Plus harmonieux dans leurs souquenilles
Que joueur de flûte ou de tympanon,
Les adolescents et les jeunes filles
Campent des Diane et des Actéon !

... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ...
Les adolescents et les jeunes filles
Quittent, maintenant, le tennis ombreux.
La nuit violette interrompt les jeux ;
La troupe chantante a passé les grilles.
Bondissants, légers, dans leurs espadrilles,
Sans songer au soir qui descend sur eux,
Les adolescents et les jeunes filles
Rentrent dans la nuit par les chemins bleus. » (1)

-----

Albert Bausil. La Terrasse au soleil, p. 63. Musiques dans le parc. « Le tennis ». Edition du Coq Catalan. Imprimerie Ch. Latrobe, Barrière & Cie successeurs. 1921.
Albert Bausil, né à Castres (Tarn) le 16 décembre 1881 et mort à Perpignan (Pyrénées-Orientales) le 2 mars 1943, est un descendant de François Bauzil, baptisé le 23 juillet 1741, bourgeois de Mirepoix (Ariège).

La barque de Thésée

Rédigé par Belcikowski Christine 3 commentaires

thesee1.jpg

Τὸ δὲ πλοῖον ἐν ᾧ μετὰ τῶν ἠιθέων ἔπλευσε καὶ πάλιν ἐσώθη, τὴν τριακόντορον, ἄχρι τῶν Δημητρίου τοῦ Φαληρέως χρόνων διεφύλαττον οἱ Ἀθηναῖοι, τὰ μὲν παλαιὰ τῶν ξύλων ὑφαιροῦντες, ἄλλα δ´ ἐμβάλλοντες ἰσχυρὰ καὶ συμπηγνύντες οὕτως, ὥστε καὶ τοῖς φιλοσόφοις εἰς τὸν αὐξόμενον λόγον ἀμφιδοξούμενον παράδειγμα τὸ πλοῖον εἶναι, τῶν μὲν ὡς τὸ αὐτό, τῶν δ´ ὡς οὐ τὸ αὐτὸ διαμένοι λεγόντων.

C'est Plutarque, dans sa Vie des hommes illutres, qui évoque le problème dit « de la barque de Thésée ».

« Le bateau sur lequel Thésée s'était embarqué avec les autres jeunes gens, et qu'il ramena heureusement à Athènes, était une galère à trente rames, que les Athéniens conservèrent jusqu'au temps de Démétrios de Phalère (1). Ils en ôtaient les vieilles pièces, à mesure qu'elles tombaient en ruine, et les remplaçaient par des neuves qu'ils joignaient solidement aux anciennes. Aussi les philosophes, dans leurs disputes sur la nature des choses dont on remplace les pièces anciennes par des pièces nouvelles, citent ce navire comme un exemple de doute, et soutiennent les uns que c'était toujours le même bateau, les autres que c'était un bateau différent. »(2)

Qu'en est-il de ce bateau une fois qu'un jour, toutes les pièces en ont été remplacées ? S'agit-il encore du même bateau ? ou d'un bateau différent ? Là réside, en matière d'ontologie de l'objet, le problème philosophique que pose la restauration du patrimoine.

thesee2.jpg

-----

1. Démétrios de Phalère (ca 360 av. J.-C. ; 282 av. J.-C.), orateur et homme d'État athénien.

2. Plutarque. Vie des hommes illustres. Tome I. Thésée. XXI. [23] (1).

Romain Rolland.« Nous allons au-devant de l’alouette »

Rédigé par Belcikowski Christine 2 commentaires

« Je passe d’abord chez ma fille, pour prendre ma petite Glodie. Nous faisons tous les jours notre promenade ensemble. C’est ma meilleure amie, ma petite brebiette, ma grenouille qui gazouille. Elle a cinq ans passés, plus éveillée qu’un rat et plus fine que moutarde. Dès qu’elle me voit, elle accourt. Elle sait que j’ai toujours ma hotte pleine d’histoires ; elle les aime autant que moi. Je la prends par la main.

— Viens, petite, nous allons au-devant de l’alouette.
— L’alouette ?
— C’est la Chandeleur. Tu ne sais pas qu’aujourd’hui elle nous revient des cieux ?
— Qu’est-ce qu’elle y a été faire ?
— Chercher pour nous le feu.
— Le feu ?
— Le feu qui fait soleil, le feu qui fait bouillir la marmite de la terre.
— Il était donc parti ?
— Mais oui, à la Toussaint. Chaque année, en novembre, il s’en va réchauffer les étoiles du ciel.
— Comment est-ce qu’il revient ?
— Les trois petits oiseaux sont allés le chercher.
— Raconte… [...].
— Raconte, père-grand, les trois petits oiseaux…
(J’aime à me faire prier.)
— Les trois petits oiseaux sont partis en voyage. Les trois hardis compères : Roitelet, Rouge-Gorge et l’amie l’Alouette. Le premier, Roitelet, toujours vif et remuant comme un petit Poucet, et fier comme Artaban, aperçoit dans les airs le beau feu, tel un grain de millet, qui roulait. Il fond sur lui, criant : « c’est moi ! je l’ai. C’est moi ! » Et les autres crient : « Moi ! Moi ! Moi ! » Mais déjà le Roitelet l’a happé au passage et descend comme un trait… « Au feu ! au feu ! il brûle ! » Telle bouillie bouillante, Roitelet le promène d’un coin de bec à l’autre ; il n’en peut plus, il bâille, et la langue lui pèle ; il le crache, il le cache sous ses petites ailes… « Ahi ! Ahi ! Au feu ! » Les petites ailes flambent… (As-tu bien remarqué ses taches de roussi et ses plumes frisées ?…) Rouge-Gorge aussitôt accourt à son secours. Il pique le grain de feu et le pose dévotement en son douillet gilet. Voilà le beau gilet qui devient rouge, rouge, et Rouge-Gorge crie : « J’en ai assez, assez ! mon habit est brûlé ! » Alors Alouette arrive, la brave petite m’amie, elle rattrape au vol la flamme qui se sauvait pour remonter au ciel, et preste, prompte, précise comme une flèche, sur la terre elle tombe, et du bec enfouit dans nos sillons glacés le beau grain de soleil qui les fait pâmer d’aise… 

J’ai fini mon histoire. Glodie caquette, à son tour. Au sortir de la ville, je l’ai mise sur mon dos, pour monter la colline... » (1)

-----

1. Romain Rolland. In Colas Breugnon. I. L'alouette de la Chandeleur. Librairie Ollendorff. 1919.

Classé dans : Poésie Mots clés : aucun
Fil RSS des articles