Christine Belcikowski

Publications 4

L'auteur des Mémoires du Diable !

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Ci-dessus : Frédéric Soulié, auteur des Mémoires du Diable, vu par un caricaturiste anonyme. Dessin à la mine de plomb.

En 1837-1838, la publication des Mémoires du Diable fait scandale. Ce roman de Frédéric Soulié serait un pousse-au-crime. Il inciterait les femmes à se débarrasser de leur époux lorsque celui-ci les encombre. Il aurait d'ailleurs inspiré le crime de Marie Fortunée Capelle, plus connue sous son nom d'épouse, Marie Lafarge. En 1847, alors qu'on mène la dépouille de Frédéric Soulié au Père-Lachaise, Alfred Nettement, député du Morbihan, déclare l'écrivain responsable du crime commis par Mme Lafarge, « sur le guéridon de laquelle on trouva les Mémoires du Diable ouverts quand on vint l’arrêter au Glandier. » (1)

Sur le dessin reproduit ci-dessus, le Diable souffle à l'oreille de Frédéric Soulié ses mémoires. Frédéric Soulié, lui-même, a les pieds fourchus et la queue du Diable. Le soulier sert de légende.

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Ci-dessus : frontispice des Mémoires du Diable. Imprimerie Jules Le Clere. 1876.

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Cf. Christine Belcikowski. Le roman vrai de Frédéric Soulié. II. À Paris. Chapitre 4. Les Mémoires du Diable et le crime de Madame Lafarge. Pages 63-66.

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Les images médiévales

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Des images médiévales, Jean-Claude Schmitt, historien, directeur d'études émérite à l'École des hautes études en sciences sociales, dit « qu'elles ont une valeur épiphanique : même les plus modestes d’entre elles sont des manières d’apparition, comme si le ciel s’ouvrait pour les donner à voir », et, dans le cas des images de culte ou de dévotion, « à vénérer ». Il consacre un bel article à ce type d'images dans le Bulletin du centre d’études médiévales d’Auxerre (1). Ci-dessous quelques extraits de l'article en question, choisis relativement aux sculptures qui ornent la maison des consuls à Mirepoix. Allez voir sur place !

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Les plans de l'image

[Les images médiévales] « s’inscrivent sur la surface de la page – dans le cas d’un manuscrit – ou du tableau, en une superposition de plans depuis l’arrière vers l’avant. Le spectateur n’y « entre » pas, c’est l’image qui semble venir vers lui. La disposition et la taille des personnages et des objets n’y sont pas soumises aux règles de la perspective. »

Images et arts de la mémoire

« [Jean-Philippe Antoine, philosophe, professeur d'esthétique et critique d'art], propose de rapprocher les images médiévales des artes memoriae. L’« art de la mémoire » consiste, premièrement, à associer mentalement chacune des idées dont on veut se souvenir à une « image » qui soit suffisamment frappante, voire scandaleuse, pour qu’on puise la retenir aisément ; deuxièmement, à placer toutes ces images dans un « théâtre » de la mémoire, un espace construit et ordonné dont il suffira ensuite de parcourir les différents lieux pour retrouver les images qui leur ont été affectées, et à travers elles les idées dont on aura besoin. »

À quoi servent les images ?

« L’image est un grand moyen d’expression idéologique, ce qui vaut pour le pouvoir ecclésiastique comme pour les pouvoirs séculiers. Cette fonction se trouve concentrée dans les débuts de l’art du portrait, qui bénéficie pour commencer aux souverains. Le portrait glorifie leur personne et leur pouvoir, enracine leur effigie dans le mémoire des hommes par-delà la mort, les hisse sur un pied d’égalité avec les saints qui seuls jusqu’alors, bénéficiaient d’une image individualisante. Il est remarquable que le visage soit, dans tous les cas, privilégié. C’est par lui et surtout par le regard que s’instaure un échange avec le spectateur du portrait.

Mais, à l’inverse du portrait, le masque se porte sur le visage, métamorphosant l’individu en un animal ou un être diabolique dont l’intrusion rituelle représente une rupture temporaire de l’ordre social. Le carnaval ou le charivari, mais aussi les gargouilles dont sont hérissés les murs extérieurs des cathédrales, témoignent à leur manière de l’extension considérable du monde médiéval des images. »

La musique des images

Il n’est pas nécessaire que les images représentent des musiciens, des chantres, ou des instruments de musique. Par l’alternance des couleurs vives, par le rythme de leur succession, par les formes contournées des personnages et des motifs végétaux, les images médiévales résonnent par elles-mêmes, par leurs seules caractéristiques formelles, à l’unisson des chants, des sonneries de cloches, et des accords instrumentaux qui animent toute la vie sociale et notamment rituelle de ces époques. Le rapprochement entre image et musique doit se faire au plan formel avant même d’évoquer l’iconographie explicite.

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1. Jean-Claude Schmitt. « Les images médiévales ». In Bulletin du centre d’études médiévales d’Auxerre. BUCEMA. Hors-série nº 2. 2008.

Qu'est-ce qu'un garde-pile ?

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Le mot garde-pile, ou gardapilla en occitan, désigne un local où l'on conserve le blé non encore vanné ; soit « une petite grange, dans plusieurs de nos départements de l'ancienne Guyenne », dit le Cours complet d'agriculture ou Nouveau dictionnaire d'agriculture publié en 1836. (1)

M. de Maurémont, qui, par attraction de l'occitan, utilise le mot garde-pile au féminin dans son traité d'Architecture rurale, « principalement destiné aux propriétaires du Midi », fournit les précisions suivantes : « La garde-pile est le lieu où l'on renferme le grain battu et mêlé encore avec sa balle, où quelquefois on remise les charrettes et les outils aratoires, et où l'on débarrasse le maïs de ses enveloppes, quand elles sont assez vastes et que l'on n'a point de hangar.

Une pareille garde-pile ne saurait être trop grande, et doit avoir une bonne porte charretière. Mais quand on a un hangar, et que la garde-pile est exclusivement consacrée à serrer le blé, on se contente d'une porte bâtarde de 3 à 4 pieds de largeur, et on la carrèle soigneusement. Dans l'un et l'autre cas, elle doit être crépie intérieurement et couverte d'un bon plancher à 8 ou 10 pieds de son aire, ce qui procure au-dessus un magasin. La garde-pile ne doit avoir d'autre porte que celle qui donne sur l'aire, et qui doit fermer solidement à clef. » (2)

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1. Cours complet d'agriculture ou Nouveau dictionnaire d'agriculture publié en 1836. Tome 11, pp. 367-368. Pourrat frères. Paris. 1836.

2. Cité à la même page dans le Cours complet d'agriculture ou Nouveau dictionnaire d'agriculture.

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Microhistoire et histoire globale

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Extrait de « La microhistoire globale : affaire(s) à suivre » de Romain Bertrand et Guillaume Calafat. 2019.

« Depuis près d'une décennie, l'expression « global microhistory » connaît chez les historiennes et les historiens, en particulier les modernistes anglophones, une fortune certaine. Riche de promesses, elle allie l'intérêt historiographique suscité par la microhistoire dans le courant des années 1980 au paradigme de l'histoire globale qui s'est imposé à compter des années 1990. S'agit-il, par ce mariage annoncé, d'octroyer une seconde jeunesse à la microhistoire en lui faisant accomplir un « tournant global » qu'elle aurait négligé ? Ou bien est-il question de donner un second souffle épistémologique à une histoire globale qui peine à clarifier ses frontières, ses objectifs et ses méthodes ? »

« Si la référence à la microhistoire reste parfois instrumentale, voire cosmétique, centrée sur quelques grands noms plus ou moins judicieusement associés à cette approche, l'expression « microhistoire globale » peut en revanche contribuer de manière positive à une relecture plus attentive des travaux microhistoriques, loin des caricatures paresseuses qui les conçoivent comme de simples monographies ou des études de cas biographiques.

Partant, il est progressivement admis que la microhistoire correspond moins à un ensemble de thématiques qu'à une affinité de méthodes tournées vers l'expérimentation, qu'il s'agisse du détourage de l'objet observé à la loupe, de la remise en question des grands paradigmes explicatifs, d'un dialogue étroit noué avec les sciences sociales, d'inventivité narrative, d'attention à la production des catégories et des contextes sociaux, ou encore de réflexivité quant aux focales de l'analyse.

Le « global » accolé à la microhistoire semble ouvrir une entreprise de clarification, non seulement des fondements intellectuels de l'entreprise micro-historienne, mais aussi de ses multiples réceptions. Le fait mérite d'être apprécié à sa juste valeur en un temps où certains, faisant étalage d'une hostilité de principe à l'encontre de tout ce qui leur paraît n'être que monographies de clocher et spécialisations étroites, ne jurent plus que par le veau d’or des big data.

À s'en tenir à la rhétorique de la taille des objets ou des enjeux, à vouloir à toute force et contre toute évidence réduire la démarche microhistorienne à une science ancillaire des détails ou des recoins, on trahit l'esprit d'un projet historiographique qui s'est pourtant beaucoup expliqué sur ses intentions et qui a largement fait la preuve de ses potentialités macrosociologiques autant que de sa capacité à nourrir le questionnaire anthropologique.

On se prive également de la possibilité de donner à l'histoire globale une armature épistémologique (tournée vers les science sociales) et une cohérence thématique (concernant les décalages sociaux du processus de « globalisation ») — et ce à l'heure où elle s'interroge elle-même, avec retard mais lucidité, sur le type de descriptions parfois iréniques et désincarnées qu'elle a pu engendrer.

Le caractère expérimental de la microhistoire a ceci de précieux qu'il permet justement d'éviter les linéarités et les téléologies, de pointer des détours et des discontinuités, de restituer des tâtonnements et des atermoiements. L'attention aux sources et la lecture lente des documentations permettent de faire droit, dans le récit, aux incertitudes des acteurs aussi bien qu'aux malentendus — souvent opératoires — qui résultent du caractère non pas aléatoire mais itératif de leurs interactions.

On devine tout le profit que peut tirer de cette position de méthode une histoire d'échanges au long cours dans lesquels interviennent quantité d'êtres et d'entités se modifiant à proportion des rapports qu'ils nouent. [...]. Le danger guette toujours d'une division du travail historien entre, d'un côté, les chercheurs spécialisés documentant de manière fouillée (et plus ou moins esseulée) des aspects du passé et, de l'autre, les architectes de grandes synthèses. »

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En 1822. Le château de Montauriol, dans l'Aude

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Ci-dessus : Montauriol à la fin du XVIIIe siècle. Carte Cassini.

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Ci-dessus : Montauriol aujourd'hui. Carte IGN.

Le 25 février 1822, Joseph Delort, huissier de Castelnaudary, entreprend de saisir un ensemble de biens constitué par la métairie de Bordeneuve à Saint-Michel de Lanès, la métairie de Peyrouti et le château de Montauriol, et la métairie de la Greize, ou Lasgreizes, à Payra. L'acte issu de cette saisie fournit une intéressante description du château de Montauriol, qui appartenait sous l'Ancien Régime à la famille noble de Nos, ou Denos, et qui est passé à la faveur de la Révolution aux mains des Anduze, famille d'agriculteurs devenus négociants, établis à Montauriol, à Saint-Michel de Lanès et à Chalabre.

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Ci-dessus : extrait du Catalogue général des gentilshommes de la Province de Languedoc de Henri de Caux, volume 1, diocèse de Mirepoix, p. 51. Victor de Nos, marié à Gabrielle de de Seigneuret de Loubens le 17 février 1751 à Narbonne, a été le dernier seigneur de Montauriol.

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