Christine Belcikowski

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Anne Antoinette de Belcastel. Un parcours de vie qui se dérobe. Première partie

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En 1768, après un échec relatif de sa carrière à Paris, Gabriel Mailhol, écrivain né en 1725 à Carcassonne, retourne dans son Languedoc natal. Le 12 août 1768, il épouse à Saint-Papoul Jeanne Faure. Le 29 juin 1769 à Saint-Papoul, Jeanne Faure met au monde Marianne Pétronille Mailhol, puis, le 21 octobre 1772, un fils qui meurt à peine ondoyé. Elle meurt à son tour le 3 décembre 1772.

Vingt ans plus tard, le 8 avril 1792 à Mirepoix, il appert de l'acte de baptême de Michel Etienne Pascal Antoine Jean Jacques Gaston, enfant issu du mariage de Marianne Pétronille Mailhol et de Raymond Gaston, que Gabriel Mailhol, en un lieu et à une date que l'on ne sait pas, a épousé en secondes noces Anne Antoinette de Belcastel. Celle-ci est la marraine du nouveau-né.

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« [Marraine], Dame Anne Antoinette Belcastel, épouse du Sieur Gabriel Mailhol, citoyen de Saint-Papoul et procureur de la commune, père de la Dame Gaston et aïeul maternel de l’enfant, laquelle en son absence a été représentée par Demoiselle Jeanne Hélène Mailhol, domiciliée à Mirepoix, grand-tante de l’enfant ». Archives dép. de l’Ariège. Mirepoix. Baptêmes, Mariages (1787-1792). Document 1NUM6/5MI665. Vue 196.

Un an plus tard encore, le 4 juin 1793, Gabriel Mailhol, « époux de Belcastel », meurt à Saint-Papoul.

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4 juin 1793. Acte de décès de Gabriel Mailhol. Archives dép. de l’Aude. Saint-Papoul (1792-1797). Document 100NUM/5E361/7. Vue 144.

Les deux actes reproduits ci-dessus constituent à ce jour les seuls témoins dont on dispose concernant le mariage de Gabriel Mailhol avec Anne Antoinette de Belcastel. J'ai cherché à savoir qui était Anne Antoinette de Belcastel.

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Élisabeth de Brugelles (1784-1871), ou l'exercice de la charité chrétienne à Castelnaudary

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Portrait de Jean Baptiste Delaveyne (1653-1719) à l'âge de cinquante ans. In Abbé Marillier. Histoire de Jean Baptiste Delaveyne : religieux de l'ordre de Saint Benoît, fondateur et supérieur général de la congrégation des Sœurs de la Charité et instruction chrétienne de Nevers. Victor Lecoffre, Libraire. 1890.

En 1680, alarmé par la grande misère dans laquelle le poids des impôts dus aux guerres de Louis XIV et le coût de l’entretien des troupes de passage ont plongé ses paroissiens, Jean Baptiste Delaveyne, prêtre et moine bénédictin, curé de Saint-Saulge dans la Nièvre, fonde dans sa paroisse, avec le soutien et la participation de quelques jeunes femmes pieuses, la communauté dite des Sœurs de la Miséricorde, « pour servir et médicamenter les pauvres, enseigner et catéchiser les petites filles, orner les églises ». On surnommera un temps ces jeunes femmes « Sœurs de la Marmite ».

En 1683, les Sœurs de la Miséricorde ayant été appelées à « servir et médicamenter » à l’hôpital de Nevers, le siège de la communauté se trouve déplacé dans cette ville. Les Sœurs de la Miséricorde prennent en conséquence le nom de Sœurs de la Charité et de l’Instruction chrétienne de Nevers.

Dans les années 1710, jouissant de la recommandation d’André Hercule de Fleury — languedocien de naissance, futur cardinal et ministre, alors aumônier du roi —, qu’elles ont soigné et sauvé, dit-on, de l’amputation (1), elles essaiment en Languedoc, entre autres à Mirepoix et à Castelnaudary.

Catherine Clotilde de Brugelles, native de Castelnaudary, entre le 26 septembre 1803 dans la congrégation des Sœurs de la Charité et de l’Instruction chrétienne de Nevers.

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An III-An XIII. Restitutions des bibliothèques saisies chez les condamnés et les émigrés de la Révolution française

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À la BnF, le tome XII des Archives des Dépôts littéraires comprend une collection de pièces relatives aux restitutions des bibliothèques saisies chez les condamnés et les émigrés de la Révolution française. Le volume ne fait l'objet d'aucune pagination.

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Frédéric Soulié. À propos des partis en France

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Ci-dessus : créé par Auguste Clésinger, buste de Frédéric Soulié, installé sur la tombe de l'écrivain au cimetière du Père-Lachaise, division 48.

Publié en 1841, le roman de Frédéric Soulié intitulé Les quatre Sœurs, est conçu, comme d'habitude chez nostre écrivain, sur le mode emboîté. L'auteur signale dans l'incipit qu'il entreprend de rapporter ce que lui a raconté son ami Félix Morland ; suite à quoi, il laisse la parole audit Félix Morland.

« Lorsque nous étions tous étudiants en droit (car quel homme étant aujourd'hui ministre, agent de change, homme de lettres, fabricant de bonbons, ou toute autre chose, n'a pas été en ce temps-là étudiant en droit ?), donc, à cette époque, comprise entre les années 1820 et 1824, il y avait parmi nous un jeune homme du nom de Félix Morland. Il était Normand, très bien pensionné par son père, et avait quelques prétentions à être gentillâtre... » (1)

Frédéric Soulié brosse à la suite à cette brève présentation un portrait dudit Félix Morland qui attire l'attention :

« Félix Morland était un homme de cinq pieds six pouces, très carré malgré sa maigreur, tant sa charpente osseuse était solidement construite. Il n'était ni beau, ni avenant, ni bien tourné, et la façon dont il s'habillait contribuait beaucoup à faire ressortir ses désavantages physiques. Un habit étroit, et boutonné jusqu'au cou accusait la protubérance anguleuse de ses omoplates, les poignets bien serrés des manches exhibaient dans toute leur énormité deux grosses mains rouges et noueuses. Le pantalon, aussi collant que le permettait l'irrégularité des formes, affichait des genoux prodigieusement cagneux ; et l'on ne concevait pas que des pieds si larges et si longs pussent être solidement attachés à des jambes si fluettes. La figure de Félix Morland était de la même famille que son corps. Deux petits yeux gris enfoncés sous d'épais sourcils blonds luisaient de chaque côté d'un nez protubérant et évasé, comme deux lampions au sommet d'un if, reste mourant d'une illumination officielle. Sa bouche replète et légèrement inclinée à gauche s'avançait sur un menton plat et carré, et le tout était couronné d'un hallier de cheveux crépus et poussés avec une telle vigueur et une telle profusion, qu'ils avaient usurpé la plus grande partie du front.

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Ci-dessus : Frédéric Soulié, tel que caricaturé dans le Panthéon charivarique (1851), dit aussi Panthéon Nadar, du nom de son auteur, Félix Tournachon (1820-1910), alias Nadar, l'illustre photographe, qui a été aussi un grand caricaturiste.

« Cependant, sous cet extérieur peu aimable, il y avait une bonhomie charmante, un caractère facile, une solide instruction, et, ce qui contrastait surtout avec sa personne, un cœur passionné, un esprit romanesque et enthousiaste, et un penchant décidé pour la guitare et les pastorales. »

Ne dirait-on pas d'un portrait de Frédéric Soulié itself ?

Il semble bien en effet que, quoique dit « Normand », ce Félix Morland soit un double de Frédéric Soulié, effectivement élevé et financièrement soutenu par son père, tenté en 1824 de se faire appeler Soulié de Lavelanet (2), et plus exactement, à bien lire, un double du Frédéric Soulié de 1841, comme Michel Meylan le sera du Frédéric Soulié de 1844 dans La Maison n° 3 de la rue de Provence (3).

« Ce n'est pas l'étudiant de 1823 qui parle dans ce récit, mais l'homme fait, à qui dix-huit ans de plus ont ôté beaucoup de cheveux et d'illusions, et prêté un peu d'embonpoint et d'expérience. »

Comme son Félix Morland, Frédéric Soulié a été étudiant en droit de 1820 à 1824 (4) ; il n'a pas été « Normand », mais il a fréquenté l'université de Rennes et il a été agent surnuméraire des contributions directes du département de la Mayenne (5) ; et « dix-huit ans de plus lui ont ôté, à lui aussi, beaucoup de cheveux et d'illusions, et prêté un peu d'embonpoint et d'expérience ».

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Ci-dessus : Anonyme. Attaque du Palais du Louvre le 29 juillet 1830. Musée Carnavalet.

Carbonaro en 1823 (6), insurgé durant les Trois Glorieuses de 1830 (7), Frédéric Soulié nourrit en 1841 la désillusion de ceux que les révolutions ont trahis :

« J'ai vu la restauration et les trahisons blanches, les trahisons tricolores, les lâchetés en guenilles, les lâchetés dorées. J'ai vu les apostasies des uns, les entêtements aveugles et forcenés des autres ; et enfin, pour couronner cette longue existence, j'ai assisté à cette énorme plaisanterie qu'on appelle la révolution de juillet. Ah ! sur ce chapitre j'en sais trop pour [...] craindre d'être dupe d'aucun parti. » (8)

Dans Les quatre Sœurs, Félix Morland, alias Frédéric Soulié, constate qu'il n'existe désormais en France point d'autre parti possible que celui des mécontents :

« Certes, je ne suis pas un révolutionnaire, mais je suis volontiers d’un parti qui tient essentiellement au caractère du peuple français. J’ai été, je suis et serai probablement toujours mécontent. Le mécontent est la racine de tous les partis en France, de quelque nom qu’ils s’affublent par la suite. La disposition naturelle de notre esprit est de ne pas vouloir ce qui est ; cette disposition, si niaise ou si méchante qu’elle puisse être, est du moins naturelle et consciencieuse.

Quand à savoir ce qu’on veut, c’est bien différent, on n’y regarde pas de si près ; c’est tout au plus si les têtes fortes des partis s’en sont quelquefois préoccupées ; et il est très probable que si ceux-là disaient exactement à ceux qui les suivent où aboutirait leur système en cas de réussite, les soldats abandonneraient bien vite les généraux. » (9)

Le propos de Frédéric Soulié ne semble-t-il pas en 2020 d'une actualité frappante ?

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1. Frédéric Soulié. Les quatre soeurs. Édition Michel Lévy. 1858.

2. Cf. Christine Belcikowski. Le roman vrai de Frédéric Soulié. II. À Paris. Chapitre 1 : « Melchior Frédéric Soulié carbonaro ». Amazon. 2019.

3. Cf. Christine Belcikowski. Le roman vrai de Frédéric Soulié. I. En Ariège. Chap. 14 : « De l'inquiétante étrangeté de l'imago maternelle chez Frédéric Soulié ». Amazon. 2019.

4, 5, 6, 7. Cf. Christine Belcikowski. Le roman vrai de Frédéric Soulié. II. À Paris. Chapitre 1 : « Melchior Frédéric Soulié carbonaro ».

8. Frédéric Soulié. Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait. Tome 1, p. 11. Édition Michel Lévy frères. Paris. 1858.

9. Frédéric Soulié, Les quatre soeurs, p. 35, édition Michel Lévy, 1858.

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Mariage de Pierre Faure et d'Angélique de Gouzens. Comme quoi il faut se méfier de la mauvaise lecture des registres paroissiaux

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Je cherchais dernièrement la date du mariage de Pierre Faure et d'Anne Angélique de Gouzens de Fontaines, fille du seigneur de Lafage, Aude. Les sites de généalogie disponibles sur le Web proposent tous la date suivante : « 30 janvier 1720, Lasbordes, Aude ». Certains donnent la date de la publication des bans : « 27 janvier 1720, Lafage, Aude ». J'ai voulu vérifier ces dates.

Surprise ! À Lasbordes, je n'ai pas trouvé ce mariage à la date du 30 janvier 1720, mais à celle du 5 février 1709.

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5 février 1709. Mariage de Pierre Faure et d'Angélique de Gouzens de Fontaines. AD11. Lasbordes. 1680-1765. Document 100NUM/5E192/1. Vue 60.

Trois enfants suivent : Pierre Faure, baptisé le 24 décembre 1709 ; Marianne Faure, baptisée le 15 septembre 1711 ; Jean Baptiste Faure, baptisé en mai 1717.

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24 décembre 1709. Baptême de Pierre Faure. AD11. Lasbordes. 1680-1765. Document 100NUM/5E192/1. Vue 62.

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15 septembre 1711. Baptême de Marianne Faure. AD11. Lasbordes. 1680-1765. Document 100NUM/5E192/1. Vue 68.

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Mai 1717. Baptême de Jean Baptiste Faure. AD11. Lasbordes. 1680-1765. Document 100NUM/5E192/1. Vue 48.

Je suis allée consulter ensuite le registre paroissial de Lafage, lieu de naissance d'Anne Angélique de Gouzens de Fontaines, afin de vérifier la date de publication des bans du mariage célébré le 5 février 1709 à Lasbordes...

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27 janvier 1709. Publication des bans de mariage de Pierre Faure et d'Anne Angélique de Gouzens de Lafage. AD11. Lafage. 1683-1792. Document 100NUM/AC184/1E1. Vue 50.

Maître Amiel, curé de Lafage, a consigné ces bans de mariage, non le 27 janvier 1720, mais le 27 janvier 1709 dans les pages dédiées à l'année 1709. Ladite publication toutefois, pour une raison qu'on cherche en vain, se trouve précédée du nombre 1720. Voilà où se situe la cause de la faute de lecture d'où procède qu'on prête à Pierre Faure et Anne Angélique de Gouzens de Fontaines une date de mariage erronée. Dans les registres paroissiaux, il faut se méfier de la lecture rapide.

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