Christine Belcikowski

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Basmala des jours qui passent

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Coran. Sourate 27 : An-Naml. Sourate des Fourmis. Verset 44.

Basmala des jours qui passent,
talisman du lierre et de l’hirondelle.
Quand, avisée par le cri de la huppe,
hup hup hup !
tu retourneras au bord des rivières
afin de te baigner dans des eaux nouvelles,
souviens-toi de Salomon et de la reine de Saba.
On lui dit :
— Entre dans le palais.
Elle vit,
elle crut à une eau profonde,
et elle releva sa robe.
Salomon alors de la dessiller :
— Ceci est un palais pavé de cristal.
L'avenir des rivières, dans nos rêves,
se pave aussi de cristal.
Pouvais-tu savoir jadis
que ton monde finirait changé
en palais d'illusion ?

Librement inspiré du verset 44 de la Sourate des Fourmis.

Aux bords...

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Aux bords du Doucctouyre, de l'Hers, ou d'ailleurs, j'ai publié divers textes auxquels je tiens. Les voici réunis sous le titre AUX BORDS... Vous pouvez, s'ils vous intéressent, les télécharger à l'adresse ci-dessous. Cliquez sur le lien qui vous va bien.

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AUX BORDS

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AUX BORDS

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AUX BORDS

Pour télécharger le fichier, cliquez sur l'icône cerclée de rouge :

bords3.jpg

Voici la table des matières :

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Écrire comme en rêve

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C’est au bord de la mer une ville
qui s’attarde au soleil couchant,
une ville installée dans des ruines antiques
sur lesquelles ont poussé une église,
une tour sarrasine.
Il y a eu jadis une guerre ici.

Au loin, dans la brume de mer,
une pyramide
dont la porte étroite
donne sur une galerie d'arcades.
Il y a eu jadis une guerre ici.

Paix des troupeaux,
qu’un berger, flanqué d’un enfant,
ramène au bercail.
L'enfant va muni d'un sac à dos rouge.
Vaches, moutons, chèvres,
paix des bêtes, sages, douces.
Il y a eu jadis une guerre ici.

Une vache rumine au pied des bergères.
Assises sur le quai de pierre,
elles trempent leurs jambes dans l’eau.
L’une est vêtue de bleu,
l’autre a sur sa blouse
un caraco rouge.
Il y a eu jadis une guerre ici.

Des pêcheurs débarquent
au pied des bergères
des paniers de poissons bleus.
Ils ont des chapeaux noirs,
qui ombrent leurs visages,
des chemises bleues aussi,
du bleu des poissons,
parfois une chemise rouge.
Il y a eu jadis une guerre ici.

Les bergères regardent,
posté sur un bloc de ruine
au pied duquel traîne, renversé,
un chapiteau corinthien,
un homme grand et fort,
quasi nu dans sa tunique blanche,
qui a sur la tête un casque à plumet,
au bras droit un bouclier tuile,
à la ceinture un poignard,
et aux pieds des caliges rouges.
Il y a eu jadis une guerre ici.

Débarqué, ou proche de rembarquer
sur une barque qu'on ne voit pas,
mais dans laquelle un autre homme,
couronné d'un turban,
se dresse, gardien du pilum,
le légionnaire ignore à ses pieds
un autre homme encore,
terrassé, dans son armure à écailles.
Il y a eu jadis une guerre ici.

Cet homme, grand et fort, pointe
du doigt
un bas-relief, détaché des ruines,
sur lequel on voit
des lances, des chevaux, des hommes,
tuniques fantômes,
ressurgies d'un temps plus ancien.
Il y a eu jadis une guerre ici.

Les bergères regardent l'homme,
point le doigt.
Les pêcheurs, eux non plus,
ne se soucient point du doigt.
La nave va.

Les racines et les troncs des arbres,
qu'on a coupés,
continuent d'envahir les ruines,
autres bêtes, de nature increvable,
hydres, d'annonce future.

Ut pictura poiesis... (1)

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C'est un tableau qui m'a inspiré ce texte. Devinez...

Mère et fils au bord de la mer

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Mère et fils au bord de la mer,
de Chine ou d’ailleurs,
comme c’était hier au bord de l’Hers,
comme c’est aujourd’hui sous l’œil des buildings
électriques,
oh ! la grande roue qui tourne là-bas,
sur l’île des plaisirs,
où nous avons vu les serpents
s’enrouler autour des stèles
des mandarins.
Aime sauter roches et marches,
mais caresse les dalles où le pied pose
bien plat
.
J’ai plongé dans la baie
pour voir pousser dans l’eau
noire
les coraux blancs.
On trouve des esquilles
de ce corail blanc
dans la rue, par terre,
au pied du temple champa.
Seul le voyageur étranger
se baisse
pour les ramasser.
La déesse Yan Po Nagar,
qui danse
au fronton du temple,
regarde plus loin.

Mère et fils au bord de la mer
regardent, plus près,
dans le fracas des lames
la tête d'un baigneur
qui disparaît,
puis revient,
puis disparaît encore...
Cấm bơi.
Baignade interdite,
dit un panneau sur la plage.
La mer est violente,
cette nuit.
Il se trouve que parmi les mortels,
certains aiment à exposer leur corps nu
       — nu —
au rire énorme
des flots
       — ou, γέλως θεοῖσιν,
       au rire inextinguible des dieux ?

Mère et fils au bord de la mer
ont dit de périssables choses,
parlé de tout et rien,
de la meilleure soupe,
de la meilleure bière et du meilleur café,
de la meilleure façon de se rendre là-bas
dans la montagne,
d'aller, venir, dormir, rêver,
de lire
       — quels livres ? —
d'écrire
       — quelle machine ? —
       — quelle police de caractères, qui sont comme des gentilshommes combattants ? —
de coder,
       — code is poetry —
de la solitude du Moi,
de l'étrangeté du Non-Moi,
       — ô mânes de Johann Gottlieb Fichte ! Le drame est sans fin —
de notre besoin de consolation,
qui est impossible à rassasier
.

Mère et fils au bord de la mer,
fantômes, que seule la nuit
entendait.

Arnaud de Mareuil. Amor de lonh, amor de prop. Insomnie et rêve

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Après un premier extrait du Salut d'Arnaud Mareuil intitulé Dona, genser qu'ieu no sai dir.., en voici un second, dans lequel le trobador développe un bel exemple de l'érotique courtoise. À l'adresse, dit-on, de la comtesse Azalaïs de Toulouse, fille de Raymond V, épouse de Roger II Trencavel, il évoque ici tour à tour les tourments d'amour dont il souffre durant ses insomnies, puis les jouissances qui lui viennent en rêve.

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Ci-dessus : à Burlats, pavillon, dit d'Azalaïs, ou d'Adélaïde. Azalaïs de Toulouse en avait fait sa résidence d'agrément et elle y entretenait une troupe de troubadours, dont Arnaud de Mareuil.

Comme chaque fois, après la reproduction du texte original, la traduction se veut la plus proche possible de l'original en question.

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Arnaud de Mareuil. Extrait de Dona, genser qe no sai dir. Vers 109 à 152. In Les saluts d'amour du troubadour Arnaud de Mareuil. Textes publiés par Pierre Bec. Édouard Privat, éditeur. Toulouse. 1961.

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Tout le jour je souffre cette bataille,
Mais la nuit j'endure un pire tourment :
Quand suis allé me coucher
Et que cuide quelque plaisir avoir,
Alors me tourne et me retourne et vire,
Pense et repense et puis soupire.
Et puis me lève sur mon séant,
Après m'en retourne m'étendre,
Et me couche sur le bras droit,
Et puis me tourne à senestre,
Me découvre soudainement
Puis me recouvre lentement.
Et quand me suis assez tourmenté,
Je mets dehors mes deux bras
Et tiens le cœur et les yeux, humblement baissés,
Mains jointes, vers le pays,
Où je sais, Dame, que vous êtes.
Je fais alors ce discours qu'ouïr vous pouvez :

Ah ! bonne Dame de belle essence,
Pourvu qu'il arrive que [moi] votre fidèle fin amans (1),
De son vivant, le jour ou le soir,
Ou en secret ou à loisir,
Puisse votre gentil corps gracieux et de belle prestance
Entre mes bras admirer, et baiser
Vos yeux et bouche si doucement
Qu'à lui seul un baiser m'en fasse pour cent
Et que puisse, moi, blêmir de joie par vous !

Là, j'ai [déjà] trop dit, mais ne puis dire plus
Car en une fois seulement j'ai parlé,
Alors que dans le cœur depuis longtemps j'y ai pensé.
Même si j'ai ici en cela trop dit, ne puis plus en dire.

Mes yeux fermant, je fais un soupir,
Et en soupirant, je vais m'endormant ;
Alors s'en vont mes esprits
Tout droitement, Dame, vers vous
Que de voir je suis languissant.
Tout ainsi comme je vous désire
La nuit et le jour, chaque fois que j'y songe,
De sa faim de vous il [le fin amans] vous fait hommage,
Embrasse et baise et maniotte.
Pour que dure ainsi ce que j'en ressens,
Ne voudrais être seigneur de Reims.
Plus voudrait jouir en dormant
Que veillant, de désir languir.

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1. Fin amans : adepte de la fin amor, i.e. de l'amour courtois, façon d'aimer sa ou son partenaire avec respect et fidélité, dans le but commun d'atteindre la jǫi (joie) et le bonheur.

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