Christine Belcikowski

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Cassiopée

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La clé de la porte
est dans le ciel
ô Cassiopée !
mais hélas elle ne tourne pas.
C’est toi qui tournes,
tête en bas, autour du pôle.
Alpha Ursae Minoris, l’étoile polaire,
n’a que faire de ton suspens lacté.
Tu as beau tendre tes bras vers ta fille Andromède,
ô Cassiopée !
elle n’a d’yeux, l’amoureuse, que pour son jeune et valeureux mari,
Persée, le fils de Zeus, qui usa un beau jour du pouvoir de Méduse
pour la sauver, elle,
exposée nue et blanche, sur un roc du rivage,
aux assauts luxurieux
d’un monstre surgi du fond des eaux.
Et Céphée, l’éthiopien, ton vieux mari à toi,
ô Cassiopée !
n’a point d’yeux, lui non plus, pour ta suspension clignotante.
Saint Georges, du côté de Silène,
point déjà aux lisières futures
et aussi la pucelle nouvelle,
Andromède à la fois même et autre,
et tant de ses pareilles, à venir chaque fois.
Mais toi, le temps t’éloigne,
et l’espace,
et ta solitude, tête en bas.

Promesse

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Promesse
Traduit de Juan Antonio Millón, in Sendas y divagaciones.

Cuánto corta una espada en un rendido
Quand taille une épée dans un vaincu (Garcilaso)

Sommes fissure dans l'écorce,
plante dans la ténèbre ardente,
songes qui furent en leur temps bons ou mauvais,
sève et lumière qui bataille dans l'âpreté.

Fentes par où filtre la voix, celle qui commande
à chacun, le matin, d'effacer ce qui a été
et d'oublier ce délire si terrible
et de montrer enfin sereine la pureté.

Pourra le rai de lumière plonger son trait féroce
dans le corps sans défense de qui souffre,
mais a lieu de renaître quiconque maintenant se tait

pénétré d'une vie qui lui inflige
cette blessure et qui en son cruel assaut
a voulu mettre à bas la promesse plus pleine.

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Promesa
Texte original de Juan Antonio Millón, in Sendas y divagaciones. 6 décembre 2019.

Cuánto corta una espada en un rendido (Garcilaso)

Somos una hendidura en la corteza,
vegetal en la tiniebla ardido,
sueños que a un tiempo mal y bien han sido,
savia y luz que batalla en la aspereza.

Grietas que prolongan la voz que reza
a un mañana que borre quien has sido
y olvide aquel delirio tan temido
y muestre al fin serena la pureza.

Podrá hundir el rayo su feroz tralla
en el cuerpo indefenso de quien pena,
pero ha de renacer quien ahora calla

transido de una vida que enajena
aquella herida que en su cruel batalla
quiso abatir la promesa más plena.

Classé dans : Poésie Mots clés : aucun

Images qui flambent

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Quelle voix parle dans l’image ?
D’où vient notre désir de voir
des images qui flambent ?
qui flambent d’amour
et de mort,
de guerre
et de paix,
de vide
et de plein,
de ciel
et de mer,
et de neige,
la neige alors sera blanche ou noire,
bleue ou rouge !
Quelle voix parle dans l’image ?
ils ne savent ni lire ni nager,
dit Platon,
mais, égarés,
seulement voir,
joie du corps,
tandis qu’en ce jour de nuées,
car c'est maintenant votre heure,
au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas.
Quelle voix parle dans l'image ?

Il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage

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Jean avait un vêtement de poils de chameau, et une ceinture de cuir autour des reins. Il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage.

Tiré des évangiles de Matthieu en 3:4 et de Marc en 1:6, ce verset a inspiré le Saint Jean Baptiste dans le désert de Jérôme Bosch.

bosch_saint_jean_1489.jpg

Jérôme Bosch. Saint Jean Baptiste dans le désert (~1489). Volet supérieur d’un retable d’autel. Musée Lázaro Galdiano, Madrid. Poésie de la méditation et mémoire de l'histoire des enfants de Dieu. Pour voir le tableau en grande résolution, cliquez ici, puis cliquez encore sur l'image ainsi obtenue.

I. Matthieu, chapitre 3, et Marc, chapitre 6

Jean avait un vêtement de poils de chameau, et une ceinture de cuir autour des reins. Il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage.

Tiré du Nouveau Testament, le verset reproduit ci-dessus fait écho à ceux des chapitres 10, 12 et 16 du livre de l'Exode, dans l'Ancien Testament.

II. Exode, chapitre 10

12 Le Seigneur dit à Moïse : « Étends la main sur le pays d’Égypte pour que viennent les sauterelles ; qu’elles montent sur le pays d’Égypte et qu’elles dévorent toute l’herbe du pays, tout ce qu’a laissé la grêle. »
13 Moïse étendit son bâton sur le pays d’Égypte, et le Seigneur fit lever sur le pays un vent d’est qui souffla tout ce jour-là et toute la nuit. Au matin, le vent d’est avait amené les sauterelles.
14 Des nuées de sauterelles montèrent sur tout le pays d’Égypte et se posèrent sur l’ensemble du territoire. Jamais auparavant et jamais depuis lors, il n’y eut une telle masse de sauterelles.
15 Elles recouvrirent tout le pays, qui en fut obscurci. Elles dévorèrent toute l’herbe du pays et tous les fruits des arbres épargnés par la grêle ; il ne resta rien de vert ni sur les arbres ni dans les prairies, par tout le pays d’Égypte.
16 Pharaon se hâta d’appeler Moïse et Aaron, et leur dit : « J’ai péché contre le Seigneur votre Dieu, et contre vous.
17 Et maintenant, je t’en prie : une fois encore, enlève ma faute. Priez le Seigneur votre Dieu, pour qu’il écarte de moi cette mort. »
18 Moïse sortit de chez Pharaon et pria le Seigneur.
19 Le Seigneur changea le vent d’est en un très fort vent d’ouest qui emporta les sauterelles et les précipita dans la mer des Roseaux. Il ne resta plus une seule sauterelle sur tout le territoire d’Égypte.

III. Exode, chapitre 12

1 Dans le pays d’Égypte, le Seigneur dit à Moïse et à son frère Aaron :
11 Vous mangerez ainsi : la ceinture aux reins, les sandales aux pieds, le bâton à la main. Vous mangerez en toute hâte : c’est la Pâque du Seigneur.

Exode, chapitre 16

13 Le soir même, surgit un vol de cailles qui recouvrirent le camp ; et, le lendemain matin, il y avait une couche de rosée autour du camp.
14 Lorsque la couche de rosée s’évapora, il y avait, à la surface du désert, une fine croûte, quelque chose de fin comme du givre, sur le sol.
15 Quand ils virent cela, les fils d’Israël se dirent l’un à l’autre : « Mann hou ? » Qu’est-ce que c’est ? car ils ne savaient pas ce que c’était. Moïse leur dit : « C’est le pain que le Seigneur vous donne à manger.
31 La maison d’Israël donna à ce pain le nom de « manne ». C’était comme de la graine de coriandre, de couleur blanche, au goût de beignet au miel.

En guise de commentaire

On a les sauterelles qu'on mérite.
Il y a du miel dans la Création.

Chacun reste libre de se figurer ici à quoi pense ou rêve, dans le désert, le Saint Jean de Jérôme Bosch.

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Ce désert-là n'est point, au vrai, aussi désert que l'on s'y attendrait. Dans un paysage peuplé d'animaux qui pourrait être celui du matin du monde, tel qu'au cinquième jour de la Création, le doigt du saint pointe vers l'agneau qui voisine au premier plan du tableau avec une racine, de forme vaguement humaine, dont on voit qu'après avoir forcé son chemin dans la pierre, elle a donné naissance à une plante de grande taille, porteuse de fortes épines et de fruits étranges.

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Profondeur de l'espace, allégorie de la profondeur du temps. Il y a eu, dans ce paysage du matin du monde, un sixième jour déjà, puisque, figuré en aval des animaux, Jean le Baptiste l'habite là maintenant sous nos yeux. Et il y a eu, au terme de l'histoire de la Création, l'avénement de l'Agneau déjà, l'Agneau qui vient sauver le péché du monde.

Chacun reste libre de se demander ici s'il y a un rapport, et lequel ? entre le mode de vie qui est celui de Jean le Baptiste au désert, et les préconisations issues de l'école de pensée qui aiguise aujourd'hui la critique de l'anthropocène.

Charles Addams. Le Styx

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addams_styx.jpg

The River Styx. Cartoon for The New Yorker, published November 7, 1953, with their copyright stamps and notations on verso. Watercolor, ink and wash on board. 305x343 mm; 12x13 1/2 inches, on 15x19 1/4-inch board. Signed Chas Addams, [Charles Addams], in lower left image. Cf. Christine Belcikowski. Styx et contrainte magique du serment. Le sort de l’écrivain.

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