En 1789, dans le même temps qu'il écrit La raison à la morne (1), Louis Antoine Léon de Saint-Just broche une courte pièce intitulée Arlequin Diogène. L'original autographe a été recopié et édité pour la première fois en 1907 dans La Revue bleue.
La scène représente le bord d'un bois ; Arlequin est dans un tonneau.
Seul, la tête hors du tonneau, Arlequin se plaint de ce que « depuis six mois Perette le promène par les langueurs d'une flamme incertaine. « De ce travers, dit-il, je puis la corriger, et pour venir à bout de l'entreprise, dans ce tonneau je m'en vais me loger. Là, d'un cynique arborant la sottise, je foule aux pieds l'amour et les plaisirs. Je jouirai de sa fierté trahie. »
«N'allez pas penser, remarque Saint-Just in fine, que tout ici n'est que pour s'amuser. » (2)
En avril 1789, Louis Antoine Léon de Saint-Just, vingt ans alors, se trouve recherché et menacé d'enfermement à la Bastille pour avoir fait imprimer Organt, un poème « lubrique » en vingt chants, inspiré par l'affaire du collier de la reine. Caché dans Paris, il profite du vide de ses journées pour écrire une nouvelle intitulée La raison à la morne [la morgue], et inspirée cette fois par la conclusion de l'affaire Kornmann.
Apprenant que sa femme le trompe sans vergogne avec Daudet de Jossan (1), homme de confiance du prince de Montbarrey (2), Kornmann, riche banquier alsacien, magistrat de Strasbourg, la fait enfermer. Loin de se repentir, la jeune femme porte plainte. Beaumarchais, son avocat, obtient sa libération. Le sieur Kornmann est déclaré « non recevable dans sa plainte en adultère rendue contre la dame son épouse et le sieur Daudet de Jossan ». Le vice de l'épouse l'emporterait ainsi sur la vertu de l'époux dans le climat délétère de la fin de l'Ancien Régime !
Le texte de La raison à la morne, resté inédit jusqu'en 1941, fait montre d'une orthographe très personnelle. Le voici, retranscrit dans une orthographe plus courante. Les lecteurs éventuellement curieux de l'orthographe originale la trouveront reproduite dans « Un inédit de Saint-Just : la Raison à la morne », un article de Bernard Vinot publié en 1991 dans les Annales historiques de la Révolution française(3).
Ci-dessus : Sous le règne de Dioclétien, près avoir refusé de tuer les habitants d'Octodure (Martigny, au nord des Alpes), qui avaient été convertis au christianisme par Saint Materne, Maurice d'Agaune, ou Saint Maurice, et les soldats de sa légion copte, sont massacrés par les autres légions romaines. Fresque non documentée.
En septembre 1769, le 7e régiment d'artillerie, dit Toul-Infanterie, se trouve déplacé à Grenoble. Membre de ce régiment, l'officier Pierre Ambroise Choderlos de Laclos réside dans cette ville jusqu'en 1775. Muté ensuite à Besançon, il y écrit Les Liaisons dangereuses, ouvrage inspiré, dit-on, par l'observation des mœurs de la haute société grenobloise. Sous-titrée « Lettres recueillies dans une société et publiées pour l’instruction de quelques autres », l'œuvre fait l'objet d'une publication en deux volumes en 1782 à Amsterdam, et elle se trouve distribuée à Paris, chez Durand neveu. Tout Paris s’entretient alors de l'œuvre en question, et l'autorité militaire, qui s'en émeut, déplace Laclos à la Rochelle, où celui-ci trouve en la personne de Marie Soulange Duperré l'amour de sa vie.