A Mirepoix – En la chapelle Sainte Marie, un concert du Rameau musical de Dun

 

Le Rameau musical de Dun donnait concert hier soir, en la chapelle Sainte Marie, à Mirepoix. Située à l’intérieur du palais épiscopal, cette chapelle a longtemps justifié du seul nom de chapelle « palatine ». Elle prend le nom de chapelle Sainte Marie au XIXe siècle seulement.

Philippe de Lévis, évêque de Mirepoix, maître d’oeuvre du palais épiscopal, empruntait un escalier intérieur pour se rendre à cette chapelle à partir de ses appartements, situés au second étage du palais. Il s’agit d’un bel escalier Renaissance, peuplé de putti et autres figures fantastiques, qui actuellement hélas ne se visite pas, en raison de l’actuelle désaffectation du palais, et pour cause aussi de délabrement. L’escalier jadis donnait accès à la chapelle par une porte « biaise », aujourd’hui disparue.

La chapelle présente diverses caractéristiques du style renaissant, dont Philippe de Lévis a été l’initiateur en Languedoc.

Ce sont ici les trompes d’angle, aménagées de part et d’autre de l’autel, i. e. les « portions de voûte tronquée, qui, prenant appui sur deux pans de mur qui forment un angle rentrant et formant ainsi support de la voûte en surplomb, permettent de changer de plan d’un niveau à l’autre » 1Cf. Trompe, en architecture.

 

Ce sont là les culs-de-lampe ornés de putti, qui supportent la retombée des arcs sous la voûte gothique.

Vendue à titre de bien national pendant la Révolution, la chapelle, au cours du XIXe siècle, passe successivement entre les mains de divers propriétaires privés. Elle doit à Pauline Croux, fondatrice de l’oeuvre des Virginies, le nom de chapelle Sainte Marie, et le décor peint ainsi que la terrasse surplombante, aménagée sur le mur du fond.

 

La peinture dont s’adornent les culs-de-lampe brouille malheureusement le relief de ces derniers. On distingue mal les motifs de putti, pourtant si caractéristiques du goût renaissant de Philippe de Lévis.

 

La chapelle conserve toutefois, sous la polychromie du XIXe siècle, la rigueur initiale de ses lignes. Les trompes d’angle, qui font valoir ici la solidité de la structure, illustrent ainsi, dans un espace enclos, situé au coeur d’un palais qui pèse de tout son poids de pierre sur la tête des fidèles, la force morale d’une architecture inspirée par la foi et mise au service de cette dernière. Le chant sacré bénéficie là d’une concentration et d’une sérénité d’écoute qui le servent admirablement.

Conduit comme toujours par Colette Autissier, le Rameau musical de Dun interprétait ce soir un ensemble de pièces empruntées de façon éclectique aux maîtres de chapelle de l’époque baroque, aux grands compositeurs de l’âge romantique, et à des modernes, d’inspiration plus modeste mais tout aussi sensible que celle de leurs illustres prédécesseurs.

 

Rondeurs de violoncelle dans l’interprétation des duos.

 

Accent tragique dans l’interpétation d’un solo.

 

Figure du choeur des anges, basses, alti, soprani chantent à voix concertantes, puis déploient sur le mode de l’isson, emprunté à la tradition byzantine, le frisson d’or de la Pure Présence.

 

Le Père Ottaviani, curé de Mirepoix, desservant de la chapelle Sainte Marie comme il l’est de la cathédrale, vient à la fin du concert saluer en ami l’assemblée. Il prie les musiciens de chanter pour lui, cette fois encore, le très beau Signora delle cime, oeuvre du compositeut italien Giuzeppe De Marzi, composée en 1958 après la mort d’un ami tombé en montagne. Dommage qu’il ne sorte pas son harmonica. Je l’ai déjà entendu, lors d’un mariage, jouer avec beaucoup de coeur sur cet instrument, le Jesus bleibet meine Freude, Jésus, que ma joie demeure, qui est le dixième mouvement de la cantate Herz und Mund und Tat und Leben (BWV 147) composée en 1723 par Jean Sébastien Bach à l’occasion de la fête de la Visitation de la Vierge Marie.

 

Su nel paradiso, su nel paradiso,
lascialo andare
per le Tue montagne…

Portée sur les ailes du chant, la prière dédiée par Giuzeppe De Marzi à son ami tombé en montagne valait aussi, l’autre soir, pour chacun de nous qui étions réunis au coeur de l’ancien palais épiscopal, sous la voûte armoriée de la chapelle Sainte Marie.

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