Quand le Rameau musical de Dun reçoit Marie-Lou Michaud

 

Colette Autissier, l’âme du Rameau musical de Dun, m’adressait il y a peu l’invitation suivante :
 » J’ai la chance de recevoir, à partir du 22 août, mon professeur de chant, Marie-Lou Michaud, une mezzo-soprano. C’est elle qui m’a fait découvrir mes possibilités vocales et qui m’a donné le goût du partage. Elle chantera seule, bien sûr, accompagnée par Pascale [pianiste du Rameau musical de Dun], nous chanterons toutes les deux, et je lui ferai aussi écouter ce que nous arrivons à faire au Rameau Musical. Une soirée intime, avec mes ami(e)s… « 

Je me suis rendue hier soir à l’invitation de Colette. Il y avait chez Colette autour de Marie-Lou Michaud toute l’équipe du Rameau musical de Dun, plus quelques pièces rapportées, dont Michel et Jeanine Lasvergnas, et Victor leur gendre, venus de Vals, et encore ma soeur Corinne et moi-même, venues d’Arvigna.

Ambiance riante, comme il sied à la campagne un soir d’été. La bonne humeur toutefois grésille ici d’un léger trac : il s’agit de montrer à Marie-Lou Michaud « ce que nous arrivons à faire au Rameau Musical« , prévient Colette. Audaces fortuna juvat. Ancienne élève du conservatoire Rachmaninov, formée à l’oratorio, à l’opéra, au récital, Marie-Lou Michaud mène de front une carrière de chanteuse soliste et de professeur. Elle est, depuis 2005, membre des Festes de Thalie, ensemble dédié à la musique baroque, qui se produit dans toute la France à partir de Thoiry en Yvelines.

 

 

 

Assise à côté d’Andrew, j’ai pu vérifier qu’il applique les conseils de Colette :  » il faut l’ouvrir ! la bouche, et le son !  » ((Cf. La dormeuse blogue : Le Rameau musical de Dun – Une répétition chez Colette)). Ils l’ouvrent tous. On voit et on entend qu’ils ne boudent pas leur Ouvert.

 

Assise à côté d’Andrew, je me trouvais donc à proximité des basses – « les hommes », dixit Colette. « Il faut résister à l’attraction des basses », remarquait-elle à l’intention des soprani lors d’une précédente répétition ((Cf. Ibidem.)). Difficile. Ils sont craquants ! Et ils l’ouvrent dans le Salve !, façon trombonne ! On se régale.

 

Colette soulève ici l’ensemble du choeur, et la passion de la musique s’emporte, telle un fluide qui déferlerait soudain dans les corps et les coeurs, ainsi mystérieusement confondus. Seule l’eau du miroir demeure étale, adonnée seulement à sa réflexion immobile.

 

J’adore les fioritures et autres chantournures du baroquissime Alleluia de Nicolas Bernier. Je suis comme une midinette. Cet Alleluia, chaque fois que je vais écouter le Rameau musical de Dun, je l’attends, ou plutôt je l’espère.

Il s’agit d’une pièce horriblement difficile, à la fois dans la tessiture et dans l’ajustement concertant. Anne et Colette s’y risquent – quel charme ! – avec la volubilité de deux oiseaux. La pièce comporte trois mouvements. Le premier est tout de cristal. Girandoles d’Alleluia ! Le deuxième, plus court, empreint d’émotion douloureuse, décline la requête de l’Ora pro nobis. Le troisième exulte à nouveau. Les Alleluia ! s’envolent, et, pour finir, les voix se fondent, réunies par la même joie. Ce morceau est une pure merveille. Colette aime à faire revivre ainsi des compositions oubliées.

 

Avant de nous offrir un court récital, Marie-Lou chante en duo avec Colette le Panis angelicus de César Franck. C’est là un moment de grâce, dont Colette rêvait, nous a-t-elle dit, depuis des années !

 

En soliste, couronnement de la soirée, Marie-Lou Michaud chante pour nous deux Lieder dédiés à l’amour et à la Sehnsucht, puis une mélodie de Reynaldo Hahn. Puissance vocale, richesse du timbre, intériorité du jeu, tout ici étonne et suscite l’admiration en même temps qu’une émotion difficile à dire, comme d’un violoncelle dont s’ébruiterait l’âme. La voix est en quelque sorte l’âme du monde. Je me trouvais habitée par cette pensée lorsqu’après avoir avoir pris congé de Marie-Lou Michaud, de Colette et de ses amis, je suis repartie sur notre petite route de campagne, dans le silence de la nuit.

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