Outre qu’elle rafraîchit les corps torréfiés par l’été, la rivière fait aussi délicieusement peur. Les monstres de l’enfance, au bord de l’eau, renaissent. L’autre rive d’ailleurs, celle de la montagne, est infestée de sangliers, et en regardant bien, on voit leurs yeux qui brillent dans le feuillage. Elle grouille aussi de vipères. Ce sont les parents qui autrefois nous l’ont dit.
Je remarque aujourd’hui que les rives de la rivière sont étroitement surveillées par un peuple de sorcières et de sorciers. Ils ne parlent pas, ils ne bougent pas, mais ils sont là, ils vous observent. Ils se tiennent dans les tas de bois, les pierres, ou suspendus aux branches des arbres. Parfois même, ils marchent sur l’eau. Parfois aussi, un visage paraît dans la terre, juste avant la nuit.
Où allons-nous ?
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Heures fantasques au bord de l’Hers
ces photos sont particulièrement évocatrices du monde imaginaire pourtant facile à décrypter si l’on sait seulement « regarder ». très beau !
Aristote dit de l’être, i. e . de « ce qui est », qu’il est de trois façons à la fois mêmes et autres : « le réel, le possible et l’imaginaire ». Ce qui est dans l’instant présent comprend donc à la fois ces trois modes. L’imaginaire ainsi fait partie de la vérité de l’instant. J’ai plaisir à me remémorer, dans la splendeur de l’été, cette observation d’Aristote.
Amitiés à toi Anne-Marie
Christine
Une femme mystérieuse
Dont la beauté trouble mes sens
Se tient debout, silencieuse,
Au bord des flots retentissants.
[…]
Caerulei oculi, in Emaux et camées, Théophile Gautier, 1852, édition Didider.