La dormeuse blogue

Choses vues, choses lues, choses rêvées…

Quand le Rameau musical de Dun chante à Vira

Dans la plaine les baladins s’éloignent au long des jardins…
Ils ont des poids ronds ou carrés des tambours des cerceaux dorés…

C’était hier soir à la salle des fêtes. Fin mai, après une belle journée, la campagne berce des senteurs d’herbe, de rivière, de fleurs. Portes grandes ouvertes, la salle se livre toute entière à cet afflux vivifiant. Avant de rejoindre le choeur, Andrew, comme d’habitude, a son moment de rêverie, entendez, son moment de cornemuse. Il joue, cette fois-ci, de la petite cornemuse, – sans doute sa cornemuse d’été. Pendant ce temps, Colette Autissier, la maîtresse de choeur, s’affaire en coulisse aux derniers préparatifs. Puis elle paraît, annonce la couleur, l’oeil en coin, et appelle le choeur. Au mois d’avril, dans la petite église de Bensa, le Rameau musical de Dun donnait un concert de musique sacrée. Ce soir, à Vira, autre couleur : il s’agit de musique légère, de chansons, centrées autour du thème des métiers. Que la fête commence ! La surprise est au rendez-vous.  

Il y a d’abord la magie de l’éclairage fluo, façon music-hall. Et le swing ! Regardez, comme la musique balance bien !  

Il y a Colette, et Christine, et Domi, et Joëlle, et le groupe des soprani aux voix de cristal.

Il y a Jocelyne, Andrew et Archie, Sébastien, Anne, et les autres, – tous les amis saltimbanques, que l’on verra au fil des images ci-dessous.

Il y a les accessoires poétiques, rigolos ; les jeux de scène qui pétillent.

"C’est la Dé-e-sse" ! chantent à grande voix deux pêcheur cinghalais. Pas de panique : c’est Jean et Sébastien qui interprètent de façon bouffonne un air des Pêcheurs de perles de Bizet. 

Projetées sur un écran à gauche de la scène, des images ponctuent de leur note fantasque la couleur endiablée du programme. 

Le choeur jongle, sur une musique d’Antonio Saliéri. Le cerceau vole de main en main.  Ils ont des poids ronds ou carrés des tambours des cerceaux dorés

Anne, en gantière, taquine ici le bottier, alias Sébastien, dans un air de La Vie Parisienne d’Offenbach.

"C’est alors que Picasso qui passait par là comme il passe partout chaque jour comme chez lui voit la pomme et l’assiette et le peintre endormi. Quelle idée de peindre une pomme, dit Picasso, et Picasso mange la pomme et la pomme lui dit Merci et Picasso casse l’assiette et s’en va en souriant". C’est du Prévert, même s’il n’y a pas de raton laveur. Ici, il y a Jean. Jean, c’est Picasso qui passe par là. Il croque la pomme, tranquille, et il s’en va. 

Christian, qui est à l’accordéon et au clavier, dédie une larme pour rire (?) au bouquet  dont on lui a fait la malicieuse surprise. 

So, I am a bachelor, I live with my son and we work at the weaver’s trade. And every single time that I look into his eyes He reminds me of that fair young maid. He reminds me of the wintertime And of the summer, too, And of the many, many times that I held her in my arms Just to keep her from the foggy, foggy, dew…

Danielle et Colette, à qui l’on donnerait le Bon Dieu sans confession, ont chanté aussi, d’une voix candide, des chansons coquines. Voyez ci-dessous, dans La Biaiseuse, et dans Elle vendait des p’tits gâteaux, les deux belles rieuses :  

"Elle était pâtissière, dans la rue du Croissant, ses gentilles manières…"

Et maintenant, volés à la magie de l’instant, quelques moments de grâce pure :

Isabelle avec Sébastien interpréte Le chant du Gardian. "Ladia, quand il reviendra, Ladia, il vous sourira, Ladia, puis il vous prendra dans ses bras. Votre cœur dira oui, par mégarde…"

"… et Picasso casse l’assiette et s’en va en souriant, et le peintre arraché à ses songes comme une dent se retrouve tout seul devant sa toile inachevée". C’est toujours du Prévert, même s’il n’y a pas de raton laveur. Le peintre, c’est la jeune maman blonde, qui débute au théâtre, son bébé sur le dos.

Soutenues par le choeur des femmes, Sophie et Colette chantent Le Vieil Horloger. "Il faut vivre avec son temps", dit la chanson.

Il vient toujours trop tôt, le moment du dernier morceau… C’est sur cet air de Daniel White que les chanteurs du Rameau musical de Dun ont pris congé du public de Vira. Dans la plaine ils se sont éloignés au long des jardins. La nuit était belle, fraîche tout à coup comme un verre de menthe. Passé minuit, sur la route obscure on croise des lapins. 

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dans: Ariège, art.

1 commentaire au sujet de « Quand le Rameau musical de Dun chante à Vira »

  1. Martine Rouche

    Les photos sont magiques, pleines de lumière, de poésie et de rires. Ton texte, comme toujours, est rempli d’amitié pour ceux que tu es allée écouter.
    Tu es une fée.

  2. colette autissier

    Chère Christine, bonsoir. Après avoir remis en état, matériel et partition et pris un peu de repos, j’ouvre votre magnifique commentaire sur notre soirée. Merci beaucoup. Et si vous avez croisé des lapins, au retour, le public lui, ne nous en pas posé un, et nous en avons été très heureux!!!
    Encore merci – à bientôt – Amitiés – colette

  3. moras christine

    merci pour ce magnifique article plein de poesie comme toujours. J’espere que le public a pris autant de plaisir que nous, car pour nous ce fut un concert magique. Nous avons ete transportes par toute la poesie de ces textes et de ces merveilleuses musiques.

    merci encore et a bientot
    christine

  4. La dormeuse

    Le public, je crois, a passé une soirée formidable. J’ai beaucoup aimé ce moment de vie, de couleur, de liesse. J’ai redoublé mon plaisir en écrivant l’article.
    Merci à vous tous, amis saltimbanques.