Christine Belcikowski

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Vu par Georg Wilhelm Friedrich Hegel et par Michel Foucault, le Neveu de Rameau

Rédigé par Belcikowski Christine Aucun commentaire

En la personne de Jean François Rameau, Hegel et Michel Foucault ne s'intéressent pas à l'homme historique, mais au personnage que Diderot met en scène dans Le Neveu de Rameau et qui s'y trouve désigné par le pronom « Lui ».

1. Hegel et le Neveu de Rameau

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Ernst Ludwig Riepenhausen (1762-1840). Portrait de Georg Wilhelm Friedrich Hegel (1770-1831). Deutsche Fotothek. Universitätsbibliothek Leipzig.

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Une partie Russe. Estampe anonyme éditée à Paris chez Martinet, Libraire, rue du Coq ; recueillie in Collection de Vinck, Un siècle d'histoire de France par l'estampe, 1770-1870. Vol. 62.

Durant l'automne 1806, tandis que les troupes napoléoniennes marchent sur la Thuringe, Hegel travaille à la rédaction de sa Phénoménologie de l'esprit. L'ouvrage est publié en mars 1807. La défaite l'armée prussienne à Iéna le 14 octobre 1806, puis celle de l'armée russe à Friedland le 14 juin 1807, suivie les 7 et 9 juillet 1807 par la signature des traités de Tilsit, marque la fin de la guerre de la Quatrième Coalition européenne contre la France. La Prusse doit abandonner la moitié de ses territoires au profit d’États placés sous la tutelle française. Hegel voit alors en Napoléon, « fondateur de la paix en Europe », promoteur de réformes et de constitutions, une figure de la raison, ou de « l'esprit » qui advient depuis toujours dans l'histoire du monde et qui touche désormais à sa fin initiale.

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François Georgin (1801-1863). Bataille d'Iéna. Gravure sur bois en couleur. Pellerin, Imprimeur-Libraire. Épinal (Vosges). 1834.

« J'ai vu l'Empereur — cette âme du monde — sortir de la ville pour aller en reconnaissance ; c'est effectivement une sensation merveilleuse de voir un pareil individu qui, concentré ici sur un point, assis sur un cheval, s'étend sur le monde et le domine » (1)

À partir de ce moment historique — « l'Histoire est le devenir qui sait et se fait savoir en s'intermédiant » —, Hegel s'interroge sur ce qui fait de Napoléon un héros de l'histoire moderne, et, au titre de l'universalité de la raison, « une âme du monde ». Il voit en l'Empereur une figure consciente de sa liberté et de sa puissance tranformatrice, par là rendue capable d'achever la Révolution française en en liquidant les contradictions, assurant ainsi l'ouverture d'horizon dont celle-ci a besoin pour promouvoir à l'échelle de l'histoire humaine le règne de la Raison, autrement dit celui de l'Esprit ou de l'Absolu.

À la figure de Napoléon, moteur de la Révolution qui vient, s'oppose dans la Phénoménologie de l'esprit, celle du Neveu de Rameau, témoin de la « conscience déchirée » propre à ceux que leur destin condamne à demeurer tout à la fois les victimes et les augures d'une Révolution qui ne vient pas. « Triste, obscur, et tranché comme le Destin, tel est notre patron » (2), dit le Neveu de Rameau de lui-même et des gueux qui lui ressemblent. Mais capable aussi de « l'éclat de rire méprisant » de ce même Destin, dit Hegel quant à lui.

« Le déchirement de la conscience, qui est conscient de lui-même et qui s'exprime [comme on voit chez le Neveu de Rameau], est l'éclat de rire méprisant sur l'existence, aussi bien que sur la confusion du tout et sur soi-même ; et ce rire est en même temps l'écho déclinant qui peut encore s'entendre de toute cette confusion. » (3)

S'agit-il, dans le cas du Neveu de Rameau, du cas de l'homme chez qui nature et raison, nécessités de la survie et liberté de juger, se contrarient au point de lui en faire « Destin » ? Hegel en tout cas l'entend ainsi, qui parle de la « conscience déchirée ».

Obligé pour vivre de se louer dans les maisons riches — qu'il exècre pourtant —, ou encore de se produire dans les cafés — qu'il préfère, on s'en doute —, le Neveu du grand Rameau ne trouve à satisfaire son désir de reconnaissance autrement qu'en entrant là, de façon certes assumée, mais surdéterminée car attendue, dans le rôle du bouffon.

« Le contenu du discours que l'esprit tient de et sur lui-même est [dans le cas du Neveu de Rameau] l'invertissement de tous les concepts et de toutes les réalités, la tromperie universelle de soi-même et des autres, et c'est précisément pour cela que l'impudence qu'il y a à énoncer cette tromperie est la plus grande vérité » (5), observe Hegel.

« Ce discours est [dans le cas toujours du Neveu de Rameau] « l'extravagance du musicien dérangé qui — Hegel cite ici Diderot litteraliter — entassait et brouillait ensemble trente airs italiens, français, tragiques, comiques, de toutes sortes de caractères ; tantôt avec une voix de basse-taille il descendait jusqu'aux enfers, tantôt s'égosillant et contrefaisant le fausset, il déchirait le haut des airs, successivement furieux, radouci, impérieux, ricaneur » (6).

À la conscience tranquille — celle du riche Monsieur Bertin et de Mademoiselle Hus, sa maîtresse (7), ou celle des habitués du café de la Régence  — qui place d'honnête façon la mélodie du bien et du vrai dans l'égalité des tons, c'est-à-dire dans une seule et même note, ce discours apparaît comme « un galimatias de sagesse et de folie, comme un mélange d'habileté autant que de bassesse, d'idées justes et alternativement fausses, d'une perversité si générale de sentiments, d'une turpitude si complète, et d'une franchise si peu commune. Elle ne pourra refuser d'entrer dans tous ces tons et de parcourir de haut en bas toute l'échelle des sentiments, depuis le rejet et le mépris le plus profond jusqu'à la plus haute admiration et émotion ; dans celle-ci sera fondue une teinte de ridicule qui les dénature ; tandis que les premiers sentiments auront dans leur franchise même une teinte réconciliante, auront dans leur bouleversante profondeur ce caractère tout-puissant qui se donne à lui-même l'esprit. » (8)

Ce qui se révèle en conséquence dans le « discours » extravagant du bouffon, c'est, sous l'espèce de la « tromperie universelle de soi-même et des autres », la plus grande vérité » du moment, dixit Hegel, à savoir ici le fatum du processus d'aliénation qui se déploie dans la relation du maître à l'esclave et de l'esclave au maître.

C'est toutefois selon Hegel l'esclave, et lui seul, qui, obligé par la peur de mourir de sa condition, peut devenir l'agent de la révolution historique. Le vrai Jean François Rameau n'atteignait pas à ce degré de peur ; il s'est retiré dans la maison des Bons Enfants où il est mort tranquillement en 1777 (9). Le Neveu de Rameau, tel que revu et corrigé par Diderot, n'y atteint pas non plus :

« LUI. — Il est cinq heures et demie, j’entends la cloche qui sonne les vêpres de l’abbé de Cannaye (10) et les miennes. Adieu, monsieur le philosophe : n’est-il pas vrai que je suis toujours le même ?
MOI. — Hélas ! oui, malheureusement.
LUI. — Que j’aie ce malheur-là encore seulement une quarantaine d’années... »

Mais le Neveu de Rameau, tel que le comprennent Diderot et après lui Hegel, termine son « discours » par l'augure suivant : « Rira bien qui rira le dernier ! »

2. Michel Foucault et le Neveu de Rameau

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[Paul] Michel Foucault (Poitiers, 1926 — 1984, Paris).

En 1961, après avoir poursuivi des études de psychologie et de philosophie, Michel Foucault soutient pour l'obtention d'un doctorat de philosophie une thèse intitulée Folie et déraison : histoire de la folie à l'âge classique. Publiée la même année à la Librairie Plon, cette thèse fait l'objet d'une nouvelle publication en 1964, dans une version abrégée intitulée Histoire de la folie à l'âge classique (11).

Dans son Histoire de la folie, Michel Foucault fait du Neveu de Rameau une figure emblématique de la folie qui, après le grand renfermement auquel l'aurait condamnée un XVIIe siècle voué aux diktats du « bon sens, chose du monde la mieux partagée » dixit Descartes (12), serait réapparue au XVIIIe siècle dans le domaine du langage, de certaine littérature tout au moins, « où il lui était permis de parler à la première personne et d’énoncer, parmi tant de vains propos, et dans la grammaire insensée de ses paradoxes, quelque chose qui avait un rapport essentiel à la vérité. » (12)

Concernant chez le Neveu de Rameau le rapport de l'esprit à la vérité, Michel Foucault reprend d'évidence la leçon historique de Hegel. Mais là où Diderot parle d'un personnage baroque, i.e. qui se montre « bizarre » ou d'une fantaisie exagérée, et dont la conduite, qui s'écarte de l'usage, provoque l'étonnement ; là où Hegel parle d'une « conscience déchirée », en quoi se manifeste « la plus grande vérité » du temps qui est le sien ; Michel Foucault quant à lui, chargeant la barque, parle d'un « fou », qui, certes, a conscience de sa folie, mais qui met à nu dans sa folie, outre la vérité du temps : comme tout animal humain, en vertu de son animalité, le gueux a faim, « la vérité de l'homme dans la retombée de son humanité »  (13).

C'est ainsi du moins que Michel Foucault comprend, semble-t-il, le moment de la pantomime par où le Neveu de Rameau se laisserait reconduire à « la vérité de l'homme dans la retombée de son humanité », autrement dit au statut de l'automate (14), comme on voit dans la manifestation sidérante de la seule expressivité de son corps-machine.

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Diderot, Le Neveu de Rameau. Hirsch, dessinateur, Henri Joseph Dubouchet (1833-1909), graveur. Lyate, édition. Paris. 1875.

« Et puis vous voyez bien ce poignet, il était roide comme un diable ; les dix doigts, c’étaient autant de bâtons fichés dans un métacarpe de bois, et ces tendons c’étaient de vieilles cordes à boyau, plus sèches, plus roides, plus inflexibles que celles qui ont servi à la roue d’un tourneur ; mais je vous les ai tant tourmentées, tant brisées, tant rompues ! Tu ne veux pas aller ? et moi, mordieu ! je dis que tu iras, et cela sera…

Et tout en disant cela, de la main droite il s’était saisi les doigts et le poignet de la main gauche, et il les renversait en dessus, en dessous ; l’extrémité des doigts touchait au bras, les jointures en craquaient ; je craignais que les os n’en demeurassent disloqués.

MOI. — Prenez garde, lui dis-je ; vous allez vous estropier.

LUI. — Ne craignez rien, ils y sont faits : depuis dix ans je leur en ai bien donné d’une autre façon ! Malgré qu’ils en eussent, il a bien fallu qu’ils s’y accoutumassent, et qu’ils apprissent à se placer sur les touches et à voltiger sur les cordes : aussi à présent cela va, oui, cela va…

En même temps il se met dans l’attitude d’un joueur de violon ; il fredonne de la voix un allegro de Locatelli, son bras droit imite le mouvement de l’archet, sa main gauche et ses doigts semblent se promener sur la longueur du manche : s’il fait un faux ton, il s’arrête, il remonte ou baisse la corde ; il la pince de l’ongle, pour s’assurer si elle est juste ; il reprend le morceau où il l’a laissé. Il bat la mesure du pied, il se démène de la tête, des pieds, des mains, des bras, du corps, comme vous avez vu quelquefois, au concert spirituel, Ferrari ou Chiabrau ou quelque autre virtuose dans les mêmes convulsions, m’offrant l’image du même supplice, et me causant à peu près la même peine ; car n’est-ce pas une chose pénible à voir que le tourment dans celui qui s’occupe à me peindre le plaisir ? Tirez entre cet homme et moi un rideau qui me le cache, s’il faut qu’il me montre un patient appliqué à la question.

Au milieu de ces agitations et de ces cris, s’il se présentait une tenue, un de ces endroits harmonieux où l’archet se meut lentement sur plusieurs cordes à la fois, son visage prenait l’air de l’extase, sa voix s’adoucissait, il s’écoutait avec ravissement ; il est sûr que les accords résonnaient dans ses oreilles et dans les miennes ; puis remettant son instrument sous son bras gauche de la même main dont il le tenait, et laissant tomber sa main droite avec son archet : — Eh bien ! me disait-il, qu’en pensez-vous ?

MOI. — À merveille !

LUI. — Cela va, ce me semble ; cela résonne à peu près comme les autres…

Et aussitôt il s’accroupit comme un musicien qui se met au clavecin.

MOI. — Je vous demande grâce pour vous et pour moi. » (15)

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Diderot. Le Neveu de Rameau. Éditions de L'Abeille d'or. T. Rombaldi Éditeur. 1927. Fondée par Toussaint Rombaldi (1885-1938) dans les années 1920, spécialisée dans la bande dessinée à partir de 1970, radiée du registre du commerce en 1996, la maison Rombaldi avait son siège social au nº 184 du Boulevard Saint-Germain (Paris (VIIe), dans un hôtel particulier construit en 1878 par l'architecte Édouard Leudière pour la Société de géographie, immeuble orné en façade d'un globe terrestre et de deux cariatides, représentant La Terre et La Mer, sculptés par Émile Soldi. La maison Rombaldi est passée en 1974 sous le contrôle de La Redoute, et en 1988 sous celui de la maison Hachette.

Au regard peut-être d'un tel épisode, Michel Foucault déclare que « de l’homme à l’homme vrai, le chemin passe par l’homme fou ». « Cette structure anthropologique à trois termes — l’homme, sa folie et sa vérité — s’est substituée à la structure binaire de la déraison classique (vérité et erreur, monde et fantasme, être et non-être, Jour et Nuit) (16). On sait par l'excipit des Mots et des choses que selon Michel Foucault, « l'homme est une invention dont l'archéologie de notre pensée montre aisément la date récente. Et peut-être la fin prochaine.

Si ces dispositions venaient à disparaître comme elles sont apparues, si par quelque événement dont nous pouvons tout au plus pressentir la possibilité, mais dont nous ne connaissons pour l'instant encore ni la forme ni la promesse, elles basculaient, comme le fit au tournant du XVIIIe siècle le sol de la pensée classique, – alors on peut bien parier que l'homme s'effacerait, comme à la limite de la mer un visage de sable. » (17)

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David Letellier. Installation. Exposition Digital Choc. Tokyo. 2017.

Si la structure anthropologique à trois termes — l’homme, sa folie et sa vérité — aujourd'hui ou demain disparaissait, et si par suite la figure de l'homme s'effaçait, alors il n'y aurait plus lieu de s'inquiéter du chemin qui mène de l’homme à l’homme vrai en passant par l’homme fou, car il n'y aurait plus de chemin du tout. Entrerions-nous alors dans l'ère du post- ou du transhumanisme, celle des « machines désirantes » (18) ou encore dans celle des « automates neuronaux » (19) ?

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1. Hegel. Correspondance. Tome I : 1785-1812, p. 114. Traduction Jean Carrère. Gallimard. 1962.

2. Diderot. Le Neveu de Rameau. Édition Charles Asselineau. Poulet-Malassis. 1862.

3. Hegel. Phénoménologie de l'esprit, 472. Traduction Jean-Pierre Lefebvre. Aubier. 1991.

4. Diderot. Le Neveu de Rameau. Édition Charles Asselineau. Poulet-Malassis. 1862.

5. Hegel. Phénoménologie de l'esprit, 469.

6. Ibid.

7. Auguste Louis Bertin de Blagny (1725-1792), trésorier des parties casuelles, a entretenu richement et encouragé de toutes les façons possibles la carrière naissante de Mademoiselle Hus, comédienne débutante, entrée le 21 mai 1753, à l'âge de 19 ans, au Théâtre Royal. Afin d'offrir un rôle à Mademoiselle Hus, Monsieur Bertin a financé au Théâtre Royal la réception et les représentations de Paros, première pièce de Gabriel Mailhol.Cf. Christine Belcikowski. À Paris, au XVIIIe siècle, difficile réception de l’œuvre de Gabriel Mailhol, dramaturge et romancier audois. Gabriel Mailhol, qu'on tenait alors pour un écrivain raté, a rencontré et connu chez Monsieur Bertin le neveu de Rameau, musicien qu'on tenait lui aussi pour raté. Faute de pouvoir obtenir à Paris la reconnaissance souhaitée, Jean François Rameau s'est retiré à la maison des Bons Enfants d'Armentières où il est mort en 1777 ; Gabriel Mailhol est retourné en Languedoc, d'où il venait et où il est mort en 1793.

8. Hegel. Phénoménologie de l'esprit, 469.

9. Cf. Christine Belcikowski. Vu par Louis Sébastien Mercier, Jacques Cazotte et Denis Diderot, le neveu de Rameau.

10. L'abbé de Cannaye est un Oratorien, membre de l’Académie des inscriptions, ami de d’Alembert, mort en 1782.

11. Michel Foucault. Histoire de la folie à l'âge classique UGE, coll. « 10/18 ». Paris. 1964.

12. René Descartes. Discours de la méthode. Première partie. « Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée : car chacun pense en être si bien pourvu que ceux même qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose n’ont point coutume d’en désirer plus qu’ils en ont. En quoi il n’est pas invraisemblable que tous se trompent ; mais plutôt cela témoigne que la puissance de bien juger et distinguer le vrai d’avec le faux, qui est proprement ce qu’on nomme le bon sens ou la raison, est naturellement égale en tous les hommes. »

13. Michel Foucault. Histoire de la folie à l'âge classique. Chapitre V : Le cercle anthropologique.

14. Cf. Christine Belcikowski. Des marionnettes des noces grecques à l'automate spirituel.

15. Diderot. Le Neveu de Rameau. Édition Charles Asselineau. Poulet-Malassis. 1862.

16. Michel Foucault. Histoire de la folie à l'âge classique. Chapitre V : Le cercle anthropologique.

17. Michel Foucault. Les mots et les choses. Une archéologie des sciences humaines. Gallimard. 1966.

18. Concept développé par Gilles Deleuze et Félix Guattari dans L’Anti-Œdipe. Capitalisme et schizophrénie (éditions de Minuit, Paris, 1972) et dans Rhizome (éditions de Minuit, Paris, 1976).

19. Concept développé par le neurobiologiste Jean-Pierre Changeux dans L'homme neuronal (Fayard, Paris, 1985).

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