Christine Belcikowski

Publications 4

Dans le soufre de l'automne

Rédigé par Belcikowski Christine Aucun commentaire

Je me suis peignée du peigne d’Almain,
je suis partie à pied dans le soufre de l’automne,
et j’ai gagné la gare là-bas, tout en bas,
au pied de la montagne électrique.
Je suis montée dans un bus,
les trains ne passent plus,
il fait froid là-haut, lorsque la nuit tombe.
Je me trouvais hier soir à la terrasse d’un bar
hanté par la dalle d’un téléviseur
auquel une jeunesse, libre de rien et tout,
— on n’est pas sérieux, quand on a vingt ans
et qu’on chôme —
tournait le dos.
Vain ruissellement des cristaux liquides :
si votre ramage est égal à votre plumage…
Jésus Christ n'a pas fondé l'Église sous forme monarchique.
Vaines illuminations sur la place
vide.
il fait froid là-haut, lorsque la nuit tombe.

5-6 décembre 2018. Un aller-retour Pamiers-Ax-les-Thermes

Rédigé par Belcikowski Christine 2 commentaires

ax_hopital.jpg

Ci-dessus : Ax-les-Thermes. Hôpital Saint Louis. 5 décembre 2018. 15h55.

ax_nuit.jpg

Ci-dessus : Ax-les-Thermes. Illuminations sur la place de l'église et du casino. 5 décembre 2018. 19h28.

ax_place.jpg

Ci-dessus : Ax-les-Thermes. Le jour se lève sur la place de l'église et du casino. 6 décembre 2018. 08h40.

ax_thermes.jpg

Ci-dessus : Ax-les-Thermes. Le bâtiment des thermes. 6 décembre 2018. 08h41.

ax_placette.jpg

Ci-dessus : Ax-les-Thermes. La placette à côté du bâtiment des thermes. 6 décembre 2018. 08h42.

ax_centrale.jpg

Ci-dessus : Ax-les-Thermes. Au bord de l'avenue qui descend à la gare, la centrale électrique. 6 décembre 2018. 08h48.

ax_pylone.jpg

Ci-dessus : Ax-les-Thermes. En face de la gare, un pylône électrique. 6 décembre 2018. 08h58.

ax_terminus.jpg

Ci-dessus : Ax-les-Thermes. En face de la gare, l'hôtel Terminus. 6 décembre 2018. 08h59.

mercus.jpg

Ci-dessus : vue depuis l'autocar, à Mercus-Garrabet. 6 décembre 2018. 09h42.

pamiers_baures1.jpg

Ci-dessus : Pamiers. En face de la gare, l'ancien hôtel Baurès. 6 décembre 2018. 11h34.

pamiers_baures2.jpg

Ci-dessus : Pamiers. En face de la gare, l'ancien hôtel Baurès. 6 décembre 2018. 12h06.

pamiers_gare.jpg

Ci-dessus : Pamiers. Sur la place de la gare, en attendant le bus de 13h30, qui reconduit à Mirepoix. 6 décembre 2018. 12h07.

Peur du loup

Rédigé par Belcikowski Christine Aucun commentaire

Le ciel est de suie ;
les oiseaux sont noirs.
Ils font des pendants de jais
aux gueules de loup
du clocher qu'on voit
partout à la ronde.
Prends garde aux yeux noirs
du loup, leou, leou
on dit par chez nous
qu'ils sont partout,
garou ! garou !
Il y a toujours, l'hiver,
une petite fille
qui a peur du loup.
Il vient !
Cache-toi chez toi,
au bord du cantou
ou bien sous la couette !
Mais non !
Foin des mauvais rêves !
Sors, va,
libre de ton aile,
libre de ton pas !
Et n'oublie pas, fillette :
il y a du loup en toi,
étrange animal,
vrai, en toi aussi.

Le tram file vague vogue

Rédigé par Belcikowski Christine 1 commentaire

Le tram file vague vogue
au bord du fleuve
dans la direction d'un bord du monde
qui touche, loin, le soir,
là-bas, tu verras,
aux parages des constellations.

En attendant le soir,
salut aux mouettes et aux goélands,
qui peuplent les piles des ponts,
aux ombres qui courent sur les flots,
et au fantôme du temple romain
qui berce le souvenir de sa redevance
sous les eaux.

La chambre que tu visites là-bas
est blanche et froide,
les fenêtres ne s'ouvrent pas,
la clim impose son règne.
Aux potences pendent des poches de perfusion.
Foin du minotaure qui se réserve
dans le labyrinthe.

Quand tu rentres à pied
de ces quartiers lointains,
la ville flambe comme un pudding.
Il y a des petits Père Noël
et des rennes électriques
qui patinent dans les vitrines,
et partout, qui dansent,
les chaussures de Cendrillon.

Mais toi, le vent d'autan te bat froid.
Arrête-toi au pied de la colonne
et partage avec les griffons de la place
un verre d'oblivion.

Dans la ville moche

Rédigé par Belcikowski Christine 1 commentaire

Dans la ville moche,
latrine des chiens,
le diable en rit encore,
on lui a piqué son idée :
bassin et stratégie de bassin !
Point le bassin des pauvres,
celui dont se chargeait jadis l'humble confrérie de la Miséricorde,
mais le Bassin Versant Visuel,
comme disent les urbanistes, qui ont la bouche en cul de poule,
— Saint Bassin Versant Visuel, priez pour nous ! —
le bassin qu’on a meublé, de mille et une façons,
façons d'aménagement qui en jette, façon de kitsch post-moderne,
— la Nature a horreur du Vide —
encombré, impedimenté,
de poubelles à n’importe quoi et à crottes de chien,
de panneaux de signalisation qui vous TRUMPent les photos,
de places marquées au sol, templa d’annonce nouvelle,
d’enseignes et de néons, de chaises, de tables, de lampions,
de pots de fleurs qui se balancent, remplis de pétunias,
de jardinières en rondins, façon Canada,
de plaques en lave émaillée, montées sur échasses,
qui fournissent, dit-on, à l'Interprétation
du Patrimoine Local ! — oh ! la bouche en cul de poule ! —
et maintenant que Noël approche,
d'un sapin en fer qui ressemble à un squelette, le jour, quand il est éteint,
de guirlandes de leds entortillées autour de ce qui reste du corps martyrisé des arbres
— des troncs, de tristes troncs —
auxquels on a coupé tous les bras !
Et vous, comment vous porteriez-vous
si l'on vous coupait les bras tous les ans ?

Heureusement il y a eu encore cet automne
des grillons qui rentraient dans nos maisons
— j'en ai eu trois, qui chantaient toutes les nuits dans la cuisine endormie
et qui venaient manger de la salade dans une assiette
pieusement laissée à leur intention.
Et il y a encore des feuilles mortes qui rient et chantent sous nos pas
et qui courent comme des petites folles quand le vent se lève.
Et il y a aussi, partout, l'antique odeur du feu de bois.
Dieu merci, sous ses airs de cagole marcandière,
la petite ville n'a point perdu de son charme
d'antan,
ni la cathédrale, du mystère
de son Minotaure invisible.
Non vulganda concilia prudens...

Fil RSS des articles de cette catégorie