Christine Belcikowski

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De François Étienne Lenoir de Balay à Jean Louis Bayle. L'héritage du château et du domaine de Poussey

Rédigé par Belcikowski Christine Aucun commentaire

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Ci-dessus : Tableau synoptique des barons de Poussey. In Mémoires de la Société d'agriculture, sciences et arts du département de l'Aube. Société académique de l'Aube. Troyes. 1889.

I. Brève histoire de la baronnie de Poussey...

Le premier titulaire connu de la baronnie de Poussey, près de Maizière-la-Grande-Paroisse, dans l'Aube, est, au Xe siècle, Anségise, évêque de Troyes. Il en délègue l'administration à plusieurs co-seigneurs barons.

Au XIVe, siècle, c'est la famille de Mesgrigny qui tient la baronnie de Poussey.

En 1488, Dreux Raguier hérite de Louis Raguier, son oncle, évêque de Troyes, deux parts de la baronnie de Poussey. En 1637, Gaspard Raguier obtint du roi des lettres patentes qui ratifient ses droits sur l'ensemble de la baronnie.

En 1529, Dreux Raguier ne fait hommage que pour deux parts du fief de Poussey ; l'autre part appartient à la famille de Mesgrigny.

En 1713, Anne Raguier marie sa fille unique à Jean Charles de Mesgrigny, comte d'Aunay. Cette alliance rend à la famille de Mesgrigny tout ou partie de la seigneurie de Poussey.

Dans les années 1750, la famille Mesgrigny/Raguier vend la baronnie à Louis V Le Peletier de Rosambo, marié à Marie Claire de Mesgrigny d'Aunay.

Le 29 janvier 1791, Louis V de Rosambo, président à mortier au Parlement de Paris, marié à Antoinette de Lamoignon de Malesherbe, vend son domaine à M. Lenoir de Balay.

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In Mémoires de la Société d'agriculture, sciences et arts du département de l'Aube. Société académique de l'Aube. Troyes. 1889.

Louis V de Rosambo est guillotiné à Paris le 3 floréal an II (22 avril 1794), en même temps que son épouse et Chrétien Guillaume de Lamoignon de Malesherbes, son beau-père, défenseur de Louis XVI ; et, deux jours après lui, l'une de ses filles aussi, Aline Le Peletier de Rosambo (1771-1794), mariée à Jean Baptiste de Chateaubriand, guillotiné le même jour encore, frère aîné de François René de Chateaubriand.

2. De Louis V de Rosambo à François Étienne Lenoir de Balay

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Ci-dessus : généalogie simplifiée de la famille Lenoir.

Né le 20 novembre 1718, fils de Joseph Lenoir (Troyes, 16 juin 1672-1732, Paris), greffier de la prévôté de Troyes, conseiller-secrétaire du Roi en 1711, et d'Anne Ursule Labat, François Étienne Lenoir devient lui aussi conseiller-secrétaire du roi concernant la Maison, la Couronne et les Finances royales. Il doit à cette fonction de porter le titre honorifique d'écuyer. Il transforme son patronyme initial en « Lenoir de Balay » à partir du moment où il acquiert une part de la seigneurie de Balay [aujourd'hui Ballay], située dans les Ardennes, à une cinquantaine de kilomètres au sud de Charleville-Mézières. Il se trouve par ailleurs lointainement apparenté — cousin au troisième degré — à Jean Charles Pierre Lenoir, lieutenant particulier en 1754 puis lieutenant criminel en 1759 au Châtelet de Paris ; président au Grand Conseil en 1764 ; maître des requêtes en 1765 ; lieutenant général de police de Paris en 1774-1775, puis en 1776-1785 ; maître de la librairie et garde de la Bibliothèque du Roi le 4 avril 1784 ; conseiller d’Etat ordinaire en 1785.

Le 9 janvier 1747, François Étienne Lenoir de Balay épouse à Paris Marie Jeanne Arnoult de la Moninarie (5 mai 1728-17 janvier 1808), fille de Joseph Arnoult de la Moninarie, bourgeois de Paris, et de Marie-Jeanne de Grandchamps, veuve en premières noces de François Rias de la Dieudie, également bourgeois de Paris.

Divers documents ou archives donnent au couple Lenoir de Balay/Arnoult de la Moninarie trois enfants : 1. Michel Étienne Lenoir de Balay, né en 1751 ou 1752 ; 2. Anne Marie Lenoir de Balay (1), décédée à l'âge de deux ans le 3 octobre 1765 à Corbeil, Essonne ; 3. Louis Alexandre Lenoir de Balay (2), décédé à l'âge de six mois le 20 mai 1768 à Corbeil, Essonne.

D'abord conseiller du roi au Châtelet, Michel Étienne Lenoir de Balay devient magistrat à la première Chambre des enquêtes (1780) et seigneur de Villemilan, du nom du château et du fief de Villemilan (3), situés à Wissous, dans l'Essonne, acquis en 1745 par François Étienne Lenoir de Balay.

Le 29 janvier 1791, François Étienne Lenoir de Balay achète à Louis V Le Peletier dne Rosambo le château et le domaine de Poussay. Cette acquisition le reconduit en l'occurrence à trente kilomètres de Troyes, ville natale de Joseph Lenoir, son père.

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16 juin 1672. Baptême de Joseph Lenoir, « fils de Messire Jacques Lenoir, greffier de la prévosté de Troyes, et d'honneste femme Savine Prin ». AD10. Troyes. Paroisse Sainte-Madeleine. 1670-1672. Document 387_GG_10_16. Vue 100.

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Ci-dessus : le château de Poussey circa 1900.

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20 décembre 1792. Mariage de Michel Étienne Lenoir de Villemilan et de Marie Anne Angélique Sohier. État-civil reconstitué de Paris.

Le 20 décembre 1792, Michel Étienne Lenoir de Villemilan épouse à Paris Marie Anne Angélique Sohier, trente-trois ans, née le 28 juillet 1759 à Briot, Oise, fille d'Augustin Nicolas Sohier (4), laboureur (5) et de Marie Louise Berenger (6).

Le 1er floréal an II (20 avril 1794), Michel Étienne Lenoir de Villemilan se trouve traduit devant le tribunal révolutionnaire, en même temps que Louis Le Peletier de Rosambo. Chef d'accusation : « complicité de conspiration contre la souveraineté du peuple, depuis 1789, jusqu'à ce jour, en provoquant des protestations et des arrêtés contraires a la liberté ». Il est guillotiné le 3 floréal an II (22 avril 1794), en même temps là encore que Louis Le Peletier de Rosambo.

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Émile Campardon. Le Tribunal Revolutionnaire de Paris. Tome 1. Pièces justificatives, p. 487. Henri Plon. Paris. 1866.

De Marie Jeanne Arnoult de la Moninarie à Jean Louis Bayle

Le couple Lenoir de Balay a perdu en 1794 son unique descendant. François Étienne Lenoir de Balay meurt le 8 janvier 1804. Marie Jeanne Arnoult de la Moninarie, sa veuve, « par un testament du 6 brumaire an XIII (27 novembre 1804), dispose de ses immeubles — château et domaine de Poussey, château de Villemilan de Wissous — en faveur d'un de ses cousins, Jean Louis Bayle » (7), et elle lègue la somme de 200 fr aux pauvres de Poussey. Elle meurt le 17 janvier 1808.

Un acte conservé aux Archives nationales indique que Marie Anne Angélique Sohier, veuve de Michel Étienne Lenoir de Villemilan, vend le 24 floréal an XIII (14 mai 1805) la boutique de parfumerie qu'elle a ouverte rue Saint-Honoré après la mort de son époux.

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Documents du minutier central des notaires de Paris concernant l'histoire économique et sociale (1800-1830). Centre historique des Archives nationales. Paris. 1999.

Marie Anne Angélique Sohier meurt à son tour le 14 avril 1808 à Paris.

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14 avril 1808. Décès de Marie Anne Angélique Sohier. État-civil reconstitué de Paris.

Pourquoi Marie Jeanne Arnoult de la Moninarie, veuve de François Étienne Lenoir de Balay, a-t-elle légué les biens de ce dernier à Jean Louis Bayle, ce « cousin » venu d'Ariège, autrement dit de nulle part, plutôt qu'à Marie Anne Angélique Sohier, sa malheureuse belle-fille ?

À relire auparavant :
1. Jean Louis Bayle, puis Marie Anne Françoise Bauzil, sa nièce, heureux bénéficiaires d'un héritage étonnant

À lire ensuite :
3. De Marie Jeanne Arnoult de la Moninarie, veuve de François Étienne Lenoir de Balay, à Jean Louis Bayle, le « cousin » ariégeois

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1. 3 octobre 1765. Décès d'Anne Marie Lenoir de Balay. AD91. Ancienne commune de Corbeil. Paroisse Notre Dame de Corbeil. 1761-1768. Document 4e0606. Vue 120.

2. 20 mai 1768. Décès de Louis Alexandre Lenoir de Balay. AD91. Ancienne commune de Corbeil. Paroisse Notre Dame de Corbeil. 1761-1768. Document 4e0606. Vue 190.

3. « 200 d’arpents (68 ha) sans compter le château et les bâtiments. Une vingtaine d’arpents (6,8 ha) sont occupés par le parc et les dépendances. Le château sera détruit en 1830 ». Association Pour l'Environnement et le PAtrimoine de Wissous. Le château de Villemilan de Wissous.

4. Augustin Nicolas Sohier (ca 1724-27 septembre 1803, Halloy, Oise), fils d'Augustin Sohier et de Catherine Laignier, épouse le 24 novembre 1746 à Briot, Oise, Marie Louise Berenger, fille de feu Pierre Berenger et de Marie Louise Lemaire de la paroisse d'Escames, Oise. Présents au mariage : le sieur Adrien Robert, Louis Pierre Sohier [procureur à Amiens], Adrien Laignier, Nicolas Lemaire, Pierre Maison, Pierre Lemaire, Hilaire Laignier [notaire], Pierre Breton. Marie Louise Berenger signe d'une belle écriture. AD60. Briot. 1732, mai-1762. Document 13E108/3. Vue 155.

5. Laboureur : cultivateur propriétaire. Cf. Wikipedia : « Sous l’Ancien Régime en France, les laboureurs sont généralement des paysans qui se sont enrichis et ont ainsi réussi à échapper partiellement au système de la féodalité. Ils sont considérés comme des notables des campagnes, très présents dans les assemblées villageoises et, parfois, interlocuteurs directs du seigneur du lieu. Certains sont très riches, d'autres moins, mais ils représentent néanmoins l'élite de la paysannerie avec les fermiers aisés. »

6. Marie Louise Berenger, née entre 1726 et 1728 à Escames, Oise ; fille de Pierre Berenger et de Marie Louise Lemaire ; décédée le 14 décembre 1785 à Briot, Oise. On trouve au couple Sohier/Berenger au moins six enfants : 1. Louise Sohier, née à Briot le 29 septembre 1747 (parrain, maître Louis Pierre Sohier, procureur à Amiens, et marraine, Marguerite Rose Robert, qui signent tous deux) ; 2. Marie Madeleine Sohier, née le 4 février 1750 (parrain, le sieur Nicolas Lemaire, et la marraine, demoiselle Marie Madeleine Tetard) ; 3. Marie Françoise Sohier, née le 22 avril 1753 (parrain, Pierre Éloi Clément, et marraine, Marie Madeleine Laignier) ; 4. Marie Anne Angélique Sohier, née le 28 juin 1759 (parrain, Antoine Nicolas Robert, et marraine, Marie Thérèse Sohier, qui signe elle aussi) ; 5. Pierre Nicolas Sohier, né le 14 mai 1762 (parrain, Pierre Caux, et marraine Marie Françoise Laignier) ; 6. Félicité Sohier, mariée le 12 juin 1806 à Paris avec Nicolas Augustin Le Clerc.

6. « Histoire de la baronnie de Poussey ». In Mémoires de la Société d'agriculture, sciences et arts du département de l'Aube, p. 121. Société académique de l'Aube. Imprimerie Paton. Troyes. 1889.

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