À propos de Madame Blondel de la Rougerie, une « reine de salon » des années 1810
Rédigé par Belcikowski Christine 1 commentaireEn 1811, le poète Alexandre Soumet, né à Castelnaudary en 1786, monté à Paris en 1809, vient d'être nommé auditeur au Conseil d'État. Il s’accorde cette année-là le temps d’un voyage en Italie, à la recherche des vestiges de la Rome antique. Il est âgé alors de 26 ans. Il emmène probablement dans son périple la femme dont il est amoureux, car, dans L'Italie, poème publié en 1813, il se se souvient de leur « songe enflammé, des bords de la Durance où nos mains se pressèrent, où nos cœurs brûlans s'enlacèrent… »
Le 17 mars 1812, à Paris, il déclare la naissance de sa fille, Louise Gabrielle Soumet, connue plus tard sous le nom de madame d'Altenheim, patronyme de son époux. L’acte de naissance de Louise Gabrielle Soumet ne comporte pas le nom de la mère de l’enfant. En 1814, Alexandre Soumet publie La Pauvre Fille, poème dans lequel il déplore le sort d'une enfant sans mère. « J'ai bien souffert, horriblement souffert », écrit-il enfin en 1819, dans une lettre adressée à son ami Alexandre Guiraud.
I.Un drame à peu près inconnu
« Qu'est-ce qui le rendait si malheureux ? » questionne Léon Séché dans l’ouvrage qu’il consacre en 1908 au Cénacle de la Muse romantique. « J'ai cherché, dit Léon Séché, et j'ai appris que la dame de ses pensées ne lui avait pas été positivement fidèle. Elle s'appelait Mme Blondel de la Rougerie... » (1)
Hippolyte Nicolas Just Auger évoque dans ses Mémoires le milieu dans lequel il a connu un temps Mme Blondel de la Rougerie. Il s'agit du salon de la baronne Roger et de son amie Sophie Gail, nº 18 rue Vivienne [IIe arrondissement], et du salon de Sophie Gay, sis alors dans une grande maison avec jardin, nº 9 rue Neuve-des-Mathurins, au coin du passage Sandrié [IXe arrondissement].
I.1. Jeanne Suzanne Lydie de Vassal, dite Lydie Roger, Edmée Sophie Garre, dite Sophie Gail, Marie Françoise Sophie Nichault de la Valette, dite Sophie Gay. Trois femmes libres
Née Jeanne Suzanne Lydie de Vassal en 1782 à Montpellier, fille du marquis Jean André de Vassal, ancien receveur Général des Finances, Lydie Roger est l'épouse, séparée de corps et de biens, du baron Sigismond Louis Roger, Suisse richissime, banquier à Paris. « Elle a des bras, des mains admirables,des pieds si parfaits que le statuaire Delaître les a moulés pour une Vénus de marbre, qui décore au Luxembourg le bas de l'escalier conduisant à la galerie. Amie de Benjamin Constant, elle distribue généreusement ses diamants et ses perles pour venir en aide à des républicains et à des bonapartistes dans le besoin ». Dans le monde, on l'appelle alors pour cette raison « Lydie la folle » (2). « Elle sera, sous la Monarchie de Juillet, l'épigone et la propagandiste du poète occitaniste hébraïsant et théosophe Antoine Fabre d'Olivet (1768-1825). Elle sera également la grande Maîtresse d'un ordre maçonnique dit de la Céleste Culture, et elle présidera le Temple des Familles.
Bizarrement, on ne trouve aucun portrait de Jeanne Suzanne Lydie Vassal-Roger. Faute de mieux, si l'on peut dire, on se réfèrera au portrait de sa sœur Albine Hélène de Vassal, divorcée en 1799 de Louis Pierre Édouard Bignon, remariée avec le baron Daniel Roger, maîtresse à partir de 1808 de Charles Tristan de Montholon, divorcée en 1812 de Daniel Roger, mariée clandestinement en 1813 avec Charles Tristan de Montholon. Elle suit son époux qui accompagne Napoléon lors de son exil à Sainte-Hélène. Elle aurait été à Sainte-Hélène la maîtresse de Napoléon, qui la renvoie en France après avoir appris qu'elle entretenait une liaison avec Basil Jackson, le lieutenant-colonel de la patrouille anglaise chargée de surveiller l’empereur déchu.
Née en 1775, fille d'un chirurgien brillant, mais ruiné par la Révolution, Edmée Sophie Garre épouse en 1793 l'helléniste Jean Baptiste Gail. Divorcée en 1801, elle mène ensuite sous le nom de Sophie Gail une vie d'amours libres et une carrière de cantatrice et de compositrice remarquable. En son temps, on la disait laide. Elle meurt de consomption en 1819.
Edmée Sophie Garre, dite Sophie Gail (1775-1819) d'après un portrait par Eugène Isabey (1803-1886).
Née en 1776, fille d'Augustin Nichault de la Valette, homme de finance du comte de Provence [futur Louis XVIII], Marie Françoise Sophie Nichault de la Valette (1776-1852) épouse en 1791 l'agent de change Gaspard Liottier. Divorcée de Gaspard Liottier en 1799, elle épouse en secondes noces Jean Sigismond Gay (1768-1822), baron de Lupigny, associé d’une maison de banque, puis receveur-général du département de la Roer [Ruhr, Sarre, Rhin-et-Moselle, Mont-Tonnerre]. Partageant alors sa vie entre Paris et Aix-la-Chapelle où réside son mari et où elle ne le rejoint qu'épisodiquement, elle dispose d'une grande liberté. Romancière, dramaturge et musicienne habile, elle accueille dans son salon le Tout-Paris des Lettres et des Arts, et elle promouvra ainsi la carrière de Delphine Gay, l’une de ses filles, qui lui succèdera dans la carrière des Lettres et dans la maestria salonnière.
Marie Françoise Sophie Nichault de la Valette (1776-1852), dite Sophie Gay, par Jean-Baptiste Isabey (1767-1855).
I.2. Les salons de la rue Vivienne et de la rue Neuve-des-Mathurins vus par Hippolyte Auger
« Madame Gail cherchait à se loger de manière à pouvoir continuer ses soirées musicales [...]. Pour elle, la difficulté était grande de trouver un local convenable, ses ressources étant fort précaires ; M. Gail restait complètement étranger à sa vie.
Un jour qu'elle se lamentait à ce sujet, (je parle du logement), Lydie la folle eut une de ces inspirations qui naissent dans les têtes évaporées, quand elles sont soutenues par un bon cœur : « Ma chère amie, dit-elle, je ne vois qu'un moyen de vous sortir d'embarras, c'est de loger ensemble. Avec le prix que nous mettons l'une et l'autre à notre loyer, nous pourrons avoir l'appartement qu'il vous faut. — Le voulez-vous ? — Il le faut bien, puisque cela vous est nécessaire ». Et partant de ce mouvement de cœur et de rêve, le mariage des deux femmes séparées fut résolu, sans qu'elles songeassent le moins du monde que cette réunion au moyen de laquelle elles espéraient se soutenir l'une par l'autre, devait nuire, isolément, à l'une et à l'autre, autant qu'à toutes deux à la fois. »
Entrée du nº 18 rue Vivienne aujourd'hui.
« C'était rue Vivienne, dans la grande maison où fut établie l'entreprise de librairie et de publication du journal anglais des frères Galignani, au second étage du corps de bâtiment qui se trouve au fond de la cour, qu'était située la demeure commune des deux femmes. Le salon, très vaste, convenait à des réunions nombreuses ; quant à l'appartement respectif des deux maîtresses du logis, il les logeait fort incommodément, madame Roger, avec une abnégation réellement méritoire, s'étant contentée d'une espèce de cellule. Mais elle avait la folie du dévouement.
Cet état de chose dura ce qu'il pouvait durer, l'espace d'une saison. Là, je vis passer une foule curieuse par son mélange. Tous les mondes s'y trouvaient représentés comme sur un terrain neutre : d'une beauté resplendissante encore, la princesse de Chimay, sous l'auréole de sa célébrité, rappelait qu'elle avait donné sa main à Tallien, à la condition qu'il délivrerait la France du joug de Robespierre ; madame de Pontécoulant, qui autrefois, quand elle était madame Lejay, avait très intentionnellement placé dans un carton de fleurs les cent louis que Beaumarchais destinait à madame Goëzman (voir les fameux mémoires) ; madame Gay, reflet des jours du Directoire, patronnant le jeune Salvandy à la sève exubérante ; la belle madame de Lacan, sous les regards attentifs du magistrat Cotta, du conseiller d'État de Formont et d'autres, prouvait qu'il lui avait été facile d'enlever Talma à madame Dubuc de Sainte-Olympe, sa mère ; madame Blondel de la Rougerie, créole piquante, attestait par sa grâce que M. de Montalivet, le père, n'avait pu lui refuser, alors qu'il était ministre de l'Intérieur sous l'Empire, de faire un auditeur au Conseil d'État du poète Soumet, auteur de la charmante pièce de vers La Pauvre Fille, et conséquemment père de madame d'Altenheim, connue depuis, madame Blondel passant pour être sa marraine.
Là, des étrangères de distinction, l'anglaise madame Hutchinson, dont le mari avait aidé madame Lavalette à sauver l'illustre prisonnier ; la comtesse de Fursteinstein, nièce de madame Benjamin Constant et, comme elle, née Hardenberg, qui avait été attachée à la belle reine de Prusse avant qu'elle n'eût épousé M. Le Camus de Fursteinstein, devenu premier ministre, sous ce nom allemand, du roi Jérôme Napoléon, quand on eut formé le royaume de Westphalie.
Puis quelques hommes sérieux : l'historien Lemontey, etc. »
Dans cette mêlée, c'était particulièrement auprès de madame Blondel que les hommes mettaient de l'empressement. Madame Roger, toujours bonne femme, voulant peut-être, pour une raison secrète, me faire réussir auprès de cette reine de salon, y parvint. Ce fut pour moi, pendant une année environ, l'occupation constante d'une relation dont on se montra jaloux. Madame Blondel avait une fille déjà grandelette et un fils au collège. Son mari vivait à la Martinique. Sa maison était agréable, et je me liai chez elle avec Pichat [ami d'Alexandre Soumet], auteur d'une tragédie de Turnus et de la tragédie de Léonidas, jouée par Talma avec un grand succès. [...]. »
« À l'époque des soirées de la rue Vivienne, madame Gay, pour qui le retentissement était un besoin, de quelque manière qu'il se produisît, s'était emparée de madame Gail, en collaboration continue. [...].
Ce fut peu de temps après que les deux Sophie partirent pour Aix-la-Chapelle ; de son côté, madame Roger fit une fugue en Hollande, s'esquivant sans rien dire, pour soustraire aux rigueurs du parquet Arnold Scheffer, qu'une brochure venait de faire condamner à la prison. En fait de dévouement, comme je ne m'occupais que de madame Blondel, je me serais exposé à me trouver dans un peu d'isolement, si un flot n'eût succédé à l'autre.
D'abord, je retrouvais M. de Jailly, le plus aimable de tous mes amis d'autrefois... » (3)
Hippolyte Auger, caricaturé sur le tard par Nadar.
I.3. Hippolyte Auger et Madame Blondel
Les Mémoires d'Hippolyte Auger, par ailleurs romancier et dramaturge, fourmillent de choses vues, comme on les aime. Ils doivent être pris toutefois pour ce qu'ils sont, à savoir la relation de souvenirs déjà lointains, revisités sans trop de précision dans les dates à la fin d'une vie vagabonde qui l'a amené à naviguer entre Paris et la Russie, l'Italie, et l'Angleterre. On sait en tout cas, quant au premier séjour d'Hippolyte Auger à Paris, que, né à Auxerre en 1797, arrivé à Paris en 1810, apprécié surtout par les hommes pour son charme d'adolescent, il y fréquente les salons à la mode, puis en 1814 les soldats russes stationnés dans la capitale à la suite de l’abdication de Napoléon. En 1815, il doit à son amitié avec un officier russe d’être recruté par l’armée du Tsar Alexandre Ier. Il rentre en France en 1817 et recommence alors à fréquenter les salons parisiens.
Hippolyte Auger dit avoir été présenté à Madame Blondel de la Rougerie en 1817, soit cinq ans après la maternité clandestine de cette dame, qui, le 17 mars 1812, a donné le jour à Louise Gabrielle Soumet.
Quant aux relations qu'il a entretenues avec ladite dame, on remarque qu'il demeure un peu vague sur la nature de la « réussite » à quoi il s'applique auprès d'elle. « Madame Roger, toujours bonne femme, voulant peut-être, pour une raison secrète, me faire réussir auprès de cette reine de salon, y parvint. Ce fut pour moi, pendant une année environ, l'occupation constante d'une relation dont on se montra jaloux. Madame Blondel avait une fille déjà grandelette et un fils au collège. Son mari vivait à la Martinique. Sa maison était agréable, et je me liai chez elle avec Pichat ». Après le départ de Sophie Gay et de Sophie Gail à Aix-la-Chapelle, ainsi que le départ de Lydie Roger en Hollande, « je ne m'occupais que de madame Blondel », rapporte encore Hippolyte Augé.
Portrait de Michel Pichat reproduit dans Études d’histoire romantique. Le Cénacle de la Muse française : 1823-1827 de Léon Séché.
Mais le jeune homme, qui trouvait la maison de Madame Blondel « agréable », venait-il là vraiment s'occuper de la dame elle-même ? N'y venait-il pas plutôt, en vertu de son goût de la « sève exubérante », pour tenter de se lier avec ce « fils au collège » sur lequel il s'abstient prudemment de toute remarque, ou encore avec l'écrivain Michel Pichat, qui n'épousera Pauline Scholastique Mailliard que le 5 mars 1818 ? Hippolyte Augé a été un homosexuel notoire, et il fait l'objet de deux inscriptions dans les Registres des pédérastes de la Préfecture de police de Paris (4). On imagine mal qu'il ait eu l'idée de séduire Madame Blondel. Elle lui offrait en revanche le moyen d'approcher, dans un cadre plus intime, d'autres personnes qui l'intéressaient. C'est sans doute là ce qu'il entend lorsque Madame Roger l'encourage à « réussir auprès de Madame Blondel ». On notera au demeurant qu'Hippolyte Augé déserte la maison de cette dame, dès l'instant qu'il retrouve « M. de Jailly, le plus aimable de tous mes amis d'autrefois », et qu'il rencontre en 1814 les soldats russes stationnés dans la capitale.
Quant à Madame Roger elle-même, pourquoi poussait-elle Hippolyte Augé à « s'occuper » de Madame Blondel ? Eh bien, sans doute, pour susciter « une relation dont on se montra jaloux », i.e. pour faire oublier à peu de frais la dangereuse relation que, de façon connue de tous dans son salon, Alexandre Soumet venait d'entretenir avec Madame Blondel, et pour aider Madame Blondel à se libérer de la requête d'amour désespérée qu'Alexandre Soumet continuait de faire peser sur la « marraine » de sa fille.
II. Qui Madame Blondel, dite Madame Blondel de la Rougerie, était-elle ?
J'ai voulu savoir au moins quel était le prénom de la Dame dont Alexandre Soumet, dans les années 1810, a été passionnément amoureux. L'histoire d'un amour, même s'il s'agit d'une histoire qui finit mal, a toujours besoin d'un prénom.
II.1. Enquête dans les registres paroissiaux de la Martinique. Établissement d'un arbre généalogique de la famille Blondel la Rougery
« Madame Blondel de la Rougerie, créole piquante... ». « Son mari vivait à la Martinique ». Hormis ces deux références à l'ancrage antillais, je ne disposais a priori d'aucune information identitaire. Portait-elle le nom de son époux, ou le sien propre ? Faute de mieux, j'ai recherché le nom de Blondel de la Rougerie dans les registres paroissiaux de la Martinique. Ces registres peuvent être consultés en ligne sur le site des Archives Nationales d'Outre-Mer.
Carte actuelle de la Martinique, ou Matinik en créole.
J'ai découvert, ce faisant, que le nom de Blondel la Rougery est celui d'une famille que l'on dit « émergente » au XVIIIe siècle à la Martinique et dans laquelle les hommes, qui exercent, pour certains, des carrière militaires, ont tous le statut de colons sucriers.
« Famille ancienne à la Martinique, établie vers 1661 à Saint-Pierre, puis passée ensuite au Marin, dans son quartier de Sainte-Anne (érigé en paroisse en 1731) où elle a possédé en partie ou en totalité les habitations sucreries « la Pointe » ou ancienne habitation Dorient à la Pointe Marin, « les Anglais » et « le Malgré », anciennes habitations Ducasse baignées par la Baie des Anglais, « les Salines » ou ancienne habitation Décasse, et « Val d’Or » ou ancienne habitation Monnel.
Propriétaires au Marin de l’habitation sucrerie « Crève Cœur », les Blondel sont, de toutes les familles de l'extrême sud de la Martinique — telles les Décasse, les Dorient, les Ducasse, les Figuepeau de Caritan, les Girardin de Montgérald, les Heude, les Madey, et les Monnel, ses voisines —, les seuls à avoir une postérité subsistante. » (5)
Cette famille doit l'augmentation de son patronyme Blondel en Blondel la Rougery, ou Blondel de la Rougerie, à Sébastien Blondel, natif de la Martinique, qui a été de 1715 à 1745 garde du corps de Louis XV, qui est revenu dans la colonie avec le titre de seigneur de La Rougery obtenu au service du roi, et qui, faute de descendance, a transmis le complément patronymique « la Rougery » à Sébastien Blondel II, son neveu, né à Sainte-Anne le 20 janvier 1744, mort le 18 décembre 1817 à Saint-Pierre.
À la recherche d'une femme qui, dans la famille Blondel la Rougery, pouvait avoir été mère de Louise Gabrielle Soumet, j'avais pour seul repère le 17 mars 1812, date de cette maternité. Cette femme devait être assez jeune pour que « particulièrement, dixit Hippolyte Auger, les hommes mettent auprès d'elle de l'empressement ». Mais elle avait déjà des enfants : elle pouvait donc être née avant 1790. Il fallait aussi que, comme l'indique encore Hippolyte Auger, cette femme, dans les années 1810, ait vécu continuellement à Paris. J'ai dressé à cet effet l'arbre généalogique des enfants de Sébastien Blondel La Rougery II, tel que reproduit ci-dessous.
Généalogie de la descendance de Sébastien Blondel la Rougery II. Cliquez une première fois, puis une seconde fois sur l'image pour l'agrandir.
Je cherchais une femme mariée, déjà mère avant de l'être une fois encore le 17 mars 1812, continuellement présente à Paris dans les années 1810. J'ai donc procédé par élimination, au vu de mon tableau généalogique.
J'ai ainsi éliminé : 1º Les femmes mariées après 1770 qui sont restées sans enfant ; 2º les femmes non mariées avant le 17 mars 1812 ; 3º les femmes qui ont accouché en 1812 en Martinique ; 4º les femmes trop jeunes pour avoir pu mettre au monde un enfant à cette date. Il n'est plus resté en fin de compte que Jeanne Louise Madeleine Lise Salles, épouse de Jean Pierre Sébastien Blondel La Rougery.
II.2. Jeanne Louise Madeleine Lise Salles, épouse de Jean Pierre Sébastien Blondel
17 janvier 1784. Baptême de Jeanne Louise Magdeleine Salles. Parrain, le sieur Louis Laferrière Constame. Marraine, dame Marie Magdeleine Salles, épouse du sieur Anglade, négociant. ANOM. Martinique. Saint-Pierre le Mouillage. 1784. Vue 3.
Née le 10 janvier 1784, baptisée le 17 janvier à Saint-Pierre le Mouillage, fille du feu sieur Jean Baptiste Salles († 3 mai 1800, Le Mouillage Saint-Pierre), négociant, et de feue dame Jeanne Louise Giraud († 5 mars 1784, le Mouillage Saint-Pierre) ; Jeanne Louise Magdeleine Salles, dite plus tard « Lise », épouse à l'âge de 18 ans, le 15 fructidor an X (2 septembre 1802) à Louveciennes, Yvelines, Jean Pierre Sébastien Blondel, âgé de 25 ans, né le 20 mai 1777 au Marin (6), fils aîné de Sébastien Blondel la Rougery II, commandant en chef du du bataillon du Marin, colon sucrier, et de Marie Anne Désirée Décasse.
15 fructidor an X (2 septembre 1802). Mariage de Jean Pierre Sébastien Blondel et de Jeanne Louise Magdeleine Salles. AD78. Louveciennes. Baptêmes, mariages, décès. 1793-1807. Document 1135618. Vues 318-319. On notera qu'à partir de la Révolution, la famille Blondel ne revendique plus dans les actes d'état-civil le complément patronymique « La Rougery », susceptible de trahir quelque vaine prétention aristocratique ; mais elle continue d'user du complément patronymique en question dans la vie sociale, et plus spécialement dans les salons.
L'acte reproduit ci-dessus fournit nombre d'indications concernant la situation de Jeanne Louise Magdeleine Salles en 1802. Ses parents sont dits « décédés à Saint-Pierre, Isle de la Martinique ». Elle demeure à Louveciennes, de façon indépendante, semble-t-il.
Jeanne Louise Rigaud, sa mère, est morte le 5 mars 1784 à Saint-Pierre le Mouillage, la laissant ainsi orpheline un peu moins de trois mois après sa naissance. Jean Baptiste Salles, son père, après la mort de Jeanne Louise Rigaud, a entretenu une relation avec Madeleine Forge, dont il a eu deux filles naturelles, Marguerite Forge, dite « Goton », née le 13 mars 1787 à Marseille, non reconnue, et Louise Émelie Forge-Salles, née le 30 octobre 1790 à Saint-Pierre, reconnue par son père. Jean Baptiste Salles est mort le 3 mai 1800 à Saint-Pierre le Mouillage.
Dernière-née de de Jean Baptiste Salles et de Jeanne Louise Giraud, orpheline de mère à l'âge de trois mois, seule survivante des sept enfants nés avant elle — tous morts en bas âge ou dans l'enfance —, restée seule héritière de ses père et mère, d'où nantie d'un patrimoine dans lequel figurent, entre autres, deux propriétés, celle du Morne des Cadets et celle du Miron, réunie à la première, Jeanne Louise Magdeleine Salles a pu quitter la Martinique, non seulement pour rompre avec une première vie dans laquelle elle avait probablement peiné à trouver sa place, mais aussi et surtout pour goûter aux lumières de la France et de Paris, lumières dont on lui avait tant parlé, et dont sans doute elle avait rêvé.
Vue du collège de Juilly en 1824.
Jean Pierre Sébastien Blondel La Rougery, quant à lui, a déjà passé cinq ans en France, puisque, entré le 3 octobre 1787 en 5ème au collège oratorien de Juilly, Seine-et-Marne, il en est sorti en fin de rhétorique le 21 septembre 1792. Charles Nicolas Blondel La Rougery, son frère cadet, y est entré et en est sorti aux mêmes dates que lui (7). Les registres des passeports délivrés au départ de Bordeaux pour toutes destinations par terre et par mer indiquent que, le 13 avril 1796, à l'âge de 19 ans, missionné sans doute par Sébastien Bondel La Rougery II, son père, et accompagné de Claude Gabriel Marie Blondel La Rougery, dit Marius, son frère, âgé lui de 18 ans, il s'est rendu de Bordeaux à Hambourg, pour « affaires d'intérêt ». On lit sur son passeport qu'il « mesure 1m74, qu'il a les yeux châtain, les cheveux châtain, le visage ovale, le nez ordinaire, et le menton rond ». Le 21 avril 1796, toujours pour des « affaires d'intérêt », les deux frères repartent de Bordeaux pour le comté de Pike, dans la Lousiane (8).
Charles Madey d'Escoublant (9), qui réside en 1802 rue Saint-Médéric nº 32 à Versailles, commune voisine de Louveciennes, est le fondé le pouvoir de la famille Salles et celui de Jeanne Louise Magdeleine Salles elle-même. Né en 1734 à Saint-Pierre le Mouillage, il a exercé en Martinique son métier de négociant et il y a été un ami proche des défunts parents de la mariée. En France, il sert probablement de père de substitution à la jeune femme, d'autant qu'il n'a pas eu d'enfant de son mariage avec Luce Rose Brière de l'Isle (10). À noter que Claude Gabriel Marie Blondel, frère du marié, épousera le 22 juillet 1806 à Sainte-Anne Marie Rose Charlotte Madey d'Escoublant, nièce de Charles Madey d'Escoublant.
Vue de Notre Dame du Bon Port, cathédrale de Saint-Pierre, Martinique.
Dans l'établissement de son contrat de mariage et dans la gestion de son patrimoine, Jeanne Louise Magdeleine Salles a pour tuteur principal son cousin Jean Baptiste Sauvignon, négociant en la ville de Saint-Pierre, Martinique ; pour tuteur subrogé, Gratien Anglade, négociant à Louveciennes, époux de dame Marie Magdeleine Salles, sa tante paternelle et marraine ; Joseph Hilaire Salles, son oncle paternel, habitant de la paroisse Notre Dame du Bon Port, à Saint-Pierre, Martinique ; et, bien sûr, Charles Madey de l'Escoublant, à Versailles. Jean Pierre Sébastien Blondel a quant à lui pour conseil Pierre Jean Legendre, 56 ans, « citoyen français demeurant à Paris rue de Manain [de Messine ?] nº 7 », « fondé de pouvoir de ses père et mère ». Jean Pierre Sébastien Blondel, en sus d'autres biens situés en Martinique, est alors propriétaire d'une maison, tenue déjà par son père, à Bordeaux. Il devient par son mariage co-propriétaire des biens de son épouse.
Les nouveaux époux ont pour témoins Pierre Jean Legendre, 56 ans ; Jean Baptiste Lemoine, 40 ans, demeurant à Versailles, ami du jeune marié ; Charles Madey d'Escoublant, 68 ans ; Louis Salles, 51 ans, oncle paternel de la mariée ; Antoine François Fagnan, 62 ans, ami des deux époux, demeurant à Louveciennes. Jeanne Louise Magdeleine Salles signe son acte de mariage d'une écriture penchée et de son nom entier, « Jeanne Louise Magdeleine Salles », adornant le « Salles » d'un retour tranchant.
Après leur mariage, Jean Pierre Sébastien Blondel et Jeanne Louise Magdeleine Salles s'installent à Versailles, rue Aristide (aujourd'hui rue d'Anjou) nº 46. Le 20 pluviôse an XI (9 février 1803), le Citoyen Jean Pierre Sébastien Blondel, « propriétaire colon demeurant à Versailles », déclare la naissance de Louise Marie Anne Blondel, son premier enfant, né de Jeanne Louise Salles, son épouse. Premier témoin de cette déclaration : le citoyen Gabriel Blondel, logé lui aussi rue Aristide nº 46, oncle paternel de l'enfant ; second témoin : Dame Bermon Ainée Boërau, logée elle aussi rue Aristide, épouse du citoyen Jean Baptiste Décasse, propriétaire colon, beau-frère de Sébastien Blondel la Rougery I.
20 pluviôse an XI (09 février 1803). Naissance de Louise Marie Anne Blondel. AD78. Versailles. Naissances, mariages, décès. 1802 1803. Document 1112635. Naissances. Vue 56.
Le 3 ventôse an XII (23 février 1804), l'officier d'état-civil de Versailles enregistre l'acte de naissance de Pierre Ernest Blondel, né la veille rue Aristide nº 46, fils du Citoyen Jean Pierre Sébastien Blondel, « colon de l'Isle Martinique demeurant à Versailles », et de Jeanne Louise Magdeleine Salles, son épouse. Premier témoin : le citoyen Augustin Ignace Godemar Marcilly, colon de l'Isle Guadeloupe, âgé de 32 ans, rue Lablistour nº 32 ; second témoin : Jean Baptiste Marchand, commis à la mairie, âgé de 66 ans. La signature du père manque. Il est probablement en Martinique.
3 ventôse an XII (23 février 1804). Naissance de Pierre Ernest Blondel [Rougery]. AD78. Versailles. Naissances, mariages, décès. 1803-1804. Document 1112635. Vue 63. L'enfant meurt hélas le 10 messidor an XII (29 juin 1804) (11).
Jean Pierre Sébastien Blondel et Jeanne Louise Magdeleine Salles s'installent ensuite dans le Ier arrondissement de Paris. Charlotte Élisabeth Théodora Blondel, leur deuxième fille, naît le 10 décembre 1808 à Paris Ier arr., et Henriette Louise Amélie Blondel, leur troisième fille, le 26 février 1810 à Paris Ier arr. aussi. On le sait par le mariage des deux jeunes femmes, car leurs actes de naissance manquent dans l'État-Civil reconstitué de Paris.
II.3. Madame Blondel marie ses filles
Les actes de mariage de Louise Marie Anne Blondel, de Charlotte Élisabeth Théodora Blondel, et d'Henriette Louise Amélie Blondel, fournissent les seuls renseignements dont nous disposons concernant le devenir du couple Jean Pierre Sébastien Blondel - Jeanne Louise Magdeleine Salles.
Le 4 avril 1820, Louise Marie Anne Blondel, surnommée en famille La Rougery, âgée de 17 ans, née à Versailles, Seine-et-Oise, le 9 février 1803, demeurant à Bordeaux rue Gouvion nº 5, fille de Monsieur Jean Pierre Sébastien Blondel, surnommé La Rougery, propriétaire colon, actuellement sur son habitation du quartier du Mouillage de Saint-Pierre, île Martinique, et de Dame Jeanne Louise Madeleine Salles, habitante de Bordeaux, épouse à Bordeaux, section 1, Louis Marie, comte d'Arod, 38 ans, né à Cogny, Rhône, le 23 janvier 1782, lieutenant de vaisseau de la marine royale, chevalier de Saint Louis et de la Légion d'honneur, demeurant à Bordeaux rue de l'Esprit des Lois nº 7.
4 avril 1820. Extrait de l'acte de mariage de Louise Marie Anne Blondel et de Louis Marie, comte d'Arod. AD33. Bordeaux Métropole. Mariages, section 1. 1820. Document Bordeaux 2 E 107. Vue 35.
Signatures de l'acte de mariage de Louise Marie Anne Blondel et de Louis Marie, comte d'Arod. Louise Marie Anne Blondel signe « Désirée Blondel épouse », de son sur-prénom familial sans doute. Jeanne Louise Magdeline Salles, sa mère, signe « Salles Blondel mère ».
Le 11 novembre 1828, Mademoiselle Charlotte Élisabeth Théodora Blondel, âgée de 19 ans, née à Paris, Seine, le 10 décembre 1808, demeurant à Bordeaux rue Gouvion nº 5, fille de Monsieur Jean Pierre Sébastien Blondel, propriétaire actuellement à Saint-Pierre, île Martinique, et de Dame Jeanne Louise Madeleine Salles, habitante de Bordeaux, épouse à Bordeaux, section 1, Marie Joseph Nicolas, dit Amédée, d'Oms d'Armengaud, avocat général près la Cour de Bordeaux, nommé la meême année procureur général près la Cour de Toulouse.
11 novembre 1828. Extrait de l'acte de mariage de Charlotte Élisabeth Théodora Blondel et de Marie Joseph Nicolas, dit Amédée, d'Oms d'Armengaud. AD33. Bordeaux, section 1. Mariages. 1828. Document 4 E 1046. Vue 158.
Signatures de l'acte de mariage de Charlotte Élisabeth Théodora Blondel et de Marie Joseph Nicolas, dit Amédée, d'Oms d'Armengaud. Charlotte Élisabeth Théodora Blondel signe « Théodora Blondel Rougery épouse ». Jeanne Louise Magdeleine Salles, sa mère, signe « Salles Blondel mère ».
Le 5 décembre 1831, Demoiselle Henriette Louise Amélie Blondel, âgée de 21 ans, née à Paris, Seine, le 26 février 1810, demeurant à Bordeaux nº 5, fille du Sieur Jean Pierre Sébastien Blondel, propriétaire habitant de Saint-Pierre, isle de la Martinique, et de Dame Jeanne Louise Madeleine Salles, habitante de cette ville [Bordeaux], épouse à Bordeaux, section 1, Joseph Labre Octavien Galtier, censeur au collège royal de Rouen, né le 13 novembre 1780 à Saint-Georges-de-Luzençon, Aveyron.
5 décembre 1831. Extrait de l'acte de mariage d'Henriette Louise Amélie Blondel et de Joseph Labre Octavien Galtier. AD33. Bordeaux, section 1. Mariages. 1831. Document 4 E 1068 Vue 156.
Signatures de l'acte de mariage d'Henriette Louise Amélie Blondel et de Joseph Labre Octavien Galtier. Henriette Louise Amélie Blondel signe « Blondel épouse ». Jeanne Louise Magdeline Salles, sa mère, signe « S. Blondel mère ».
De façon qu'on remarque, Jean Pierre Sébastien Blondel, dit « surnommé La Rougery » en 1820, puis dénommé Blondel tout court à partir de 1828, est absent à chacun des mariages de ses filles. D'après les actes de ces mariages, « Monsieur Jean Pierre Sébastien Blondel, surnommé La Rougery, propriétaire colon », se trouve en 1820 « actuellement sur son habitation du quartier du Mouillage de Saint-Pierre, île Martinique », et Dame Jeanne Louise Madeleine Salles, son épouse, habite Bordeaux. « Actuellement » peut certes qualifier ici une absence provisoire. Mais « Monsieur Jean Pierre Sébastien Blondel, propriétaire », se trouve en 1828 encore « actuellement à Saint-Pierre, île Martinique », et Dame Jeanne Louise Madeleine Salles, habite toujours Bordeaux. Et « le Sieur Jean Pierre Sébastien Blondel », est dit en 1831 « propriétaire habitant de Saint-Pierre, isle de la Martinique », tandis que Dame Jeanne Louise Madeleine Salles, continue d'habiter Bordeaux. Il semble donc que Jean Pierre Sébastien Blondel soit définitivement rentré à la Martinique et qu'il se soit ainsi peu ou prou détaché de son épouse et de ses enfants, restés en France. Quelque chose a dû se produire après 1810, année de la naissance d'Henriette Louise Amélie Blondel, sa dernière fille, et avant 1820, année du mariage de Louise Marie Anne Blondel, sa fille aînée.
De 1803 à 1810, Jean Pierre Sébastien Blondel et Jeanne Louise Madeleine Salles, mariés en 1801, ont eu au moins quatre enfants : Louise Marie Anne Blondel, née en 1803 à Versailles ; Pierre Ernest Blondel, né à Versailles en 1804, mort quatre mois plus tard ; Charlotte Élisabeth Théodora Blondel, née en 1808 à Paris ; Henriette Louise Amélie Blondel, née en 1810 à Paris. Ils ont eu un autre fils probablement aussi, puisque Hippolyte Auger, familier de la maison de Madame Blondel à Paris en 1817-1818, dit que cette dame « avait une fille déjà grandelette et un fils au collège ». On supposera de la « fille déjà grandelette » que c'était Louise Marie Anne Blondel, née en 1803 ; que Charlotte Élisabeth Théodora Blondel, née en 1808, et Henriette Louise Amélie Blondel, née en 1810, étaient en nourrice ou en pension ; et que le « fils au collège » avait dû naître circa 1806. [Les garcons pouvaient alors entrer au collège dès l'âge de six ans (12)]. Pourquoi donc Claude Gabriel Marie Blondel, dit Marius, et Marie Rose Charlotte Madey d'Escoublant, son épouse, étaient-ils présents chez Jean Pierre Sébastien Bondel, leur frère et beau-frère, à Versailles en 1806-1807, puisque, comme leurs passeports en font foi, ils quittent Versailles pour la Martinique le 24 avril 1807 (13) ? Dans l’État-Civil reconstitué de Paris, on trouve un acte de naissance qui semble répondre à cette question :
19 juillet 1806. Naissance de Charles Pierre Sébastien Blondel. État-Civil reconstitué de Paris. Naissances. V3E/N 222. On ignore ce qu'il est advenu plus tard de Charles Pierre Sébastien Blondel. Il n'apparaît dans aucun des actes familiaux.
Après la naissance d'Henriette Louise Amélie Blondel, née en 1810 à Paris, Jeanne Louise Magdeleine Salles, épouse de Jean Pierre Sébastien Blondel, a eu un enfant, dit-on, d'Alexandre Soumet. Il s'agit de Louise Gabrielle Soumet, née le 17 mars 1812 à Paris, dont elle passe pour être la « marraine ». On doute que des âmes charitables n'aient pas informé Jean Pierre Sébastien Blondel de cette infortune. Il se murmure que Jeanne Louise Magdeleine Salles aurait eu aussi, en 1816, une idylle avec Alfred de Vigny (14). Quoi qu'il en soit, après la naissance d'Henriette Louise Amélie Blondel en 1810, Jean Pierre Sébastien Blondel et Jeanne Louise Magdeleine Salles n'ont plus eu d'enfants. On ne peut divorcer entre 1816 et 1884.
Renonçant entre 1815 et 1820 au rôle de « reine de salon », Jeanne Louise Magdeleine Salles déménage à Bordeaux dans la maison dont la famille Blondel est propriétaire. Elle s'applique désormais avec succès au rôle de marieuse de ses filles. Deux de ses filles font de très beaux mariages, et elle signe leurs deux actes de mariage, avec une dignité parfaite, « Salles Blondel mère ». Louise Amélie Blondel, dernière de ses filles, contracte un mariage moins brillant. Comme par effet de retour sur son mariage à elle, Madame Blondel signe alors plus sobrement « S. Blondel mère ».
II.4. Fin de Jean Pierre Sébastien Blondel et de Jeanne Louise Magdeleine Salles
Jean Pierre Sébastien Blondel préférait sans doute à la vie des salons celle de son terroir martiniquais. Peut-être a-t-il eu une autre compagne là-bas. Il meurt le 17 janvier 1850 à Saint-Pierre, en Martinique.
17 janvier 1850. Décès de Jean Pierre Sébastien Blondel. Archives Nat. de l'Outre-Mer. Martinique. Saint-Pierre. 1850. Vue 2.
Après le décès de son mari, Jeanne Louise Magdeleine Salles s'installe à Paris, dans le XVIe arrondissement rue de la Municipalité nº 69 (15). On ne sait rien de ses dernières années. Elle meurt, « rentière », à l'âge de 94 ans. Dommage qu'il ne nous soit pas resté un portrait d'elle en « créole piquante », « reine de salon ». On l’appelait « Lise » …
6 février 1878. Décès de Jeanne Louise Salles. État-Civil de Paris. 1878. Décès. XVIe arrondissement. 1er janvier 1878 (acte n° 1) 18 mars 1878 (acte n° 235). Document 16 V4E 4685 vue 15. Vue 15.
Alexandre Soumet a élevé et adoré Louise Gabrielle Soumet, la fille que Madame Blondel de la Rougerie lui a donnée le 17 mars 1812. Il a fait d'elle une femme de lettres, et la continuatrice de son œuvre posthume.
Portrait de Madame d'Altenheim, née Louise Gabrielle Soumet. Lithographie de Thierry Frères.
À lire aussi :
1. À propos des biens de Jeanne Louise Madeleine Salles en Martinique : L'affaire Blondel
2. Généalogie Salles.
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1. Léon Séché, Études d’histoire romantique. Le Cénacle de la Muse française : 1823-1827, Paris, Mercure de France, 1908, p. 23.
2. Henri Malo, Une Muse et sa Mère. Delphine Gay de Girardin, Paris, Émile-Paul Frères, 1924, p. 116.
3. Mémoires d'Auger. 1810-1859, publiés par Paul Cottin, Paris, Au bureau de la Revue Rétrospective, 1891, p. 140 sqq.
4. Cf. Archives nat. Registre des pédérastes de la Préfecture de police de Paris. BB4, f° 39 et 84 ; ou Le Registre de l'infâme, Sciences humaines et sociales, Paris, édition Quintes-feuilles, 2012.
5. Eugène Bruneau-Latouche, Chantal et Philippe Cordiez, 209 anciennes familles subsistantes de la Martinique, tome 1 : A-G, Aix-en-Provence/Fort-de-France/Paris, 2010, passim.
6. 20 mai 1777. Baptême de Jean Pierre Blondel de la Rougery. ANOM. État-Civil. Martinique. Le Marin. 1777. Vue 4. 7. Étienne Broglin, Dictionnaire biographique sur les pensionnaires de l'académie royale de Juilly (1651-1828), II (1746-1795), Centre Roland Mousnier, 2017, p. 2034-2035. 8. AD33. Registres des passeports délivrés au départ de Bordeaux pour toutes destinations par terre et par mer. Cote : 3 L 179. 9. Charles Madey d'Escoublant mourra le 11 mai 1815 à Bordeaux, à l'âge de 81 ans. 10. Luce Rose Brière de l'Isle, épouse de Charles Madey d'Escoublant, est elle-même fille d'un négociant de la Grenade. 11. 10 messidor an XII (29 juin 1804). Décès de Pierre Albert Blondel [Rougery]. AD78. Versailles. 1803 1804. Document 4E 4085. Vue 114. 12. Laurence Fritsch, « Une histoire des collèges, du XIXe siècle à nos jours », in Les Clionautes, 2007. 13. AD33. Registres des passeports délivrés au départ de Bordeaux pour toutes destinations par terre et par mer. Cote : 3 L 179. 14. « Adieu, mon cher Édouard, rappelez-moi au souvenir de Madame Blondel et de Mlle Darolles, j'espère que vous le pouvez faire tous les soirs . Envoyez-moi les vers ». In Correspondance d'Alfred de Vigny. 1816-juillet 1830, tome 1, Garnier, 2012, p. 181. 15. La rue de la Municipalité, à Auteuil, a été renommée entre 1890 et 1894 : pour une partie, avenue Théophile Gautier ; pour l'autre partie, rue Chardon-Lagache. Information fournie par Hubert Demory, président de la Société Historique d'Auteuil et de Passy, vice-président de la Fédération des Sociétés Historiques et Archéologiques de Paris et de l'Ile-de-France.