Immobile à l’orée d’un bois,
le centaure regardait,
en bas dans la vallée,
les lumières de la ville.
Là vivaient Esculape,
son élève d’antan,
et quelques médicastres encore,
auxquels il enseignait jadis
les secrets des simples,
l’art des baumes et autres onguents.
Il eut envie de les revoir.
Empruntant la route en lacets
qui va vers la plaine,
il eut plaisir à cheminer
sous l’or des étoiles,
ouvert aux bruissements
et aux senteurs moirées
de la vie, qui couve, la nuit,
dans la touffeur des arbres.
Arrivé aux abords de la ville endormie,
il s’étonna de la laideur des lieux,
des odeurs de dortoir, de mazout, de poubelle.
Plus loin, dans les quartiers nobles,
il tenta de suspendre son pas
qui sonnait net et clair
sous la haute commination des façades armoriées.
Il stationna longtemps au bord d’une fontaine,
puis se rencoigna sous un porche.
Où aller ?
Où joindre ses amis ?
Le jour commençait à poindre.
Surgis de nulle part, d’énormes camions-benne
se mirent à rugir.
Bientôt, un flot de voitures
fusa tout à la fois
des quatre coins de l’espace.
Le flot enflait sans cesse.
La vague montait jusqu’à son poitrail.
L’air empestait.
Le bruit l’assourdissait.
Il s’élança dans le flot.
Il se souvint alors
d’avoir fendu d’autres eaux,
plus douces à son poil,
et à son âme aussi.
Heurté par une voiture,
il ne revit jamais
ni ses amis d’antan
ni ses bois de toujours.
Je reste pour ce début d’année tout près de la mer désertée en ce plein hiver venteux mais ensoleillé
Coucou, Monique ! Profite bien de la mer et du SOLEIL.