En 1694, Jean Louis d’Usson (1672-1738), marquis de Bonnac, remplace son oncle François d’Usson de Bonrepaux au poste de chargé d’affaires du roi de France à La Haye. Jean Baptiste Racine (1678-1747), fils aîné de Jean Racine, le grand dramaturge, se trouve dans le même temps attaché à l’ambassade de La Haye dont le marquis est alors titulaire. Jean Racine, son père, lui écrit souvent, et il adresse aussi à Jean Louis d’Usson plusieurs missives relatives à Jean Baptiste, son fils. Les deux familles conservent par la suite des liens d’amitié.
Ci-dessus : François Armand d’Usson, marquis de Bonnac. Collection privée.
De 1751-1756, François Armand d’Usson, marquis de Bonnac, fils de Jean Louis d’Usson, est à son tour ambassadeur du roi de France à La Haye. Il y trouve les lettres adressées par Jean Racine à Jean Louis d’Usson. Les descendants des deux familles ont conservé des liens d’amitié. C’est en outre Charles Louis de La Fontaine, secrétaire de François Armand d’Usson à La Haye, qui a classé et catalogué les lettres de Jean Racine. Le même Charles Louis de La Fontaine, petit-fils du grand La Fontaine, correspond depuis La Haye avec Louis Racine, à Paris. Louis Racine (1692-1763), poète, inspecteur général par ailleurs des fermes en Provence 1A moitié ruiné par le système de Law, Louis Racine s’appliquait à ce métier qu’il n’appréciait pas. Cf. ((Guy Bevan. Jean et Louis Racine : critique et transmission. Une filiation littéraire. Mémoire de recherche sous la direction de M. Jean-François Bianco. Lettres modernes. Université d’Angers. 2016-2017., est le septième et dernier enfant du grand Racine. Conservées dans la famille Chalonge, belle-famille de Charles de La Fontaine, demeurant à Pamiers, quelques lettres qui subsistaient de cette correspondance, datées toutes de 1753, ont été recueillies circa 1850 par l’Abbé Santerre, vicaire général de Pamiers, puis publiées en 1897 par le Chanoine Barbier dans le Bulletin de la Société ariégeoise des sciences, lettres et arts 2Chanoine Barbier. « Un petit-fils de La Fontaine à Pamiers. Et lettres à lui adressées par Louis Racine« . In Bulletin de la Société ariégeoise des sciences, lettres et arts. 1897.. Ce sont les lettres de Louis Racine. Celles de Charles Louis de La Fontaine à Louis Racine n’ont malheureusement pas été retrouvées. L’Abbé Santerre a retrouvé aussi dans la famille Chalonge quelques lettres adressées à Charles Louis de La Fontaine en 1750 et 1753 par le Chevalier de Bauffremont.
Bourré d’allusions à l’actualité du temps, cet ensemble de lettres nécessite quelques éclaircissements. Le lecteur curieux trouvera ces éclaircissements dans les notes ci-dessous.
1. LETTRES DE LOUIS RACINE A CHARLES-LOUIS DE LA FONTAINE, SECRÉTAIRE DE M. DE BONNAC, A LA HAYE.
Ci-dessus : portrait de Louis Racine par Simon Charles Miger (1736-1820). Fine Arts Museums of San Francisco.
1.1. Paris, 10 février 1753.
Je vous ai annoncé, Monsieur, la visite de M. Héerkens 3Cf. Antoine Alexandre Barbier. Examen critique et complément des dictionnaires historiques les plus répandus. Tome Ier (A-J), p. 433. Chez Rey et Gravier, Libraires. Paris. 1820 : « Gérard Nicolas Héerkens, médecin et littérateur hollandais. Avant 1758, il fut reçu membre de l’académie des Arcades, sous le nom de Curillo Calcidico ; ce qui explique pourquoi il publia, en 1758, ses Satires latines, sous le masque de Marius Curullus. Il a publié également un ouvrage intitulé Empedocles, sive Physicorum epigrammatum libri V (Groningae, 1783), et un Iter venetum a été réimprimé dans les Italicorum libri tres. » qui doit vous remettre ce paquet. Il a une grande envie de faire connaissance avec vous. Il est ami des muses et c’est avec raison qu’il veut aussi devenir le vôtre. Je mets un louis dans cette lettre, parce que je suis votre débiteur et que j’espère que vous m’enverrez quelquefois quelques-uns de ces ouvrages qui peuvent exciter la curiosité d’un homme de lettres, et que vous pouvez envoyer sous l’enveloppe de M. Tercier 4Jean Pierre Tercier, membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres depuis 1747 et premier commis des Affaires étrangères depuis 1749, employé au cabinet noir du cardinal de Fleury, responsable du chiffre et du contrôle de la poste, chargé aussi de la censure des activités éditoriales. En 1757, trop confiant en dépit des mises en gardes, et sans avoir pu lire la totalité de l’ouvrage, il se laisse convaincre par Helvétius (Claude Adrien Schweitzer (1715-1771), dit Helvétius, philosophe anti-chrétien, franc-maçon, poète) d’autoriser la publication de son De l’Esprit. Dès la parution des quelques premiers volumes, les Jésuites et la Cour crient au scandale. Saisi, le Parlement condamne un livre « qui renverse la religion », et ordonne qu’il soit brûlé. Le 27 février 1759, Choiseul annonce à Jean Pierre Tercier qu’au nom du roi, il lui « ôte sa place aux Affaires étrangères, tout en lui accordant une retraite honorable ». Pour plus de détails sur l’affaire, cf. Didier Ozanam. « La disgrâce d’un premier commis : Tercier et l’affaire de l’Esprit (1758-1759)« . In Bibliothèque de l’École des chartes. Année 1955. 113, pp. 140-170., comme la suite des lettres de Mme de Maintenon et sa vie, si on l’imprime en Hollande. Il en paraît ici un premier volume.
Comme Rey 5Marc Michel Rey (1720-1780), éditeur-libraire né à Genève, décédé à Amsterdam, connu pour son rôle dans la diffusion des œuvres de philosophes français des Lumières tels que Rousseau, Voltaire, Diderot et d’Holbach., libraire d’Amsterdam, doit me fournir quelques feuilles périodiques, je lui ai marqué qu’il pourra vous les adresser.
Si vous pouviez me trouver une livre de très bon thé divisé, je n’aurais point regret à l’argent qu’il me coûterait, mais je voudrais de l’excellent, et on ne le trouve pas ici ; je ne vous en parle qu’en cas qu’on le trouve dans le pays où vous êtes.
Je suis, Monsieur, avec le plus inviolable attachement, votre très humble et très obéissant serviteur,
RACINE.
1.2. Paris, 20 mars 1758.
J’ai reçu, Monsieur, votre lettre du 9, et le paquet que vous avez eu la bonté de m’adresser par M. Tercier. M. Héerkens aura sans doute été très fâché de ne vous voir pas arriver à la Haye où il espérait faire connaissance avec vous. Quand je serai votre débiteur, je pourrai de même mettre un louis ou deux dans un paquet dont M. Tercier voudra bien se charger. Je l’en ai prévenu. Je crois que vous ferez bien de donner votre confiance pour les livres au sieur Rey. On m’a assuré qu’il était fort honnête homme. Je sais qu’à la fin des journaux de France qu’il imprime, il met quelquefois des pièces particulières dont quelques-unes pourraient exciter ma curiosité. L’embarras est de les avoir. Du reste, je suis peu curieux de toutes les brochures nouvelles qui, selon toute apparence, sont aussi insipides en Hollande qu’ici.
Mais quand vous verrez paraître quelque ouvrage capable de contenter un homme de lettre, ne m’oubliez pas. On en vient d’imprimer un à la Haye, intitulé l’Esprit des nations 6Il s’agit du De l’Esprit d’Helvétius., je ne serais point fâché de l’avoir ; c’est un amas très mal digéré de bonnes recherches. Je voudrais aussi avoir la traduction du voyage des Espagnols en Amérique, celui dans lequel ils ont eu une querelle qui dure encore avec M. de la Condamine 7Charles Marie de La Condamine (1701-1774), explorateur et scientifique français, directeur d’une expédition au Pérou, astronome et encyclopédiste, auteur, entre autres, d’une Relation abrégée d’un voyage fait dans l’intérieur de l’Amérique méridionale depuis la côte de la mer du Sud jusqu’aux côtes du Brésil et de la Guyane, en descendant la rivière des Amazones, d’un Mémoire sur quelques anciens monuments du Pérou, du temps des Incas et d’un Journal du voyage fait par ordre du roi, à l’Équateur..
J’ai lu à des amis la requête de Voltaire 8LETTRE DE VOLTAIRE À LA PRINCESSE D’ORANGE. À Son Altesse Royale Madame la princesse d’Orange (retrouvée aussi par l’Abbé Santerre à Pamiers, dans la famille Chalonge.
« François de Voltaire, gentilhomme ordinaire de la Chambre de Sa Majesté Très Chrëtienne, et chambellan du roi de Prusse, a recours très humblement et avec la plus grande confiance à la justice de Son Altesse Royale au sujet de la feuille scandaleuse imprimée chez Pierre Josse, libraire à la Haye, intitulée la Bigarrure du jeudi 4 janvier 1753.
Il est dit dans cette feuille, p. 13, que le sieur de Voltaire friponne quatre ou cinq malheureux libraires à chacun desquels il vend furtivement et séparémenl le manuscrit du même ouvrage.
Le sieur de Voltaire n’a jamais vendu un seul manuscrit à aucun libraire, ni de Hollande, ni d’Allemagne, et s’il y en a un seul qui puisse montrer le moindre marché qu’il ait jamais fait d’aucun manuscrit, il se tient déshonoré à la face de l’Europe.
Il leur a fait à tous présent de ses ouvrages, sans jamais recevoir d’eux la moindre récompense.
Il a fait présent à Georges Conrad Valther, libraire à Dresde, de la nouvelle édition du Siècle de Louis XIV et il a averti publiquement les libraires hollandais qui voudraient ou contrefaire ce livre ou en obtenir le privilège dans leur pays, de se conformer à cette édition de Dresde. Il demande donc justice de cette calomnie flétrissante et atroce, insérée dans la feuille de Pierre Josse du 4 janvier ; et cette justice se borne à une rétractation convenable, laquelle il espère que
ce libraire sera tenu de faire et d’insérer dans une de ses feuilles.
Il supplie très humblement Son Altesse Royale de lui pardonner si cette requête n’est pas dressée dans la forme prescrite.
Il la supplie très instamment de daigner la recevoir avec bonté, de commander qu’elle soit communiquée à qui il appartiendra, et de favoriser de sa protection la juste demande qu’il fait avec le plus profond respect à Son Altesse Royale. »
Il me peine à croire qu’il ait agi si généreusement qu’il le dit avec les libraires, et tous auraient été envieux de la brochure imprimée contre lui. Du reste, cette requête n’est point sortie de mes mains. Savez-vous où en est le fameux Virgile gravé dont un Anglais, nommé Justice de Rufforth, exécute l’entreprise à Rotterdam. Il a engagé bien des souscripteurs en France et en Italie. J’ai donné mon louis comme un autre. Quelques réservés n’ont pas eu confiance en lui et l’ont regardé comme un aventurier. Pour moi, j’ai dit que je voulais risquer pour un louis d’être dupe avec le pape, les cardinaux et tous les princes qui ont souscrit. Je suis persuadé qu’il aura aussi engagé M. l’ambassadeur [M. de Bonnac] à souscrire. Il m’avait dit que le premier volume paraîtrait dans le mois de janvier.
Je vous prie de me donner de temps en temps de vos nouvelles, de m’apprendre quels sont vos plaisirs. Quelque amour que vous ayez pour le travail, vous cherchez sans doute des délassements. Je ne sais si la Haye vous en offre de capables de contenter.
Je suis, avec le plus inviolable attachement, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,
RACINE.
1.3. Je vous suis infiniment obligé, Monsieur, des livres que vous m’avez envoyés. Vous avez fait une fois le paquet un peu gros, et M. Tercier me marque qu’on en a ouvert un coin à la poste, et qu’on a vu mon adresse. Il s’agit seulement, à ce qu’il me semble, de ne plus mettre d’autre adresse, excepté à ce qui est lettres, car il me paraît que Messieurs de la poste ne peuvent trouver à redire qu’étant en relations nécessaires avec le bureau des affaires étrangères, vous y envoyez quelques ouvrages nouveaux. Les brochures ne font point un paquet, et je crois d’ailleurs que vous envoyez quelquefois des paquets d’une grosseur considérable.
Quelque favorable que puisse être à Voltaire la rétractation d’un libraire 9Le 31 mai 1753 à Franfort, Frédéric II fait arrêter Voltaire par son résident le baron von Freytag, pour récupérer un livre de poésies écrit par lui, donné à Voltaire, et dont il craint que ce dernier ne fasse mauvais usage, ce dont Voltaire fait promptement mauvais usage en communiquant au libraire en question « l’œuvre de poésie du roi mon maître ». Voltaire se désolidarise ensuite du libraire en question. Mais, informé de l’affaire, Louis XV ne pardonnera jamais à Voltaire son usage duplice du mot « le roi mon maître », qui, après l’avoir désigné lui-même, désigne en 1753 Frédéric II. Voltaire s’en expliquera en 1759 dans ses Mémoires pour servir à la vie de Voltaire, écrits par lui-même : « Il fallait une permission du roi de France pour appartenir à deux maîtres. Le roi de Prusse se chargea de tout. Il écrivit pour me demander au roi mon maître. Je n’imaginai pas qu’on fût choqué à Versailles qu’un gentilhomme ordinaire de la chambre, qui est l’espèce la plus inutile de la cour, devînt un inutile chambellan à Berlin. On me donna toute permission. Mais on fut très piqué ; et on ne me le pardonna point. Je déplus fort au roi de France, sans plaire davantage à celui de Prusse, qui se moquait de moi dans le fond de son cœur. », le public aura de la peine à se rétracter sur ce qu’il pense de Voltaire. Je ne puis croire que la brochure de main de maître soit d’une main royale. Un grand roi [Frédéric II] ne descend pas à ces petits badinages.
Nous ne connoissons point encore ici la traduction du poème épique dont vous me parlez. S’il y avait quelque chose de vrai dans le testament du cardinal Alberoni 10Jules Alberoni, ou Giulio Alberoni (1664-1752), prêtre italien, homme d’État au service du roi d’Espagne Philippe V, nommé cardinal en 1717, chassé d’Espagne en 1719, plusieurs fois candidat à l’élection pontificale, nommé en 1730 légat apostolique à Ravenne. « Sodomite » notoire, il finit sa vie dans son palais de Plaisance. Les Lettres intimes (période 1703-1746) de J. M. Alberoni, adressées au comte I. Rocca, ministre des finances du duc de Parme, ont été publiées d’après le manuscrit du collège de San Lazaro Alberoni par Émile Bourgeois chez Masson, à Paris, en 1893., ce livre serait curieux, mais c’est peut-être un ouvrage fait à plaisir comme le testament de M. de Colbert, du cardinal Mazarin, celui du cardinal Richelieu. C’est le seul qui paraisse avoir un fondement. Encore a-t-il été vivement attaqué par Voltaire. En général, tous ces testaments de ministres sont suspects.
Ce que vous me demandez du Virgile gravé me fait trembler pour mon louis d’or entré dans la poche de M. Justice de Rufforth 11Cf. Étienne Ganeau (París), François Plaignard (Lyon). Memoires pour l’Histoire des Sciences et des Beaux Arts. Article CXIII. Nouvelles littéraires. France. De Paris. Page 2306. Chez Briasson. 1751. Paris : « M. [Henry Justice de Rufforth, Hollandais établi à Rotterdam, donne au public un Virgile gravé ad instar de l’Horace de Londres, publié par le sieur Pine, de Londres. Mais l’artiste hollandais prétend porter son ouvrage à un degré d’excellence et de magnificence supérieures. Il se donne pour cela beaucoup de soins ; il fait graver les vignettes et les lettre par les plus habiles maîtres ; il est même sur le point de passer en Italie pour considérer de plus près les monuments qui pourront servir à la décoration de ce beau Virgile. […].
Comme les frais de cette entreprise sont immenses, l’auteur ou l’éditeur prend la voie d’une souscription qui ne lui sera de quelque utilité qu’en cas que le nombre des souscripteurs aille jusqu’à mille. Heureusement pour lui ils se multiplient de jour en jour, et nous avons déjà vu une liste de seigneurs italiens et français.
Le prix de la souscription est d’un louis pour chaque volume ; on avancera cette somme, et à la réception du premier tome on paiera le second louis, et ainsi du reste… ». Il doit s’y trouver cependant avec ceux du pape, des cardinaux et princes. Si la liste des souscripteurs qu’il m’a fait voir est bien véritable, j’y suis au numéro environ 800. C’est M. Le Beau 12Charles Le Beau (1701-1778), nommé membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres en 1748, professeur d’éloquence latine au Collège de France en 1752, auteur de discours et d’éloges historiques, de fables et de poèmes en latin, ainsi que d’une grande Histoire du Bas-Empire. qui a écrit la vie de Virgile, qui doit être à la tête. J’ai peine à croire que l’éditeur ne donne pas le premier volume parce que, pour le retirer, chaque souscripteur donnera encore un louis, ce qui fera plus de 1.600 louis. Mais nous attendrons peut-être longtemps le second volume et les autres. Virgile pourra bien dire de ses ouvrages : Mandat opera interrupta 13Mandat opera interrupta : Virgile pourrait bien dire qu’il compte sur lui pour ses travaux interrompus ». Virgile dit au vrai dans l’Énéide, IV, 88 : Pendent opera interrupta. « Les travaux interrompus restent en suspens. ».
Vous serez instruit des travaux de cet éditeur. Quand vous irez à Rotterdam, saluez la statue d’Érasme.
Mon fils est bien sensible à votre souvenir et vous assure de ses respects.
Je suis, Monsieur, avec le plus inviolable attachement, votre très humble et très obéissant serviteur,
RACINE.
1.4. A Paris, le 7 avril 1753.
Je ferai part à M. Falconet 14Étienne Maurice Falconet (1716-1791), sculpteur-philosophe, nommé membre de l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1754, traducteur du passage concernant la peinture et la sculpture dans les livres de Pline, auteur d’ouvrages sur les arts dans l’Antiquité et chez les peuples modernes, auteur aussi de l’article « Sculpture » dans l’Encyclopédie. de ce qui le concerne dans votre lettre, et vous pouvez être assuré de sa reconnaissance.
1.5. Ce 26 mai 1753.
J’ai reçu, Monsieur, votre lettre du 17, et je recevrai dans deux jours le livre que vous avez eu la bonté de m’envoyer par le carrosse de Bruxelles. Il est à la douane pour être porté ensuite à la chambre syndicale. Vous me ferez plaisir de m’envoyer un mémoire de ce que je vous dois. Je pourrai vous faire venir l’argent dans une lettre que je remettrai à M. de la Chapelle 15Abbé Jean Baptiste de La Chapelle (1710-1792), mathématicien, contributeur de l’Encyclopédie, admis à la Société royale de Londres en 1747, censeur royal (comme Jean Pierre Tercier) à partir de 1751, auteur, entre autres, d’un ouvrage pédagogique intitulé L’Art de communiquer ses idées (London. 1763).. C’est lui, à ce qu’on m’a dit, qui envoie les paquets à M. l’ambassadeur [le marquis de Bonnac] ; et M. de la Chapelle, avec qui sans doute vous êtes en relation, est une de mes plus anciennes connaissances. Quand vous lui adresserez quelque chose pour moi, il me le fera venir.
On m’a dit qu’on imprimait à la Haye l’histoire des fameux couplets de Rousseau 16À quels « fameux couplets » de Rousseau Louis Racine fait-il allusion ? Le seul texte de Jean Jacques Rousseau qui se publie en 1753 aux Pays-Bas, c’est la Lettre d’un symphoniste de l’Académie royale de musique à ses camarades de l’orchestre, un chef d’œuvre d’ironie, rédigé dans le contexte de la Querelle des Bouffons. Cf. E. Jollet. Lettre d’un symphoniste de l’Académie Royale de musique à ses camarades de l’orchestre. Rumeur des Âges. La Rochelle. 1994 : « Rousseau fait tenir à un instrumentiste, tenant de la musique de Rameau, des propos affligeants de bassesse. Il reprend ici, récurrent dans son œuvre, le procédé consistant à donner la parole à l’adversaire pour mieux le ridiculiser. Les musiciens de l’Académie y apparaissent paresseux, incapables, haineux. Rousseau prend soin de se défendre contre toute accusation d’hostilité envers la France en faisant de son musicien un adversaire de la tragédie classique. La deuxième partie de la lettre, présentant en 11 points le programme de démolition d’une œuvre italienne par ses interprètes, constitue sans doute, dans l’œuvre de Rousseau, l’une des versions les plus comiques du thème du complot. ». S’il paraissait quelque chose sur cette matière, je suis persuadé que vous me l’enverriez. Je ne serois pas fâché d’avoir le testament du cardinal Alberoni, dont j’entends parler avantageusement.
Je viens d’entendre lire un portrait de la vie et du caractère du roi de Prusse 17Frédéric II de Prusse (1712-1786), dit Frédéric le Grand, principal représentant du courant du despotisme éclairé. Invité en Prusse en 1750, Voltaire perd les faveurs de Frédric II en mars 1753. Il est arrêté et emprisonné un mois à Francfort. La France lui refuse toutefois l’asile, en raison du scandale causé par l’édition pirate de son Abrégé de l’Histoire Universelle.. Je crois cet ouvrage de la Beaumelle 18Laurent Angliviel de La Beaumelle (1726-1773), homme de lettres, auteur de L’Asiatique tolérant, ouvrage publié en 1749 à Amsterdam et brûlé en France. En 1750, il achète à Louis Racine un mémoire et des lettres de Madame de Maintenon dont il envisage d’écrire la vie. Au début de l’année 1753, après un séjour en Prusse et diverses autres aventures, il fait la connaissance de La Condamine, dont il devient un ami fidèle. Du 24 avril au 12 octobre 1753, sur le plainte de Voltaire, il est arrêté et incarcéré à la Bastille pour avoir annoté et relevé publiquement nombre d’erreurs dans Le Siècle de Louis XIV, de Voltaire. Du 6 août 1756 au 1er septembre 1757, il sera incarcéré à la Bastille une fois encore pour avoir mis en cause la réputation de la Cour de Vienne et irrité l’impératrice Marie Thérèse. Etc. très justement mis à la Bastille ; ce portrait [celui de Frédéric II] n’est pas celui d’un Salomon 19Frédéric II était dit, en son temps, le « Salomon du Nord.. On le peint depuis le moment où il se lève jusqu’au moment où il se couche.
M. Maupertuis 20Pierre Louis Moreau de Maupertuis (1698-1759), philosophe, mathématicien, physicien, astronome et naturaliste, directeur d’une expédition en Laponie, ami de Frédéric II, brocardé par Voltaire, auteur, entre autres, de Réflexions philosophiques sur l’origine des langues et la signification des mots en 1740 et d’un Essai de Philosophie morale en 1749, essai dans lequel il défend le christianisme contre la doctrine païenne. est ici, mais j’ignore où est Voltaire. Je voudrais que le mot de l’impératrice fût véritable.
Le distique fait sur elle a du bon ; mais le premier vers n’est nullement poétique ; et le second commence mal : Et Venus. Ce et n’est pas élégant et est un gallicisme. [S’agit-il de ce distique, lointainement imité des « Deux Pigeons » de Jean de La Fontaine, et dédié, ou plutôt décoché à Frédéric II et à Marie Thérèse d’Autriche, entre qui la guerre menace ? « Des pigeons dans un casque ont logé leurs petits : / Le dieu Mars et Vénus de tout temps sont amis. » 21Œuvres complètes de Voltaire. Tome 2, p. 671. Traductions et imitations. Furne et Cie, Libraires-Éditeurs. Paris. 1846.]
Ce que vous me mandez sur l’entreprise de M. Justice [de Rufforth] me rassure.
Je suis donc certain que j’aurai les Églogues et les Géorgiques pour deux louis, car en recevant ce premier volume, il faudra donner un autre louis pour le volume suivant qui apparemment ne suivra pas.
J’ai lu dans les gazettes les magnificences de l’arrivée de M. l’Ambassadeur [le marquis de Bonnac]. Je prends intérêt à de tels articles, et à cause de lui et à cause de vous.
Les gazettes vous apprennent nos malheurs publics et un trouble dont il n’est pas aisé de prévoir la fin 22Il s’agit de la lutte entre l’autorité royale et le parlement de Paris. Celle-ci débute en 1749 lorsque, pour pouvoir garder le pouvoir sur l’hôpital général où l’archevêque de Paris a fait nommer une supérieure contre l’avis des directeurs proches du Parlement, le Parlement organise une véritable rébellion. Le roi ordonne en 1753 la translation de la Grand Chambre du Parlement à Pontoise, la dispersion, l’exil des magistrats des autres chambres en province, et l’exil des magistrats de la Grand Chambre à Soissons.. Les comédiens ont remis sur le théâtre Don Sanche d’Aragon, de Corneille. Lorsqu’on entendit ces quatre vers de la première scène du deuxième acte : Lorsque le déshonneur souille l’obéissance, etc., etc. 23Sur la marge, sont écrits de la main de la Fontaine, les deux vers suivants :
Lorsque le déshonneur souille l’obéissance
Les rois doivent douter de leur toute-puissance., le parterre battit des mains. On a ordonné aux comédiens de ne plus les prononcer.
Vous aviez cru, comme moi, que les vers de Voltaire, adressés au cardinal Quirini 24Angelo Maria Quirini (1680-1755), savant bénédictin et cardinal italien, qui a correspondu avec Isaac Newton et Voltaire. Nommé directeur de la bibliothèque du Vatican en 1730, et préfet de la Congrégation de l’Index en 1740. étaient ironiques et impies. Le bon et très bon cardinal les a fait imprimer dans son imprimerie de avec deux lettres de Voltaire qui l’exhorte à contribuer au bâtissement de l’église des Catholiques à Berlin. Son Éminence m’a envoyé cette feuille qu’il regarde comme une preuve de la religion de Voltaire injustement déchirée ; ce sont les termes dont il se sert dans la lettre qu’il m’écrit. De ce que Voltaire a dit en vers : Hélas ! mon prince est hérétique 25« Je gémis en bon catholique. / Hélas ! mon prince est hérétique, / Et n’a point de dévotion ». Extrait des Œuvres complètes de Voltaire. Épitre LXXXI. À Monsieur le Cardinal Quirini. Berlin. 1751., il conclut avec joie que le poète est très bon catholique.
Je suis de tout mon cœur, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,
RACINE.
1.6. Ce 30 juin.
M. de la Chapelle m’a renvoyé, Monsieur, votre lettre du 22, et l’on m’a remis aussi les deux livres que vous avez eu la bonté de m’envoyer. Vous auriez dû y joindre le mémoire de ce que je vous dois.
On attend dans peu la paix du Parlement. Il me paraît certain qu’elle sera ou terminée bientôt, ou reculée bien loin, si la négociation ne réussit pas.
Ce que vous me mandez de M. Justice [de Rufforth], qui m’avait promis le premier volume de Virgile au mois de janvier passé, me fait juger que nous l’attendrons longtemps. Il veut faire du parfait, et il est capable de garder très parfaitement notre argent. Il se connaît parfaitement en livres et en estampes, et sait encore mieux les avoir à bon marché.
J’en étais prévenu, quand je reçus sa visite.
Croirait-on que Voltaire serait arrêté par ce monarque [Frédéric II] dont il a fait de si grands éloges en prose et en vers ! Quelle fin d’une amitié si belle ! Il est vrai, quand on y fait réflexion, que certains caractères doivent d’abord se rechercher, et paraître d’abord devoir se convenir, et être cependant incompatibles. Voltaire peut bien dire maintenant avec Horace :
Dulcis inexpertis cultura potentis amici :
Expertus metuit. 26Horace. Épitres. I, IVIII. 86. Traduction, dans le style du XVIIIe siècle : « Rien de plus agréable que l’amitié des Grands, à qui ne les connaît point ; mais rien de plus redoutable, à qui en a fait l’expérience. »
L’édition qu’on prépare ici des fables de la Fontaine sera très belle.
J’ai vu chez Cochin 27Charles Nicolas Cochin (1715-1790), fils du graveur Charles Nicolas I Cochin dit le père. Dessinateur, graveur et écrivain, il a également a commercialisé des livres illustrés et des estampes. Dessinateur et graveur des Menus Plaisirs en 1739, garde des dessins du cabinet du Roi (1752), membre (1751) puis secrétaire de l’Académie (1755). Censeur royal pour les arts. des dessins d’Oudry 28Jean Baptiste Oudry (1686-1755), peintre et graveur, surtout célèbre pour ses peintures de chiens de chasse, ses natures mortes animalières et ses animaux exotiques. qu’il corrige. Cette édition sera chère, mais je m’imagine qu’on vous en donnera un exemplaire ; il vous est dû. Quand il paraîtra chez vous quelque petit livre curieux, ne m’oubliez pas. M. de la Chapelle favorisera notre commerce.
Je suis, Monsieur, avec le plus inviolable attachement, votre très humble et très obéissant serviteur,
RACINE.
1.7. A Paris, le 15 septembre 1753.
Votre long silence m’inquiète, Monsieur. Je crains ou que vous ne soyez malade, ou que vous ne m’ayez adressé quelque lettre par M. de la Chapelle qui, par scrupule, ne me l’aura point envoyé. C’est un très honnête homme, mais extrêmement scrupuleux. Vous en jugerez par cette lettre qu’il m’a écrite. Je ne m’attendais pas qu’un ami si ancien me ferait cette difficulté, mais il croit que son devoir l’y oblige. M. Tercier me paraît plein de bonne volonté pour nous rendre service, pourvu que ce ne soient pas de gros paquets. Vous me ferez un sensible plaisir de me donner de vos nouvelles par lui, et de m’apprendre ce qui se passe dans la littérature, dans le pays où vous êtes. Je souhaite surtout d’être promptement rassuré sur l’inquiétude où je suis de votre santé. 29Charles Louis de La Fontaine mourra le 14 novembre 1757 à Pamiers. Cf. Christine Belcikowski. Charles Louis de Lafontaine à Pamiers.
C’est avec une amitié inviolable que j’ai l’honneur d’être, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,
RACINE.
2. LETTRES DU CHEVALIER DE BAUFFREMONT 30Joseph de Bauffremont Courtenay (1714–1781), prince de Listenois et du Saint-Empire, marquis de Mirebeau, qui sera nommé chef d’escadre des armées navales de France en 1757, puis commandera ces armées pendant la Guerre de Sept ans. À M. Charles Louis DE LA FONTAINE.
Ci-dessus : Joseph de Bauffremont (au centre) avec le capitaine de Broves à sa droite, accueillis à Smyrne par le consul français, le 28 septembre 1766 (détail). Musée de l’armée.
2.1. A Paris, le 27 avril 1750.
Notre escadre ne partira que le 20 juin ou environ.
Nous irons à Lisbonne, à Cadix, entrerons dans la Méditerranée pour aller visiter Alger et Tunis, et de là désarmer à Toulon. Tout cela sera fini dans le mois de novembre. J’espère être de retour à Paris ce mois de décembre. Voilà mon histoire, je vous sais bon gré, mon cher la Fontaine, d’y prendre part. Ce commandement me remet le pied à l’étrier et à portée de faire mon chemin. J’avais été négligé par M. de Maurepas 31Jean Frédéric Phélypeaux (1701-1781), comte de Maurepas, secrétaire d’État à la Marine de Louis XV de 1723 à 1749 ; puis ministre d’État à l’avènement de Louis XVI, en 1774..
2.2. À Monsieur Monsieur de la Fontaine, à Bonnac, par Pamiers.
À Brest, le 17 juin 1750.
Il n’est pas trop honnête à moi, mon cher la Fontaine d’avoir tant tardé à vous répondre, et quelque sûr que je sois de votre amitié et que vous deviez l’être de la mienne, j’ai tort de la mettre à de telles épreuves ; mais j’étais dans tous les embarras de l’armement d’un vaisseau, occupé dans mon fond de cale, douze heures par jour, à faire mettre tout en place, sans avoir un moment à moi, voilà mon excuse, qui n’est que trop bonne. J’aurais eu plaisir à vous écrire, et je m’ennuyais beaucoup à ce que je faisais, mais il en fallait passer par là. Dieu merci, nos vaisseaux sont prêts, on attend tous les jours M. de Magnemara 32Claude Mathieu de Mac Némara (ca 1693-1766), descendant de jacobites irlandais, reconnu noble en France en 1741, seigneur de Ransannes, lieutenant général de la Marine., notre commandant, avec son vaisseau qui vient de Rochefort. Notre escadre est composée de cinq vaisseaux et une frégate, savoir : la Couronne, de 74 canons,commandée par M. de Magnemara [de Mac Némara] ; le Sceptre, de 74 canons, par M. de Montlouët-Bullion 33Rémy Claude de Bullion (1691-1772), seigneur de Montlouët. Il reçoit son brevet de capitaine de vaisseau en 1747 et se voit promu chef d’escadre des armées navales le 1er janvier 1754, au début de la guerre de Sept Ans., en son nom; le Saint-Laurent, de 62 canons, par votre serviteur ; l’Hercule, de 64, par le chevalier de Guébriant 34Joseph Marie Budes de Guébriant (circa 1701-1760), chef d’escadre des armées navales, et commandant de la Marine à Rochefort. ; la Janon, de 50 canons, par le chevalier de Cousages 35Henri François de La Rochefoucauld (1716-1784), comte de Cousages, seigneur de Clavellier, de Brassac et autres terres ; après des débuts dans l’infanterie pendant la guerre de Succession de Pologne, il intègre la Marine royale et termine sa carrière au grade de vice-amiral, commandant de la flotte du Levant. que vous avez vu à Paris ; le Maréchal de Saxe, de 18 canons, par le chevalier de Mirabeau 36Jean Antoine Joseph Charles Elzéar Riqueti de Mirabeau (1717-1794), oncle du futur tribun révolutionnaire ; chevalier de Malte, capitaine de la Marine royale, plus tard gouverneur de la Guadeloupe.. Tous ces vaisseaux sont neufs; et, avec une cinquantaine d’autres, nous pourrions en passant, non pas prendre Gibraltar, car les Anglais rusés l’ont rendu imprenable, mais tout au plus le bloquer et le prendre par famine, encore je doute qu’on en vînt à bout, à moins d’une digue comme l’histoire nous rend celle de la Rochelle. A l’égard de Mahon 37Port Mahon, capitale de l’île de Minorque, qui est en 1753 une base navale britannique. qui n’est pas si fort, nous sommes trop polis pour lui rien dire en passant, et ne sommes pas battants de peur d’être battus. Le projet de venir ce mois de novembre me voir à Toulon est plus praticable. J’ai une chaise à moi dont je me servirai pour aller à Paris, elle n’est qu’à une place, ce qui fait que je ne vous l’offre pas; mais nous nous rejoindrons dans la grande ville; et je me fais d’avance un grand plaisir de vous revoir et de m’en retourner à pied au faubourg Saint-Germain. Ici je suis un capitaine de haut bord, à Paris, je suis transformé en capitaine du furet, et réduit les trois quarts de ma vie à user mes souliers. Comment faire ? peut-être il viendra un meilleur temps. Les armements ne m’enrichiront pas, je vous assure. Je voudrais bien voir votre livre de marine ; M. de Bonrepaux {François d’Usson de Bonrepaux} s’y connaissait ! Je crois que l’administration du Phélypeaux [Jean Frédéric Phélypeaux de Maurepas, ancien ministre de la Marine] y est bien drapée. Vous avez dû voir bien des sottises dans le temps du conseil de marine, car dans notre corps on en fait parfaitement et en quantité.
Le chevalier de Livry 38Hyppolite François Sanguin (1715-1789), seigneur de Livry, des Tournelles à L’Haÿ-Les-Roses et du Génitoy, chevalier des Hospitaliers de Saint-Jean, capitaine de vaisseau, puis chef d’Escadre des Armées Navales du Roi, conseiller d’Etat, premier maître d’hôtel du Roi. se portait bien quand je suis parti de Paris.
L’année prochaine on lui a promis de l’employer ; on attend ici samedi M. Rouillé 39Hilaire Armand Rouillé du Coudray (1684-1759), maître des requêtes en 1716, conseiller d’État en 1744, directeur des finances et du contrôle général sous la régence de Philippe d’Orléans et sous le règne de Louis XV., il y restera quinze jours. On lancera un vaisseau à l’eau devant lui. Il nous fera partir à la fin du mois. Adieu, mon cher la Fontaine, je suis toujours le meilleur de vos amis.
Le chevalier de BAUFFREMONT.
2.3. De Paris, le 23 février 1753 (pour la Haye).
Je vous envoie, mon cher la Fontaine, un mémoire de mon père 40Louis Bénigne Mis de Bauffremont (1684-1755), colonel général., dont la lecture vous fera sûrement plaisir et vous mettra au fait de la question 41Le mémoire de M. de Bauffremont sera publié le 27 décembre 1758. « Ce mémoire est fort bien écrit », dit le duc de Luynes. « Il est fait à l’occasion d’une thèse soutenue en Sorbonne par le second fils de Mme de Guéméné. Les Rohan Guéméné prétendent des distinctions en Sorbonne, qui sont d’avoir un fauteuil, des gants, et d’être couvert. Feu M. le cardinal de Rohan, alors abbé, avait joui de ces distinctions, et ce fut même M. l’archevêque de Reims (Louvois) qui présida à une de ses thèses. M. le cardinal de Soubise a eu les mêmes honneurs ; on prétend que M. l’archevêque de Reims d’aujourd’hui les a eus aussi ; M. de Bauffremont n’en convient pas dans son mémoire. Ces honneurs sont un effet de la faveur de feue Mme de Soubise auprès de Louis XIV ; mais soit que M. de Bauffremont ne les regarde pas comme suffisamment authentiques pour être accordés par la Sorbonne, soit qu’il croie que cette distinction est accordée à la branche de Rohan Soubise seulement, et qu’elle ne doit pas s’étendre aux Guéméné, il prétend soutenir les intérêts de la noblesse en cette occasion. Il représente les justes plaintes des grandes et illustres maisons, lesquelles ont gardé un profond silence en cette affaire. Enfin, il veut intéresser le Parlement dans l’exécution d’une grâce qu’il prétend n’être pas revêtue des formes nécessaires. »
René Kerviler. « La Bretagne à l’Académie française. XI. Le prince Louis, IVe cardinal de Rohan (1734-1803)». Revue de Bretagne et de Vendée. Cinquième série. Tome VIII, p. 331. Cinquième livraison. Novembre. Nantes. 1880.. Cette affaire fait trop de bruit ici pour que vous ne soyez pas bien aise d’en être informé. Tout le monde, tant à Paris qu’en province, approuve la démarche de mon père. Son mémoire a été lu en pleins Etats de Bretagne, patrie de Messieurs de Rohan. Il y a été généralement applaudi, et les Etats l’en ont remercié par l’organe d’un des leurs en leur nom. Je vous serai obligé de faire mettre ledit mémoire tout au long dans la gazette d’Hollande. Si vous ne voulez pas y paraître ouvertement, agissez incognito, vous avez trop d’esprit pour ne pas faire réussir ce que je vous demande. Vous en prendrez sûrement les voies. Ne parlez pas, je vous prie, à l’ambassadeur Bonnac de ma lettre, et ne lui montrez ce mémoire que comme s’il vous avait été envoyé par quelqu’un de Paris, étranger à la cause. C’est en ami que je vous demande de ne point abuser de ma confiance et de faire mettre ledit mémoire dans la gazette d’Hollande. Répondez-moi au plus tôt, je vous en prie, sur tout cela.
Depuis l’affaire entamée au Parlement, Messieurs de Rohan, qui ont bien pensé que dans ce tribunal respectable on n’admet point de princes chimériques et qu’ils perdraient leur cause de toutes les voix, ont mis tout leur crédit à faire évoquer la cause au conseil du roi où ils feront tout ce qu’ils pouront pour empêcher qu’elle ne soit jugée. De faire évoquer une cause est la perdre, car c’est convenir qu’on n’a point de titres. Les princes du sang pourraient prendre parti sans miracle (je sais même qu’il en est question), car ils sont égalements lésés par les prétentions insolites des Rohan, qui seraient à leur niveau en Sorbonne, si cette affaire pouvait être jugée à leur avantage.
Adieu, mon cher la Fontaine, je vous aimerai toujours et serai toute ma vie vôtre,
Le chevalier de BAUFFREMONT.
References
↑1 | A moitié ruiné par le système de Law, Louis Racine s’appliquait à ce métier qu’il n’appréciait pas. Cf. ((Guy Bevan. Jean et Louis Racine : critique et transmission. Une filiation littéraire. Mémoire de recherche sous la direction de M. Jean-François Bianco. Lettres modernes. Université d’Angers. 2016-2017. |
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↑2 | Chanoine Barbier. « Un petit-fils de La Fontaine à Pamiers. Et lettres à lui adressées par Louis Racine« . In Bulletin de la Société ariégeoise des sciences, lettres et arts. 1897. |
↑3 | Cf. Antoine Alexandre Barbier. Examen critique et complément des dictionnaires historiques les plus répandus. Tome Ier (A-J), p. 433. Chez Rey et Gravier, Libraires. Paris. 1820 : « Gérard Nicolas Héerkens, médecin et littérateur hollandais. Avant 1758, il fut reçu membre de l’académie des Arcades, sous le nom de Curillo Calcidico ; ce qui explique pourquoi il publia, en 1758, ses Satires latines, sous le masque de Marius Curullus. Il a publié également un ouvrage intitulé Empedocles, sive Physicorum epigrammatum libri V (Groningae, 1783), et un Iter venetum a été réimprimé dans les Italicorum libri tres. » |
↑4 | Jean Pierre Tercier, membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres depuis 1747 et premier commis des Affaires étrangères depuis 1749, employé au cabinet noir du cardinal de Fleury, responsable du chiffre et du contrôle de la poste, chargé aussi de la censure des activités éditoriales. En 1757, trop confiant en dépit des mises en gardes, et sans avoir pu lire la totalité de l’ouvrage, il se laisse convaincre par Helvétius (Claude Adrien Schweitzer (1715-1771), dit Helvétius, philosophe anti-chrétien, franc-maçon, poète) d’autoriser la publication de son De l’Esprit. Dès la parution des quelques premiers volumes, les Jésuites et la Cour crient au scandale. Saisi, le Parlement condamne un livre « qui renverse la religion », et ordonne qu’il soit brûlé. Le 27 février 1759, Choiseul annonce à Jean Pierre Tercier qu’au nom du roi, il lui « ôte sa place aux Affaires étrangères, tout en lui accordant une retraite honorable ». Pour plus de détails sur l’affaire, cf. Didier Ozanam. « La disgrâce d’un premier commis : Tercier et l’affaire de l’Esprit (1758-1759)« . In Bibliothèque de l’École des chartes. Année 1955. 113, pp. 140-170. |
↑5 | Marc Michel Rey (1720-1780), éditeur-libraire né à Genève, décédé à Amsterdam, connu pour son rôle dans la diffusion des œuvres de philosophes français des Lumières tels que Rousseau, Voltaire, Diderot et d’Holbach. |
↑6 | Il s’agit du De l’Esprit d’Helvétius. |
↑7 | Charles Marie de La Condamine (1701-1774), explorateur et scientifique français, directeur d’une expédition au Pérou, astronome et encyclopédiste, auteur, entre autres, d’une Relation abrégée d’un voyage fait dans l’intérieur de l’Amérique méridionale depuis la côte de la mer du Sud jusqu’aux côtes du Brésil et de la Guyane, en descendant la rivière des Amazones, d’un Mémoire sur quelques anciens monuments du Pérou, du temps des Incas et d’un Journal du voyage fait par ordre du roi, à l’Équateur. |
↑8 | LETTRE DE VOLTAIRE À LA PRINCESSE D’ORANGE. À Son Altesse Royale Madame la princesse d’Orange (retrouvée aussi par l’Abbé Santerre à Pamiers, dans la famille Chalonge. « François de Voltaire, gentilhomme ordinaire de la Chambre de Sa Majesté Très Chrëtienne, et chambellan du roi de Prusse, a recours très humblement et avec la plus grande confiance à la justice de Son Altesse Royale au sujet de la feuille scandaleuse imprimée chez Pierre Josse, libraire à la Haye, intitulée la Bigarrure du jeudi 4 janvier 1753. Il est dit dans cette feuille, p. 13, que le sieur de Voltaire friponne quatre ou cinq malheureux libraires à chacun desquels il vend furtivement et séparémenl le manuscrit du même ouvrage. Le sieur de Voltaire n’a jamais vendu un seul manuscrit à aucun libraire, ni de Hollande, ni d’Allemagne, et s’il y en a un seul qui puisse montrer le moindre marché qu’il ait jamais fait d’aucun manuscrit, il se tient déshonoré à la face de l’Europe. Il leur a fait à tous présent de ses ouvrages, sans jamais recevoir d’eux la moindre récompense. Il a fait présent à Georges Conrad Valther, libraire à Dresde, de la nouvelle édition du Siècle de Louis XIV et il a averti publiquement les libraires hollandais qui voudraient ou contrefaire ce livre ou en obtenir le privilège dans leur pays, de se conformer à cette édition de Dresde. Il demande donc justice de cette calomnie flétrissante et atroce, insérée dans la feuille de Pierre Josse du 4 janvier ; et cette justice se borne à une rétractation convenable, laquelle il espère que ce libraire sera tenu de faire et d’insérer dans une de ses feuilles. Il supplie très humblement Son Altesse Royale de lui pardonner si cette requête n’est pas dressée dans la forme prescrite. Il la supplie très instamment de daigner la recevoir avec bonté, de commander qu’elle soit communiquée à qui il appartiendra, et de favoriser de sa protection la juste demande qu’il fait avec le plus profond respect à Son Altesse Royale. » |
↑9 | Le 31 mai 1753 à Franfort, Frédéric II fait arrêter Voltaire par son résident le baron von Freytag, pour récupérer un livre de poésies écrit par lui, donné à Voltaire, et dont il craint que ce dernier ne fasse mauvais usage, ce dont Voltaire fait promptement mauvais usage en communiquant au libraire en question « l’œuvre de poésie du roi mon maître ». Voltaire se désolidarise ensuite du libraire en question. Mais, informé de l’affaire, Louis XV ne pardonnera jamais à Voltaire son usage duplice du mot « le roi mon maître », qui, après l’avoir désigné lui-même, désigne en 1753 Frédéric II. Voltaire s’en expliquera en 1759 dans ses Mémoires pour servir à la vie de Voltaire, écrits par lui-même : « Il fallait une permission du roi de France pour appartenir à deux maîtres. Le roi de Prusse se chargea de tout. Il écrivit pour me demander au roi mon maître. Je n’imaginai pas qu’on fût choqué à Versailles qu’un gentilhomme ordinaire de la chambre, qui est l’espèce la plus inutile de la cour, devînt un inutile chambellan à Berlin. On me donna toute permission. Mais on fut très piqué ; et on ne me le pardonna point. Je déplus fort au roi de France, sans plaire davantage à celui de Prusse, qui se moquait de moi dans le fond de son cœur. » |
↑10 | Jules Alberoni, ou Giulio Alberoni (1664-1752), prêtre italien, homme d’État au service du roi d’Espagne Philippe V, nommé cardinal en 1717, chassé d’Espagne en 1719, plusieurs fois candidat à l’élection pontificale, nommé en 1730 légat apostolique à Ravenne. « Sodomite » notoire, il finit sa vie dans son palais de Plaisance. Les Lettres intimes (période 1703-1746) de J. M. Alberoni, adressées au comte I. Rocca, ministre des finances du duc de Parme, ont été publiées d’après le manuscrit du collège de San Lazaro Alberoni par Émile Bourgeois chez Masson, à Paris, en 1893. |
↑11 | Cf. Étienne Ganeau (París), François Plaignard (Lyon). Memoires pour l’Histoire des Sciences et des Beaux Arts. Article CXIII. Nouvelles littéraires. France. De Paris. Page 2306. Chez Briasson. 1751. Paris : « M. [Henry Justice de Rufforth, Hollandais établi à Rotterdam, donne au public un Virgile gravé ad instar de l’Horace de Londres, publié par le sieur Pine, de Londres. Mais l’artiste hollandais prétend porter son ouvrage à un degré d’excellence et de magnificence supérieures. Il se donne pour cela beaucoup de soins ; il fait graver les vignettes et les lettre par les plus habiles maîtres ; il est même sur le point de passer en Italie pour considérer de plus près les monuments qui pourront servir à la décoration de ce beau Virgile. […]. Comme les frais de cette entreprise sont immenses, l’auteur ou l’éditeur prend la voie d’une souscription qui ne lui sera de quelque utilité qu’en cas que le nombre des souscripteurs aille jusqu’à mille. Heureusement pour lui ils se multiplient de jour en jour, et nous avons déjà vu une liste de seigneurs italiens et français. Le prix de la souscription est d’un louis pour chaque volume ; on avancera cette somme, et à la réception du premier tome on paiera le second louis, et ainsi du reste… » |
↑12 | Charles Le Beau (1701-1778), nommé membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres en 1748, professeur d’éloquence latine au Collège de France en 1752, auteur de discours et d’éloges historiques, de fables et de poèmes en latin, ainsi que d’une grande Histoire du Bas-Empire. |
↑13 | Mandat opera interrupta : Virgile pourrait bien dire qu’il compte sur lui pour ses travaux interrompus ». Virgile dit au vrai dans l’Énéide, IV, 88 : Pendent opera interrupta. « Les travaux interrompus restent en suspens. » |
↑14 | Étienne Maurice Falconet (1716-1791), sculpteur-philosophe, nommé membre de l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1754, traducteur du passage concernant la peinture et la sculpture dans les livres de Pline, auteur d’ouvrages sur les arts dans l’Antiquité et chez les peuples modernes, auteur aussi de l’article « Sculpture » dans l’Encyclopédie. |
↑15 | Abbé Jean Baptiste de La Chapelle (1710-1792), mathématicien, contributeur de l’Encyclopédie, admis à la Société royale de Londres en 1747, censeur royal (comme Jean Pierre Tercier) à partir de 1751, auteur, entre autres, d’un ouvrage pédagogique intitulé L’Art de communiquer ses idées (London. 1763). |
↑16 | À quels « fameux couplets » de Rousseau Louis Racine fait-il allusion ? Le seul texte de Jean Jacques Rousseau qui se publie en 1753 aux Pays-Bas, c’est la Lettre d’un symphoniste de l’Académie royale de musique à ses camarades de l’orchestre, un chef d’œuvre d’ironie, rédigé dans le contexte de la Querelle des Bouffons. Cf. E. Jollet. Lettre d’un symphoniste de l’Académie Royale de musique à ses camarades de l’orchestre. Rumeur des Âges. La Rochelle. 1994 : « Rousseau fait tenir à un instrumentiste, tenant de la musique de Rameau, des propos affligeants de bassesse. Il reprend ici, récurrent dans son œuvre, le procédé consistant à donner la parole à l’adversaire pour mieux le ridiculiser. Les musiciens de l’Académie y apparaissent paresseux, incapables, haineux. Rousseau prend soin de se défendre contre toute accusation d’hostilité envers la France en faisant de son musicien un adversaire de la tragédie classique. La deuxième partie de la lettre, présentant en 11 points le programme de démolition d’une œuvre italienne par ses interprètes, constitue sans doute, dans l’œuvre de Rousseau, l’une des versions les plus comiques du thème du complot. » |
↑17 | Frédéric II de Prusse (1712-1786), dit Frédéric le Grand, principal représentant du courant du despotisme éclairé. Invité en Prusse en 1750, Voltaire perd les faveurs de Frédric II en mars 1753. Il est arrêté et emprisonné un mois à Francfort. La France lui refuse toutefois l’asile, en raison du scandale causé par l’édition pirate de son Abrégé de l’Histoire Universelle. |
↑18 | Laurent Angliviel de La Beaumelle (1726-1773), homme de lettres, auteur de L’Asiatique tolérant, ouvrage publié en 1749 à Amsterdam et brûlé en France. En 1750, il achète à Louis Racine un mémoire et des lettres de Madame de Maintenon dont il envisage d’écrire la vie. Au début de l’année 1753, après un séjour en Prusse et diverses autres aventures, il fait la connaissance de La Condamine, dont il devient un ami fidèle. Du 24 avril au 12 octobre 1753, sur le plainte de Voltaire, il est arrêté et incarcéré à la Bastille pour avoir annoté et relevé publiquement nombre d’erreurs dans Le Siècle de Louis XIV, de Voltaire. Du 6 août 1756 au 1er septembre 1757, il sera incarcéré à la Bastille une fois encore pour avoir mis en cause la réputation de la Cour de Vienne et irrité l’impératrice Marie Thérèse. Etc. |
↑19 | Frédéric II était dit, en son temps, le « Salomon du Nord. |
↑20 | Pierre Louis Moreau de Maupertuis (1698-1759), philosophe, mathématicien, physicien, astronome et naturaliste, directeur d’une expédition en Laponie, ami de Frédéric II, brocardé par Voltaire, auteur, entre autres, de Réflexions philosophiques sur l’origine des langues et la signification des mots en 1740 et d’un Essai de Philosophie morale en 1749, essai dans lequel il défend le christianisme contre la doctrine païenne. |
↑21 | Œuvres complètes de Voltaire. Tome 2, p. 671. Traductions et imitations. Furne et Cie, Libraires-Éditeurs. Paris. 1846. |
↑22 | Il s’agit de la lutte entre l’autorité royale et le parlement de Paris. Celle-ci débute en 1749 lorsque, pour pouvoir garder le pouvoir sur l’hôpital général où l’archevêque de Paris a fait nommer une supérieure contre l’avis des directeurs proches du Parlement, le Parlement organise une véritable rébellion. Le roi ordonne en 1753 la translation de la Grand Chambre du Parlement à Pontoise, la dispersion, l’exil des magistrats des autres chambres en province, et l’exil des magistrats de la Grand Chambre à Soissons. |
↑23 | Sur la marge, sont écrits de la main de la Fontaine, les deux vers suivants : Lorsque le déshonneur souille l’obéissance Les rois doivent douter de leur toute-puissance. |
↑24 | Angelo Maria Quirini (1680-1755), savant bénédictin et cardinal italien, qui a correspondu avec Isaac Newton et Voltaire. Nommé directeur de la bibliothèque du Vatican en 1730, et préfet de la Congrégation de l’Index en 1740. |
↑25 | « Je gémis en bon catholique. / Hélas ! mon prince est hérétique, / Et n’a point de dévotion ». Extrait des Œuvres complètes de Voltaire. Épitre LXXXI. À Monsieur le Cardinal Quirini. Berlin. 1751. |
↑26 | Horace. Épitres. I, IVIII. 86. Traduction, dans le style du XVIIIe siècle : « Rien de plus agréable que l’amitié des Grands, à qui ne les connaît point ; mais rien de plus redoutable, à qui en a fait l’expérience. » |
↑27 | Charles Nicolas Cochin (1715-1790), fils du graveur Charles Nicolas I Cochin dit le père. Dessinateur, graveur et écrivain, il a également a commercialisé des livres illustrés et des estampes. Dessinateur et graveur des Menus Plaisirs en 1739, garde des dessins du cabinet du Roi (1752), membre (1751) puis secrétaire de l’Académie (1755). Censeur royal pour les arts. |
↑28 | Jean Baptiste Oudry (1686-1755), peintre et graveur, surtout célèbre pour ses peintures de chiens de chasse, ses natures mortes animalières et ses animaux exotiques. |
↑29 | Charles Louis de La Fontaine mourra le 14 novembre 1757 à Pamiers. Cf. Christine Belcikowski. Charles Louis de Lafontaine à Pamiers. |
↑30 | Joseph de Bauffremont Courtenay (1714–1781), prince de Listenois et du Saint-Empire, marquis de Mirebeau, qui sera nommé chef d’escadre des armées navales de France en 1757, puis commandera ces armées pendant la Guerre de Sept ans. |
↑31 | Jean Frédéric Phélypeaux (1701-1781), comte de Maurepas, secrétaire d’État à la Marine de Louis XV de 1723 à 1749 ; puis ministre d’État à l’avènement de Louis XVI, en 1774. |
↑32 | Claude Mathieu de Mac Némara (ca 1693-1766), descendant de jacobites irlandais, reconnu noble en France en 1741, seigneur de Ransannes, lieutenant général de la Marine. |
↑33 | Rémy Claude de Bullion (1691-1772), seigneur de Montlouët. Il reçoit son brevet de capitaine de vaisseau en 1747 et se voit promu chef d’escadre des armées navales le 1er janvier 1754, au début de la guerre de Sept Ans. |
↑34 | Joseph Marie Budes de Guébriant (circa 1701-1760), chef d’escadre des armées navales, et commandant de la Marine à Rochefort. |
↑35 | Henri François de La Rochefoucauld (1716-1784), comte de Cousages, seigneur de Clavellier, de Brassac et autres terres ; après des débuts dans l’infanterie pendant la guerre de Succession de Pologne, il intègre la Marine royale et termine sa carrière au grade de vice-amiral, commandant de la flotte du Levant. |
↑36 | Jean Antoine Joseph Charles Elzéar Riqueti de Mirabeau (1717-1794), oncle du futur tribun révolutionnaire ; chevalier de Malte, capitaine de la Marine royale, plus tard gouverneur de la Guadeloupe. |
↑37 | Port Mahon, capitale de l’île de Minorque, qui est en 1753 une base navale britannique. |
↑38 | Hyppolite François Sanguin (1715-1789), seigneur de Livry, des Tournelles à L’Haÿ-Les-Roses et du Génitoy, chevalier des Hospitaliers de Saint-Jean, capitaine de vaisseau, puis chef d’Escadre des Armées Navales du Roi, conseiller d’Etat, premier maître d’hôtel du Roi. |
↑39 | Hilaire Armand Rouillé du Coudray (1684-1759), maître des requêtes en 1716, conseiller d’État en 1744, directeur des finances et du contrôle général sous la régence de Philippe d’Orléans et sous le règne de Louis XV. |
↑40 | Louis Bénigne Mis de Bauffremont (1684-1755), colonel général. |
↑41 | Le mémoire de M. de Bauffremont sera publié le 27 décembre 1758. « Ce mémoire est fort bien écrit », dit le duc de Luynes. « Il est fait à l’occasion d’une thèse soutenue en Sorbonne par le second fils de Mme de Guéméné. Les Rohan Guéméné prétendent des distinctions en Sorbonne, qui sont d’avoir un fauteuil, des gants, et d’être couvert. Feu M. le cardinal de Rohan, alors abbé, avait joui de ces distinctions, et ce fut même M. l’archevêque de Reims (Louvois) qui présida à une de ses thèses. M. le cardinal de Soubise a eu les mêmes honneurs ; on prétend que M. l’archevêque de Reims d’aujourd’hui les a eus aussi ; M. de Bauffremont n’en convient pas dans son mémoire. Ces honneurs sont un effet de la faveur de feue Mme de Soubise auprès de Louis XIV ; mais soit que M. de Bauffremont ne les regarde pas comme suffisamment authentiques pour être accordés par la Sorbonne, soit qu’il croie que cette distinction est accordée à la branche de Rohan Soubise seulement, et qu’elle ne doit pas s’étendre aux Guéméné, il prétend soutenir les intérêts de la noblesse en cette occasion. Il représente les justes plaintes des grandes et illustres maisons, lesquelles ont gardé un profond silence en cette affaire. Enfin, il veut intéresser le Parlement dans l’exécution d’une grâce qu’il prétend n’être pas revêtue des formes nécessaires. » René Kerviler. « La Bretagne à l’Académie française. XI. Le prince Louis, IVe cardinal de Rohan (1734-1803)». Revue de Bretagne et de Vendée. Cinquième série. Tome VIII, p. 331. Cinquième livraison. Novembre. Nantes. 1880. |