Nos routes sont terrestres
elles fuient sans retour,
et nos pas vont ainsi
sans rime ni raison,
et nos rêves nous suivent,
tels ces anges qui volent
dans les tableaux des maîtres,
et leurs ailes s’ajoutent
à nos ombres plus courtes
et soulèvent en nos âmes
un désir d’autre monde.
Sta, viator ! 1Sta, viator ! : fais halte, voyageur !,
disent nos corps fourbus.
Quo vadis ? 2Quo vadis ? : où vas-tu ?
disent nos âmes en rêve.
Un lièvre passe en trombe.
— Rien ne sert de courir,
camarade,
c’est toujours l’ancien monde
devant toi !
grommelle une tortue,
qui a fait halte au bord de la route.
— Il mondo novo n’attend pas !
lui crie de loin déjà
le lièvre turbo.
— Il mondo novo n’est pas le monde autre,
opine ici la tortue,
qu’il faut purger, lecteur,
avec quatre grains d’hellébore.