A Mirepoix – Moulon de… la porte d’Aval, rue Courlanel, le Grand Couvert, place Saint Maurice et grande place – n°97 à 112

 

Ci-dessus : compoix de Mirepoix, 1766, détail du plan 3.

Situé entre le Grand Couvert et la porte d’Aval, le moulon 1Le mot moulon fait l’objet d’un usage double dans le compoix mirapicien de 1766. Il désigne, par effet de variation d’échelle, tantôt la totalité d’une section de la bastide qui comprend plusieurs pâtés de maisons, tantôt un pâté de maisons, considéré alors comme un sous-ensemble d’une section plus vaste. Le moulon décrit dans cet article constitue ainsi un sous-ensemble du grand « Moulon de… la porte d’Aval, rue Courlanel, le Grand Couvert, place Saint Maurice et grande place », figuré dans son entier sur le plan 3 du compoix de 1766.
En 1789, la municipalité révolutionnaire opte pour un réaménagement du plan urbain. Renonçant au vieil usage du terme « moulon », elle met en oeuvre un nouveau découpage de la ville par « sections ». A noter que la géographie des 3 sections A, B, C nouvellement créées procède d’une autre vision de l’espace urbain et ne coïncide donc pas avec celle des grands moulons de l’Ancien Régime.
formé par les parcelles n°97 à 112 du compoix de 1766 se trouve délimité à l’est par la rue Saint Antoine, autrement appelée rue del four (aujourd’hui rue Jacques Fournier) ; au sud par la rue de la porte d’Avail, ou d’Aval (aujourd’hui rue Monseigneur de Cambon) ; à l’ouest par la promenade d’Avail (aujourd’hui cours du Maréchal de Mirepoix) ; au nord par la promenade Saint Antoine (aujourd’hui cours du Colonel Petitpied). Il présente en 1766 un front bâti sur deux de ses côtés seulement : à l’est, rue del four, et au sud, rue de la porte d’Avail. Au nord, côté promenade Saint Antoine, il conserve alors un front vert, fait d’une suite de jardins, interrompue seulement par le patu de Jean Arcizet (n°103). A l’ouest, côté promenade de la porte d’Aval, le moulon se trouve bordé par l’escossière 2Escossière, ou escoussière : chemin de ronde qui courait jadis au bord des remparts de la ville., vestige de l’ancien rempart, démoli à une date que l’on ne connaît pas, entre 1686 et 1766. Il ne reste du dit rempart en 1766 que la porte fortifiée, à l’intérieur de laquelle on distingue aujourd’hui encore les traces de l’antique herse.

 

Ci-dessus, de gauche à droite : vue de l’actuelle rue Monseigneur de Cambon (autrefois rue de la porte d’Aval) depuis l’angle de la rue Jacques Fournier (autrefois rue Saint Antoine ou rue del four ; vue de la Jacques Fournier depuis l’angle de la rue Monseigneur de Cambon.

 

 

Ci-dessus, de gauche à droite, puis en-dessous : 1. Vue du cours Maréchal de Mirepoix (autrefois promenade de la porte d’Aval) depuis la porte d’Aval ; 2 et 3. Vue du cours du Colonel Petitpied (autrefois promenade Saint Antoine) depuis l’angle du cours du Maréchal de Mirepoix ; bâties à l’emplacement d’anciens jardins, toutes les maisons ici sont postérieures au XVIIIe siècle.

Dernière survivante des quatre portes qui fermaient jadis la bastide de Mirepoix, la porte d’Aval a failli disparaître au XIXe siècle – modernité oblige ! – en vertu d’un projet voté en 1832 par le conseil municipal, projet qui envisageait la démolition de l’ancienne porte et le remplacement de cette dernière par une porte de conception moderne, « avec deux pilotis en pierre de taille ». Il se trouve heureusement que le projet en question a échoué, suite à l’opposition d’Antoine Benoît Vigarozy, maire de Mirepoix, qui trouvait la réalisation de ce projet trop coûteuse ; suite aussi à la résistance opiniâtre des demoiselles Desguilhots de Labatut, alors propriétaires de la partie sommitale de la porte d’Aval en même temps que de la belle demeure attenante, dite « maison de Montfaucon », qui, contestant la légitimité de la procédure d’expropriation entamée à leur encontre pour cause de défaut d’entretien du dessus de la porte, sur laquelle « excroissaient, dit-on, ormilles et ormillons », portèrent l’affaire devant les tribunaux et obtinrent en 1833 gain de cause auprès de ces derniers. Imagine-t-on aujourd’hui Mirepoix sans sa porte d’Aval !

 

Ci-dessus, de gauche à droite : depuis le cours Maréchal de Mirepoix (autrefois promenade de la porte d’Aval), vue de la porte d’Aval et de la rue Monseigneur de Cambon (autrefois rue de la porte d’Aval ; vestiges de l’implantation de l’ancienne herse.

 

Ci-dessus : vues de la rue Monseigneur de Cambon depuis l’angle du couvert Saint Antoine et du Grand Couvert.

 

Ci-dessus : rue Monseigneur de Cambon, vue de la porte d’Aval et de la balustrade de l’ancien hôpital.

La rue de la porte d’Aval (aujourd’hui rue Monseigneur de Cambon), qui part de la place, à l’angle de la rue Saint Antoine ou del four (aujourd’hui rue Jacques Fournier) et du couvert Saint Antoine, et qui délimite le bord sud du moulon, aboutit, comme le nom l’indique, à la porte éponyme.

Avec son enfilade de maisons à encorbellements et la vue qu’elle ouvre depuis la place vers la porte, ou depuis la porte vers la place, l’ancienne rue de la porte d’Aval demeure l’une des plus pittoresques de la ville.

Elle porte aujourd’hui le nom de Monseigneur de Cambon en souvenir de l’action menée par ce dernier évêque de Mirepoix, grand administrateur, qui entreprit au cours de son épiscopat (1768-1790) la reconstruction du vieil hôpital, agréé par Louis XIV en 1662, puis atteint de délabrement au cours du XVIIIe siècle.

Issu d’une grande famille toulousaine installée au quartier Saint Etienne, fils de Louis Emmanuel de Cambon, président au parlement de Toulouse en 1695, François Tristan de Cambon (1716-1791), évêque de Mirepoix, refusa de signer en 1791 la constitution civile du clergé et, destitué de sa charge, rejoignit sa famille à Toulouse où il mourut la même année.

 

 

Ci-dessus : vue de l’hôpital en 1918.

 

Ci-dessus : aujourd’hui, vestige misérable de la balustrade en pierre qui courait jadis devant l’entrée de l’hôpital.

 

Ci-dessus : autres vestiges de l’entrée de l’ancien hôpital (n°112). Celui-ci de nos jours a été reconverti en maison de retraite. L’entrée du XVIIIe siècle a fait les frais ici d’un modernisme agressif.

 

Ci-dessus : autre vestige de la balustrade de l’ancien hôpital.

 

Ci-dessus : depuis l’entrée modernisée de l’ancien hôpital, vues de la porte d’Aval et du reste de rempart qui clôt à l’ouest le jardin de l’établissement.

 

Ci-dessus : depuis le cours Maréchal de Mirepoix (autrefois promenade de la porte d’Aval), vue du reste de rempart qui borde le jardin de l’ancien hôpital et vue du mur ouest de l’hôpital.

 

 

Ci-dessus : à l’angle du cours du Maréchal de Mirepoix (autrefois promenade de la porte d’Aval) et du cours du Colonel Petitpied (autrefois cours Saint Antoine), reste bétonné d’un élément de construction relatif à l’ancienne tour figurée sur le plan de 1766, tour disparue à une date inconnue, remplacée au cours du XIXe siècle par un poids municipal dédié au marché aux moutons, sis cours du Maréchal de Mirepoix.

 

Ci-dessus : vue de la façade est de l’ancien hôpital depuis le cours du Colonel Petitpied (autrefois cours Saint Antoine).

 

Ci-dessus : compoix de 1766, détail du plan 3, ancienne rue del four (aujourd’hui rue Jacques Fournier), n°101 : ancien four banal, propriété du marquis de Mirepoix.

La rue Saint Antoine, ou rue del four, abrite en 1766, comme son nom l’indique, le four banal, propriété des seigneurs de Mirepoix. Au XVIIIe siècle comme au Moyen Age, les boulangers sont tenus de cuire là leur pain et doivent à cet effet s’acquitter d’un droit auprès du marquis. Face au four banal, situé sur le bord ouest de la rue, s’ouvre alors, sur le bord est de la même rue, la boutique de Paul Combes 3Cf. plan 3 n°91 : A Mirepoix – Moulon de… la porte d’Aval, rue Courlanel, le Grand Couvert, place Saint Maurice et grande place – n°54 à 96., boulanger, sans doute l’une des plus courues du Mirepoix de la fin du XVIIIe siècle. A noter que, pour des raisons évidentes de sécurité, le four se trouve à cette date libre de toute attenance à aucun bâtiment voisin, puisqu’il se tient entre le jardin de Marie Cazaneuve (n°102) et le patu 4Patu : en occitan, cour. de Marie Laffargue (n°100).

 

 

Ci-dessus : au bout de la rue del four et à l’angle de la rue de la porte d’Aval (aujourd’hui rue Monseigneur de Cambon), ancienne maison de Marie Laffargue (n°100), puis de Pierre Combes (n°97), neveu de Paul Combes (n°91), boulanger.

 

 

 

Ci-dessus : ancienne maison de Marie Cazaneuve (n°102), veuve du sieur Rousset, bourgeois.

 

 

 

Ci-dessus : vues de l’ancienne maison de Jean Arcizet (n°103), hôte. Au rez-de-chaussée, le local, aujourd’hui fermé, abritait encore dans les années 1950 une épicerie. Le premier étage arbore une baie et un balcon de style 1900. Sous le toit, une fenêtre à meneaux subsiste, témoin de l’ancienneté de cette maison qui a été de nombreuses fois remaniée au cours des siècles.

 

 

Ci-dessus : reconnaissable à sa large façade, percée de fenêtres cintrées, ancienne maison de Jean Deloun (n°106), avocat. La maison, comme on voit sur le plan de 1766, comprend alors sur l’arrière deux ailes au pied desquelles s’ouvre un puits, et elle donne sur un vaste jardin qui touche à la promenade Saint Antoine.

 

Ci-dessus : ancienne maison de Jean Deloun ; vue de la façade arrière aujourd’hui.

 

 

Ci-dessus : ancienne maison d’Andrieu Gironce (n°110), brassier, dans laquelle Guillaume Cousture (n°111) tenait passage donnant accès à sa propre maison, située sur l’arrière de celle d’Andrieu Gironce.

Liste des propriétaires des parcelles n°97 à 112 figurées sur le plan 3 du compoix de 1766 :

n°97. Pierre Combes, héritier de Jean Pierre Combes ; maison à la rue de la porte d’aval faisant coin à celle de saint antoine ou del four
n°98. Louis Senesse, fils et héritier de Jean Senesse ; maison à la rue de la porte d’aval, sur le derrière de laquelle maison les héritiers en tiennent 2,25 cannes de François Guilhemat
n°99. Marie Levis, veuve de Jean Guilhemat, boulanger ; rue de la porte d’aval
n°100. Marie Laffargue, pour elle et ses soeurs, héritières de feu Victor Laffargue leur père ; maison et patu à la rue saint antoine ou del four
n°101. Marquis de Mirepoix ; four banal à la rue saint antoine ou del four
n°102. Marie Cazaneuve, veuve du sieur Rousset, bourgeois ; maison, autres couverts avec un ciel ouvert et un jardin, à la rue de la porte d’aval
n°103. Jean Arcizet, hôte ; maison, ciel ouvert, patu, à la rue de la porte d’aval
n°104. Raymond Pons, notaire ; maison et autre couvert à la rue de la porte d’aval
n°105. François Giret, porteur pour Toulouse ; maison, ciel ouvert, jardin, à la rue de la porte d’aval
n°106. Jean Deloun, avocat ; maison et décharge, cour ou ciel ouvert, patu, jardin, à la rue de la porte d’aval
n°107. Hiéronyme Laffon, prêtre et prébendier du chapitre ; maison avec un ciel ouvert à la rue de la porte d’aval
n°108. Mathieu Taillefer, brassier ; décharge (cf. jardin à la rue de la trinité)
n°109. Jean Roubichou, menuisier ; maison et ciel ouvert à la rue de la porte d’aval
n°110. Andrieu Gironce, brassier ; maison à la rue de la porte d’aval
n°111. Guillaume Cousture, brassier ; maison, passage, patu, à la rue de la porte d’aval
n°112. Hôpital ; maison, autres couverts, patu, cour, jardin, à la porte d’aval.

A lire aussi :
Moulons de Mirepoix 1
Moulons de Mirepoix 2

Prochainement : A Mirepoix – Moulon de… la porte d’Aval, rue Courlanel, le Grand Couvert, place Saint Maurice et grande place – n°113 à 127.

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