A la Bastide de Bousignac – Visite aux ruines de Notre Dame de Sonac

 

Les ruines de Notre Dame de Sonac, ou Sonnac, font l’objet d’une courte mention dans Histoire et Patrimoine en pays de Mirepoix 1Cf. La Bastide de Bousignac, in Histoire et Patrimoine en pays de Mirepoix, p. 124, édition Communautés de Communes du Pays de Mirepoix et de la Vallée Moyenne de l’Hers, 2006., sorte de bible des lieux et des choses qui s’offrent en notre contrée à la curiosité du promeneur épris de paysages champêtre, de sentiers perdus et de vieilles pierres.

Sur la route de Saint-Julien de Gras Capou, chapelle Notre Dame
C’est une ruine qui se trouve sur une petite colline, à environ 800 mètres à l’ouest du village [La Bastide de Bousignac], à droite sur la route menant à Sain-Julien de Gras Capou. C’est, en fait, l’église primitive de La Bastide de Bousignac. Elle était entourée d’un cimetière : les agriculteurs, au cours des labours, ont mis à jour de nombreux ossements qui se trouvaient au nord de l’église. Cette église a appartenu au Chapitre de Pamiers jusqu’à la fin du XIIIe siècle. Elle s’appelait « Notre Dame de Sonnac », sans aucun lien avec la commune du même nom.
2Ibidem.

 

 

Notre Dame de Sonac figure en toutes lettres encore sur la vénérable carte de l’Académie, première carte générale et particulière du royaume de France, dite aussi « carte de Cassini », établie entre 1756 et 1789 par la famille éponyme, principalement César-François Cassini (Cassini III) et son fils Jean-Dominique Cassini (Cassini IV), publiée entre 1756 et 1815.

 

La montée vers Notre Dame de Sonac depuis La Bastide de Bousignac est facile, mais l’accès à l’église est rendu malaisé par les ronces qui montent à l’assaut de l’édifice. Il faut se faufiler le long des murs, parmi les pierres tombées, pour arriver à la porte de l’église, qui ouvre sur une nef ruinée, également envahie de ronces et d’arbres. La porte conserve encore l’essentiel de son bel appareil d’antan. Curieusement, les murs ne présentent, semble-t-il, aucune autre ouverture.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le site est beau, ainsi ouvert au ciel sur la colline, cependant que retiré dans sa solitude. Le philosophe et sociologue Georg Simmel dit superbement ce qui fait la beauté des ruines lorsqu’elles sont, comme ici, exposées au travail de la nature qui reprend ses droits :

Ce qui a dressé la construction dans un élan vers le haut, c’est la volonté humaine ; ce qui donne son aspect actuel, c’est la forme mécanique de la nature, dont l’activité rongeante et destructrice tend vers le bas. Mais cependant, tant que l’on peut parler de ruine, et non de monceau de pierres, la nature ne permet pas que l’œuvre tombe à l’état amorphe de matière brute ; une forme nouvelle est née qui, du point de vue de la nature est absolument sensée, compréhensible, différenciée. La nature a fait de l’œuvre d’art la matière de sa création à elle, de même qu’auparavant, l’art s’était servi de la nature comme de sa matière à lui. 3Georges Simmel, La Philosophie de l’aventure, p. 50, L’Arche, Paris, 2002.

Il manque toutefois au propos de Georg Simmel une aile plus haute. Au coeur de la rencontre avec ce qui est beau comme ici les ruines d’une église envahie par les signes rougeoyants de l’automne, il y a quelque chose qui parle à l’âme, quelque chose qui est de l’ordre d’une présence invisible, quelque chose qui questionne en secret notre commun désir d’éternité.

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