Robespierre contre Anacharsis Cloots. III. 1791-1793. D'Anacharsis Cloots, Orateur du genre humain, à Anacharsis Cloots, député de l'Oise à la Convention

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En 1792, Jean Baptiste Cloots, enfin devenu Anacharsis Cloots, toujours « Orateur du genre humain », publie La République universelle ou adresse aux tyrannicides, chez les marchands des nouveautés, « an quatre de la rédemption ». Le texte se trouve immédiatement suivi du Discours qui alloit être prononcé par Anacharsis Cloots au club des Jacobins, lorsque la nouvelle de l'arrestation du roi changea l'ordre du jour. « Nous ne sommes véritablement libres que depuis hier 21 juin [1791] » (24). L'incipit de ce discours, marqué du sceau de l'histoire immédiate, vient éclairer d'un jour décalé le texte qui le précède, et il force de la sorte à la relecture du texte en question.

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Retour de Varennes. Arrivée de Louis Seize à la barrière du Roule, le 25 juin 1791, à Pairs. Conçue par l'architecte Claude Nicolas Ledoux, la barrière du Roule (ou barrière des Ternes) fait partie du mur des Fermiers généraux construit en 1788 autour de Paris. Tableau de Jean Duplessis-Bertaux d'après un dessin de Jean Louis Prieur (1759–1795).

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Robespierre contre Anacharsis Cloots. II. 1789-1791. De Jean Baptiste Cloots, baron du Val-de-Grâce, à Anacharsis Cloots

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Site de l'ancien hôtel de Modène, 48 rue Jacob, Paris, VIe arrondissement. Marc-Guillaume Alexis Vadier, Henri Grégoire, dit l’abbé Grégoire, Louis Prudhomme, directeur des Révolutions de Paris, le général Adam Philippe de Custine, Dominique Joseph Garat, Benjamin Franklin, etc. logent alors dans cette même rue Jacob.

Jean Baptiste Cloots loge désormais en garni, à l'hôtel de Modène, 48 rue Jacob, dans le district des Petits-Augustins, mais il roule carrosse, flanqué de deux domestiques. Il circule, observe. Médiocrement impressionné par la jactance patriotarde de la foule parisienne, mais séduit par la radicalité politique des députés du Club breton, il se rend en Bretagne et s'y alarme du niveau de misère économique et culturelle du petit peuple qu'il y rencontre. De retour à Paris, il devient membre de la Société de la Révolution, version élargie du Club breton, puis membre de la Société des Amis de la Constitution, version élargie de la Société de la Révolution. Sise depuis octobre 1789 rue Saint-Honoré, dans l'ancien couvent des Jacobins, la Société des Amis de la Révolution se trouve bientôt connue sous le nom de Club des Jacobins.

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À Paris, rue Saint-Honoré, le club des Jacobins [ancien couvent des Jacobins], gravure signée Joseph Burn-Smeeton (ca 1815-1890). Cf. G. Lenotre, Paris révolutionnaire, Firmin-Didot et Cie, 1895, p. 317 sqq. : « L'entrée du couvent était formée, sur la rue Saint-Honoré, à l'endroit même où s'ouvre aujourd'hui la rue du Marché-Saint-Honoré, par trois arcades : celle du milieu donnait passage aux voitures ; les deux autres, plus basses, réservées aux piétons, étaient surmontées de niches où se voyaient, à droite la statue de saint Dominique, à gauche celle de sainte Catherine de Sienne. Quand on avait passé sous ce portail, on se trouvait dans une assez vaste cour carrée, au milieu de laquelle s'avançait l'église, appuyée, du côté de l'abside, aux bâtiments du couvent. Ces constructions étaient d'une très grande simplicité : le cloître seul, qui occupait le centre du monastère, avait été l'objet de quelque ornementation : il était même peint à fresques, mais fort dégradé à l'époque de la Révolution. [...]. Les Pères Jacobins offrirent la vaste salle de leur bibliothèque logée dans le comble de l'église et occupant toute la longueur de l'édifice. C'était une longue pièce, bien aérée, bien voûtée, fort éclairée par six hautes fenêtres mansardes, et ornée des portraits de dix-huit religieux célèbres de l'ordre de Saint-Dominique. À chaque extrémité se trouvait un cabinet où l'on renfermait les livres précieux : dans l'une de ces petites salles on avait pratiqué un escalier conduisant au cabinet des livres imprimés sur vélin. [...]. Le décor, on le voit, était loin de ressembler à celui que les artistes ayant illustré les diverses histoires de la Révolution se sont obstinés à nous montrer. Au lieu de la salle basse et enfumée qu'ils nous dépeignent tapissée d'emblèmes révolutionnaires, et où s'entassent, sans ordre, les traditionnels sans-culottes à figures sordides, il faut se représenter une longue galerie garnie dans tout son pourtour de bancs en amphithéâtre : d'un côté, sur une estrade, le fauteuil du président ; au dessous, la table où travaillent les secrétaires, et en face, l'étroite et haute chaire où se place l'orateur. Comme fond au tableau s'estompent, entre les carrés remplis de livres, de graves figures peintes de dominicains, drapés dans leurs robes blanches, de sombres silhouettes de juges aux tribunaux d'inquisition. Même un autel pour dire la messe avait été conservé et se dressait à l'extrémité de la salle du club. »

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Robespierre contre Anacharsis Cloots. I. 1755-1789. Jean Baptiste Cloots avant Anacharsis Cloots

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De gauche à droite : portrait de Maximilien Robespierre en 1794 par Jean Urbain Guérin (1760-1836), dessinateur, et Johann Joseph Neidl (1776-1832, graveur, Augsbourg, Allemagne ; portrait d'Anacharsis Cloots (1755-1794), « der Apostel des Menschengeschlechts » [l'apôtre du genre humain, en allemand], ou « l'orateur du genre humain », en français, par Charles François Gabriel Levachez (17..-1841).

« Qu'est-ce qu'un Orateur du Genre Humain ?

C'est un homme pénétré de la dignité de l'homme ; c'est un tribun qui brûle d'amour pour la liberté, et qui s'enflamme d'horreur contre les tyrans ; c'est un homme qui, après avoir reçu la sanction de son apostolat universel dans le sein du Corps constituant de l'univers, se dévoue uniquement à la défense gratuite de tous les millions d'esclaves qui gémissent d'un pôle à l'autre sous la verge des aristocrates ; c'est un homme dont la voix foudroyante se fait entendre sur tous les trônes par une circulation de quarante mille artisans de toute nation, qui portent ses discours, ses épitres, ses harangues, ses homélies dans les caves et les chaumières des peuples environnans ; c'est un homme qui s'exile volontairement des foyers qui l'ont vu naître, des contrées qu'il a parcourues, des climats divers où un doux souvenir le caresse, pour rester inébranlablement assis dans le chef-lieu de l'indépendance, en renonçant à toutes les places honorables et lucratives où son zèle et ses talens l'appelleroient indubitablement. La mission de l'Orateur du Genre Humain ne finira qu'après la déroute des oppresseurs du Genre Humain.

Je persiste à croire, disoit Voltaire, que les philosophes m'ont daigné prendre pour leur représentant, comme une compagnie fait souvent signer pour elle le moindre de ses associés. Anacharsis Cloots persiste, avec la même modestie, à croire que les peuples opprimés ont daigné le prendre pour leur représentant. Je poursuivrai donc ma carrière d'un pas grave et sûr ; mes raisonnemens seront peu volumineux et très substantieux. Ce n'est pas avec de gros livres qu'on opère des révolutions ; les grands ouvrages de Payne et de Sieyès n'ont que cent pages d'impression : ces deux brochures ont remué les deux mondes. Le vrai moyen d'éviter le poids du papier, c'est de viser au poids des idées. » (1)

Tirée de La République universelle, ou Adresse aux tyrannicides, ouvrage publié en février 1792, la déclaration reproduite ci-dessus émane du baron Jean Baptiste Cloots, dit Anacharsis Cloots, fils du baron Thomas Franciscus Cloots (1720-1767) et d'Aleida Jacoba Pauw (1728-1797), né le 24 juin 1755 au château de Gnadenthal (en français, Val-de-Grâce), près de Clèves en Prusse, installé en France en 1789, fait citoyen français le 26 juin 1792, élu député de l'Oise le 5 septembre 1792, guillotiné le 24 mars 1794 à Paris.

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