Ce jeudi 2 décembre 2021, je vous invite à passer à la nouvelle saison de mon site, qui s'intitule, sans surprise, Christine Belcikowski. Publications 6.
Les appels de note et les notes en bas de page se répondent désormais de façon dynamique. C'est plus confortable !
Hypnos et Thanatos,
ô Reine de la nuit,
tes fils, jumeaux obscurs,
planent sur la table du soir et la soupe qui fume.
Obsidion et Oblivion,
ô Reine de la nuit,
tes autres fils jumeaux,
s'annoncent dans les lampes du Roi crépuscule,
ces lampes qui s'allument là-bas,
où les enfants s'attardent avant d'aller dormir.
Obsidion et Oblivion,
ô Reine de la nuit,
tes jumeaux ennemis,
se disputent le pas suspendu du sommeil et des songes,
et déjà, comme une noix qu'on casse,
le miroir du jour s'est fendu.
Obsidion et Oblivion,
ô Reine de la nuit,
tes enfants cachés dans nos draps,
se chassent l'un l'autre,
et dans leur jeu partagé,
nos âmes déshabitées
se font, se défont.
De gauche à droite : Georges Jacques Danton (1759-5 avril 1794), député de la Seine, ministre de la Justice du 10 août au 9 octobre 1792, membre du Comité de salut public du 6 avril au 10 juillet 1793 ; Marie Jean Hérault de Séchelles (1759-5 avril 1794), député de la Seine-et-Oise, membre du Comité de salut public du 11 juillet 1793 au 29 décembre 1793 ; Camille Desmoulins (1760-5 avril 1794), député de la Seine, journaliste.
De gauche à droite : Jean François Delacroix (1753-5 avril 1794), député de l'Eure-et-Loir, représentant en mission en Belgique ; Pierre Nicolas Philippeaux (1754-5 avril 1794), député de l'Oise, représentant en mission en Vendée.
31 mars 1794. Au club des Jacobins
Le 28 mars, Louis Pierre Dufourny a été démis par le Comité de salut public de sa fonction de procureur-syndic du Département. Le soir du 31 mars 1794, quoi qu'il en soit, il se rend comme d'habitude au club des Jacobins.
Ce 31 mars 1794, au club des Jacobins, on annonce que Jean François de Lacroix, ou Delacroix, dit Lacroix d’Eure-et-Loir ; Georges Jacques Danton ; Marie Jean Hérault de Séchelles ; Camille Desmoulins ; et Pierre Nicolas Philippeaux ont été décrétés d'accusation et arrêtés dans la nuit du 29 au 30 mars. (1)
Informé de ce que — hormis Jean Julien, dit Julien de Toulouse ; Pierre Vincent Benoît, dit Benoît d'Angers ; et Jean Pierre de Batz ; contumaces tous trois — Fabre d'Églantine, Joseph Delaunay d'Angers, François Chabot, Claude Basire, René d'Espagnac, André Marie Gusmann, Emmanuel Frey et Junius Frey, beaux-frères de François Chabot, Jean Frédéric Diederichsen, secrétaire des frères Frey, seront présentés au Tribunal criminel révolutionnaire en même temps que Danton et les autres prévenus du 30 mars, et en même temps aussi que Louis Marie Lulier, mis en cause comme suspect de complicité avec Pierre Vincent Benoît et Jean Pierre de Batz, Louis Pierre Dufourny « mendie » alors la faculté de déposer dans cette affaire, en tant qu'assigné à la défense de son ancien compagnon du café Corazza, ainsi qu'à celle de son collègue Lulier. Le mot « mendier » est de Robespierre. La requête de Dufourny reste vaine.
Rue Ménars, Jean Baptiste Cloots, dit Anacharsis Cloots,
avant de monter à la guillotine,
dernier de sa charrette
et à la bravade,
— il prêcha le matérialisme jusqu'au dernier soupir —
serrait ses papiers dans un petit secrétaire
en bois de rose…
en bois de rose…
Bois de rose…
de ce rose autrement appelé sang dragon…
Qu’est-ce qui luit pour toi dans ce rose du bois,
qu’est-ce qui luit là, fruit de sa phosphorescence première,
et qui, oh ! stupeur d'un vieil alchimiste (1) !
ne brûle pas dans l’air ?
Bois de rose...
de ce rose autrement appelé nacarat...
Qu’est-ce qui bruit pour toi dans ce rose du bois,
Qu’est-ce qui bruit là, fruit de sa sonance première,
et qui, oh ! Père Castel (2) ! se fait entendre
sans personne qui joue d'aucun clavecin oculaire ?
Bois de rose...
Qu'est-ce qui luit dans le rose du bois ?
Qu'est-ce qui bruit dans le rose du bois ?
Qu'est ce qui luit là,
comme l’eau vive
qui court sans fin
au pied des grandes balsamines ?
Qu'est-ce qui bruit là,
comme châtaignes
qu’on jette dans la braise un soir, sans même les ouvrir ?
Fais silence
et laisse venir à toi
ce qui lève dans le pas d'un mot,
d'un mot de hasard...
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1. Hennig Brand (ca 1630-1692), alchimiste souffleur de verre de Hambourg, est en 1669 le découvreur du phosphore.
2. Louis Bertrand Castel (Montpellier, 1688-1757, Paris), père jésuite, mathématicien, physicien, auteur, entre autres, de L'Optique des couleurs (1740) et d'un projet de création d'un clavecin oculaire. Cf. Christine Belcikowski, Le clavecin oculaire.
Club des Jacobins, rue Saint-Honoré, et club des Cordeliers, rue de Thiomville (aujourd'hui rue Dauphine). Extrait du Plan de la Ville et Faubourg de Paris divisé en 12 Municipalités, 1797, par Pierre Jean (1754-1829).
Dès le 30 décembre 1793, les Cordeliers dénonçaient par voie d'affiche Pierre Nicolas Philippeaux, François Louis Bourdon, dit Bourdon de l’Oise, Fabre d’Églantine, Camille Desmoulins et Louis Pierre Dufourny. Pourtant fondateur du club des Cordeliers, mais opposé à ce qu'il tient pour la dérive sectionnaire de ce club, Dufourny a cessé d'y paraître depuis le 2 septembre 1793. Le 26 janvier 1794, comme Philippeaux, Bourdon de l’Oise et Camille Desmoulins, il se voit signifier sa radiation effective. Le cas de Fabre d'Églantine ne fait plus débat, puisque, depuis le 13 janvier 1794, ledit Fabre d'Églantine se morfond à la prison du Luxembourg.
De gauche à droite : Pierre Nicolas Philippeaux (1754-5 avril 1794, guillotiné) ; François Louis Bourdon, dit Bourdon de l’Oise (1758-1798, Sinnamary, Guyane, déporté) ; Camille Desmoulins (1760-5 avril 1794, guillotiné). Au moins de façon connue, il n'existe pas de portrait de Louis Pierre Dufourny.
Pierre Nicolas Philippeaux et François Louis Bourdon, dit Bourdon de l'Oise, se trouvent accusés d'avoir calomnié les généraux révolutionnaires de la Vendée. Les Cordeliers, dont le général Rossignol constitue alors une figure respectée, reprochent plus spécialement à Bourdon de l'Oise, envoyé à l'armée de l'Ouest, d'avoir retiré son commandement audit général Rossignol après la défaite des troupes républicaines, les 21 et 22 novembre 1793, devant Dol.
« Je suis né d'une famille pauvre... » Jean Antoine Rossignol (Paris, 1759-1802, Mutsamudu, île d'Anjouan, Comores, déporté).