Robespierre contre Anacharsis Cloots. II. 1789-1791. De Jean Baptiste Cloots, baron du Val-de-Grâce, à Anacharsis Cloots

Rédigé par Christine Belcikowski Aucun commentaire
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Site de l'ancien hôtel de Modène, 48 rue Jacob, Paris, VIe arrondissement. Marc-Guillaume Alexis Vadier, Henri Grégoire, dit l’abbé Grégoire, Louis Prudhomme, directeur des Révolutions de Paris, le général Adam Philippe de Custine, Dominique Joseph Garat, Benjamin Franklin, etc. logent alors dans cette même rue Jacob.

Jean Baptiste Cloots loge désormais en garni, à l'hôtel de Modène, 48 rue Jacob, dans le district des Petits-Augustins, mais il roule carrosse, flanqué de deux domestiques. Il circule, observe. Médiocrement impressionné par la jactance patriotarde de la foule parisienne, mais séduit par la radicalité politique des députés du Club breton, il se rend en Bretagne et s'y alarme du niveau de misère économique et culturelle du petit peuple qu'il y rencontre. De retour à Paris, il devient membre de la Société de la Révolution, version élargie du Club breton, puis membre de la Société des Amis de la Constitution, version élargie de la Société de la Révolution. Sise depuis octobre 1789 rue Saint-Honoré, dans l'ancien couvent des Jacobins, la Société des Amis de la Révolution se trouve bientôt connue sous le nom de Club des Jacobins.

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À Paris, rue Saint-Honoré, le club des Jacobins [ancien couvent des Jacobins], gravure signée Joseph Burn-Smeeton (ca 1815-1890). Cf. G. Lenotre, Paris révolutionnaire, Firmin-Didot et Cie, 1895, p. 317 sqq. : « L'entrée du couvent était formée, sur la rue Saint-Honoré, à l'endroit même où s'ouvre aujourd'hui la rue du Marché-Saint-Honoré, par trois arcades : celle du milieu donnait passage aux voitures ; les deux autres, plus basses, réservées aux piétons, étaient surmontées de niches où se voyaient, à droite la statue de saint Dominique, à gauche celle de sainte Catherine de Sienne. Quand on avait passé sous ce portail, on se trouvait dans une assez vaste cour carrée, au milieu de laquelle s'avançait l'église, appuyée, du côté de l'abside, aux bâtiments du couvent. Ces constructions étaient d'une très grande simplicité : le cloître seul, qui occupait le centre du monastère, avait été l'objet de quelque ornementation : il était même peint à fresques, mais fort dégradé à l'époque de la Révolution. [...]. Les Pères Jacobins offrirent la vaste salle de leur bibliothèque logée dans le comble de l'église et occupant toute la longueur de l'édifice. C'était une longue pièce, bien aérée, bien voûtée, fort éclairée par six hautes fenêtres mansardes, et ornée des portraits de dix-huit religieux célèbres de l'ordre de Saint-Dominique. À chaque extrémité se trouvait un cabinet où l'on renfermait les livres précieux : dans l'une de ces petites salles on avait pratiqué un escalier conduisant au cabinet des livres imprimés sur vélin. [...]. Le décor, on le voit, était loin de ressembler à celui que les artistes ayant illustré les diverses histoires de la Révolution se sont obstinés à nous montrer. Au lieu de la salle basse et enfumée qu'ils nous dépeignent tapissée d'emblèmes révolutionnaires, et où s'entassent, sans ordre, les traditionnels sans-culottes à figures sordides, il faut se représenter une longue galerie garnie dans tout son pourtour de bancs en amphithéâtre : d'un côté, sur une estrade, le fauteuil du président ; au dessous, la table où travaillent les secrétaires, et en face, l'étroite et haute chaire où se place l'orateur. Comme fond au tableau s'estompent, entre les carrés remplis de livres, de graves figures peintes de dominicains, drapés dans leurs robes blanches, de sombres silhouettes de juges aux tribunaux d'inquisition. Même un autel pour dire la messe avait été conservé et se dressait à l'extrémité de la salle du club. »

Dans le même temps, Jean Baptiste Cloots renoue avec Nicolas Ruault, éditeur-imprimeur parisien qu'il a déjà rencontré dans les années 1780, et qui imprime en 1790 le Moniteur Universel ainsi que la Chronique de Paris. Via Nicolas Ruault, il obtient d'Aubin Louis Millin, fondateur de la Chronique de Paris, par ailleurs son ancien condisciple au collège du Plessis, le statut d'éditorialiste dans ladite Chronique. À partir du 3 mai 1790, il publie ainsi nombre d'éditoriaux, inspirés souvent des conversations qu'il engage dans la rue et relatifs entre autres au projet du transfert des cendres de Voltaire à Paris, à la peine de mort, au charlatanisme des émules de Franz Anton Mesmer, au départ de certains aristocrates en Amérique, à la nécessaire séparation des Églises et de l'État, au retour du Roi et de l'Assemblée à Paris, à la nationalisation des biens du clergé, aux assignats, etc.

« Il est utile de publier ces anecdotes, afin d'engager les bons citoyens à consacrer de temps en temps une demi-heure pour déjouer nos adversaires. Voici ma méthode : je parcours les groupes, je prête l'oreille, je tâte le pouls. En cas de santé et d'orthodoxie, je me retire ; mais s'il y a des symptômes d'hérésie, j'argumente contre les malveillants », écrit-il le 25 août 1790.

Il hésite alors dans sa signature. Le 3 mars 1790, il signe « le baron de Cloots, du Val-de-Grâce » ; le 15 mars, « Cloots du Val-de-Grâce, baron en Allemagne, citoyen en France » ; le 6 avril, « Cloots, du Val-de-Grâce ». Dans le n° 132 de ladite Chronique de Paris, daté du 12 mai 1790, à la demande des lecteurs, dit-il, il s'explique sur l'usage du nom qu'il se donne :

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Chronique de Paris, n° 132, 12 mai 1790, p. 526.

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Fête de la Fédération au Champ de Mars, le 14 juillet 1790, estampe signée par Isidore Stanislas Helman (1743–1806), graveur, et Antoine Jean Duclos (1742-1795), aquafortiste, d'après un dessin de Charles Monnet (1732–1808).

Le 19 juin, en tant qu' « Orateur du Comité des étrangers » et au titre de « l'ambassade du genre humain », il prononce devant l'Assemblée nationale un discours qui fait grande impression : « Vous verrez, vous verrez, messieurs, dans votre cortège, des hommes libres dont la patrie est dans les fers, dont la patrie sera libre un jour par l'influence de votre courage inébranlable, et de vos lois philosophiques » (15). Il signe l'impression de son discours « M. Cloots du Val-de-Grâce, Prussien », et, toujours en tant qu' « Orateur du Comité des étrangers », il représente ledit Comité à la fête de la Fédération, le 14 juillet 1790. Il sera par la suite le porte-parole, le conseiller et le soutien des étrangers auprès de l'administration révolutionnaire. Il interviendra ainsi en 1793 auprès du Comité de salut public afin de tenter de sauver de la guillotine son ami le banquier hollandais Vandenyver.

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Portrait d'Anacharsis, philosophe scythe, eau-forte italienne du XVIIIe siècle d'après une ancienne gemme taillée, Fondo Calcografico Antico e Moderno della Fondazione Biblioteca Morcelli-Pinacoteca Repossi, Chiari, Lombardia.

Jean Baptiste Cloots mentionne pour la première fois le nom d'Anacharsis dans une lettre adressée à Camille Desmoulins le 28 août 1790. « Jean Baptiste Cloots habite la France, écrit-il, comme Anacharsis habitait la Grèce ».

Anacharsis est un philosophe ou un sage, fils d'un prince scythe (16) et d'une mère grecque, venu en Grèce au début du VIe siècle av. J.-C., favorablement accueilli par le grand législateur Solon et premier étranger autorisé à recevoir les privilèges de la citoyenneté athénienne. Anacharsis est aussi le héros des Voyage du jeune Anacharsis en Grèce, dans le milieu du quatrième siècle avant l'ère vulgaire, ouvrage dans lequel l'abbé Jean Jacques Barthélémy se propose de « renfermer dans un espace circonscrit ce que l'histoire grecque nous offre de plus intéressant, et une infinité de détails concernant les sciences, les arts, la religion, les mœurs, les usages, etc., dont l'histoire ne se charge point » (17). Publié en 1788, il s'agit d'un ouvrage à succès, qui a connu de nombreuses rééditions. Cet ouvrage a pu inspirer le Jean Baptiste Cloots qui, au décours de l'année 1790, commence de se rêver en nouvel Anacharsis.

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Jean Jacques Barthélémy, détail du Portrait du duc de Choiseul, en compagnie de Mme de Brionne et de l’Abbé Barthélemy, circa 1775, par Jacques Wilbaut (1729-1816), J. Paul Getty Museum.

« Je suppose », dit l'abbé Barthélémy dans son Avertissement au lecteur, « qu'un Scythe, nommé Anacharsis vient en Grèce quelques années avant la naissance d'Alexandre, et que d'Athènes, son séjour ordinaire, il fait plusieurs voyages dans les provinces voisines, observant partout les mœurs et les usages des peuples, assistant à leurs fêtes, étudiant la nature de leurs gouvernemens ; quelquefois consacrant ses loisirs à des recherches sur les progrès de l'esprit humain ; d'autres fois conversant avec les grands hommes qui florissaient alors, tels qu'Épaminondas, Phocion, Xénophon, Platon, Aristote, Démosthène, etc. [...].

L'époque que j'ai choisie, une des plus intéressantes que nous offre l'histoire des nations, peut être envisagée sous deux aspects. Du côté des lettres et des arts, elle lie le siècle de Périclès à celui d'Alexandre. Mon Scythe a fréquenté quantité d'Athéniens qui avaient vécu avec Sophocle, Euripide, Aristophane, Thucidide, Socrate, Zeuxis et Parrhasius. Je viens de citer quelques-uns des écrivains célèbres qu'il a connus ; il a vu paraître les chefs-d'œuvre de Praxitèle, d'Euphranor et de Pamphile, ainsi que les premiers essais d'Apelle et de Protogène ; et dans une des dernières années de son séjour en Grèce, naquirent Épicure et Ménandre. Sous le second aspect, cette époque n'est pas moins remarquable. Anacharsis fut témoin de la révolution qui changea la face de la Grèce, et qui, quelque temps après, détruisit l'empire des Perses... » (18)

Abîmée dans la profondeur du temps, l'époque du premier Anacharsis, telle que revisitée par l'abbé Barthélémy, fournit au nouvel Anacharsis quelque chose comme l'image dialectique d'une révolution toujours en naissance, dont il entreprend d'éclairer le moment présent.

Le 6 octobre 1790, le toujours dénommé Jean Baptiste Cloots publie Anacharsis à Paris ou lettre de J.-B. Cloots à un prince d'Allemagne. Le prince auquel sa lettre s'adresse n'est pas nommé. Jean Baptiste Cloots songeait évidemment à Frédéric-Guillaume II de Prusse, neveu et successeur de Frédéric II.

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Portrait de Frédéric-Guillaume II, roi de Prusse de 1786 à 1797. In A. Hugo, France Militaire. Histoire des armées françaises de terre et de mer de 1792 à 1833, tome 1, Paris, Delloye, 1833.

Jean Baptiste Cloots, « qui habite la France comme Anacharsis habitait la Grèce », signale par là qu'il ne se sent relativement à la France qu'à demi-étranger et que, dans la mesure où il se plaît à considérer ce pays comme le sien, il le regarde de façon engagée, et non du point de vue distancié qui était en 1721 celui du Rica des Lettres persanes ou en 1752 celui de l'habitant de Sirius dans Micromégas.

Dans son Anacharsis à Paris ou Lettre à un prince allemand, Jean Baptiste Cloots précise que, s'il habite la France « comme Anacharsis habitait la Grèce », il habite Paris « comme Athènes », et non « comme Sparte ». Il indique de la sorte qu'il se réclame de Paris en tant que nouvelle Athènes, patrie des lettres et des arts, et patrie aussi de la nouvelle Révolution, qui vient changer la face du monde ; mais il ne se réclame point de Paris en tant que nouvelle Sparte, qui serait comme jadis tournée vers la guerre et qui se prévaudrait à son tour de subsumer la liberté sous l'autorité.

Il invite le « prince allemand » à venir passer l'hiver à Paris et à ne point craindre « le fatal réverbère dont on lui a exagéré les exploits. Quoique je n'aie pas l'honneur d'être Procureur général de la Lanterne, j'ose dire que la Constitution est trop avancée, pour que les procédés salutaires de l'insurrection reparaissent jamais en France. Le peuple ne pend plus personne... » (19)

Jean Baptiste Cloots vante à l'intention du « prince allemand » le « grand spectacle » que les séances de la Société des Jacobins, celles de l'Assemblée nationale et celles du Lycée, « non moins fameux que celui d'Athènes », et où l'on a pour professeurs Condorcet, La Harpe, Monge, Marat, Fourcroy, etc., « donnent à l'Univers ».

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Jean Baptiste Cloots, Anacharsis à Paris ou Lettre à un prince allemand, Paris, chez Desenne, 1790, p. 8.

Certes, note sans trop s'y attarder Jean Baptiste Cloots, « le Lycée a éprouvé des secousses dans la révolution. Ses ennemis annonçaient sa ruine, mais nos Parisiens se sont ressouvenus qu'ils étaient des Athéniens, et non pas des Spartiates. » (19). Certes, note-t-il encore, subordonné au paiement du marc d'argent, le droit de vote n'appartient pas encore à tous les Français. Certes, l'émergence d'un « sénat créole », soutenu par l'Angleterre, rend difficile dans les Colonies l'abolition de « la traite des nègres, ce négoce abominable ». Certes l'abolition de l'esclavage doit attendre encore, elle aussi, car « une démarche précipitée ruinerait la France, appellerait la banqueroute, renverserait la Constitution ; et, en voulant rendre libres 500.000 noirs, on aurait rendu esclaves 25 millions de blancs » (20). Certes, la France doit se prémunir de « ses ennemis du dehors et du dedans » et nourrir des « combinaisons politiques » avec d'autres pays afin d'entretenir une « neutralité armée » capable de faire pièce aux menées de l'ennemi britannique. Mais Jean Baptiste Cloots se montre confiant quand à la poursuite de la Révolution dans le sens de l'Athènes idéale dont il espère l'avénement très proche ; et, soulevé par l'enthousiasme, il voit dans cet avénement une chance pour le « monde » tout entier. On notera toutefois qu'ici, lorsqu'il parle de « l'univers » ou du « monde », il pense surtout à l'Europe :

« Que l'Europe esclave reçoive maintenant l'influence de la France libre : toute autre tentative seroit hasardeuse. C'est de proche en proche que le culte de notre divinité se propagera au loin dans le monde. Il sera inutile désormais d'abattre à coup de canon les remparts de la tyrannie : ces murailles de Jéricho tomberont au son de nos trompettes divines. Les despotes ne trouveront plus de satellites, et les barrières qui les séparaient du peuple seront levées sans fracas. Si Rome n'exista que pour l'asservissement du genre humain, la France existera pour la délivrance de l'univers. Paris, de tout tems l'école des futilités et la législatrice des costumes, profitera de son ancien ascendant, pour faire goûter aux Rois et aux Peuples des principes dont la sévérité se dérobera sous la main des muses et des grâces. L'empire de l'imitation et l'empire de la honte, feront autant de prosélytes à la constitution française, que l'impatience naturelle à l'homme de supporter un joug odieux. Les maîtres et les esclaves rougiront et pâliront à l'aspect de la France régénérée. Paris sera le dépôt de tous les sceptres et de toutes les chaînes qui écrasent les nations. Ces trophées suspendus à la colonne nationale, attesteront que l'univers n'était pas condamné à une prison perpétuelle. Et chaque voyageur en admirant les merveilles de la superbe capitale des hommes, y trouvera la guérison de toutes les maladies morales, comme on trouvoit dans la piscine de Jérusalem, la guérison de toutes les maladies physiques. L'ombre d'un Saint Pierre guérissoit de la lèpre, et l'ombre d'un Français guérira de l'esclavage. Ce dernier miracle sera plus certain que les miracles de l'évangile. » (21)

Au passage, Jean Baptiste Cloots glisse cette observation personnelle, caractéristique de la pente hédoniste qu'il conserve, façon grand seigneur : « Mes parens ont été bien inspirés en me faisant oublier mon berceau Tudesque au collège du Plessis-Sorbonne. Si cette inspiration ne m'a pas donné le talent des bonnes choses, au moins cela m'a-t-il donné le goût des bonnes choses ; et mon désir de revenir à Paris fut la suite du plaisir d'y avoir été. » (22)

Au passage également, il formule quelques éléments de réflexion concernant le rôle qui est celui du journaliste et de l'écrivain dans la société en révolution, et concernant aussi la raison qui l'anime dans sa propre pratique :

« Préparez-vous, Monsieur, à beaucoup lire et à beaucoup converser. Nos papiers-nouvelles et nos brochures journalières entretiendront vos esprits vitaux dans une circulation délicieuse. Nous n'écrivons plus de gros volumes, parce que nous n'avons pas le tems, ni de les faire ni de les lire. Et je recule moi-même devant mon livre musulman de 700 pages, qui me coûta quinze heures par jour de travail, il y a dix ou douze ans. [...]. Je compose, à la vérité, un ouvrage qui sera passablement gros, si Dieu me prête vie ; et pour ne pas effaroucher mes lecteurs, j'en publie de tems en tems quelques chapitres sous la forme d'une brochure ou sous le passe-port des journaux. On dit que j'ai l'art de me faire lire sans ennuyer : et c'est me donner carte blanche. Vous concevez que cet art me mèneroit loin et m'épuiseroit bientôt, si j'avois aussi le secret de ne pas m'ennuyer en instruisant. Sans mon zèle patriotique et ma haine pour les aristocrates, je n'écrirois plus un seul mot. Cette haine est chez moi une idée innée, n'en déplaise à l'auteur de l'Essai sur l'entendement humain. » (23)

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Portrait de John Locke (1632-1704), lithographe de Fonroug(... ?) d'après H. Garnier, 1800, Library of Congress, Washington, USA.

En 1791 encore, « le prussien Cloots » annonce dans L'orateur du genre-humain : ou, Dépêche du Prussien Cloots, au Prussien Hertzberg que, comme il se « déféodalise », il se « débaptise » enfin : « Je renvoie mon patron, Jean Baptiste, en Palestine, après avoir renvoyé mes armoiries en Prusse... Je m'appellerai désormais Anacharsis Cloots. »

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L'Orateur du genre-humain : ou, Dépêche du Prussien Cloots, au Prussien Hertzberg, Paris, chez Desenne, 1791, pp. 135-134.

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15. L'Orateur du genre humain ou Dépêche du Prussien Cloots au Prussien Hertzberg, Paris, chez Desenne, 1791, l'an deux de la rédemption, p. 6.

16. La Scythie est un royaume antique, situé au nord de la mer Noire et en Europe centrale.

17. Jean Jacques Barthélemy, Voyage du jeune Anacharsis en Grèce, dans le milieu du quatrième siècle avant l'ère vulgaire, tome 1, Paris, Berquet, 1825, p. 79.

18. Ibidem, pp. 96-97.

19. Jean Baptiste Cloots, Anacharsis à Paris ou Lettre à un prince allemand, Paris, chez Desenne, 1790, p. 2. Allusion aux pendaisons « à la lanterne » survenues à Paris après la prise de la Bastille. Le 22 juillet 1789, la foule tente de pendre Joseph François Foullon, contrôleur général des Finances, à une lanterne, mais la corde casse et il est décapité, puis sa tête promenée au bout d'une pique. Le même jour, Louis Bénigne François Bertier de Sauvigny, son gendre, également chargé de l'approvisionnement de Paris, est pendu lui aussi à la lanterne, puis décapité. Le 15 septembre 1789, Camille Desmoulins déclare dans son Discours de la Lanterne aux Parisiens : « Braves Parisiens, quels remerciements ne vous dois-je pas ? Vous m'avez rendue à jamais célèbre et bénie entre toutes les lanternes. Qu'est-ce que la lanterne de Sosie ou la lanterne de Diogène en comparaison de moi ? Il cherchait un homme, et moi, j'en ai trouvé 200 mille ». Le 21 octobre 1789, le boulanger Denis François est pendu encore à la lanterne, parce qu'il n'avait pas de pain à vendre.

20. Ibidem, p. 27.

21. Ibid., p. 12-13.

22. Ibid., p. 18.

23. Ibid., pp. 9-10. John Locke, auteur de l'Essai sur l'entendement (1689), dit exactement ceci : « Il n'y a pas d'idées innées, mais il y a des facultés innées de la pensée ». Il conteste 1° l'existence des « idées innées » et 2° la validité des idées que d'aucuns présentent comme « innées », car 1° « les idées ne peuvent aucunement de trouver dans notre esprit comme des tableaux dans une galerie », et 2° ceux qui présentent certaines idées comme « innées », les font passer ainsi, à leur bénéfice et non à celui de la raison critique, pour « garanties par Dieu ou par la nature ».

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