Signé Philippe Parage, un beau travail de gravure

 

C’est un travail signé Philippe Parage, graveur, qui a son atelier aux Pujols. J’allais dire « artiste et graveur », mais j’ai eu honte du pléonasme. L’art est ici, de l’idée à sa réalisation, l’Α et l’Ω du ποιειν, i. e. de la création. Philippe Parage, quelque temps plus tôt, m’avait parlé de son idée : un plié en accordéon, un jeu de motifs et de couleurs, un choix de mots ou de phrases, miroirs de la pensée qui va… J’allais dire cette fois « miroirs d’une pensée qui va ». Mais y a-t-il un sens à parler d’une pensée ? Il en va de la pensée comme de l’air et de la lumière ; elle constitue le milieu dans lequel nous vivons ; elle se partage, nous traverse, elle n’appartient à personne, et c’est dans le jeu partagé de la pensée, le déplié de son accordéon, que nous trouvons à vivre plus clair, parfois plus haut.

 

Philippe Parage a gravé ici des mots grecs : όλιγαρχια, δημοκρατια, θεοκρατια, άναρχια, όχλοκρατια, μοναρχια,αύτοκρατειa, τύραννοϛ ; oligarchie, démocratie, théocratie, anarchie, ochlocratie (gouvernement par la foule), monarchie, autocratie, tyran (en grec, monarque absolu).

 

J’ai demandé à Philippe Parage s’il attachait une signification à l’ordre dans lequel les mots sont gravés. Il m’a répondu que le critère était avant tout plastique. Il n’est pas dans mon intention de poser sur ces mots une hiérarchie quelconque. Je me propose simplement de nous demander « Où en sommes-nous, démocrates caoutchouc ? »

 

Philippe Parage se propose de créer ainsi une suite de planches gravées qui seront au regard de la pensée, jouée sur un air d’accordéon, comme autant de bouteilles à la mer. Il y a partout une envie d’accordéon sur la plage. Les bouteilles arrivent toujours à quelqu’un.

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