William Blake, L'âme planant au-dessus du corps, illustration pour The Grave [La Tombe] de Robert Blair, 1813, Royal Academy of Arts, London.
Jean Meslier dixit : « Qu’ont-ils [les Cartésiens] besoin de recourir à un être imaginaire [l'âme], ou à un être qui n'est rien, et dont, quand il serait même quelque chose de réel, comme ils se l'imaginent, il serait toujours impossible de concevoir la nature et d'en avoir aucune véritable idée, impossible de concevoir sa manière d'agir et de penser ; impossible de concevoir sa liaison avec le corps et impossible de concevoir comment telles ou telles modifications de matière pourraient exciter en lui telles ou telles pensées et telles ou telles sensations, sans qu'il ait aucune connaissance de ces sortes de modifications de la matière ? »
Au matin du 26 janvier 1855, à Paris, Gérard de Nerval était retrouvé pendu rue de la Vieille-Lanterne. Le 10 février 1855, Le Constitutionnel publie la lettre dont l'incipit se trouve reproduit ci-dessous 1. Il s'agit d'une lettre adressée par Charles Brainne 2 au Journal de l'Oise le 1er février 1855.
Le sable deviendra verre,
en vertu de la force mouvante
qu’il nourrit sans rien en savoir,
et par effet de la liaison
qui lui vient un jour, impromptu,
de l’épreuve du feu.
Mais à ce jeu du qui perd-gagne,
où le sable de la plage devient verre
et où le clair gagne sur l'obscur,
le grain perd, impromptu, la liberté du Multiple
et gagne, sans retour, la fragilité de l'Un !
Nos vies sont pareilles au sable,
elles vont de l'obscur au clair,
du libre au lié,
avant qu'un jour ou l'autre, impromptu,
le verre se casse.
Sigmund Freud, Introduction à la psychanalyse, 1921.↩︎