Il ya quelque temps, sur France Culture, j’entendais le ministre de l’Education nationale s’inquiéter de ce que l’usage scolaire des tablettes précipite, ou précipiterait chez les élèves le déclin de la la lecture. Pourquoi donc alors l’Education nationale n’encourage-telle pas l’usage des liseuses, ou readers ? Les liseuses, au demeurant, coûtent moins cher que les tablettes ; et là où les tablettes encouragent l’évasion des lecteurs vers la messagerie, les réseaux sociaux, ou autres radio-trottoirs, l’usage des liseuses reconduit les lecteurs à la lecture, à la lecture de la bibliothèque, et à la lecture de la bibliothèque elle seule.
Pourquoi avoir omis d’encourager une pratique aussi simple que celle des liseuses, ouverte au vaste panorama des oeuvres « tombées », comme on dit, dans le domaine public ? C’est, à l’évidence, parce que la mafia des éditeurs contemporains a tout fait pour rendre cette opportunité difficile à saisir, par défaut de visibilité !
Il n’empêche que les oeuvres « tombées » dans le domaine public demeurent disponibles pour les liseuses, et qu’â côté de Corneille, perché sur la Racine de la Fontaine Molière, tous les romans d’Alexandre Dumas, Frédéric Soulié, Théophile Gautier, Eugène Sue, Michel Zévaco, que lisait Jean-Paul Sartre, Gustave Le Rouge, Gaston Leroux, Pierre Souvestre et Marcel Allain, Jean Ray, Sax Rohmer, etc., ainsi que les oeuvres de bien d’autres auteurs, y compris dans le genre « sérieux », science, philosophie, etc., sont aujourd’hui librement téléchargeables sur le Web. Il suffit d’aller se fournir sur le site Gallica. Ou encore sur les sites Internet Archives, Ebooks libres et gratuits, Gutenberg, La Bibliothèque numérique romande, Les classiques des sciences sociales. Et tant d’autres…
Pourquoi n’avoir pas encouragé la pratique de la liseuse au collège et au lycée ?
L’achat d’une liseuse, comme dit plus haut, n’est pas très cher, moins cher en tout cas que celui d’une tablette de bonne gamme. Et il assure à l’utilisateur de ladite liseuse à la fois la liberté de ses choix de lecture et celle du moment et de la façon de la lecture, – à l’étude, quand au lycée on a besoin d’éplucher et de « fluoter » un texte, dans la perspective d’un sujet à exposer en classe ; au soleil chez soi sur une chaise longue, au lit, dans le bus, dans le train, en vacances… Toutes les liseuses jouissent en outre d’une autonomie de batterie imbattable – un mois en moyenne !
Pourquoi l’Education nationale n’encourage-t-elle pas l’usage des liseuses plutôt que celui des tablettes ?
- 1. Sans doute parce qu’elle ignore l’usage de la liseuse, la plupart de ses représentants ne le pratiquant pas eux-mêmes.
- 2. Sans doute aussi parce que les éditeurs ne voient pas d’intérêt à encourager la lecture libre et gratuite.
- 3. Sans doute enfin parce que l’opinion contemporaine tient pour la vraie croix la rumeur de l’actualité, celle de la presse, de Facebook et Twitter, plutôt que la parole de la littérature, particulièrement celle de la littérature d’hier, qu’elle tient pour inactuelle, autant dire intempestive.
Dommage ! Peut mieux faire.
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