A Mirepoix – 19e Salon du livre d’histoire locale

 

Le matin, vers 10 heures, le salon bruit déjà d’une rumeur d’oiseaux, à l’abri des rideaux bleus qui ceignent la halle. Oiseaux sont ici amis des livres, amis des amis, enfants des uns et des autres, tout un joli monde. On volète de livre en livre, on parle avec les auteurs, on échange des nouvelles, des adresses, des sourires. On a le temps. C’est dimanche. Il fait grand beau. J’aime les manifestations qui communiquent ainsi le bonheur de vivre.

 

Ci-dessus : venu tout spécialement d’Arreau (Hautes-Pyrénées), un couple de lecteurs converse avec Martine Rouche, vice-présidente de l’association Salon du Livre d’Histoire Locale à Mirepoix.

 

 

A midi, c’est le moment des prix et des médailles de la ville de Mirepoix, qui viennent consacrer le succès des heureux élus.

Lisa Barber, représentante de la Société Archéologique du Midi de la France, reçoit ici le prix du site Internet. Inutile de recommander ici le site de la SAMF. C’est une institution, un incontournable, et comme on dit à la fac, un usuel. Pour les distraits, c’est ici : http://www.societes-savantes-toulouse.asso.fr/samf/.

 

Le Salon a été créé pour célébrer la mémoire de Joseph Laurent Olive, enfant de Mirepoix, ancien de l’école de Sorèze, ingénieur à la SNCF, auteur de deux remarquables ouvrages, La Révolution de 1789 à Mirepoix (1974) et Mirepoix en Languedoc et sa seigneurie : Du Moyen âge à la veille de la Révolution (1979), issus du long travail de recherche entrepris aux archives de Mirepoix à partir du moment où il a pris sa retraite.

Il s’agit là de classiques, devenus indispensables à toute recherche ultérieure.

J’en sais moi-même quelque chose, puisque je les pratique continuellement.

 

Le Salon du Livre d’Histoire Locale à Mirepoix a décerné cette année le prix Joseph-Laurent Olive aux trois ouvrages ci-dessous :

 

Le Journal d’une lycéenne sous l’Occupation à Toulouse est celui d’Aline Dupuy, qui, âgée aujourd’hui de 86 ans, relit et commente les pages écrites en 1944, alors qu’elle était normalienne au lycée Saint-Sernin. Consciente du danger d’écrire, la jeune fille de 1944 ne laisse pas cependant de témoigner d’une conscience claire et nette. Elle évoque par ailleurs la difficulté du quotidien, mais aussi les plaisirs de son âge. Le naturel de la vie ajoute au charme du journal. Thierry CROUZET, diplômé d’Histoire et de Sciences politiques en Relations internationales, et Frédéric VIVAS, ethnologue, psychologue, éclairent, dans une seconde partie, la portée historique d’un témoignage, emprunté à la sphère de l’intime. L’ouvrage est publié aux éditions du Pas de l’Oiseau.

 

Mireille Oblin-Brière, ancienne secrétaire générale adjointe chargée de la communication régionale et des archives historiques aux Voies navigables de France, publie dans Riquet, le génie des eaux, portrait intime, une nouvelle biographie de Pierre Pol Riquet, nourrie par une riche étude de la correspondance, jusqu’alors inédite, que celui-ci a entretenue avec son homme d’affaires à Paris, nommé Bernard Aliès. Mireille Oblin-Brière s’attache ici à faire le portrait de l’homme, qui a porté, outre celui du canal du Languedoc, bien d’autres projets, et qui a été aussi dans son privé un être attachant, aimé de sa famille, enclin à l’art d’être grand-père. Une somme passionnante, qui fait revivre l’honnête homme, parfois négligé au profit grand homme. L’ouvrage est publié aux éditions Privat.

 

Anciennement journaliste à La Dépêche du Midi, auteurs de nombreux ouvrages inspirés par ses attaches méridionales, Jean-Jacques Rouch a reçu en 2004 le Prix Mémoire d’Oc pour La Montreuse d’ours de Manhattan, et en 2010 le Prix de prose de l’Académie des Jeux floraux pour Le Maître du safran. Il reçoit ici le prix Joseph-Laurent Olive pour un roman intitulé Jean le cagot, maudit en terre d’Oc. Le livre est dédié « à la mémoire de tous les réprouvés », de « ceux qu’on persécute ». L’auteur évoque le tabou qui pèse sur les descendants des anciens lépreux, l’ostracisme dont ils sont victimes, le travail du bois qui seul leur est permis, la dignité à laquelle ceux-ci prétendent pourtant, bref l’histoire à la fois noble et tragique des « cagots », établis autrefois en Béarn et en Gascogne, longtemps victimes d’un racisme obscur, aujourd’hui disparus par effet de dispersion dans la population générale. Après neuf siècles d’avanies, « Le dernier cagot connu pour tel », remarque Jean Jacques Rouch dans les quelques notes qui font suite au roman, est « Bertrand Dufresne, né en 1736 à Navarrenx de Béarn. […]. En 1790, à la faveur de la Révolution, il devient directeur du Trésor public, puis conseiller d’Etat. En 1797, il est élu député de Paris au Conseil des Cinq-Cents, et Bonaparte, après le 18 Brumaire, l’appelle au poste éminent de directeur du Trésor public »… L’ouvrage est publié, là encore, aux éditions Privat.

Quand on va au Salon du Livre d’Histoire Locale à Mirepoix, on en ressort muni de quoi lire pendant tout l’été ! Et quand on a de quoi lire, la vie est plus belle, n’est-ce pas ?

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