A Mirepoix – Les Philosophes Barbares – M. Jules ou Que reste-t-il de nos amours ?

 

Ils sont jeunes, ils sont beaux, ils sont drôles, ils font partie d’une compagnie, Les Philosophes Barbares, et ils jouaient vendredi dernier un extrait du spectacle qu’ils donneront en août au Festival de la Marionnette à Mirepoix. Je me suis rendue à leur invitation. J’ai bien fait.

Grimés, vieillis par le port de la moumoute, de la cravate, des lunettes, et autres accessoires d’hier, ils incarnent respectivement, elle, l’auguste, lui le clown blanc. Ils font des clowns délicieux.

Au va-et-vient de la parole, partagée comme on joue au volant et soutenue de temps à autre par une bande-son ironique, ils ajoutent le maniement de petits objets qui symbolisent, en les répliquant, les personnages et les situations rapportées et mimées par leurs soins. C’est, comme de bien entendu, du théâtre d’objets.

 

 

Les histoires d´amour finissent mal en général, si l’on en croit la chanson. Les deux clowns disent comme la chanson. L’histoire d’un amour électrique finit par un court-circuit. Celle du mari jaloux du canari de sa femme, – cui-cui, cui-cui, « elle-même elle est oiseau, elle est huppée, elle gazouille, elle perche » 1Cf. Caractères de La Bruyère, De la mode, Diphile ou l’amateur d’oiseaux. – par un coup du sort que je ne dis pas.

 

 

On voit à ces deux exemples que nos clowns sont des « philosophes », ou des « druides » 2Cf. site Les Philosophes Barbares., et qu’ils se disent « barbares » sans doute parce qu’ils philosophent, dans l’esprit de Diogène le Cynique, à la fois de façon oniro-critique – j’allais dire « de façon juvéno-critique » – et noirement. J’allais dire « de façon juvéno-critique », car ici la fraîcheur et l’engagement des deux comédiens démentent per se ou rédiment la noirceur du propos. Ce n’est pas là le moindre charme du spectacle que nous avons vu.

Le petit format de ce spectacle fait qu’il s’adresse à un public de petite jauge. Les Philosophes Barbares parlent de « théâtre de living-room ». J’aime le principe et sa mise en oeuvre. L’atmosphère est à l’intime, à la connivence aussi. Lorsque la petite scène s’allume dans l’ombre propice, elle se pare d’une aura lunaire qui sied à sa théâtralité fantasque. Petit format oblige, les Philosophes barbares racontent une suite de mini-histoires. Chacune des histoires est courte et pointue, et la chute « barbare » ! J’aime l’art serré.

Les Philosophes Barbares vivent actuellement à la campagne dans l’Aude. Ils forment à ce titre une compagnie « dramatico-végétale ». Ils disent avoir « le goût des expériences gargantuesques » et cuisiner leurs spectacles dans des « chaudrons géants ». Il y de la malice, et de l’ambition, dans ce jeu du Grand (effet) et du Petit (format).

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