Nicolae Fleissig revient. Je me souviens de l’exposition de mai 2011, déjà organisée ici, à la Galerie de la Porte d’Amont ; j’ai publié à ce propos un article intitulé La chambre secrète. Nicolae Fleissg revient avec des sculptures plus sombres, plus dépouillées aussi, qui s’ouvrent et se ferment à la fois sur leur propre secret. On se penche sur les lèvres du marbre pour tenter de voir, en vain, ce qui se réserve dans la bouche d’ombre. On bute sur la parfaite clôture du pli rouge qui souligne la jonction ou la disjonction des surfaces. On se trouve arrêté sur le mode du noli me tangere par l’éclat mercuriel d’une petite pièce dont on ne saurait dire si elle s’apparente dans sa forme à une petite maison, à un temple, à une tombe ou encore à une châsse. L’impression générale est celle d’une oeuvre chargée d’une profonde intériorité, d’une force de silence.
Les dessins constituent chez Nicolae Fleissig des essais préparatoires à la sculpture. L’artiste se livre ici librement au jeu des « variations symétriques » afin d’explorer le possible des formes qui seront ultérieurement sculptées. Les dessins doivent à la liberté d’un tel jeu leur caractère mouvant, bougé, sériel, et en quelque sorte mélodique, dans la mesure où la couleur vient ajouter ses mélismes à la rythmique obsédante de l’ensemble.
Le grand portrait qui accompagne l’exposition représente un homme au regard tourné vers l’intérieur, enveloppé ou envahi par les motifs d’une foule de « variations symétriques ». Tout portrait, dit-on, est d’abord un autoportrait. Je n’irai pas plus loin dans l’observation. Ici comme ailleurs, le secret fait loi.
L’exposition dure jusqu’au 27 avril. C’est à la Galerie de la Porte d’Amont, cours Louis Pons-Tende, à Mirepoix, le jeudi, vendredi, samedi, de 14h à 19h, et sur rendez-vous au 0622405845.
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