2 brumaire an III – A propos des citoyens qui forment les municipalités et les conseils généraux des communes

 

A l’automne de l’an III (octobre 1794), peu de temps après la chute de Robespierre (8, 9, 10 thermidor an II ; 26, 27, 28 juillet 1794), partout en France la misère est grande. Subsistance et biens de première nécessité, tout manque. Le peu de ressources encore disponible à Mirepoix se trouve réquisitionné au profit de l’armée des Pyrénées. Le conseil municipal de Mirepoix formule dans ce contexte de crise quelques fortes observations concernant les qualités auxquelles doivent atteindre les citoyens qui prétendent « remplir avec dignité les fonctions publiques » 1Source : Archives municipales de Mirepoix, D201..

Aujourd’hui deuxième brumaire troisième année de la République [23 octobre 1794] un membre a fait lecture de la lettre du substitut de l’agent national pour le district de Pamiers en date du 26 vendémiaire à l’état de prendre des renseignements avec les municipalités et agents nationaux des chefs lieux de canton et pour dresser les états de tous les citoyens qui forment les municipalités et conseils généraux des communes.

Le conseil municipal a délibéré de dresser l’état demandé par le substitut de l’agent national…

Observations générales

 

Les fonctions municipales dans un ci-devant chef-lieu de district qui a de nombreux aboutissants et qui se trouve centre d’un arrondissement de 24 communes, exigent pour l’expédition des affaires plus de connaissances et d’aptitude qu’on n’en trouve dans le général des patriotes les plus prononcés. La multiplicité du travail, surtout en matière de subsistances dans cette année disetteuse, demande une assiduité constante et non interrompue qui ne peut être remplie qu’à tour de rôle, attendu que dans les fonctions gratuites le besoin de subsister appelle à leur travail ceux qui n’ont d’autre moyen de vivre.

L’énergie est assez prononcée, l’exécution des lois maintenue, mais la disette des denrées de première nécessité, comme bois, lumière, huile, savon, dont le dénuement augmente chaque jour, par insouciance et les fraudes des communes environnantes, va de plus en plus rendre la chose difficile et pénible.

Pour remplir avec dignité les fonctions publiques dans le gouvernement révolutionnaire, il serait à désirer de trouver communément des personnages qui joindraient à un caractère énergique cet amour pur de la patrie qui se manifeste par le désintéressement, et qui montre cette droiture et cette modestie qui n’ambitionnent ni ne cavalent. La fonction d’agent national, qui est obligé de tenir une correspondance active avec le comité révolutionnaire du district et qui est tenu d’assister et conclure à deux tribunaux de paix, demande un substitut dans une commune dont la population est de 3300 individus — Nous désignons les citoyens Gabriel Clauzel, Jean Joseph Marie Vigarozy et Jean Bonaventure Vidalat.

Alibert, officier municipal, Fontes, maire

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