Les quinze ou vingt familles de la plus haute noblesse selon Renée Caroline Victoire de Froullay de Tessé, marquise de Créquy

 

Ci-dessus : le 9 juin 2011, vue des ruines du château de Lagarde, qui fut jusqu’en 1789 le siège de la seigneurie de Lévis Mirepoix.

Sur un même rang et hors de ligne avec toutes les autres familles originaires de France, les généalogistes les plus habiles et les plus consciencieux ont toujours pensé qu’il était juste de faire une sorte de pêle-mêle entre les quinze ou vingt familles de la plus haute noblesse, savoir : les Mailly de Nesle, qui sont les véritables princes d’Orange, et les Ducs de Mailly-d’Haucourt, leurs agnats 1Agnats : collatéraux descendant par les mâles d’un même ancêtre. (Saint-Louis disait les anciens Mailly) ; les Montmorency, dont la seule illustration hors de ligne est d’avoir fourni cinq Connétables ; les Clermont-Saint-jean, Tonnerre et Thoury, car ils ont la même origine ; les Beauveau de Craon, qui sortent des Plantagenets, et qui ont eu l’insigne honneur de fournir une aïeule directe à la maison royale de France ; les Lévis de Mirepoix, qui sont restés Grands-Maréchaux héréditaires de la foi, pour avoir soumis les Albigeois ; les Marquis d’Harcourt, car la filiation de la branche Ducale est suspecte ; les Sabran, anciens Comtes, souverains d’Aryane et de Forcalquier ; cette grande maison de  la Rochefoucauld, qui était un colosse de pouvoir et un soleil de magnificence aux temps gothiques ; les Rochechouart de Mortemart et de Faudoas, qui proviennent des Austro-Francs de Limoges, les Narbonne-Pelet, grande race, et la fleur des chroniques méridionales ; les Villeneuve de Trans, premiers Marquis de France ; les Choiseul, qui sont peut-être une centaine, et les Bauffremont, qui sont réduits à la triste personne de M. de Listenois ; les illustres Croûy, les Saulx-Tavannes et les Constans-d’Armentières ; les très-nobles et très-anciens Maillé, les Béranger de Sassenage et les Sires de Pons, les Béthune de Flandre et les Beauvoir du Roure, enfin les Goyon de Bretagne et les Turpin de Crissé, qui sont d’une antiquité prodigieuse. Si je ne vous mentionne pas ici les héritiers des anciens Vicomtes de Polignac, c’est parce que ceux-ci ne le sont que par les femmes, et qu’on ne sait pas grand’chose au sujet de leur famille dont le nom patronymique est Chalençon. Je ne vous ai rien dit non plus de la généalogie de MM. de Damas, attendu qu’il n’est pas facile de s’y reconnaître, et parce que je ne saurais qu’en dire, sinon qu’ils ont toujours été grandement alliés. Les Crussol d’Uzès, doyens des Pairs laïcs, les Castellane et les Gontaut de Biron, les Caumont de la Force et les Durfort de Lorges ou de Duras, sont également des gens de grande naissance ; mais je n’en dirai pas autant des Rouvroy de Saint-Simon, dont le nom de famille était le Borgne, et qui sont des gens de peu de chose, en dépit de l’auteur des Mémoires et de ses prétentions vaniteuses. Je ne vous parlerai pas ici des grandes familles d’origine étrangère, telles que celles des Princes de Savoie-Carignan, des Comtes de Faucigny, leurs agnats, des Ducs de Brancas, de Fitz-James et de Melfort ; des Comtes de Lamarck, de Lowendall, de Bassompierre, de Vintimille, de Lignéville, de Lénoncourt, etc. ; car ce serait sortir de mon sujet que j’ai voulu restreindre à la noblesse française. Quant à MM. de Broglie qui sont devenus grands seigneurs, et qui nous étaient venus du comté de Nice, on a su que leur nom del Broglio signifiait Dumoulin dans leur patois niçard, et voilà tout ce qu’on en a jamais su.

Tout le reste des familles ducales ou des autres familles implantées à la cour de France, est du sixième au dixième et dernier rang en fait d’ancienneté prouvée par titres. Il n’y a malheureusement plus rien de ces grandes races historiques de Courtenay, de Lusignan, de Beaujeu, de Poitiers, de Rieux, d’Estaing, de Nérestang, de Coucy, de Châtillon, de Montgommerry, de Xaintrailles et du Guesclin que j’ai vu s’éteindre. Il y a peut-être encore en Bresse un pauvre rameau déchu des anciens Comets de Châlons ? Si vous en trouvez jamais quelqu’un, souvenez-vous que vous êtes parents ; souvenez-vous que je vous ai parlé d’eux, mon enfant, et tendez-leur une main secourable, ainsi qu’il est usité dans votre noble et généreuse maison. 2Souvenirs de la marquise de Créquy, tome I, chapitre IX.

La marquise de Créquy (1704-1803) s’adresse ici à son petit-fils, Tancrède Raoul de Créquy, prince de Montlaur.

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