Moaï

 

Ci-dessus, de gauche à droite : 6 janvier 1872, détail du journal du jeune aspirant de marine Julien Viaud ; 6 janvier 2012, chose vue par la fenêtre à Mirepoix.

Il est, au milieu du Grand Océan, dans une région où l’on ne passe jamais, une île mystérieuse et isolée ; aucune autre terre ne gît en son voisinage et, à plus de huit cents lieues de toutes parts, des immensités vides et mouvantes l’environnent. […].

J’y ai abordé jadis, dans ma prime jeunesse, sur une frégate à voiles, par des journées de grand vent et de nuages obscurs ; il m’en est resté le souvenir d’un pays à moitié fantastique, d’une terre de rêve. 1Pierre Loti, L’île de Pâques, in Reflets sur la sombre route, Oeuvres complètes, tome 8, Calmann-Lévy, 1893-1911.

Ainsi raconte Julien Viaud, dit Pierre Loti, dans Reflets sur la sombre route (1899), d’après ses « cahiers de petit aspirant de marine », journal de son voyage de 1871-1872 à bord du Flore. Le 3 janvier 1872, le navire fait escale à l’île de Pâques. L’aspirant se voit chargé de dessiner les « antiques statues de pierre ».

Et, la fatigue aidant, ajoute le dessinateur, je crois que peu à peu l’âme des anciens hommes de Rapa-Nui pénètre la mienne, à mesure que je contemple à l’horizon le cercle souverain de la mer : voici que je partage leur angoisse devant l’énormité des eaux et que tout à coup je les comprends d’avoir accumulé, au bord de leur terre par trop isolée, ces géantes figures de l’Esprit des Sables et de l’Esprit des Rochers, afin de tenir en respect, sous tant de regards fixes, la terrible et mouvante puissance bleue… 2Ibidem.

A voir aussi : Analogies – “Prestres et Prophetes ayans leur demeure aux montaignes”

Notes[+]

Ce contenu a été publié dans La dormeuse, littérature. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.