Le moulon 3 comprend dans son périmètre, tel que défini par le compoix de 1766, l’ensemble des parcelles qui s’étendent, du n°25 au n°46, entre la promenade Saint Antoine (aujourd’hui cours du Colonel Petitpied) et la rue de la Trinité (aujourd’hui rue Vidal Lablache), depuis le carrefour de la rue Servant (aujourd’hui hui Vigarozy) jusqu’à celui de la rue de la porte Saint Antoine (aujourd’hui rue Delcassé) ; puis entre la promenade Saint Antoine et le Coin de la rue des Houstalets (aujourd’hui rue Carmontelle) depuis le carrefour de la rue de la porte Saint Antoine jusqu’à celui de la promenade de la porte d’Aval (aujourd’hui cours du Maréchal de Mirepoix). Situé en bordure d’une promenade créée au XVIIe siècle à l’emplacement des anciennes escossières, il demeure tourné vers le quartier des Trinitaires, lequel constituait de longue date, comme on sait, l’un des pôles du vieux Mirepoix extra muros. A preuve l’adressage des parcelles, jamais référent à la promenade. L’accès aux bâtiments et jardins se fait principalement rue de la Trinité, rue de la porte Saint Antoine, Coin de la rue des Houstalets. Seules deux bâtisses (n°25 et 46) s’élèvent au bord de la promenade. Elles conservent toutefois, elles aussi, leur entrée principale sur l’arrière, rue de la Trinité et derrière les Houstalets. La promenade, qui masque ici la vue du centre ville, constitue à l’horizon, côté sud, un simple prolongement visuel des jardins.
Ci-dessus : en jaune, emplacement des anciennes escossières, i. e. du chemin de ronde qui courait jadis au pied des remparts ; reportés sur le plan, numéros des parcelles enregistrées sur le compoix de 1766.
Signalé par un encadré sur les photos ci-dessus, emplacement des deux décharges (parcelles n°25 et 46) qui, à l’exclusion de tout autre bâtiment, s’élevaient en 1766 au bord de la promenade Saint Antoine, aujourd’hui renommée cours du Colonel Petitpied.
Ci-dessus : par-dessus les murs qui bordent le cours du Colonel Petipied (autrefois promenade Saint Antoine), le cours du Maréchal de Mirepoix (autrefois promenade de la porte d’Aval), et la rue Carmontelle (autrefois Coin de derrière les Houstalets), vues actuelles des jardins évoqués supra.
Le quartier, en 1766, reste au demeurant peu bâti et il conserve alors un air de campagne. Conformément aux pratiques de l’économie ancienne, Guillaume Letu, notaire royal et tabellion du marquisat de Mirepoix, tient là pour les besoins de sa maison une fenière (n°34). Thomas Bauzil, avocat influent, tient là également une aire (n°46). Outre les hommes de loi, marchands et bourgeois continuent de cultiver des jardins pour faire bouillir leur marmite. Leurs jardins abritent par ailleurs faux couverts, pattus et décharges, qui servent d’atelier, de magasin, ou de garde-meuble. Investi de la sorte, le quartier constitue pour l’essentiel une base arrière de la vie publique, qui demeure cantonnée, de l’autre côté de la promenade Saint Antoine, dans le périmètre de la bastide historique.
Ci-dessus : à l’angle de la rue Vigarozy et de la rue Vidal Lablache, l’ancienne maison de Jeanne Marie Pons (n°25). La belle maison à l’oeil-de-boeuf (n°26), située, rue Vidal Lablache, à droite de la maison de Jeanne Pons, n’existait pas en 1766. Elle date sans doute des années qui précèdent immédiatement la Révolution.
25. Jeanne Marie Pons, veuve et héritière de Jacques Marcel : maison, décharge, jardin, à la rue de la Trinité
26. François Mondin, bourgeois : faux couvert, patu, jardin, à la rue de la Trinité.
27. Clément Brustier, marchand : jardin à la rue de la Trinité, acheté au sieur Fabré, bourgeois
28. Louis Fabré, bourgeois : maison ou décharge à la rue de la Trinité
29. Guillaume Letu, notaire royal et tabellion du marquisat de Mirepoix : maison, ciel ouvert, jardin, à la rue de la Trinité.
30. François Manent, bourgeois : maison, ciel ouvert, jardin, à la rue de la Trinité
31. Victor Laporte, brassier : maison et jardin à la rue de la Trinité
32. Antoine Laporte, charpentier : patu à la rue de la Trinité
33. Charles Pintat, brassier : maison à la rue de la Trinité
34. Guillaume Letu, notaire royal et tabellion du marquisat de Mirepoix : fenière à la rue de la Trinité
35. Antoine Villeneuve, marchand : décharge avec un jardin à la rue de la Trinité
36. Marie, veuve de Jean Marie, dit Lemoine, jardinier : maison à la rue de la Trinité
37. Antoine Pintat, brassier : maison avec jardin, joignant à la rue de la Trinité.
38. Antoine Delpoux, prêtre et prébendier du chapitre : maison et faux couvert, ciel ouvert, à la rue de la Trinité, faisant coin à celle de Saint Antoine.
Les quelques petites maisons qui s’élèvent en 1766 rue de la Trinité, entre la demeure d’Antoine Delpoux (n°38), prêtre et prébendier du chapitre, et celle de François Manent (n°30), s’apparentent à celles qui bordent la rue des Houstalets, immédiatement voisine. Elles abritent une population modeste, trois brassiers, un charpentier, une veuve de jardinier, tous attachés sans doute au service de leurs voisins nantis. Ces bâtisses sont elles aussi au sens propre des oustalets, i. e. des « petites maisons » à façade étroite, typiques de l’habitat ouvrier ancien.
39. Pierre Laffage, dit Barrot, brassier : maison à la rue de la porte Saint Antoine
40. Jean Gouze, brassier : maison à la rue de la porte Saint Antoine
41. Louis Bardes, tailleur : maison et patu à la rue de la porte Saint Antoine.
Ci-dessus : vue de la rue Delcassé (anciennement rue de la porte Saint Antoine), depuis le cours du colonel Petitpied (anciennement promenade Saint Antoine). Le côté droit de la rue correspond à l’emplacement des parcelles n°39, 40 et 41.
Aujourd’hui complètement transformées, les maisons situées sur le bord droit de la rue Delcassé (autrefois rue de la porte Saint Antoine) correspondent également à d’anciens oustalets (n°39, 40 et 41).
Ci-dessus : vu depuis le cours du Colonel Petitpied (anciennement promenade Saint Antoine), sur le côté gauche de la rue Delcassé (anciennement rue de la porte Saint Antoine), emplacement de l’ancienne décharge des héritiers Combes (n°42).
42. Clément, Mathieu, Arnaud, Pierre, François Combes, héritiers de Jean Pierre Combes : décharge et jardin à la rue de la Trinité ou derrière les Houstalets
43. Jean Roubichou, menuisier : jardin à la rue de la porte Saint Antoine ou del four
44. Bertrand Tornier, voiturier : jardin à la rue de la Trinité ou derrière les Houstalets.
>
45. Raymond Pons, notaire : maison et jardin à la rue de la Trinité ou derrière les Houstalets.
Maître Pons fait figure ici de notaire aux champs. Située sur le côté droit du Coin de derrière les Houstalets, sa maison constitue en effet, au bord du quartier de jardins auquel elle s’adosse, la seule demeure habitée. L’activité notariale tire sans doute avantage de cette localisation retirée, dans une rue étroite et discrète.
46. Thomas Bauzil, avocat : décharge, jardin et aire à la rue de la Trinité et derrière les Houstalets.
Décharge, jardin et aire constituent ici la base arrière de la maison principale que Maître Thomas Bauzil tient au grand couvert de la place, n°88, avec « autres couverts, patu, et 9 cannes du dessus du couvert du devant de la maison de Bertrand Simorre ».
Après cette petite étude des parcelles n°25 à 46 répertoriées sur le plan 3 du compoix de 1766, et avant, très bientôt, de passer au chapitre suivant, qui portera sur les parcelles n°47 à 53, je me contenterai de signaler ici, sans disposer d’autres informations, l’intérêt que présentent, dans le quartier décrit ci-dessus, quelques unes des maisons postérieures à 1766.
Ci-dessus : maison édifiée après 1766 sur la parcelle de François Mondin, bourgeois, n°26, à la rue de la Trinité.
Ci-dessus : maison édifiée après 1766 sur la parcelle de Jean Roubichou, menuisier, n°43, à la rue de la porte Saint Antoine ou del four.
Ci-dessus : maison édifiée après 1766 sur la parcelle de Jeanne Marie Pons, veuve et héritière de Jacques Marcel, n°25, à la rue de la Trinité. La maison présente un aspect composite. Les ouvertures, au rez-de-chaussée, sont de style fin XVIIIe ou Directoire ; les autres ouvertures et le balcon, de style XIXe. Il y a eu peut-être ici une auberge pendant la Révolution, et sans doute une société de musique plus tard. La ferronnerie du balcon est ornée de lyres et elle porte la date de 1830 (cliquez sur la photo pour l’agrandir). Sur le mur au-dessus, un blason, hélas dénudé de toutes armoiries, indique que la maison se plaçait, à une certaine époque, éventuellement postérieure à 1830, sous un signe d’appartenance. Je n’en sais pas davantage.
Ci-dessus : maison édifiée après 1766 sur l’une ou l’autre des deux parcelles suivantes, ou encore sur les deux parcelles, ainsi renseignées dans le compoix : n°27, Clément Brustier, marchand : jardin à la rue de la Trinité, acheté au sieur Fabré, bourgeois ; n°29, Guillaume Letu, notaire royal et tabellion du marquisat de Mirepoix : maison, ciel ouvert, jardin, à la rue de la Trinité.
A bientôt pour l’étude des parcelles n°47 à 53 du plan 3 du compoix de 1766. Sur la parcelle n°49 s’élève l’antique maison Lévis, dont Jean Antoine Barthélémy Baillé, oncle de Frédéric Soulié, se porta acquéreur en 1792.
A lire aussi :
Moulons de Mirepoix 1
Moulons de Mirepoix 2