Ci-dessus : pagode du Bouddha géant.
Ci-dessus, de gauche à droite : roue du dharma sur le toit de la pagode du Bouddha géant ; roue du charma dans un restaurant végétarien.
Le bouddhisme et ses emblèmes jouissent d’une grande visibilité à Nha Trang. Chaque quartier a sa pagode, avenante, richement colorée, remplie de fleurs, libre d’accès, et assortie de jardins dans lesquels on mange et on parle sans retenue particulière.
On voit couramment sur le toit des pagodes, comme ici sur le toit de la pagode du Bouddha géant, la roue du dharma, symbole de l’ordre universel cosmique, de la loi éternelle et du devoir qui découle de cette loi ; et à l’intérieur des restaurants végétariens la roue du kharma, sur laquelle se trouvent représentés les trois mondes – monde des dieux, monde des demi-dieux, monde des hommes, des animaux, des êtres avides et des êtres infernaux – entre lesquels les êtres circulent en fonction de leurs actes passés. Les restaurants végétariens sont particulièrement fréquentés le premier et le quinzième jour du mois lunaire, jours durant lesquels la tradition bouddhiste veut que l’on ne consomme ni viande ni poisson, i. e. rien qu’on ait dû préalablement tuer.
C’est avec l’immigration indienne des premiers siècles de notre ère que l’hindouisme et le bouddhisme se diffusent au Vietnam. Nha Trang abrite les vestiges du Po Nagar, temple hindouiste édifié au au VIIIe siècle par les Chams, originaires de l’Inde et du Cambodge, qui ont régné jusqu’au XVe siècle sur le centre et le sud de l’actuel Vietnam, puis succombé à la pression des Viets venus du Nord.
Ci-dessus : La déesse Yan Po Nagar, fondatrice du Champa, représentée à l’entrée du temple sous les traits de Dourgâ, tueuse du démon-buffle Mahîshâsura.
Le temple continue d’accueillir des fidèles. Je ne les ai pas photographiés, de peur d’offenser à la ferveur dont ils sont animés.
Ci-dessus, de gauche à droite : dans le petit musée du Po Nagar, une statue non documentée, – peut-être une représentation d’Hanuman ? ; dans le jardin du Po Nagar, une tombe de lettré, témoin de la tradition confucéenne qui se mêle ici à la tradition cham.
Ci-dessus : partout sur le site du Po Nagar, par temps de mousson, de grands mille-pattes.
Nous voici maintenant à la pagode Long Son, dite « du Bouddha géant ».
Le svastika, ou croix à quatre potences, que l’on voit au centre de l’image symbolise dans la tradition bouddhiste l’éternité, ou le coeur du Bouddha.
Dans le jardin, à intervalles réguliers, un gong tinte. Doucement pénétrés par le fluide des vibrations, nous nous attardons un moment devant le grand Bouddha couché.
Au sommet de la colline s’élève le Bouddha géant. Il se tient sur une fleur de lotus. Deux génies gardent la porte qui s’ouvre dans le piédestal de la statue.
Sur le piédestal de la statue figurent les noms des sept bonzes qui se sont immolés par le feu afin de protester contre la répression anti-bouddhiste engagée dans les années 1960 par le gouvernement pro-catholique de Ngô Đình Diệm au prétexte que les bonzes auraient été les alliés objectifs des communistes nord-vietnamiens.
Le médaillon photographié ci-dessus est dédié à la mémoire du bonze Thích Quảng Đức qui s’est immolé le premier, le 11 juin 1963, à Saïgon. La photo de cet événement qui a précipité la chute du régime Ngô Đình Diệm a été prise par le journaliste Malcolm Browne, alors chef du bureau de l’Associated Press à Saïgon, prix Pulitzer en 1964.
Outre la célèbre pagode du Bouddha géant, Nha Trang abrite de nombreuses pagodes de quartier. Voici quelques photos, prises au fil des rues.
Ci-dessus : pagodes de quartier.
Ci-dessus : autre pagode de quartier.
Ci-dessus : statues de Bouddha dans les jardins des pagodes.
Au pied des statues de Bouddha, à l’intérieur des pagodes ou dans les jardins attenants, les fidèles déposent, quotidiennement renouvelées, des offrandes de fleurs et de fruits.
Ci-dessus, à droite : effigie du Bouddha amida, dont l’exemple inspire aux fidèles l’espoir d’atteindre la Terre Pure, par là de trouver le repos en dehors du cycle des transmigrations.
Ci-dessus : Bouddha au-dessus de la ville.
Toujours au fil des rues, nous entrons ici dans un temple confucéen, dédié à la mémoire d’une longue suite de lettrés.
Ci-dessus : Temple dédié à la tradition confucéenne des lettrés.
La stèle sur laquelle sont gravés les noms des lettrés se trouve supportée par une grande tortue dorée. Avec le dragon, le phénix, et la licorne, la tortue fait partie des quatre animaux sacrés du bouddhisme. La grande tortue dorée représente ici le Kim Qui, la Tortue d’Or, divinité qui a aidé les Vietnamiens à bouter jadis l’envahisseur chinois hors de leur territoire et à préserver ainsi leur indépendance et leur liberté.
Ci-dessus de gauche à droite : maître autel du temple des lettrés ; pilier recouvert de mosaïque « cassée » à l’entrée du temple.
Ci-dessus : le palanquin du lettré.
Nha Trang abrite également deux églises catholiques, une église dite « de pierre », assez proche du style du XIXe siècle occidental, et l’église que l’on voit ci-dessous, de style typiquement asiatique.
Ci-dessus : l’affiche placardée sur la façade mêle de façon étonnante kitsch angélique à l’européenne et poésie des nuages à l’orientale. .
Ci-dessus, de gauche à droite : autel des ancêtres et autel catholique voisinant à l’entrée de notre hôtel ; à l’aéroport, affiche dédiée à Ho Chi Minh, fondateur en 1930 du parti communiste indochinois, puis en 1945 de la République démocratique du Vietnam.
Religions, traditions, idéologie offrent dans la ville vietnamienne, à travers un kaléidoscope d’images hautes en couleur, un visage étonnamment syncrétique. Les panneaux dédiés à la communication officielle affichent la faucille et le marteau. Toutes les maisons, toutes les boutiques abritent, conformément à la tradition confucéenne, un autel des ancêtres, garni de fleurs et de fruits, orné d’une guirlande électrique clignotante. Pagodes et églises, dans le même temps, accueillent de nombreux fidèles. L’hôtel dans lequel nous sommes descendus comporte dans l’entrée à la fois un autel des ancêtres, surmonté par un phénix, et une sorte de retable catholique, avec sur le côté une statue de la Vierge, et au centre une statue du Christ, encadrée par deux photos de Benoît XVI. Ce syncrétisme constitue l’un des aspects les plus surprenants de la société vietnamienne, d’après ce que j’ai pu en voir lors de mon séjour à Nha Trang.