La famille de Lafage et les seigneuries de Saint-Amadou, Saint-Martin d’Oydes, Pailhès

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Ci-dessus : armes de Joseph de Lafage en 1764. Armes de Joseph de Lafage : « D’or, au hêtre de sinople posé fur une terrasse de même un lion léopardé de gueules brochant sur le fût de l’arbre qui semble marcher sur la terrasse. L’écu sommé d’une couronne de comte. Supports, deux lions affrontés au naturel. » Source : (1709-1781). Armorial des États de Languedoc. Illustrateur : Nicolas Chalmandrier. A Paris, De l’Imprimerie de Vincent. 1767.

« Celui qui portait alors ce nom de Lafage était Joseph, seigneur de Saint-Martin [d’Oydes] et autres lieux, qui fut pourvu du syndicat le 22 décembre 1738 en remplacement de M. Favier ; il s’en démit le 4 mars 1762 en faveur de son fils Henry Joseph, baron de Pailhès », disent Claude de Vic et Joseph Vaissète dans leur Histoire générale du Languedoc. ((Claude de Vic et Joseph Vaissète. Histoire générale de Languedoc avec des notes et les pièces justificatives. [Edition accompagnée de dissertations & notes nouvelles contenant le Recueil des inscriptions de la province, continuée jusques en 1790 par Ernest Roschach]. Volume 1, p. 38. 1872.))

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1. Qui est cette famille de Lafage, ou de la Fage, qu’on voit au XVIIe siècle héritière de terres dans la baronnie de Lapenne ((Cf. Christine Belcikowski. En 1680, quatre propriétaires nobles, dont la comtesse de Bieule, à Lapenne.)) ? D’où vient ce « Monsieur de Lafage, seigneur de Saint-Amadou, syndic général du Languedoc », qu’on trouve en 1754 propriétaire d’une métairie et autres terres aux Pujols ((Cf. Christine Belcikowski. Propriétaires nobles aux Pujols et aux Issards en 1754.)) ?

1.1. D’après Denis François Gastelier de La Tour dans l’Armorial des Etats du Languedoc

« Joseph de Lafage, seigneur de Saint-Martin, fut pourvu le 22 décembre 1738 de la charge de syndic général de la Province, charge dont il se démit le 4 décembre I762 en faveur d’Henry Joseph de Lafage, son fils. Il obtint des provisions de syndic sénéral honoraire le 1er mars I764, et s’est trouvé en cette qualité aux Etats assemblés à Montpellier le 29 novembre suivant. » ((Ibidem.))

1.2. D’après Jean Joseph Louis Frédéric de Carrière, dans Les officiers des États de la province de Languedoc

« Joseph de Lafage, trésorier de France en la généralité de Toulouse, fut pourvu de la charge de syndic général du Languedoc le 22 décembre 1738. Il exerçait depuis moins de trois ans lorsqu’une délibération des États du 24 janvier 1741, prenant en considération les preuves de zèle et de capacité qu’il avait données, lui rendit commune la grâce qui avait été faite précédemment à ses deux collègues, c’est-à-dire la concession personnelle d’une retenue de 60.000 livres sur la charge qu’il occupait, retenue payable à lui ou à ses ayants cause par son successeur en la même charge. Son exercice, auquel son fils fut adjoint par délibération du 9 décembre 1747, se prolongea jusqu’au 4 décembre 1762, date de sa démission. Il reçut des États le 2 mars 1764 (et c’est le premier exemple de cette faveur) des lettres de syndic général honoraire, et à ce titre prit séance aux États rassemblés à Montpellier, le 29 novembre suivant. C’est en la même qualité qu’il est rappelé à l’Armorial des États de 1767. On l’y trouve aussi qualifié : seigneur de Saint-Martin.

Joseph de la Fage, qui avait épousé Marie d’Adhemar de Monteil, fille de Joseph d’Adhemar, vicomte de Trébas, et de Marie Thérèse de Nobili [ou de Nobles], dame d’Esplas ((La seigneurie de [Saint-Etienne d’]Esplas passe sous le contrôle de la maison d’Auberjon à partir du 12 Septembre 1670, date du mariage de Pierre d’Auberjon, seigneur de la Chevalinière, avec Louise de Nobles, fille de Jean de Nobles, seigneur d’Esplas et de Saint-Amadou, et de Marguerite d’Orbessan. Cette seigneurie sera vendue à la fin du XVIIIe siècle à Jean de Lingua de Saint-Blanquat.)) au diocèse de Rieux, et de Saint-Amadou au diocèse de Pamiers, en eut entre autres enfants : Jean Pierre de Lafage ((Cf. Etienne Léon de La Mothe-Langon. Biographie toulousaine. Jean Pierre de Lafage. Tome I. Chez L.G. Michaud. 1823 ; F.-X de Feller. Biographie universelle ou Dictionnaire historique des hommes qui se sont fait un nom . Volume 5, pp. 77-78. L. Lefort, Imprimeur-Libraire. Lille. 1849.)), prédicateur distingué, qui refusa l’évêché de Montpellier, auquel il avait été nommé le 6 juillet 1802 ; Henry Joseph de la Fage, baron de Pailhès, seigneur de Menay, Madière, Pujagon et autres lieux, syndic général de la province de Languedoc, ainsi dénommé et qualifié en l’Armorial des États de l’année 1767. Il avait, dès le 9 décembre 1747, obtenu la survivance et la concurrence de la charge de son père, qui se retira le 4 décembre 1762. C’est dans cet intervalle et par contrat du 27 avril 1753, que Henry Joseph de Lafage épousa Catherine Marie Anne Thérèse de Gavarret, fille d’Antoine de Gavarret, chevalier seigneur de Clarette et d’Issus, et de Marie Anne de Gavarret, dame d’Issus.

Plus tard, en 1774, Henry Joseph de Lafage fut reçu à l’Académie des Jeux floraux ((Cf. Académie des Jeux floraux. Titulaires des quarante fauteuils depuis 1694. Dixième fauteuil. 1754. Henri de Lafage Saint-Amadou.)). Ses fonctions de syndic général, qu’il remplissait avec distinction, ne furent interrompues que par sa mort, qui survint inopinément pendant sa députation à la Cour. C’est à Paris qu’il décéda le 23 avril 1782. Il laissait un fils, Antoine de Lafage-Pailhès, né en 1755, que son mérite personnel et les services de sa famille, appelaient à une charge si tristement vacante, mais le crédit de M. de Brienne, archevêque de Toulouse, l’emporta sur toutes les convenances que cette nomination eût satisfaites. Un autre prétendant fut accueilli et préféré; ce fut Nicolas-Joseph Marcassus, baron de Puymaurin. » ((Jean Joseph Louis Frédéric de Carrière. Les officiers des États de la province de Languedoc. Edition Aubry. Paris. 1865.))

1.3. D’après Charles d’Est-Ange, dans le Dictionnaire des familles françaises ou notables à la fin du XIXe siècle

« La famille de la Fage de Pailhés appartient à la noblesse de Toulouse et de la région pyrénéenne.

On trouvera dans les manuscrits de Ghérin les preuves de noblesse que Georges Joseph Gabriel de Lafage de Pailhés, né en 1769 au diocèse de Rieux, fit sous Louis XVI pour être admis à l’École militaire. On trouvera aussi beaucoup de renseignements sur la famille de Lafage dans le Nobiliaire toulousain de Brémond. M. Villain en a donné une généalogie complète dans le tome III de la France moderne (première partie).

Ferréol de Lafage, seigneur de Saint-Martin, dans la juridiction de Saint-Girons, né en 1619, auquel ces travaux font remonter la filiation, fut anobli par le capitoulat de Toulouse qu’il exerça en 1672 et 1682. Après sa mort, survenue en avril 1690, les capitouls prirent la décision, sans exemple dans les annales du capitoulat, de faire frapper, en souvenir des services qu’il avait rendus à la ville, une médaille d’or le représentant et portant l’inscription suivante :Patriae decoratus amore. Ferréol de Lafage avait épousé successivement Laurence de la Peyre et Jeanne de Souaix. Antoine de Lafage, seigneur de Saint-Martin, né de la première union, marié en 1688 à Rose de Ferrand de Puginier, fut pourvu, par lettres du 7 septembre 1685, de la charge de trésorier général de France en la généralité de Toulouse. 11 eut pour successeur dans cette charge, par lettres du 25 septembre 1712, son fils, Joseph de Lafage, seigneur de Saint-Martin et de Saint-Amadou, nommé syndic général de la province de Languedoc par lettres du 22 décembre 1738, décédé le 11 février 1772 et inhumé dans l’église des Gordeliers de Rieux. Ce dernier avait épousé en 1723 Marie d’Adhémar de Monteil Trébas. Il en eut plusieurs fils : 1°. Jean Antoine de Lafage, qui fut vicaire général de Monseigneur de Lastic, dernier évêque de Rieux ; 2°. Henri Joseph de Lafage, seigneur de Saint-Martin, qualifié baron de Pailhés, qui en novembre 1747 succéda à son père dans sa charge de syndic général du Languedoc, qui rendit hommage, le 28 septembre 1776, pour sa baronnie de Pailhés, qui épousa successivement en 1753 Mademoiselle de Gavarret et en 1763 Mademoiselle Durieu de Madron et qui continua la lignée ; 3°. Jean Pierre de Lafage, né en 1733, chanoine de Paris en 1770, prédicateur du Roi, décédé à Versailles en 1818, qui en 1802 refusa au Premier Consul le siège épiscopal de Montpellier. Antoine de Lafage, chevalier, baron de Pailhés, seigneur de Saint-Martin, Menay, Madières, etc., né en 1755, marié en 1785 à sa cousine Mademoiselle de Gavarret, décédé en 1806, prit part en 1789 aux assemblées de la noblesse tenues à Toulouse, Muret et Saint-Girons. Il eut deux fils, Pierre Gaëtan, connu sous le titre de baron de Lafage, marié en 1818 à Mademoiselle Bézard, et Hippolyte de Lafage, connu sous le titre de baron de Pailhés, marié à Joséphine de Quinquiry d’Olive, décédé en 1867, qui ont été les auteurs de deux rameaux actuellement existants.

La famille de Lafage a fourni de nombreux officiers, des chevaliers de Saint-Louis et de la Légion d’honneur, des chanoines, des vicaires généraux, etc. Elle a conservé jusqu’à nos jours le château de Pailhés, situé près de Saint-Girons, en Couserans.

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Source : Cartes Postales Anciennes (CPA) de la commune de Pailhès dans l’Ariège.

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Source : Cartes Postales Anciennes (CPA) de la commune de Pailhès dans l’Ariège.

Principales alliances : de Soubiran 1682, de Ferrand de Puginier 1688, 1766, Descat de Montaut 1727, d’Adhémar 1723, de Gavarret, Durieu de Madron 1763, de Papus, de Sers 1854, de Lonjon 1885, de Ménard de la Rozais 1905, d’Hennezel 1911, de Beaumont 1919, etc. » ((Charles d’Est-Ange. Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables à la fin du XIXe siècle. Tome 17, p. 36. Imprimerie Charles Herissey. Evreux. 1921.))

2. Développements et questions

2.1. Essai de généalogie de la famille de Joseph de Lafage, « seigneur de Saint-Amadou, syndic général du Languedoc » en 1754

Joseph de Lafage s’inscrit dans la généalogie qui suit :

  • Barthélémy Lafage, bourgeois de Saint-Girons, trésorier eu diocèse de Saint-Lizier, épouse Catherine de Sido.
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  • Guillaume Lafage († 1657), fils de Barthélémy Lafage et de Catherine de Sido, épouse 1º. Marie Dupuy, dont Ferréol de Lafage ; 2º. Louise de Méritens, fille d’Arnaud DE Méritens († 1530) et de Marguerite de Durfort.
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  • Ferréol de Lafage, né en 1619 à Toulouse, capitoul en 1672 et 1682, mort à Saint-Girons en avril 1690, épouse : 1º. Laurence de la Peyre, dont Antoine de Lafage ; 2º. Jeanne de Souaix, dont Guillaume de Lafage, archidiacre de Comminges ; Jeanne Marie de Lafage, qui épouse en 1682 Henry de Soubiran et d’Espagne (1648-1714) ; Jean de Lafage, chanoine du Couserans.
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  • Antoine de Lafage, tresorier Général de France en la généralité de Toulouse, seigneur de Saint-Martin d’Oydes, épouse en 1688 Rose de Ferrand de Puginier, dont Henriette de Lafage, qui épouse Dominique de la Tour Lordat ; Joseph de Lafage.
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  • Joseph de Lafage († 11 février 1772), trésorier de France, syndic général du Languedoc, épouse en 1723 Marie d’Adhémar de Monteil Trèbas (1707-1746), dont Henry Joseph de Lafage (1726-1782) ; Jean Pierre de Lafage (1733-1818), chanoine de Notre Dame de Paris, prédicateur du roi ; Jacquette Dominique de Lafage, qui épouse le 19 mai 1748 Jean François de Lasserre à Notre Dame de la Daurade de Toulouse.
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    Archives départementales de la Haute-Garonne. Rieux, paroisse de Saint-Cizy. 1 E 11, registre paroissial : baptêmes, mariages, sépultures. (collection communale) 1751-1760. Vue 43. 1er mai 1753. Mariage d’Henry Joseph de Lafage et de Catherine Marie Anne Thérèse de Gavarret.

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    Archives départementales de l’Ariège. Brie. Document 1NUM/150EDT/GG4 (1760-1792). Vue 15. 16 août 1763. Mariage d’Henry Joseph de Lafage et de Catherine Gabrielle Agnès Durieu de Madron de Brie.

  • Henry Joseph de Lafage (1726-23 avril 1782 à Paris), chevalier baron de Pailhes, seigneur de Menay, Madière et Saint Martin, épouse : 1º. Catherine Marie Anne Thérèse de Gavarret le 1er mai 1755 à Rieux-Volvestre, dont Antoine de Lafage (1755-1806), Rose Geneviève de Lafage, qui épouse Jean Joseph de Ferrand Puginier, Marie Thérèse de Lafage († 1780), qui épouse Henry du Vivier de Lissac (1687-1780) ; 2º. Catherine Gabrielle Agnès Durieu de Madron de Brie (1742-1773) le 16 août 1763 à Brie, Ariège, dont Georges Joseph Gabriel de Lafage, né le 24 janvier 1769 à Pailhès, décédé émigré en 1796 à Hambourg ; Eulalie Josèphe de Lafage (16 février 1770-10 novembre 1790, Rieux) ; Antoine Augustin de Lafage (9 mai 1773, Rieux-Volvestre-6 septembre 1836, Latour-Artigat).
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  • « Antoine de Lafage, baron de Pailhès, né en 1755 à Toulouse, fils de Catherine Marie Anne Thérèse de Gavarret, s’applique d’abord aux arts et donne des preuves de son talent comme peintre, puis il s’occupe d’agriculture. Ne se bornant point à de vaines spéculations, il prouve la bonté de ses découvertes par l’heureuse application qu’il en fait, et qui quadruple les revenus de sa terre de Mancie. Il est arrêté à l’époque de la Terreur : rendu à la liberté, il reprend ses travaux champêtres et meurt le 16 septembre 1806. On lui doit : Nouveau système d’agriculture fondé sur l’expérience ; Observation sur les rouleaux à battre les grains ; Mémoire sur la construction des cuves ; plusieurs articles, dans la Feuille du cultivateur et dans le Journal des propriétaires ruraux de la Haute-Garonne » ((F.-X de Feller. Biographie universelle ou Dictionnaire historique des hommes qui se sont fait un nom. Volume 5, p. 78. L. Lefort, Imprimeur-Libraire. Lille. 1849.)). Il épouse Jeanne Marie Pétronille de Gavarret-Rouaix le 4 octobre 1785, dont Hippolyte de Lafage (?-1867, Toulouse), baron de Pailhès, seigneur de Menay (écart de Pailhès), officier de cavalerie, maire de Pailhès de 1843 à 1868, qui épouse Joséphine Françoise de Quinquiry d’Olive ((« Jean Quinquiry, avocat, a été élu capitoul en 1724 et en 1744. Antoine de Quinquiry d’0live, ancien mousquetaire du roi, dénombre ses fiefs nobles, devant les capitouls, le 90 juin 1720. Guillaume-Louis de Quinquiry d’0live, co-seigneur de Quint[-Fonsegrives], fait le dénombrement de ses fiefs nobles, le 7 mars 1778. Cette famille, qui a donné plusieurs officiers à l’armée, a été représentée par trois de ses membres à l’assemblée générale de la noblesse, tenue à Toulouse en 1789. Seigneuries : Mouzens et co-seigneurie de Quint, en Languedoc. Armes : « D’or, au lion rampant de gueules, accompagné de six étoiles de sable posées en orle : au chef de gueules, chargé de trois besants d’argent. Couronne de comte. » Source : Alphonse Brémond. Armorial toulousain. Première partie. L. Hébrail. Toulouse. 1869. Cf. aussi : Histoire de Quint.)) ; Jean Pierre Catherine Sylvie de Lafage, né le 1er février 1787 à Rieux ; Pierre Gaétan de Lafage (7 mars 1788, Rieux-1876), baron de Lafage, seigneur de Mancie, chevalier de Saint-Louis et de la Légion d’honneur ((Cf. Base Léonore.)), officier du 21e dragons, qui épouse Ermance Bezard ; Louis Anne de Lafage, né le 10 juillet 1789 à Rieux.
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    Archives dép. de la Haute-Garonne. Rieux, paroisse de Saint-Cizy. 1 E 13, registre paroissial : baptêmes, mariages, sépultures. (collection communale) 1771-1780. Vue 46. 9 mai 1773. Naissance d’Antoine Augustin de Lafage.

  • Antoine Augustin de Lafage, né le 9 mai 1773 à Rieux-Volvestre, fils de Catherine Gabrielle Agnès Durieu de Madron de Brie, épouse le 24 janvier 1804 Bernarde Marie Antoinette « Angélique » de Reste, dont Ferdinand de Lafage (1803-1859) ; Marie Henriette « Joséphine » de Lafage (1811-9 novembre 1895, Latour-Artigat), Dame de Bajou, mariée le 1er septembre 1835 à Bajou avec Vincent Marie « Osmin » Dumas (1807-1883).
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    Source : États détaillés des liquidations faites pendant l’année 1828. Volume 4, p. 252. Cas de Georges Joseph Gabriel de Lafage, né en 1769 à Pailhès, décédé émigré en 1796 à Hambourg. Les bénéficiaires de la liquidation ci-dessus sont Antoine Augustin de Lafage, et « Catherine Mathieu Anne » de Lafage, respectivement « frère et soeur » du défunt. Mais « Catherine Mathieu Anne » de Lafage ne se trouve pas dans les registres paroissiaux. N’y a-t-il pas ici confusion avec Catherine Gabrielle Agnès Durieu de Madron de Brie, mère du défunt ? ; Pierre Gaétan de Lafage et Marc Antoine Bonaventure de Lafage, dits « neveux » du défunt. Mais « Marc Antoine Bonaventure » de Lafage ne se trouve pas dans les registres paroissiaux. N’y a-t-il pas ici confusion avec Marc Antoine Bonaventure de Gavarret, officier au régiment de Bresse Infanterie, frère de Catherine Marie Anne Thérèse de Gavarret, mère du défunt ?

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    Source : États détaillés des liquidations faites pendant l’anée 1828. Volume 4, p. 254. Pierre Gaétan de Lafage, sis nº 20 place Saint_Georges, et Marc Antoine Bonaventure de Lafage (???), fils et héritiers d’Antoine de Lafage tous deux, sont bénéficiaires de la liquidation ci-dessus en tant que petit-neveux de Jean Antoine de Lafage [fils de Joseph de Lafage († 1772) et de Marie d’Adhémar de Monteil Trèbas], émigré.

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    Archives dép. de l’Ariège. Artigat. Document 1NUM/296EDT/E1. Naissances (1793-1809). Vue 141. 16 vendémiaire an XIII (08 octobre 1804). Naissance de Jean Pierre Claude Ferdinand de Lafage à Latour.

  • Ferdinand de Lafage, né le 9 octobre 1803 à Latour, décédé le 25 janvier 1859 à Toulouse, inhumé à Artigat.
  • Etc.

2.2. Ferréol de Lafage, illustre capitoul

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Ci-dessus : « l’avers et le revers qui ont été gravés à l’eau-forte par Louis François Baour, figurent hors texte dans Histoire de la ville de Toulouse par Me Jean Raynal, Toulouse, Forest 1759 in 4° p. 381, avec une grande fidélité. » ((L’Auta : que bufo un cop cado més. Février 1950. Cf. aussi Sylvie Caucanas, conservateur en chef des Archives dép. de l’Aude. Répertoire numérique de la sous-série 53 J50. Fonds Ferrand-Puginier. Famille de La Fage. Règlement de la succession de Joseph de La Fage, père de Rose-Geneviève de La Fage ; gravure représentant la médaille frappée en 1692 par la ville de Toulouse en l’honneur de Ferréol de La Fage, capitoul ; sermons, portrait et notice nécrologique de l’abbé Jean- Pierre de La Fage, frère de Rose-Geneviève, grand vicaire de Versailles et prédicateur du roi sous la Restauration. 1692-v. 1820.))

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Source : Jean Raynal.Histoire de la ville de Toulouse, p. 381. Chez Jean François Forest. Toulouse. 1759.

« Ferréol de Lafage, avocat au Parlement, avait été capitoul en 1672-1673 et en 1682-1683, cette dernière année pour la partie de Saint-Sernin. Il avait défendu les intérêts, du Capitole dans une contestation contre M. de Tournier, conseiller au Parlement, évoquée devant Lamoignon de Baville, intendant de Languedoc, ce qui l’avait obligé à se rendre à Montpellier, capitale administrative de la province. Les capitouls qui dans leur assemblée du 8 janvier 1691 avaient nommé après sa mort un nouveau député en la personne de Cayla, substitut au greffe du contrôle, avaient négligé de régler ses honoraires. Antoine de Lafage, trésorier général, de France en !a généralité de Toulouse, fils et héritier de Ferréol, fit assigner par devant l’intendant le syndic de la ville. Celle-ci nomma une commission, qui sans doute s’efforça de régler à l’amiable — il est permis de !e lire entre les lignes des procès-verbaux— une affaire où l’honneur était aussi intéressé que l’argent, car si Ferréol de Lafage était avocat de profession, c’est en sa qualité d’ancien capitoul qu’il avait été député à Montpellier. Le 23 avril 1692 les commissaires apportèrent le fruit de leurs travaux, et probablement de leurs entrevues au conseil de bourgeoisie qui, après avoir ouï leur rapport, délibéra « que Messieurs les Capitouls feront faire une médaille de la valeur de cinquante écus en reconnoissance des services extraordinaires et écritures que feu M. Lafage, avocat et ancien capitoul a rendu à cette maison dans la poursuite des affaires qu’elle a contre M. de Tournier dont il a eu le soin pendant sa vie, et fait plusieurs voyages en la ville de Montpellier. M. Lafage fils dudit feu sieur Lafage est prié de la part de la bourgeoisie de vouloir agréer ledit présent. » Ce don transactionnel conciliait les exigences de l’honneur et celles de l’intérêt, mais que voilà un texte qui fait oublier la légende : PATRIAE DECORATUS AMORE.

Sur un mandat du 7 janvier 1693, le trésorier de la ville versa « au sieur Louis Guilhermy, maistre orphèvre de la présente ville la somme de cent soixante livres à luy ordonnée en payement d’une médaille d’or qu’il a faite de nostre ordre représentant d’un costé le portrait de feu Monsieur de Lafage, advocat et ancien Capitoul et de l’autre les armes de la ville et les nostres que la ville a accordée à Monsieur de Lafage fils par délibération du Conseil de Bourgeoisie du XXIII avril dernier de valeur de cinquante escus en recognaissance des services extraordinaires et escriptures que ledit feu sieur de Lafage a rendu à la ville dans la poursuite des affaires qu’elle a contre Monsieur de Tournier, conseiller au Parlement dont il a eu le soin pendant sa vie et fait plusieurs voyages en la ville de Montpellier. » (( L’Auta : que bufo un cop cado més : organe de la société les Toulousains de Toulouse et amis du vieux Toulouse / gérant P. Mesplé. Toulousains de Toulouse et amis du vieux Toulouse. 1950-02.))

2.3. Bref historique de la seigneurie de Saint-Amadou

Le statut originel de la seigneurie de Saint-Amadou veut que celle-ci ait toujours fait l’objet de partages entre ses multiples co-seigneurs. Il s’en suit que les divers membres de la famille de Lafage ont été jusqu’en 1762 co-seigneurs de Lafage, de même qu’ils ont été co-seigneurs de Saint-Martin d’Oydes jusqu’en 1763 au moins.

« Jusqu’au XIIIe siècle, la paroisse de Saint-Amadou dépend du temporel de l’évêché de Toulouse. Le premier paréage connu pour Saint-Amadou est passé en 1230 entre l’abbé de Saint-Antonin de Pamiers (seigneur ecclésiastique) et Bertrand de Belpech (seigneur laïc). En 1250, un acte de partage désigne Saint-Amadou et la moitié de Ludiès parmi les possessions de Aycard, seigneur de Belpech, Trémoulet et La Bastide (l’autre moitié étant détenue par l’abbaye Saint-Antonin). La commune appartenait aux localités détenues en commun, au XIIIe siècle, par l’abbaye Saint-Antonin et l’évêque de Pamiers, comprises dans les fiefs du Comte de Foix et rappelées dans le paréage de 1308. Ces communes sont placées dès lors sous tutelle royale et représentées par la viguerie royale des Allemans. Cette tutelle perdurera jusqu’à la Révolution pour certaines communes seulement, dont Saint-Amadou. Saint-Amadou est un exemple parmi d’autres de l’enchevêtrement des droits liés aux co-seigneuries : les Rigaud de Vaudreuil, hormis leur seigneurie de Trémoulet et le quart du Carlaret, étaient co-seigneurs par moitié de Ludiès et Saint-Amadou, l’autre moitié appartenant en indivision au roi et à l’Evêque de Pamiers. En 1683, il y avait encore des co-seigneurs fonciers qui levaient des redevances sur les terres, prés, vignes et jardins mais il n’y avait pas de banalité. Il est fait mention d’un consul de Saint-Amadou lors des obsèques de l’évêque Henri-Gaston de Lévis. » ((Cf. Patrimoine. Midi-Pyrénées. Saint-Amadou.))

Le 14 décembre 1420, suite à un accord passé entre le Chapitre de Pamiers et l’évêque, d’une part, et noble Halzian Rigaud, d’autre part, au sujet des droits seigneuriaux de Ludiès et de Saint-Amadou, il est convenu que la justice haute, moyenne et basse, ainsi que les droits de péage appartiendront, par moitié, audit Halzian Rigaud, seigneur desdits lieux, et aux autres contractants, par indivis, à charge pour ledit Rigaud, de l’hommage et d’une redevance annuelle d’un épervier, déposé sur l’autel de Saint-Antonin, le jour de la fête du patron. Les parties s’engagent en outre à faire ratifier le présent accord par le pape. ((Archives départementales de l’Ariège. Cote G 96-1.))

Le 20 octobre 1651, le Chapitre de Pamiers s’accorde avec Monsieur de Nobles d’Esplas, co-seigneur de Saint-Amadou, pour la moitié des droits et redevances seigneuriales dudit lieu. ((Archives départementales de l’Ariège. Cote G 86. Folio 63.))

Le 15 mai 1703, le Chapitre de Pamiers entreprend de rentrer en possession de la seigneurie de Saint-Amadou en exécution d’un édit royal qui permet aux personnes ecclésiastiques de récupérer leurs biens aliénés. ((Archives départementales de l’Ariège. Cote G 89. Folio 242.))

Le 3 février 1724, le quart de la seigneurie de Saint-Amadou appartenant au chapitre se trouve saisi pour défaut d’hommage envers le roi ((Archives départementales de l’Ariège. Cote G 90. Folio 178.)).

2.4. D’où vient qu’en 1754 Messire Joseph de Lafage tienne la seigneurie de Saint-Amadou ?

Joseph de Lafage tient en 1754 la seigneurie de Saint-Amadou en vertu probablement de son mariage, en 1723, avec Marie d’Adhémar de Monteil-Trébas (1707-1746), descendante de d’Albert de Nobles, seigneur de Saint-Amadou. Marie d’Adhémar de Monteil-Trébas (1707-1746) est la fille de Joseph d’Adhémar de Monteil (1673-?) et de Marie Thérèse de Nobles, Dame d’Esplas. Le 28 novembre 1699 Joseph d’Adhémar de Monteil épousait au château de Saint Amadou, en la personne de Marie Thérèse de Nobles, Dame d’Esplas, une fille d’Albert de Nobles, seigneur de Saint-Amadou, et de Marguerite d’Orbessan, fille elle-même de François d’Orbessan et de Françoise d’Arros.

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Ci-dessus : vue du château de Saint-Amadou dans son visage actuel.

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Ci-dessus : autre vue du château de Saint-Amadou.

La famille de Nobles se trouve connue en Languedoc pour avoir tenu les seigneuries d’Esplas et de Saint-Amadou, ou de Saint-Amador, depuis la fin du XVIe siècle ou le début du XVIIe siècle. La famille de Nobles est lointainement originaire de Lucques, où elle comptait au rang des nobles. Jacques de Nobili, citoyen lucquois, depuis lequel la famille établit sa filiation, eut des lettres de chevalerie du duc de Ferrare en 1474. Son petit-fils obtient des lettres de naturalisation pour lui et ses frères en 1579. Reçu chevalier de Malte en 1647, Jean de Nobles d’Esplas Saint-Amador, chevalier est de 1695 à 1701 commandeur de Montsaunès, Haute-Garonne. Les alliances principales de cette famille sont avec celles de Castel, d’Auberjon, d’Orbessan, de la Prune, et de Senaux. » ((Jean Baptiste Pierre Jullien de Courcelles. Dictionnaire universel de la noblesse de France. Tome IV. Au bureau général de la noblesse de France. Paris. 1821. Concernant les branches de la famille de Nobili qui sont restées italiennes, cf. Wikipedia. Famille de Nobili de Montepulciano.))

Armes des Nobles : « Ecartelé, au premier d’or, au deuxième d’azur, chargés d’une aigle éployée à deux têtes couronnées de sable sur or, et argent sur azur ; au troisième d’azur plein ; au quatrième d’argent plein. »

Le 3 février 1724, comme indiqué plus haut, le quart de la seigneurie de Saint-Amadou appartenant au chapitre se trouve saisi pour défaut d’hommage envers le roi. C’est probablement à la suite d’une telle saisie que, bien renseigné sur la situation de la seigneurie, « Monsieur de Lafage, syndic général du Languedoc », se trouve en situation d’acquérir une part de ladite seigneurie et de porter ensuite, comme on voit en 1754 dans le compoix correspondant, le titre de « seigneur se Saint-Amadou. »

2.5. D’où vient que, dans Les officiers des États de la province de Languedoc, le vicomte de Carrière nomme Antoine de Lafage, né en 1755, « Antoine de Lafage-Pailhès » ?

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Ci-dessus : château de Pailhès, circa 1900. Source :

Source : Cartes Postales Anciennes (CPA) de la commune de Pailhès dans l’Ariège.

Le port du nom Lafage-Pailhès résulte de la transaction à la faveur de laquelle, le 25 août 1762, Philibert Antoine de Montlezun ((François-Antoine de Villemur, dit le comte de Pailhès, seigneur de Madières, n’eut qu’une fille, nommée Jeanne-Marie de Villemur, mariée, vers 1720, avec François, marquis de Montlezun et de Mauléon, mort en 1742, fils de Jacques de Montlezun, marquis de Campagne, et de Françoise de Mauléon. Jeanne Marie de Villemur rendit hommage, pour les terres de Pailhés et de Madières le 15 juin 1725. Source : Jean Baptiste Pierre Jullien de Courcelles. Histoire généalogique et héraldique des pairs de France. Tome I. 1822.)), comte de Montlezun, baron de Belpech, seigneur de Pailhès et de Madière, descendant ruiné des Villemur, cède à Henry Joseph de Lafage la seigneurie de Pailhès et Madière contre celle de Saint-Amadou. En 1780, Antoine de Lafage-Pailhès, fils d’Henry Joseph de Lafage, fera reconstruire l’église du château de Pailhès.

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Source : Cartes Postales Anciennes (CPA) de la commune de Pailhès dans l’Ariège.

Concernant la seigneurie de Madière, il ne semble pas que Joseph de Lafage l’ait conservée longtemps, car le 8 juillet 1752, Georges de Villemur, comte de Pailhès, vend cette seigneurie à noble Salomon de Falantin, seigneur de Saintenac et d’Alières, qui fait hommage au roi, pour cette terre, le 9 décembre de la même année.

2.6. D’où vient qu’en 1738 Messire Joseph de Lafage tienne la seigneurie de Saint-Martin [d’Oydes] ?

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Joseph de Lafage tient en 1738 la seigneurie de Saint-Martin d’Oydes en vertu probablement des liens qu’il entretient avec les familles suivantes :

  • 1º. La famille d’Orbessan, dont Marie d’Adhémar de Monteil-Trébas, épouse dudit Joseph de Lafage, descend via Marie Thérèse de Nobles, sa mère à elle. Marie d’Adhémar de Monteil-Trébas (1707-1746), quant à elle, est la petite-fille de Marguerite d’Orbessan.
  •  

  • 2º. La famille de Castet, dont Etienne de Castet, baron de Saint-Martin d’Oydes, Lescousse et Saint-Michel a épousé Marie d’Orbessan, fille de Pierre d’Orbessan, seigneur de Lissac et Labatut, et de Delphine de Nobles de Saint-Amadou. Jean Francois d’Orbessan, seigneur de Lissac et Labatut, frère de de Marie d’Orbessan, est père Paul d’Orbessan, seigneur de Lissac, Labatut, Saint-Martin d’Oydes, Lescousse et Saint-Michel. Paul d’Orbessan († 1759) tient les seigneuries de Saint-Martin d’Oydes, de Lescousse et de Saint-Michel, du mariage qu’il contracte en 1714 avec Marie de Castet, fille d’Etienne de Castet, seigneur et baron de Saint-Martin d’Oydes, Lescousse et Saint-Michel. Ce couple laisse deux filles, dont Jeanne d’Orbessan, mariée en 1731 à Louis-Alexandre, comte de Tersac-Montberaud. Jeanne d’Orbessan est connue pour avoir été la dernière seigneuresse de Saint-Martin d’Oydes avant la Révolution.

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C’est sous l’auspice sans doute d’un tel réseau d’alliances que Joseph de Lafage a pu acheter une part de la seigneurie de Saint-Martin d’Oydes et devenir ainsi co-seigneur de cette dernière.

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